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HUMEUR : Zanzi and the City

 


(5.12)




Retour aux basiques. Avant de devenir la série cultissime des Toiles Roses, « Zanzi and the City » était, au départ, la chronique d’un billet d’humeur. Bon, eh bien, je vais laisser éclater mon humeur.

Tout est parti du billet de mon vrai-faux fiancé franco-espagnol Philippe Ariño (que je n’épouserai jamais, tant pis pour les rêves de midinette de Daniel qui nous voyait déjà convoler dans les jardins de l’Alhambra de Grenade, car Philippe est promis à Quelqu’un d’Autre de beaucoup plus Grand que moi avec Qui je ne peux rivaliser) consacré à la passion qu’éprouvent les personnes homosexuelles pour LA chanteuse kitsch du paysage musicologique français : Mylène Farmer, et de la réaction rapide de Lucian Durden sur le sujet. Comme cela ne me surprendrait pas que mon ex-amant wanna-be boyfriend Vincy Thomas ponde un bazar sur ce sujet explosif, j’ai décidé de franchir ce rubis con avant lui pour vous dire que, franchement, moi, Zanzi, je me fous de Mylène Farmer !

Je me moque de ces pétasses hystériques qui se déhanchent dans les soirées parisiennes sur les rythmes de Laurent le boutonneux et les paroles fredonnées par la diva aux cheveux de feu. Je me contrefiche qu’un garçon qui me fait du gringue depuis plus d’un an et n’assume pas ses préférences me montre sur Facebook une photo où on le voit, dans l’une de ces soirées-là, embrasser à pleine bouche un illustre inconnu alors qu’il sort avec quelqu’un d’autre tout en espérant me voir le mois prochain et connaître l’extase qu’offrent mes lèvres expertes dans l’art du baiser (cette phrase personnelle n’est ni hors sujet ni hors contexte ni hors milieu, il s’agissait bien d’une soirée « spéciale Mylène Farmer » !).

Adolescent, je n’ai pas été marqué plus que cela par les chansons de MF. Certes, mon œil d’artiste a apprécié à sa juste valeur le célèbre clip de « Sans contrefaçon » et sa référence explicite au libertinage du XVIIIe siècle et à l’histoire du Chevalier d’Eon, l’androgynie et l’ambiguïté sexuelle du personnage n’ont pas contribué à façonner ce que je suis et surtout qui je suis. Aucun processus d’identification et d’affirmation, donc. Et quant au viol, je découvre à peine ce dont il s’agit en lisant les billets de notre Araignée du désert.

Mylène Farmer me laisse à peu près indifférent. Je ne dirai pas qu’elle m’agace, non, ce qui m’agace, c’est la vénération et l’idolâtrie dont elle fait l’objet. Le fait que je lui reconnaisse malgré tout certaines qualités artistiques, ainsi qu’un don évident (avec l’aide précieuse de son boutonneux) pour se mettre en scène et se vendre au moyen d’une stratégie marketing éprouvée, ne m’empêche nullement de considérer ce phénomène de masse avec un regard critique et distancié.

Lorsque j’ai commencé à sortir dans le milieu homosexuel, la flamboyante rouquine lançait sur le marché du disque sa fille pas du tout naturelle, Alizé. Tout à ma joie des premières fois et des premiers émois, je reconnais m’être trémoussé, effet d’entraînement oblige, sur l’insipide « Moi Lolita », gazouillé par l’adolescente post-pubère et pré-nubile que certains surnommaient, à juste titre, « Mi-coton Mylène ». L’expérience a fait long feu, et la princesse héritière n’a pas détrôné la reine mère. Aux dernières nouvelles, elle serait la compagne discrète d’un ancien élève de la Star Ac qui lui aurait fait un bébé. Mylène Farmer est grand-mère par procuration !

Pour conclure, si je vous révèle (mais vous le savez déjà) que je suis désenchanté par l’innamoramento, parce que l’amour n’est rien, mais que malgré cela j’attends, peut-être toi, et qu’en t’attendant, je m’ennuie et aimerait que tu appelles mon numéro, vous allez penser que je subis peut-être, comme tant d’autres, l’influence de cette fée-sorcière ! Eh bien pensez ce que vous voulez ; moi, je m’entête à me foutre de tout… et je me fous de Mylène Farmer !

 

Zanzi, le 29 mai 2009


Lire le précédent épisode,
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(5.11)


Avertissement à mes collègues du blog cités ci-dessous : j’ai été obligé d’écrire ce billet sous la menace d’une démission de Daniel. Pour faire mauvaise mesure, il m’a également contraint à le truffer de propos vachards et quelquefois vulgaires. Je suis désolé, mais je ne pouvais rien faire d’autre. Si Daniel démissionne, à qui vais-je remettre mes démissions ?

 

Trop, c’est trop. La coupe (des vices) est vraiment pleine, elle déborde comme un cul rempli dans une tournante en Allemagne ! C’est quoi tous ces nouveaux qui viennent marcher sur mes bande-mou ? C’est de la provocation orchestrée par Daniel C. Hall qui jalouse mon stardom. Et en plus, il ose passer des petites annonces sur Facebook pour débaucher des acteurs pornos engager toujours plus de blogueurs et gueuses. Ça suffit ! J’élève une protestation officielle contre l’arrivée massive des jeunes recrues et des vieilles recuites sur MON blog ! Je l’ai déjà fait sauter une fois, je peux recommencer !

D’abord, est apparu Jag1366 avec son savon « Les amours de Luke et Noah ». Alors ça, c’était un coup bas. Les savons, c’était quand même MA spécialité rien qu’à moi. Avant même que je puisse faire un billet sur As The World Turns, pan ! Voilà qu’ils ont balancé cette romance sirupeuse à l’eau de rose style « Nous Deux » et complètement surréaliste et science-fictive ! Franchement, deux jeunes homosexuels de 18-20 ans, beaux de surcroît (la laideur n’est pas « bankable »), au sommet de leurs poussées hormonales, qui tombent amoureux l’un de l’autre et se fréquentent pendant UN AN ET DEMI SANS AVOIR DE RELATION SEXUELLE, ça n’existe pas !!! Pour tout vous dire, ça m’a démoralisé et depuis, je n’aime plus les savons. C’est pourquoi vous pourrez toujours aller vous gratter pour lire un billet de Zanzi sur Another World, Les Feux de l’Amour, et tous les autres. Vous pouvez aussi envoyer des lettres de protestation à la direction des Toiles Roses pour ce gâchis.

Vint ensuite un certain Henry Victoire. Rien que ce nom, c’est antinomique. Henri Leconte n’a jamais été victorieux à Roland Garros ! Mais lui au moins, il a eu la délicatesse de se retirer du circuit, pas comme Fabrice sans taureau qu’il ferait bien d’envoyer se faire embrocher à la féria de Nîmes par son ex, la fameuse toréador. Mais revenons à Henry avec un grec : ces incroyables objets roses, ce n’est même pas lui qui les fait ! Connaissez-vous le pourquoi du comment de cette rubrique ? C’est pour tous les méchants commentaires qu’elle m’a valus : « tiens, un mini Zanzi », « tiens voilà le téléphone de Zanzi », etc. Hey Henry, tu as oublié le sous-marin rose d’Operation Petticoat. C’était le canard de Zanzi quand il prenait son bain étant enfant, na !

Ensuite ce fut l’arrivée de BBJane Hudson, succès d’années lointaines qui se prend pour la méchante sœur de Mildred Pierce, tout en parodiant la coiffure old-fashioned de la pauvre Nellie Oleson, qui ne mérite pas qu’on la prenne pour une vioque quasi momifiée sous une tonne de maquillage et portant une robe de chambre Daxon. Là, c’était clairement pour contre-attaquer sur ma cinéphilie et mon côté bitch. Et savez-vous bien ce qu’ils ont fait, Daniel et BBJane ? Ils ont osé se pavaner ensemble chez les Ch’tis et en Belgique avec le fils caché de Robert Conrad ! C’est un complot. Même moi, je n’ai jamais eu droit à de telles faveurs de la part du patron qui ne me ménage pas. Songez donc, non content de ne pas me payer, il m’appelle en PCV ! Et je vous rappelle qu’il s’agit de coups de téléphone longue distance…

Mais il a atteint le summum de l’ignominie avec le BHV. Recruter l’un de mes ex-amants, ça c’est vraiment dégueulasse. D’accord, pour le moment il n’y a que trois billets, dont deux sur les sous-vêtements masculins. Mais attendez, ça va empirer. Déjà, j’ai relevé une ou deux allusions à notre relation (bien sûr, je suis le seul à les comprendre). Au train où vont les choses, vous allez découvrir des détails encore plus intimes. Cependant comme Vincy est une fine mouche, cela devrait rester de l’ordre du crypto-gay. Comme personne n’a tenu la chandelle, nul ne remarquera quoi que ce soit et notre honneur sera sauf. Mais tout de même, pour le principe, je me dois de fustiger cette recrue d’essence !

Isabelle B. Price, ça va. Daniel voudrait faire de nous des concurrents (« Je te signale que j’ai déjà dix billets d’avance signés Isabelle, gna gna gna… »), mais ça ne prend pas. Nous ne jouons pas dans la même cour de récréation. Zaza et moi, c’est l’école d’avant la mixité et l’abandon des uniformes. Chacun son terrain de jeux. Et s’il nous arrive de nous croiser, nous sommes comme cul et chemise ! (Devinez qui fait quoi…)

Pour conclure, il me reste à citer Philippe Ariño qui non seulement écrit des billets longs comme une nouvelle d’Ernest Hemingway mais qui, par-dessus le marché, se permet de toucher du doigt la perfection que je n’ai pas. Ce mec me donne des complexes. Pire encore : il vit sa vie comme je ne sais pas vivre la mienne. Alors vraiment, trop c’est trop. Je démissionne.


Zanzi, le 12 mai 2009

 

P.S. : Au moment d’écrire le point final, j’apprends qu’un certain Tom Peeping (c’est quoi ce nom ? le participe présent du verbe « to peep » (show) ?) ainsi qu’un autre garçon qui vient du 9-3 (mon Dieu ! après Sciences-Po, Daniel recrute aussi dans les banlieues et les ZEP !) s’apprêtent à rejoindre l’équipe de ce blog roboratif collaboratif. Il se pourrait donc bien que ma démission soit définitive.


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(5.10)




Parfois, mon métier m’offre en cadeau des rencontres magiques. Alexandre Jardin est de celles-ci, n’en déplaise à Daniel et à BBjane. De l’auteur, je ne connaissais que le nom sans jamais l’avoir lu, ainsi que les titres de deux de ses romans qu’il avait lui-même portés à l’écran : Le Zèbre et Fanfan. Pas plus que je n’ai lu les livres n’ai-je vu un seul de ces films. C’est dire mon ignorance, dont j’ai pris soin de ne pas faire état. En revanche, je suis capable de déclamer par cœur des tirades nées de la plume de son regretté père, Pascal Jardin, qui fut le dialoguiste de la série « Angélique marquise des Anges ».

Alexandre est venu à Moncton dans le cadre du Festival Frye, semaine littéraire qui a conquis sa renommée au-delà des frontières du Nouveau-Brunswick et de l’ensemble du Canada. Le faire venir en invité vedette de cette dixième édition fut un exploit. Personnellement, je ne fus pas déçu du voyage.

Alexandre Jardin qui a une copine lesbienne dont il apprécie le tempérament fantasque est, au fond, comme elle : fou des femmes. Je crois qu’il les aime encore plus passionnément. Il leur a consacré un livre l’an dernier : Chaque femme est un roman. A priori, il a donc plus de points communs avec Isabelle B. Price (et Daniel, adepte refoulé des plaisirs saphiques, désormais raide dingue de L-Word !) qu’avec Zanzi. Ce n’est pas tout à fait exact. J’aime les femmes. Je les aime dans les magazines, à l’écran… La seule différence ? Ne pas les aimer charnellement. Cette différence me conduit à les éviter.

Récemment, vous avez pu découvrir les prodiges que ma séduction malgré moi opère sur la gent féminine. Mon drame est celui-ci : il m’est odieux de décevoir, donc de dire « non ». Alors, pour ne pas dire non, j’évite les situations qui m’obligeraient à dire oui quand je voudrais dire non. Euh… oui, c’est bien cela, non ? Ma pensée s’effiloche comme une pelote de laine.

Donc, j’évite les femmes, en particulier les célibataires en mal d’amour. Les épouses fidèles et les mères adoptives me posent moins de problème : elles n’attendent pas de moi quelque chose que je ne peux leur donner. Les autres me stressent, mais en fuyant leur proximité, je passe peut-être (sans doute ?) à côté de certaines leçons de vie. Ces leçons, je viens de les apprendre par Alexandre Jardin interposé en lisant le roman précité. Ce livre envoûtant, c’est du Zanzi and the City d’hétéro ! L’imaginaire et le réel se fondent et s’y confondent dans un ensemble assez fou pour être cohérent. Le mensonge, ce produit de la fantaisie créatrice, détient lui aussi sa part de vérité et n’est pas dénué d’enseignements pertinents. Il n’est pas nécessairement bon de connaître avec exactitude l’origine des choses. Seule importe la leçon qu’on en tire.

Alexandre Jardin vit dans mon ancien quartier, nos mères ont le même âge. Prix Fémina à 23 ans, il fut précoce. En comparaison, je suis un prématuré tardif qui est loin d’avoir atteint son degré de reconnaissance. Contrairement à lui, je n’ai pas baigné depuis l’enfance dans la folie et la déraison  élevées en art de vivre. Voilà pourquoi je ne me suis pas encore révélé. Je n’ai pas osé, bien que je brûle de le faire. Alexandre l’a compris et m’encourage à sa manière. « Osez ! Osez ! Vite ! Vite ! ». Cette dédicace a priori facile, je l’ai comprise au fil de ma lecture. Suis-je prêt, cependant, à faire preuve d’audace, à oser revendiquer ma folie pour conquérir ma Liberté ? Poser la question, n’est-ce pas déjà y répondre ?

Oser. Vite.

Zanzi, le 2 mai 2009


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(5.09)


(c) D. R.


Il y a des jours où je crois vraiment que je suis maudit. J’ai déjà évoqué le traumatisme qu’avait causé la fille LGBT lorsqu’elle m’avait annoncé qu’elle était amoureuse de moi. Eh bien, j’ai peur de retomber dans le même cycle infernal.

Récemment, j’ai pris quelques contacts afin de donner une impulsion décisive à des projets extra-professionnels que je muris depuis longtemps. C’est ainsi que par le truchement d’une dame 1 qui m’a recommandé à une dame 2 j’ai rencontré samedi dernier une demoiselle, qui disposerait a priori de l’équipement nécessaire pour m’aider à réaliser mon projet. Elle m’avait fixé rendez-vous dans un café déli qui a ouvert il y a un mois dans les anciens locaux de l’Alliance Française, et qui est rapidement devenu le lieu de rendez-vous des bobos du coin. J’aime y aller, ne serait-ce que pour me rincer l’œil car le propriétaire des lieux est fabuleusement beau (de mon point de vue), même si je sais que je n’ai aucune chance de parvenir à accrocher son regard.

Parlons-en, du regard. Lorsque je suis arrivé sur les lieux, sous le soleil de midi trente, avec ma belle écharpe orange comme signe de reconnaissance, mes yeux quadricolores ont accroché la demoiselle qui m’attendait déjà, bien que le rendez-vous ait été fixé pour 13 heures. Nous fîmes donc connaissance autour d’un café allongé (c’est le café qui est allongé, je précise…). Puis j’ai sorti mon cahier et lui ai montré la structure de mon fabuleux projet. Nous avons discuté longtemps, d’autres connaissances sont arrivées sur les lieux, et blablabla, et la demoiselle qui comptait ne passer qu’une heure et demi maximum en ma compagnie fut toute surprise de constater que trois heures plus tard nous parlions encore. Elle était fascinée. Normal, me direz-vous.

Puis nous sommes allés nous promener en attendant l’heure du souper (soit 4 heures de l’après-midi, je sais, ça paraît incroyable mais c’est ainsi que les gens vivent dans ces contrées sauvages). Et là, elle a commencé à me poser des questions plus personnelles que professionnelles. En un mot comme en cent, elle voulait savoir si j’étais célibataire. J’ai donc répondu que oui, me mettant sur une défensive évasive. C’est alors que, jusque là, alors qu’il lui semblait lire en moi comme en livre ouvert, l’horizon soudain s’est troublé, comme si une nappe de brouillard venait de s’abattre sur Londres en plein été.

Au restaurant méditerranéen, elle m’a fait part de ce ressenti un peu brumeux qui venait la troubler comme l’eau trouble le pastis. Puis elle m’a dit qu’elle avait fait une super rencontre avec moi et qu’elle se demandait s’il pouvait y avoir un peu plus qu’une collaboration professionnelle. Aïe aïe aïe… les ennuis ne faisaient que commencer. J’eusse aimé avoir Zaza [Isabelle B. Price, précision de Daniel C. Hall pour les nouveaux] à mes côtés pour venir à mon secours dans ce moment difficile. Mais le pire était encore à venir.

Après le souper de 16h (qui se termina à 17h40), nous sommes allés retrouver un de mes amis qui se trouve être aussi un ami de la demoiselle (Moncton est une petite ville…) dans un bar non loin de l’endroit où nous nous trouvions (Moncton est une petite ville, bis). Tandis qu’il discutait avec quelqu’un d’autre, à un moment donné, la demoiselle s’est faite plus explicite en me disant clairement que je l’intéressais et qu’elle voulait savoir si « la porte était ouverte ». Je sentais le sol se dérober sous mes pieds, et j’aurais voulu me faire petite souris pour disparaître dans un trou dans le mur. Alors, pour tenter de faire diversion, j’a répondu :

— C’est très compliqué. En fait, mon ex m’a téléphoné cette semaine et nous sommes restés une heure au téléphone. Et il est possible que les choses reprennent entre nous…

— Où habite-t-elle ?

Un ange est passé au-dessus de ma tête, tandis que la demoiselle me formulait plusieurs questions du même ordre en parlant « d’elle », mon ex… Et je voyais bien qu’elle n’entendait pas lâcher l’affaire. J’étais au supplice, car je déteste subir ce genre d’interrogatoire.

— Eh bien, il faut que je te dise quelque chose : ce n’est pas une fille.

— C’est un garçon ?

— Oui bien sûr, il ne s’agit pas d’un chien !

Quand j’essaie d’être comique, je n’y parviens pas toujours.

La demoiselle n’était pas choquée, surtout qu’une de ses amies, la dame 2 évoquée plus haut, écrit un livre qui raconte l’histoire de la relation homosexuelle d’un escargot ailé avec un cornet de glace qui ne fond jamais… N’essayez pas de comprendre, j’y ai renoncé tout de suite.

Parlons-en, du fait de renoncer tout de suite. De toute évidence, la demoiselle ne connaît pas le terme. Je croyais en avoir fini avec ses questions en faisant mon coming-out, eh bien pas du tout ! Vint ensuite l’analyse psychanalytique et le sol n’en finissait plus de ressembler à des sables mouvants. En dépit de ma révélation, je l’intéressais toujours. Elle me dit qu’elle voudrait que j’essaye quand même avec elle pour en être sûr, m’a demandé si j’avais déjà couché avec une fille, si les femmes me laissaient indifférent, à combien j’évaluais mon homosexualité sur une échelle de 0 à 10… STOOOOOOPPPPP !!!

Là-dessus est revenu notre ami qui, me voyant aussi cramoisi que le pull que je portais, en conclut avec satisfaction que l’alcool commençait à prodiguer sur mon métabolisme les délicieux effets qu’on peut en attendre un samedi soir. Lorsqu’il dut momentanément s’absenter de nouveau, la mortifiante conversation que j’avais avec la demoiselle reprit de plus belle. Elle sentit cependant qu’elle m’avait mis très mal à l’aise avec toutes ses questions indiscrètes, mais qu’elle était comme ça, franche et brute de décoffrage, et qu’elle ne pouvait s’en empêcher. Elle me dit aussi que je n’avais pas à m’en faire, que je n’avais rien à craindre d’elle, qu’elle n’allait pas me faire de mal. Moi, ce qui m’ennuyait le plus, c’était que ce glissement en terrain dangereux risquait de compromettre la réalisation si prometteuse de mon beau projet.

Un autre bar plus tard, elle se fit insistante pour que j’aille dormir chez elle, en tout bien tout honneur (ça j’en doute un peu), prétextant qu’avec tout ce que j’avais bu je n’étais plus en mesure de prendre le volant pour rentrer chez moi. Je ne sais plus comment je suis parvenu à éviter d’être pris au piège de cette situation délicate, mais j’y suis arrivé. Je n’eus aucune difficulté à m’endormir, remerciant pour cela le vin et la bière, mais le lendemain il me fallut recourir aux anxios. Ayant eu l’ami au téléphone, je lui dis que la demoiselle était en effet très sympathique mais qu’elle m’avait rendu mal à l’aise en me faisant un rentre-dedans au bulldozer (ce à quoi je ne suis pas du tout habitué quelle que soit la personne à l’origine de cette drague agressive). Il me dit :

— Tu sais, elle a envie. Sans être méchant, ça fait plus de six mois qu’elle n’est pas sortie avec un mec, alors comment dire, il faut qu’elle se fasse fourrer. Mais il n’y a pas de mal à se faire du bien, alors si tu veux t’éclater, éclate-toi ! (sic)

Il me dit aussi que, quelques années auparavant, la même demoiselle, gravement tourmentée du picotin et rendue nerveuse par une abstinence prolongée, avait littéralement violé un de nos amis communs… à cette seule différence que celui-ci n’est pas du genre à s’en plaindre.

Là vous allez me dire : « Mais alors, cet ami ne sait donc pas que… ? » Je sais, c’est une surprise car il me semblait qu’il le savait. Comme quoi, les choses ne sont pas si évidentes et ça ne crève pas les yeux. Mais voyez-vous, il y a une chose que je déteste, c’est de me présenter avec une étiquette quand j’entre en communication avec quelqu’un. Je ne me vois pas dire :

— Bonjour, je m’appelle Zanzi et je suis homosexuel.

Merde alors ! Ce serait comme si j’allais à une réunion des pédés anonymes. Un de mes ex faisait cela systématiquement, lorsqu’il changeait de boulot et qu’il se présentait à ses nouveaux collègues. Il voulait mettre les choses au clair tout de suite. Chacun fait comme il veut, mais pour moi cette démarche est aberrante. Quand on rencontre quelqu’un pour la première fois, cette personne ne va pas vous dire qu’elle est hétérosexuelle.

Avec le recul, je me dis que je n’aurais eu tous ces ennuis conversationnels si j’avais simplement déclaré que je n’étais pas libre et que j’étais fidèle. Encore que, depuis le temps que l’on me serine qu’au Nouveau-Brunswick, la fidélité n’est pas un principe de vie, je ne suis même pas certain que la demoiselle aurait respecté ce fait. Il est probable qu’elle m’aurait demandé si, malgré tout, il existait quand même une possibilité pour que nous nous « éclations ». Mais, au moins, elle n’aurait pas cherché à m’analyser.

Bref, tout ceci pour dire que le syndrome « Flora la fille LGBT » n’est pas loin, et qu’il risque d’anéantir mon joli projet extra-professionnel top secret dont je ne vous dirai rien. La demoiselle m’a téléphoné hier soir pour prendre de mes nouvelles. Je sens qu’elle ne va pas vouloir lâcher l’affaire. Et comme il n’est pas question que je couche avec elle pour obtenir ce que je veux de notre collaboration, je suis dans la merde. Et ça ne risque pas de s’arranger par ailleurs, car depuis vendredi soir, une vieille dame assez influente dans le coin s’est mise en tête de me « caser » avec une acadienne…

C’est décidé, cette semaine je file à la bijouterie La Mine d’Or pour m’acheter une alliance, en espérant qu’avec cet artifice on me fichera enfin une paix royale.

Zanzi, le 20 avril 2009

 

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(5.08)


(c) D. R.


Il y a quelques mois de cela, Zanzi m’a gentiment proposé de le rejoindre à Caribouland pour mes vacances. Je ne sais plus si c’était avant ou après que je lui ai expliqué que, vu que j’avais acheté un appartement, j’allais passer mes vacances pendant les dix prochaines années chez mes parents, mais la proposition est venue tout naturellement. Ma réserve naturelle, ma timidité et mon bon sens m’ont tout de suite amenée à refuser. Et puis l’idée a fait son chemin, doucement, lentement et sûrement. À tel point que je me suis vue lui dire, il y a deux semaines, « Je suis en vacances ! »

Il a renouvelé sa proposition Zanzi. Simplement, tranquillement. J’avais besoin d’air et je n’étais pas certaine de pouvoir le trouver chez mes parents cet air-là. J’ai donc accepté. Très vite, trop vite pour prendre le temps de réfléchir. Si je réfléchis, après, je pèse le pour et le contre, je prends conscience de la folie de mes décisions et je ne fais plus rien. J’ai donc pris l’adresse de Zanzi, acheté un billet d’avion et fait mon sac.

Je suis une fille, certes, mais je suis lesbienne. J’ai été élevée en Haute-Loire. Je sais donc faire un paquetage léger. J’ai maudit Zanzi d’habiter à Caribouland, évidemment. Il ne pourrait pas profiter de mes dernières chemises sexy, de mes pulls à col en V, de mes supers chaussures achetées récemment. Non, il aurait pu habiter sous le chaud soleil de la Réunion mais il a préféré le froid. J’ai eu une pensée émue pour Lucy Diamond qui, dans DEBS, avait fait comme moi et s’était réfugiée au chaud pour fuir ses problèmes, à Reykjavík. Bref, j’ai entassé des jeans, des tee-shirts à manches longues et à col roulés, des pulls chauds et des chaussettes en laine. Ne cherchez pas à savoir, je ne dirai rien sur mes sous-vêtements, bande de pervers.

Une fois mon sac prêt, je me suis vue me rendre à l’aéroport, prendre l’avion et atterrir à Caribouland sans avoir eu le temps de réaliser ce que je faisais. Si j’avais compris, l’aurais-je fait ?

Quand je suis sortie de l’avion et que j’ai foulé le sol canadien, Zanzi était là à m’attendre sur le tarmac. Il se remarque cet homme vous savez. Il dégage une certaine classe et une certaine prestance, même avec un anorak qui le fait paraître deux fois plus gros qu’il ne l’est en réalité… et cette capuche fourrée. L’air frais m’a fouetté le visage et j’ai remonté un peu plus la fermeture éclair de ma veste de ski. Finalement, c’était juste un peu plus froid que chez mes parents… quelques degrés d’écart…

On s’est dit bonjour. Je crois qu’il était aussi mal à l’aise que moi. Peut-être qu’il pensait que je n’aurais pas les couilles… les ovaires de venir. Peut-être qu’en fait c’était par simple politesse qu’il m’avait proposé de venir mais qu’il ne le pensait pas vraiment. Peut-être que…  J’ai arrêté de me poser des questions quand, après 20 minutes de route, on est arrivés chez lui. Je n’en revenais pas de toute cette neige partout, de nos pieds à l’horizon. C’était beau.

Il est passé devant en portant mon sac. Je crois qu’il a compris que les lesbiennes aussi pouvaient être coquettes quand il a vu le poids du truc. Il m’a montré ma chambre, m’a proposé de me rafraîchir et m’a laissé un peu de liberté le temps que je trouve mes marques. Ça je lui en serais toujours reconnaissante. Je suis quelqu’un de terriblement indépendant. Je ne supporte pas d’avoir en permanence des personnes autour de moi et parfois, souvent en vacances, j’ai besoin de me retrouver seule, tout simplement. Zanzi l’a compris ou l’a peut-être perçu à ma mine défaite et à mon énervement croissant.

J’ai pris une petite douche pour éliminer les restes du voyage et j’ai rejoint Zanzi juste après. Il était dans la cuisine, il faisait la vaisselle. Je me suis assise sur un tabouret devant le bar et je l’ai regardé bosser. Je suis une féministe. Quand un homme travaille, j’apprécie des choses aussi simples que le regarder faire. Il s’est tourné vers moi avec son sourire qui fait craquer tous les mecs et j’ai pensé « Amusant, Vincent a le même sourire. En fait c’est ça leur secret. » Il m’a alors demandé :

— Tu veux quelque chose ?

— Ben manger. Il est 19h30.

— Tu viens de descendre de l’avion. Avec le décalage horaire… Et tu n’as pas mangé dans l’appareil ? a demandé Zanzi l’air surpris.

— Ils m’ont servi un tout petit sandwich sans même mettre des chips pour l’accompagner. Et puis j’ai dormi un peu. Donc le décalage horaire ça va.

— La moitié d’une baguette tu trouves ça petit comme sandwich ?

Là il a regardé ma silhouette et j’ai compris qu’il se posait des questions. Mince, je n’ai pas à m’excuser d’être un estomac sur pattes. Si ? Non ! Je n’ai pas m’excuser d’être comme Obélix et d’avoir toujours faim, de savoir exactement quand il est 12h12 parce que j’ai toujours faim à 12h12. Oh quand même. Du coup j’ai joué les divas. Je sais jouer les divas quand l’occasion se présente. J’ai simplement dit :

— Quoi ?

— Et tu l’as mis où le sandwich ? Il a demandé en se moquant de moi.

— Tu me fais une omelette avec des lardons et je te le dis ! J’ai répondu en m’accoudant plus confortablement sur le bar, un sourire de défi aux lèvres.

— Allez, c’est parti. Il s’est mis à sortir les ingrédients et je l’ai regardé faire en me disant que j’avais intérêt à choisir un plat plus compliqué pour le lendemain. Il sait cuisiner en fait Zanzi.

— Je les cache juste aux bons endroits. Dans mon opulente poitrine et mes superbes fesses rebondies !

Là il a éclaté de rire. Il s’est foutu de moi parce que je n’ai ni une opulente poitrine ni de superbes fesses rebondies. La glace était brisée. On avait beau être à Caribouland, il faisait plus chaud chez Zanzi désormais. J’ai pris un air vexé en expliquant que je faisais du sport, des fois, et que c’était ce qui me permettait de continuer à faire 57 kg pour 1m74. Il a tiqué sur le « des fois » mais il a eu le bon goût de ne pas relever.

Pendant que l’omelette cuisait, il a mis le couvert et il a déclaré un truc sympa mais qui a amené une discussion catastrophique derrière :

— Tu n’étais pas obligée de venir seule. Tu aurais pu amener quelqu’un.

J’ai hésité à jouer l’idiote qui n’a pas compris. J’ai failli répondre que Titou était en cours mais je me suis retenue. J’ai mis direct les pieds dans le plat en me disant, « une fois que ce sera fait, ce ne sera plus à faire. »

— On peut parler d’autre chose que de ma vie amoureuse ?

— Hum… Il a fait mine de réfléchir, en face de moi, accoudé sur le bar, le menton posé au creux de sa main. Non ! On ne peut pas. Elle a quoi ta vie amoureuse ?

Des fois il est chiant Zanzi. Il sait exactement de quoi vous ne voulez pas causer et il vous oblige à y faire face. J’ai joué les gamines de 25 ans, je sais parfois très bien jouer ce rôle. J’ai supplié du regard, j’ai été très inspirée par l’horloge murale. Rien n’y a fait, il était comme un chien tenant un os dans sa gueule, comme Vincent devant le dernier Final Fantasy, comme le chef devant le calendrier des Dieux du Stade. Il ne pouvait pas lâcher.

— S’te’plaît. Tu veux pas plutôt qu’on parle de la forme des nuages quand j’étais dans l’avion.

— Non, c’est pas aussi intéressant comme sujet.

— Ce sujet-là non plus il n’est pas intéressant.

— Raconte quand même. Il a fouillé au plus profond de mon âme avec son regard clair et je me suis retrouvée devant le pire des détecteurs de mensonges.

— Je me suis servie d’une parfaite inconnue pour me sentir désirable. J’ai été en-dessous de tout et je n’arrive plus à me regarder dans le miroir.

— Sympa. Dis-moi en un peu plus.

— On avait été au ciné un soir. On s’est retrouvées pour une autre séance ciné. J’étais crevée. Elle a demandé si elle pouvait me prendre dans ses bras, j’ai dit oui. Elle a demandé si elle pouvait m’embrasser, je ne suis pas partie en courant.

— Tu parles de spontanéité. Elle était obligée de toujours demander ?

— Zanzi arrête. C’est pas drôle.

— Oh si, ta tête en ce moment est très drôle.

— Et après.

— Après quoi ?

— Après le baiser. Tu as fait quoi ?

— Je suis partie.

Là il a éclaté de rire. Il est vraiment pas drôle Zanzi quand il s’y met.

— Tu es partie donc.

— Oui, je travaillais le lendemain.

— Pour de vrai ou c’était une excuse ?

— Pour de vrai. J’étais de matin ! Je devais me lever à 5h15 !

— Et alors maintenant…

— Maintenant elle veut me revoir et je ne sais pas ce que je dois faire.

— T’es une vraie gamine.

— Merci, ça c’est un conseil qui m’aide beaucoup.

— Elle t’a appelée ?

— Non, je lui ai dit de ne pas m’appeler, que je n’allumais jamais mon portable. Du coup j’ai éteint mon téléphone depuis une semaine. Mais elle m’a envoyé un message dans ma boite mail. Et ça fait 10 jours que j’ai pas répondu.

— Et tu es partie à l’autre bout du monde pour y voir plus clair.

— Je suis à ce point un livre ouvert ?

— Oui. Bon on va essayer d’y voir plus clair. Tu as aimé l’embrasser ?

— Non. Oui. Non. Mais en fait c’est pas le problème. C’est pas mon genre et on n’a rien en commun. J’ai craqué pendant un moment de fatigue.

— Ou tu as simplement oublié de réfléchir ce qui ne doit pas te faire trop de mal des fois.

— Tu m’énerves.

— Elle te manque ? Tu as envie de la revoir ?

— Non et non. Je peux pas lui faire croire que j’ai été enlevée par des extra-terrestres ?

— C’est fin et léger comme idée Isa. Non, tu vas l’appeler, tu vas la revoir et tu vas simplement lui dire la vérité.

— Céline aussi m’a dit ça. Mais je préférais l’idée de disparaître de la surface de la terre. C’était moins désagréable.

— Je ne t’imaginais pas comme quelqu’un qui n’assume pas ses actes.

— Oui mais en fait je me demande si je ne réagis pas comme ça parce que j’ai peur de l’intimité et que je fuis avant de lui donner une chance.

— Mais elle te plaît ?

— Ben en fait j’ai une autre personne en tête mais je sais qu’avec cette autre il ne se passera rien.

Stop stop. On se calme. On va reprendre depuis le début et calmement pendant qu’on mange.

Là il nous a servi l’omelette et j’ai attaqué de manger. Je mourrais littéralement de faim et puis un compte-rendu de mes dernières boulettes, ça me creuse toujours.

— C’est marrant je te voyais beaucoup plus sûre de toi et plus sérieuse.

— Non. C’est un truc du chef. Je crois qu’il aime bien les bras cassés.

— Merci pour moi.

— Mais t’es dix fois pire que moi Zanzi. Vas-y parle-moi de ta vie amoureuse en ce moment !

Là il a enfourné un gros morceau d’omelette dans sa bouche qu’il s’est mis à mastiquer très méticuleusement. Il a pris son temps, tout son temps. Il avait le regard perdu dans son assiette. Les secondes se sont égrenées et quand enfin il a levé les yeux vers moi, la bouche vide, il a simplement déclaré :

— Ils étaient comment ces nuages vus de l’avion ?

 

TO BE CONTINUED…

Demain, sur Les Toiles Roses, dans « Et les filles, alors ? »…

 

Isabelle B. Price (20 Mars 2009)

 

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(5.07)




Il est une voix qui m’appelle et m’attire,

Au fil des routes je l’écoute et la suis…



… Quand je m’arrête c’est pour me faire des amis,

J’ peux pas rester l’ temps d’un sourire il faut partir.



Tu es partie, ma beauté, mon petit ange.

Sans bruit, discrètement, presque sur la pointe des pattes.

Jusqu’au dernier jour tu es restée présente, en prenant toute ta place et tu as vécue debout, même en n’ayant plus que la peau sur les os comme une vieille personne qui a perdu ses muscles et s’est desséchée.

Tu es restée belle jusqu’au bout, et ton poil avait retrouvé le lustre de sa jeunesse. L’amour et la tendresse de toute ma famille – ta famille – t’ont portée au-delà de ce qui était humainement concevable. Même si, par moments, tu semblais ployer sous les misères du grand âge, tu ne t’es pas laissé abattre.

Tu es restée vivante pour eux si près, pour la petite Eva que tu as failli ne jamais connaître, et pour moi si loin. Simplement, tu n’avais plus de forces. Maintenant tu vis dans nos cœurs orphelins. Entre le bout de la nuit et le point du jour, un peu avant l’aube, tu t’es éteinte comme une bougie qui a épuisé sa cire. Calmement, en paix, après que Maman soit venue te donner une dernière caresse. Tu es partie, ma Nicia, mais ta lumière ne nous quittera jamais. Ce soir tu brilles dans le ciel où une nouvelle étoile est née.


Il s’ peut qu’un beau jour, je me repose enfin.

Jusqu’à ce jour, je poursuis mon parcours.



Zanzi, le 1er avril 2009.


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(5.06)




Au début de la deuxième quinzaine de mars, je suis allé assister à un séminaire de nonces, vicaires et autres diacres chez les pères franciscains de la côte ouest des États-Unis. Il me tardait de découvrir la ville chroniquée par Armistead Maupin. Autant vous le dire d’emblée : je n’ai pas croisé les fantômes de Michael Tolliver et de Madame Madrigal. J’étais en déplacement professionnel dans le but de découvrir de nouveaux procédés pour communiquer avec mes ouailles. J’ignore si la Légation va se donner les moyens d’utiliser les nouveaux médias qui nous ont été révélés dans le plus grand secret (l’un étant à la limite de la téléportation de Star Trek). À titre personnel, je vais utiliser à satiété ceux qui sont à ma portée. Enfin, histoire de faire baver la blogosphère, lors de la réception officielle à la nonciature franciscaine, j’ai rencontré un blogueur bien plus célèbre que Matoo ! Cette rencontre m’a fait l’effet d’une secousse sismique…

Ce fut bien la seule durant ces quatre jours. La terre n’a pas tremblé sous mes pieds. C’est dommage, cela aurait pimenté le voyage. Unfortunément, il ne fallait pas compter sur une fleurette pour rendre mon séjour plus attrayant, bien que je me sois découvert une communauté d’affinités avec un charmant collègue partageant mes goûts… culinaires. Mais il ne s’est rien passé. Je n’ai pas osé. Même un grand séducteur peut traverser des doutes et montrer des faiblesses… et ainsi manquer d’audace !

Le dernier soir, nous visitâmes Castro en groupe de huit pèlerins. Je n’ai aucun détail croustillant à vous raconter : Castro by night m’a déçu. N’était-ce donc que cela, la « Mecque gay » ? Pour un samedi soir, ce n’était guère animé et l’endroit m’a semblé cinq fois plus petit que le Marais. D’ailleurs, les quelques « beaux » couples homos que j’ai croisés ne se promenaient pas dans ce quartier rempli de créatures bigarrées. Quant au Golden Gate, il s’est obstinément dérobé à mon objectif digital, aussi bien sous la pluie normando-bretonne et un épais brouillard anglais, que sous le contre-jour d’un radieux soleil printanier.

N’allez cependant pas croire que je me plains de mon sort. J’ai été reçu au sein des sociétés phares de la Vallée en Silicone, et passé de bons moments amicaux et conviviaux avec les collègues les plus sympas qui soient. Tout ceci dans une ville géniale, grande mais à taille humaine, avec son incroyable relief et ses aspérités. Je ne regrette aucune minute de ces quatre jours de printemps, qui m’ont offert une agréable parenthèse loin de l’hiver cariboulandais finissant. Et même si, quelquefois, le vent de mars soufflait le froid, j’avais le cœur au chaud.

Je me suis promis d’y retourner, comme on prend une bonne résolution le matin du Nouvel An. Mais voyons donc, il faut que je tienne cette promesse ! Je n’ai pas traversé le pont, ni visité la prison d’Alcatraz. Je n’ai pas tout vu, je n’ai donc rien vu. J’exagère, comme d’habitude. Mais à peine, vous le savez bien. Je ne serai pas entièrement satisfait avant d’avoir goûté tous les martinis du restaurant panoramique du Top of the Mark (et il y en a 12 pages sur la carte !), ni couronné avec un baiser romantique la vue nocturne qu’offre, au 31e étage, l’ascenseur extérieur du Westin St. Francis Hotel sur Union Square. Reste à savoir qui m’offrira ce privilège.



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(5.05)




Chères lectrices et chers lecteurs, il y a quelques semaines j'ai lancé à des personnes ciblées qui ont fait et font toujours partie de ma vie un appel à contributions sur le thème « Zanzi tel que je le connais ». L'idée était d'autant plus intéressante qu'une grande partie de ces êtres chers m'ont connu avant que je devienne Zanzi. Le but de l'exercice était de vous apporter un éclairage nouveau et différent sur ma personnalité dans toute sa complexité. Il se trouve que seul Esteban a répondu à cet appel. Je n'en attendais pas moins de lui, connaissant sa sensibilité naturelle. Le portrait qu'il fait de moi est à la fois touchant et sans concession. Je reconnais qu'en lisant certains passages, je me suis senti un peu "bousculé" de découvrir comment il me voyait. En lisant ce qui suit vous devinerez d'instinct à quoi je fais référence.

Cher Esteban, je t'ai côtoyé de près, et parfois de très près, pendant deux ans. Et je souris de constater que tu me rappelleras toujours mon black-out de l'entre-deux tours. Pour moi, tout a commencé en août 2002. Je me souviens aussi des mauvais moments que nous avons traversés, mais ils donnent du relief et du contraste à tous les autres bons moments, ces étincelles d'éternité que nous avons volées au temps qui passe et dont l'ascenseur de la place de Louvain se souviendra longtemps. Je me souviens aussi de cette complicité innée qui nous liait, de nos pensées semblables et simultanées, t'en rappelles-tu ? C'est comme si nous nous étions retrouvés après des siècles de séparation.

Je me souviens aussi de ce jour où, patraque, je suis resté chez moi et que tu es venu me frapper à ma porte à l'heure du déjeuner. J'ignorais jusqu'à ce que je te lise que tu avais eu une conversation avec notre Amigo dans son bureau. Je me souviens seulement que tu étais bouleversé quand j'ai ouvert la porte, soulagé aussi de me voir en vie, comme si tu t'étais imaginé le pire (et tu n'es pas le seul, demande à Daniel C. Hall). Je me souviendrai toujours des minutes qui ont suivi et qui n'appartiennent qu'à nous, et à notre mémoire partagée.

Je savais dès le début que tu ne serais jamais à moi complètement. J'ai pris le risque de cette souffrance, de ce CDD couru d'avance. C'était cela ou rien. J'ai donc choisi d'avoir peu plutôt que de passer à côté de toi, de nous. Je t'ai aimé comme tu n'en as peut-être pas idée, et après la fin de notre période passionnelle, j'en ai fait une belle chanson qui dort encore au fond de mes tiroirs. Elle m'a aidé à refermer cette blessure d'amour. Tu sais que je t'aimerai toujours, bien que de façon différente, car apaisée et platonique. Et je sais que tu m'as aimé aussi, pas seulement parce que tu me l'as dit avant mon départ. Parce que tu as écris ce témoignage.

 

La première fois que j'ai rencontré Zanzi c'était durant l'entre-deux tours mémorable de la Présidentielle de 2002. Comme un réalisateur de cinéma, il était venu en repérage pour une série dont il fut la vedette pendant deux ans à B. Je me fais un malin plaisir de rappeler cette anecdote car elle a le don d'agacer notre petit Zanzi étant donné que je suis le seul de nous deux à me remémorer cette rencontre furtive. Il faut dire que la présentation fut rapide et il avait beaucoup de personnes à voir ce jour-là. En tout cas, mon radar ne m'a pas trompé car j'étais quasi sûr en le voyant que d'une part Zanzi préférait les glaçons aux quilles et que d'autre part nous deviendrions amis.

Notre "vraie" rencontre eu lieu en août 2002 au moment de son « entrée en fonction officielle ». Terme élogieux pour un travail de simple « employé de mairie » : définition péjorative (pour lui) de l'activité qui l'occupait à l'époque et revenant souvent dans les bilans quasi hebdomadaires que Zanzi faisait de sa vie.

Zanzi m'a tout de suite plu. Sa fantaisie, son humour, son intelligence, son exagération contrastaient singulièrement avec l'atmosphère ronronnante que j'avais connue au bureau jusqu'alors. Un lien s'est tissé et nous nous sommes très vite rapprochés. L'étape des confidences est alors arrivée, étape prometteuse sur la valeur d'une amitié qui est en train de naître et que l'on espère voir grandir jour après jour sans se flétrir.

Nos espaces professionnels étant contigus, Zanzi et moi nous rencontrions tous les jours, allions déjeuner ensemble, conversions même par mails...  Le train était lancé mais les dés pipés au départ, car cette histoire d’amitié qui a assez rapidement glissé vers une histoire plus intime ne pouvait déboucher que sur des frustrations et des incompréhensions, notamment pour Zanzi. Je pense que je l'ai aimé mais pas assez pour qu'il obtienne de moi ce qu'il attendait : que je le suive ! (Mais le suivre où... ?)

Bien sûr l'amour existe sous différentes formes mais dans une seule forme complète qui fait que l’on décide de faire sa vie avec une personne et à l’époque j’avais déjà cette personne...

Parfois, en repensant à ces moments j’ai l’impression d’avoir trahi ses sentiments mais je pense (j’espère) qu’il ne m’en veut plus aujourd’hui. Un courant peut-être trop naïf nous a porté durant tous ces mois mais notre relation actuelle ne serait sans doute pas la même sans cette traversée d’épreuves.

Ainsi, vous avez le décor affectif général des deux années durant lesquelles nous avons cohabité même si ce fut surtout la première d’entre elles qui connut le plus de « rebondissements ». Jolie façon euphémique de dire les choses...

Lorsque notre relation passionnelle s’est terminée, j’ai découvert le « côté plus obscur » de Zanzi. Un côté qui à l’époque était à mon avis l’aspect dominant de son être. Une personne défaitiste, colérique parfois et distillant en permanence un certain désespoir.

Que pouvais-je y faire ? Rien n’allait selon lui : sa vie professionnelle qui n’était pas à la hauteur de ce qu’il valait intellectuellement, sa vie affective insatisfaisante, son hypocondrie. Il n’écoutait pas mes conseils, refusait la critique constructive mais pouvais-je lui en vouloir moi qui lui avais fait espérer pendant un temps qu’au moins du côté cœur les choses s’arrangeaient ?

Bref, quelqu’un de pas toujours facile à vivre au quotidien car c’est justement auprès des gens en qui il a une pleine confiance qu’il se livre totalement.

Son humeur était comme un yoyo ou pour prendre une image qui nous replonge dans l'époque comme l'ascenseur qui monte et qui descend et que nous empruntions, « affectueusement » dirais-je, pour nous rendre à la machine à café. Celle du troisième étage ou du cinquième plus tranquille au gré de nos envies. Comme dans le bâtiment il y avait 7 étages, Zanzi avait coutume de comparer l'ascension vers le 7ème à une escapade vers le 7ème ciel. Mais cet ascenseur pouvait également nous conduire vers plusieurs niveaux en dessous du rez-de-chaussée...

C’est lui qui donnait la couleur de la journée (noire, grise ou rose) sans se soucier de savoir si les autres avaient des problèmes peut-être plus graves. Je dois avouer que cela m’exaspérait parfois !

Je me souviens du jour où Zanzi ne prévenant personne ne s’est pas présenté au bureau. Je fus convoqué par le grand chef qui savait que j’étais proche du loustic et qui me demanda s’il y avait une quelconque raison de s’inquiéter. Est-ce que Zanzi qui vit seul se sent bien à B. ? J’essayais de noyer le poisson en dissimulant mon inquiétude et demandais tout de même au plus petit chef si je pouvais me rendre à l’appartement de Zanzi pour voir ce qui s’y passait. Je me suis mis à courir pratiquement sans m’arrêter saisi d’une frayeur diffuse... « Il a quand même pas... ». Arrivé en bas de chez Zanzi, je sonne et Monsieur m’ouvre... Je le trouve en peignoir dans l’encadrement de sa porte avec la tête du gars qui venait d’être dérangé en plein sommeil. Je lui criais alors un grand « T’es malade ! » tellement j’étais hors de moi. Zanzi avait tout simplement omis de prévenir le bureau qu’il n’était pas très bien ce jour là.

Je ne reprendrais pas ici l'intégralité des moments que nous avons partagés et qui nous appartiennent mais il y a eu aussi beaucoup de bons moments de rigolades, d’échanges, de tendresse et d’affection. Durant ces deux années nous avons concentré à forte dose des déchirures, des engueulades et des retrouvailles pour finalement en arriver à la conclusion que rien ne pourrait nous séparer.

L’énigme que je n’ai toujours pas résolue est celle du peu d’intérêt que Zanzi porte aux autres. Est-ce une forme de pudeur comme il me l’a dit ? Un simple égocentrisme un peu amplifié ? Ou tout simplement parce qu’il ne sait pas comment faire ? Enfin, je me dis qu’à un moment donné il s’est tout de même intéressé à moi ce qui signifie que tout n’est pas perdu.

Si je ne me trompe pas, Zanzi est devenu Zanzi peu de temps après son passage à B. Le jour de son départ, j’étais à la fois triste et soulagé qu’il aille à la rencontre d’autres horizons. Je me sentais de plus en plus démuni.

Que lui apporte sa vie à Caribouland ? Je n’en sais pas grand-chose finalement, nous en parlons peu. Il y allait rempli d’espoir sur son avenir et les opportunités qui pourraient s’y présenter.

Les a t-il rencontrés ?

Pas tout à fait me semble t-il, mais je crois qu’il tend au moins vers un équilibre serein qui le conduira je l’espère vers ce qu’il cherche ou tout du moins à déterminer ce qu’il cherche...

C'est désormais le monde qu'il prend à témoin de ses états d'âme et j'ose espérer que cela l'aide dans sa quête...

Je suis rassuré, Zanzi, que tu m’aies choisi parmi tes nombreuses connaissances pour livrer ce témoignage. Je compte donc toujours pour toi. Cela me ressemble cependant tellement peu de me livrer ainsi même sous le couvert de l'anonymat. J’ai voulu te faire plaisir et te témoigner ma grande affection. Tu me manques.


Esteban



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(5.04)


Hibernatus (c) Pierre Callon


Il y a des moments dans la vie où la vie rencontre la mort, des journées macabres ou la mort rappelle qu’elle fait partie de la vie. Telle fut ma journée du vendredi 27 février, troisième jour du Carême, qui restera pour moi comme le « vendredi des cendres ».

L’une de mes attributions à la nonciature consiste à m’occuper des défunts. Étant trop élevé dans la hiérarchie ecclésiastique, je ne m’occupe point de donner l’extrême-onction et le saint viatique aux agonisants. Mes tâches sont plus administratives, une fois encore. En fait, je n’interviens que lorsque la famille du trépassé entreprend d’en rapatrier les restes en France. C’est là que les choses deviennent intéressantes. Dans ce genre de situation, à laquelle je fus confronté pour la première fois, je suis censé, s’il s’agit d’un enterrement classique, de vérifier la concordance entre la dépouille mortelle allongée dans le cercueil, et la photo de la personne sur sa dernière pièce d’identité. Je vous laisse imaginer dans quelles conditions mes collègues qui exercent leur ministère sous les chaleurs africaines et asiatiques doivent accomplir leur divin sacerdoce !

— Quelqu’un peut-il m’apporter un chasse-mouche ?

— Tenez, Excellence, je vous ai aussi apporté un ventilateur…

Eh oui, pour être nonce, il faut avoir l’estomac bien accroché et des couilles au cul ! Comprenez tout de même que nous préférons, et de loin, l’inhumation sur place. Donc, une fois contrôlée l’identité du cadavre, il faut encore fermer le cercueil (généralement, c’est l’agent des pompes funèbres qui le fait) et ensuite, l’entourer d’un joli ruban aux couleurs de la France, comme on emballe un cadeau de Noël, puis faire couler dessus de la cire chaude et rouge sur laquelle il faut apposer le sceau de la nonciature. Le colis est alors prêt à être expédié à sa destination finale…

Ce vendredi 27 février, pour ma grande première mondiale, j’eus droit à la version « light ». Il s’agissait de sceller une urne funéraire à Halifax. Après avoir remis à la veuve les papiers officiels, et reçu son offrande pour mes bonnes œuvres, je fus conduit dans une pièce de service où se trouvait une boîte en bois, laquelle contenait, dans un sachet plastique, les cendres de feu Monsieur Untel, tout de même incinéré depuis deux mois et demi. Je précise qu’avec le transport de cendres, nous ne travaillons pas dans l’urgence comme avec un cercueil, pour des raisons bien compréhensibles… La vue de ces cendres me fut un peu désagréable. D’une part elles ressemblaient à de la farine grisâtre, et d’autre part l’idée qu’il s’agissait des restes de quelqu’un de mon âge (donc, jeune) me contrariait. Qu’on ne s’étonne point que pour m’en remettre je fis ensuite un copieux déjeuner dans une brasserie belge en arrosant mon repas avec de la bière d’abbaye (pour l’anecdote, il s’agissait de la bière « Affligem », particulièrement de circonstance) !

De retour à Moncton, je m’obligeai à faire un saut à la maison funéraire la plus proche de la nonciature pour rendre hommage à un membre éminent de la communauté, décédé le mardi précédent après un cancer foudroyant. C’est à cette occasion que me fut révélé un détail relatif aux rites funéraires cariboulandais, auquel jusque là je n’avais jamais pensé. En effet, le faire-part précisait que l’inhumation se fera… au printemps. La première chose qui me frappe, c’est que nous sommes encore en hiver. D’ailleurs, ici, le printemps, qui comme en Europe commence nominalement le 21 mars, n’arrive sur le plan météorologique qu’à la fin du mois d’avril voire au début du mois de mai. Je me suis donc posé la question suivante :

— Que font-ils du cadavre, en attendant ?

Eh bien c’est simple : il est mis au congélateur. Les maisons funéraires sont équipées de chambres froides pouvant accueillir les défunts de la morte saison, en attendant que le sol des cimetières, non seulement recouvert par deux mètres de neige mais aussi dur que du béton, dégèle… En espérant aussi qu’aucune tempête de glace ne viendra endommager le réseau électrique et ainsi créer une panne de courant durable et des plus dommageables pour la conservation de la carne.

Merveilleuse fée électricité, que ferait-on sans toi ? Et d’ailleurs, comment faisait-on avant toi ? Je crois que les indiens (sachez qu’ici on les appelle courtoisement « les premières nations », car « indiens » est un terme de western qui frôle l’injure) rendaient leurs morts au Grand Esprit en les brûlant. Mais les colons ? J’ai soudain un doute. Après tout, la religion catholique n’admettait pas l’incinération, tout au moins à l’époque que j’évoque, lorsque n’existaient ni les frigidaires ni l’électricité.

Toute interrogation lugubre mise à part, il ne me reste donc plus, pour être content, qu’à retrouver un exemplaire de Hibernatus et d’un mammouth laineux, prisonniers des glaces polaires. Gageons que le réchauffement climatique devrait contribuer à révéler quelques artefacts de ce genre dans un proche avenir…

 

Zanzi, le 3 mars 2009



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Chères lectrices, chers lecteurs du blog "Les Toiles Roses",
Honte à vous ! Hier, vous avez oublié de souhaiter un joyeux anniversaire à notre star Zanzi... Un joyeux zanziversaire, quoi... Mais comme je suis un dictateur bon et juste, je lui ai souhaité de votre part ! Quel bon patron suis-je ! Et comme Zanzi frôle la cinquan... euh... la quaran... bref, comme Zanzi a un an de plus, il a décidé d'exhiber son sublime minois mutin et coquin, son corps sculptural échappé des héros de la mythologie et son organe vigoureux mais néanmoins splendide... Bref, voici un petit message pour vous tous... Sachez qu'au Canada, on arrive à tuer un caribou en moins de deux minutes en lui faisant écouter cette vidéo :-)
Laissez vos messages, déclarations d'amour, insultes et autres dons dans les commentaires ou sur l'email privé du blog, je transmettrai à notre ami très cher... trop cher !



(5.03)


(c) D. R.


Le titre est trompeur : je ne vais pas parler d’éjaculation. Dans ma profession (c’est-à-dire, nonce apostolique du chanoine honoraire de Saint-Jean de Latran) il est d’usage, dès la deuxième année de la mission à la nonciature, de songer au lieu qui nous accueillera au terme de la troisième. C’est ainsi que, sous ma robe de bure, je suis d’ores et déjà amené à me projeter dans un avenir encore lointain et pour le moins incertain.

Récemment, j’ai dressé la liste des nonces qui sont susceptibles de changer de paroisse en 2010, et parmi ceux-ci, j’ai noté les diocèses les plus intéressants… financièrement. Eh oui, confiteor deo omnipotenti, j’en suis venu à considérer que si ma profession m’impose le vœu de célibat, en revanche je ne suis pas soumis à celui de pauvreté, au contraire ! En conclusion, pour avoir fait (plus ou moins) le deuil d’une vie privée riche d’amour et épanouissante, suis-je tenté de céder à l’appel du lucre.

À cet égard, être nonce en terre d’islam est particulièrement juteux. L’obligation de cacher soigneusement mon goupillon ne va pas sans certaines compensations. J’envisage donc de demander la nonciature dans plusieurs pays où le croissant n’est pas synonyme de petit déjeuner français. Entre autre, le Sultanat d’Oman, pays natal de mon cher Kamil. Hélas ! je viens de découvrir que les livres et « cassettes vidéo » (sic ! ils ne connaissent pas encore le dvd ?) sont soumis à la censure. Dans ce cas de figure, ce qui m’inquiète n’est pas tant l’approvisionnement sur place en nourritures spirituelles, que la perspective affreuse que ma bibliothèque et ma dévédéthèque soient scrutées à la loupe par les douaniers censeurs en dépit de l’immunité de mes biens.

D’autre part, je viens d’apprendre que le nonce à Montréal, qui aurait dû rentrer à la Basilique-mère cette année, a obtenu une prolongation d’un an. S’ouvre donc une nouvelle fenêtre d’opportunité à laquelle je ne m’attendais pas. Certes, à Montréal, j’aurais plus de chapelles à visiter et de fonts baptismaux à inspecter, ainsi qu’un nombre élevé de pécheresses à absoudre avec miséricorde. Mais je crains aussi d’être trop absorbé par les tâches purement administratives pour me délecter de la joie de rassembler sous mon aile les brebis égarées.

Nouveau choix, nouveau dilemme. J’ai beau me projeter, je ne vois pas où j’atterris. L’Afrique et le Moyen-Orient sont tentants. Le produit de la dîme y est plus rentable, mais si cela équivaut à sacrifier ma quête du graal, cela en vaut-il réellement la peine ?

Je n’ai plus qu’à me laisser porter par le courant, au fil de l’eau. À Terre-Neuve, j’ai découvert une côte sauvage et majestueuse. La nature, dans sa splendeur immaculée sous le manteau de l’hiver, m’a procuré les bienfaits d’un matin calme. Je me suis promené sous la tempête de neige et me suis surpris à aimer cela. Et si je touchais au port quelque part entre l’Est et l’Ouest ? A mari usque ad mare.

 

Zanzi, le 6 février 2009.



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(5.02)


(c) D. R.


À l’heure où je rédige ces lignes, je souffre de divers bobos (ou de « bobos d’hiver ») qui me rendent la vie inconfortable. J’ai le souvenir d’avoir connu semblables symptômes l’an dernier, après le retour de mes premières vacances hors Caribouland. Bref, j’ai l’impression désagréable de me désagréger, ou si vous préférez, de tomber en morceaux. Rendez-vous est pris avec une doctoresse pour le contrôle technique de mon corps. On va checker la carrosserie, vérifier le niveau d’huile, le moteur, le carburateur et tout le toutim. Ça ira mieux après, enfin j’espère… Sinon, cette saison sera la plus courte de l’histoire de la série.

— Et revoilà la Drama Queen ! allez-vous dire. Peut-être bien. Dîtes-vous seulement, et souvenez-vous en si toutefois vous avez connu ce sentiment, qu’être seul pour affronter la vie et, éventuellement, la mort, n’est pas chose facile. C’est peut-être plus facile d’affronter la mort tout seul, car on meurt toujours seul, même si pour cette occasion unique on est entouré. Exception faite des kamikazes qui se font exploser sur les marchés de Bagdad, enfin vous me comprenez. Mais la vie…

Zanzi, anachorète hypocondriaque et grognon. Je reconnais que ce n’est pas très vendeur. Qui pourrait bien vouloir d’un tel spécimen ? Et avec, de surcroît, la garantie limitée. On est en période de crise. Si je ne suis pas bon pour la casse, j’offrirais une prime à tout nouveau conducteur qui voudrait bien m’essayer. Cependant, je reconnais qu’il vaudrait mieux un fringant trentenaire déjà expérimenté pour me conduire sur le droit chemin. Expérimenté mais un peu accidenté, lui aussi. Ainsi nous pourrions soigner mutuellement nos blessures…

 


Si l’on part du principe que mes maux sont essentiellement d’origine psychique, il faut que je les exprime avec des mots. À défaut de confesser mes turpitudes et mes tourments à un docteur de l’âme, je vais les confier à mon public. Zanzi and the City sera donc mon divan. Bon, j’entends déjà des soupirs et quelques récriminations. Prétendrez-vous ne pas aimer que je vous entrouvre les portes de mon intimité, une fenêtre sur mon jardin secret ? Mais vous aimez aussi les savons, n’est-ce pas ? Et les crooners ! Il y en aura. Et puis peut-être aussi que je vais aimer autre chose, ou quelqu’un… Dans la nuit indolente, trop blasé et déçu, j’attends l’inattendu qui saura me surprendre.

Ma vie aussi peut changer. Après tout, aujourd’hui n’était-il pas le jour de l’investiture du président Obama ? Je ne pense pas qu’il changera le monde, mais il est la preuve que les choses changent. Douloureuse gestation, (trop) lente mutation, mais au bout, il y a quelque chose de nouveau. Peut-être toi, peut-être nous. Comme il m’apparaîtrait singulier d’employer un jour la première personne du pluriel ! Mais ce serait un délice doux comme le miel.

Une saison pour guérir de tout ce qui me fait mal, ou une saison en enfer ? Rimbaud, sors de mon corps ! Je n’ai plus dix-sept ans mais je ne suis toujours pas sérieux. Or il faudrait que je me décide à devenir un adulte responsable. Monsieur le Juge, je plaide coupable. S’il vous plaît, accordez-moi une remise de peine et la force de ne plus céder à mes vilains défauts. Brève plaidoirie, début de thérapie. Dehors, la nuit tombe ainsi que la neige. Demain, semble-t-il, il devrait faire beau.

 

Zanzi, le 20 janvier 2009.



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(5.01)


Mai 1997


J’adore les chiens. N’ayant jamais eu de cheval, je dirai que le chien est le meilleur ami de l’homme. Mon premier chien était une chienne. J’avais 4 ans. Elle s’appelait Diane, comme la déesse de la chasse. C’était une chienne abandonnée que mes parents avaient recueillie par l’entremise de la belle-famille de mon oncle Denis. Diane a eu des chiots. Qu’ils étaient beaux ! Il y avait un frisé qui était mon préféré. Mes parents les ont donnés. Et puis un jour Diane est partie. Elle a fait une fugue et n’est jamais revenue. Ma mère pense que c’est la séparation d’avec ses petits qui a dû lui causer du chagrin. À 10 ans j’ai eu un ratier qui était né dans la maison d’une camarade d’école habitant le même quartier. Je l’ai appelé Fado, parce que j’avais aimé ce nom donné à un petit cochon adopté par Donald Duck dans une histoire du Journal de Mickey. Fado est mort un mois et demi avant son quatorzième anniversaire. Il m’a connu enfant, adolescent puis jeune adulte. Trois semaines après je suis parti au service militaire. À mon retour la maison comptait un nouveau pensionnaire : un labrador d’une beauté fabuleuse adopté par mon frère. Il l’appela Jarod. Mais aussi beau qu’il était, Jarod avait des origines douteuses. Il se révéla violent et un jour me mordit méchamment à la main gauche. Nous nous en sommes séparés en le confiant à une fondation pour animaux. Je ne voulais pas rester sur un échec. Bluffé par la beauté des rottweilers, je décidai d’adopter un chien de cette race. C’est ainsi que Nicia est entrée dans ma vie et dans celle de ma famille.


Mai 1997


Nicia est née le 12 avril 1997. À l’heure où j’écris ces lignes (le 9 janvier 2009), et contre toute attente, elle est toujours de ce monde. La propriétaire de la chienne qui l’a mise au monde m’avait dit : « l’espérance de vie d’un rott est de 10 ans ». Depuis près de deux ans nous avons donc du bonus. Et même deux ans et demi (cf. infra).

Je la revois encore, si petite, de la taille qu’a sa tête d’adulte, lorsqu’elle est entrée dans la pièce pour le test de la réceptivité. Sur 9 chiots (un dixième étant mort à la naissance), il restait deux femelles à adopter. J’ai fait le test avec les deux, et pris celle qui a répondu à mes appels. C’était toi, ma petite belle. J’avais décidé de t’appeler Phénicia, car je croyais que pour les prénoms des chiens de race nous étions dans l’année des P. Faux, c’était l’année des N. Alors j’ai ajouté Naomi devant Phénicia. Naomi Phénicia, la classe, c’est ton nom complet. Et finalement ton diminutif, Nicia, commence par un N. Mes parents t’appellent Nini. Tu es mon bébé chien.


Mai 1997


De la portée, je crois, tu étais la plus petite. Pas très grande pour ta race, finalement, un peu comme ton maître qui culmine à un mètre 67 (Daniel la grosse blagueuse dirait « 1m22 les bras levés »). Mais costaude, robuste, et très belle. Tu m’as guéri de Jarod. Ces rottweilers qu’on dit abusivement méchants, sont les meilleurs chiens du monde. Tu n’as cessé de le prouver en presque douze années. Jamais nous n’avons vu, nous ta famille, de chienne plus douce et plus gentille. Tu es un ange. Dès l’âge tendre, nous t’avons promenée dans le monde, à des fêtes de famille. Des enfants sachant à peine marcher t’approchaient sans crainte et déjà tu étais la bonne petite mère qui adorait les bambins.


1997


Détail amusant, les gens alors te prenaient pour un beauceron. « Oh qu’il est beau votre chien, c’est un bas-rouge ? ». Et lorsque je répondais que tu étais un rottweiler, je voyais leur expression changer. Ils avaient peur. Les sots ! Sots comme le maire de l’époque, cette idiote qui prit un arrêté municipal absurde réglementant de façon très stricte la promenade des gros chiens, t’assimilant de facto à un pitbull. Savez-vous ce que j’ai fait ? J’ai envoyé un communiqué de presse aux deux quotidiens locaux pour dénoncer cette connerie. Et un journaliste m’a contacté ensuite pour faire un reportage de fond sur le sujet. Résultat, âgée de 5 mois à peine, ma Nicia était déjà une star qui faisait la une de Nord-Eclair et était l’héroïne d’un article publié en pages régionales !


Été 2000


Tu n’avais qu’un an et demi lorsque j’ai dû te laisser à la garde de mes parents, pour descendre à Paris où un travail m’attendait. Je revenais une semaine sur deux. Finalement, je n’étais pas si loin. Juste un père un peu absent… Toujours tu m’as fait la fête quand je revenais, et c’était moi qui recevais tes faveurs. Maman venait me chercher à la gare et elle t’emmenait avec elle. Tu attendais dans la voiture et quand tu me voyais arriver, tu bondissais de joie. Nous t’avons appris à différencier ta patte droite de ta patte gauche. Tu as toujours eu une intelligence exceptionnelle.


2001


Aujourd’hui tu es au soir de ta vie et je ne sais pas si je te reverrai un jour. Déjà lorsque je suis parti au Canada j’étais déchiré car je me disais que peut-être je ne te reverrais plus. Et depuis ce départ, je t’ai revue quatre fois. La dernière fois, il y a trois semaines, fut émouvante. Je n’ai plus reconnu ma mignonne. Autrefois si musclée et puissante, tu n’avais plus que la peau sur les os. Ainsi la vieillesse et la maladie impriment leur marque sur les êtres vivants. Je t’ai prise dans mes bras, doucement, en ayant peur de te casser. Tu m’as semblée si fragile. Samedi 20 décembre, tu as vomi quelque chose de très mauvais à voir, et Maman m’a dit que peut-être nous devrions appeler le vétérinaire au début de la semaine suivante. Et, alors que j’étais au téléphone avec Daniel, j’avais la voix étranglée. Il peut en témoigner. Et je t’ai fait plein de bisous, comme il me l’a dit. Et puis tu as repris du poil de la bête. Et tu es toujours là, un cas à part, vraiment unique. Le vétérinaire a renoncé à comprendre quoi que ce soit à ton cas. Maman te soigne bien et avec dévouement, c’est peut-être son régime spécial qui te tient, ainsi que l’amour qui t’entoure.


2001


Nicia a subi trois grosses opérations au cours de sa vie. La première fois, une blessure de sportif, et même de footballeur : rupture des ligaments croisés. Victime de son côté fonceur. Je peux fermer les yeux et revoir les sprints qu’elle poussait dans le jardin, lorsqu’elle était jeune. C’était impressionnant. La deuxième fois, vers 7 ou 8 ans, c’était pour lui retirer les ovaires, sur les conseils du vétérinaire. À mon grand regret, nous ne t’avons jamais laissée devenir mère. Peut-être que cela aurait abrégé tes jours ? Je n’en sais rien et ne le saurai jamais. Et la dernière fois… nous avons tous cru que tu étais perdue. C’était en juin 2006, tu avais 9 ans. Tu es montée dans ma chambre comme à chaque fois que je dormais à la maison, pour faire un câlin et me donner des lèches. Et comme à chaque fois, je t’ai caressée et c’est alors que j’ai découvert cette mauvaise excroissance sur l’un de des tétons. Tu as eu ce qui est un cancer du sein pour les femmes. C’était une tumeur agressive et il a fallu t’opérer très vite. Le docteur nous a dit que s’il y avait des métastases il ne pourrait te soigner car, pour les chiens, la « chimio » se fait au moyen de piqûres, et tes veines sont fragiles, elles éclatent sous les aiguilles. C’était il y a deux ans et demi. Tu es une survivante à bien des titres. Sans cela tu n’aurais pas connu Eva, et je pense que la présence de cette enfant qui me ressemble tellement doit être pour toi une source de joie et un stimulant.

Avant de repartir, je t’ai encore dit que je t’aimais. Mais tu le sais. Quand je viens te caresser le soir sur ton sofa, tu ronronnes comme un chat. Une chienne qui ronronne, oh ma toutoune tu es vraiment exceptionnelle ! Tu ne m’as jamais déçu. De nous deux je suis le seul qui soit décevant. J’espère que tu m’as pardonné toutes mes absences. Je le crois. Ça m’aide à vivre. J’écris ce billet pour dire au monde entier que je t’aime, ma Nicia, à tout jamais mon bébé chien.



Décembre 2008



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Non, ce n'est pas Miss France 1982 ! Mais c'est un tube coloré qui nous vient des nos îles lointaines. Noël, ce n'est pas seulement de la neige, c'est aussi des palmiers, des cocotiers, une plage de sable blond. Je vais y songer pour l'année prochaine !  (Zanzi)





Une jolie chanson... Que trouverais-je demain dans mes chaussons ? Et retrouverais-je un jour, en moi, le petit garçon ?  (Zanzi)

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