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Comptine à l'adresse des gays qui n'aiment pas la Gaypride.

Une histoire de baston !

  

par  Jan Le Bris de Kerne 

 


Jan Le Bris de Kerne a 32 ans, vit et travaille à Paris. Tzigane de l'audiovisuel, il a travaillé comme journaliste, chroniqueur, blogueur, communicant, etc. Gitan et aventurier par nature, au-delà de sa vie professionnelle de jour, il a été très actif dans la presse magazine gay et a participé au lancement de Pink TV. Aujourd'hui, il publie dans PREF Magazine en kiosques une chronique appelée « Vodka Pimenta » ! Il tient aussi le blog Jan de Kerne dans le Lisbonne gay.

 


Je fus passablement courroucé lorsqu’il advint qu’un de mes amis m’énonçât avec le toupet habituel des gens qui profèrent des absurdités, qu’il jugeait la Gaypride, ou Marche des Fiertés, inutile voire contreproductive, tant celle-ci était provocante et désormais commerciale. Cet ami égaré prétendait que par ces temps si paisibles pour les homosexuels à Paris, cette manifestation parmi les plus nombreuses de France, avait perdu tout intérêt. J’en fus révulsé. Mais plutôt que m’asseoir et pleurer, j’entrepris de monter au front et de lui offrir un « update » fort nécessaire. Voici ce que je lui dis ce jour-là.


Rassemblement après les émeutes de Stonewall  

 

Mon cher ami, commençais-je, la Marche des Fierté même si on l’a perdu de vue, est somme toute une histoire de baston. De castagne. Et si l’on y trouve autant de plumes plantée ou l’on sait c’est parce que sans répit, les hordes homophobes ont de tout temps trouvé amusant d’y voler. Dans ces plumes. La Gaypride c’est une claque bouddhique. Une réponse ferme, colorée et visible, mais non violente, à la somme d’agressions que les homosexuels subissent sous toutes les formes. C’est vrai qu’on n’y brûle ni ne casse rien. Faudrait-il le souhaiter pour que l’une des manifestations les plus importante du pays passe du statut « d’amusante » à celui de « okay, okay, on a compris, on va voter des lois pour vous calmer » ? En tout cas à ce jour, la Marche des Fiertés reste notre crochet du droit à la tibétaine, en réponse aux haines et aux violences que nous rencontrons souvent.

Oui, la Gaypride était une affaire de castagne et quelques pays pas trop lointains nous en donnait l’illustration chaque année : en Russie, n’était-elle pas prohibée, commentaires injurieux du Maire de Moscou et de Petersbourg brochant sur le tout ? Les homosexuels russes, et de différents pays de l’Est, prenant leurs couilles à deux mains n’aillaient-ils pas au devant des skinheads-matraques-cailloux-œufs dans d’épiques bagarres sous l’œil distrait des policiers ? Quand eux-mêmes ne prenaient pas part au désastre… Il fallait rappeler au souvenir de mon ami que si l’on était 700.000 à Paris à danser de char en char, à quelques centaines de kilomètres, c’était de tout petits groupes de gays presque kamikazes qui jouaient leur vie pour hurler dans leur pays : « oui, nous existons, oui nous voulons aimer et vivre comme vous ! »

La baston, c’est mythe fondateur de toutes les Marches des Fiertés du monde.

Devant l’air hébété de mon ami, je sentis qu’il fallait que je développasse. Ignorant ! bramais-je. Stonewall en juin 1969, rue Christopher Street à New York, ça ne te dit rien ? À l’époque le simple rassemblement dans un bar d’homosexuels était interdit. Mais lassées des descentes de police et exaspérées par un Nième contrôle et l’arrestation menottée d’une copine travestie, des folles hystériques se jetèrent, glapissantes, sur les policiers et le fourgon, déclenchant ainsi trois jours d’émeutes sanglantes à New York. Ce fut l’acte fondateur de la conscience politique gay et la Marche des Fiertés fut désormais la célébration de l’anniversaire des émeutes du Stonewall.

Les homosexuels avaient alors répondu à la violence par la violence, se faisant du même coup entendre de manière spectaculaire. Mon ami tirait une tronche oblique, manière particulière qu’il avait de me signifier qu’il n’était pas encore convaincu de l’utilité aujourd’hui d’une telle manifestation. Tremblant de fureur, je brandis alors mon Iphone, cliquotais frénétiquement, claviotais comme un possédé et lui mis sous le nez plusieurs articles de presse évoquant pour cette seule année, une montagne de guet-apens à Paris où des homosexuels comme lui et moi, en plein Marais se faisaient casser la gueule par des dizaines de sauvageons haineux. Je lui montrais les tortures abominables en province, les meurtres (brûlé vif dans sa voiture, crâne éclaté au marteau, couple enterré vivant, roué de coup, etc.), sans compter les milliers de cas de harcèlement au travail, en famille, à l’école.

Je sentis bien à ce moment, que mon ami commençait à revenir à la raison. Mais l’on n’y était pas encore tout à fait. Je compris qu’à ce stade, je devais jouer la carte de l’emportement lyrique, ce que j’entrepris donc. Le rouge me monta aux joues lorsque je m’exclamais, la bave aux lèvres, qu’au sein même de la Marche des Fiertés, des casseurs trop heureux de pouvoir venir se déchaîner contre des homosexuels, venaient donner libre cours à leur rage criminelle. Lors de l’avant-dernière gaypride, on avait par exemple assisté à ce spectacle effarant de grappes de jeunes fonçant dans la foule des marcheurs, frappant, poussant, bousculant, tandis que les CRS s’ébranlaient à leur tour pour empêcher de nuire ces agresseurs. C’était dire à quel point on faisait peu de cas des homosexuels pour qu’à Paris aujourd’hui, on puise oser sans retenue aucune, venir se battre contre eux, au milieux d’eux, et aux yeux de tout le monde.

Devant tant de brutalité physique et morale, résignés aussi à ne pas voir cette année 2010 venir l’égalité des droits tant espérée depuis des siècles, les organisateurs de la Marche des Fiertés s’étaient donc mis d’accord sur un mot d’ordre qui nous plongeait de nouveau dans les heures les plus noires de notre histoire : « Violences, discriminations : assez ! Liberté, égalité : partout et toujours ! » Toisant mon amis dans le blanc de son œil vitreux, j’ajoutais que si l’on en était revenu là, alors que le Président de la République en campagne promettait le « presque mariage » et autres confiseries, alors que le Portugal catholique et tradi était le 6ème pays d’Europe à légaliser le mariage homosexuel, si l’on en était revenu à devoir à nouveau faire front contre la stupide violence physique et la discrimination, et bien c’était aussi grâce à la contribution molle de gays pas corporates comme lui, qui avec leur mine aigre marquaient contre leur camp, laissant les homophobes agir et jugeant que leur répondre avec notre Marche était ringard.

Puis, cédant à l’émotion, ingrédient indispensable de tout bon plaidoyer, je lui racontais comment la foule, presque un million d’hommes et de femmes, se couchait par terre, à même le sol, en silence pendant une minute en mémoire des morts du Sida, une autre de nos guerres. A l’appel de ce qu’Act Up avait appelé un « Die In » (mourir sur place). Ce silence épais, chargé de sens, tout le monde se taisant à l’unisson, allongé en communion avec nos morts. Soixante longues secondes. Puis le son puissant de la sirène traversant la couche d’air, déchirant le calme, la foule se relevant parfois les yeux rougis par l’émotion, les chars réarmant la musique techno et les cris des homos pour chasser la tristesse et marcher de plus belle.

Piqué au vif, mon ami se redressa, fier à nouveau d’être gay, il couru louer un costume de centurion romain, mignonne petite jupe rouge, et se déclara prêt à devenir le nouveau martyr de la cause gay sur le champ de bataille parisien. Il fallait croire que les homos n’étaient pas les plus mauvais à la guerre, puisqu’outre les quelques grands noms célèbres de vénérables et authentiques maréchaux homosexuels (Lyautey, Galliéni, de Lattre de Tassigny), même dans la prude amérique, le président Obama travaillait à abroger la loi « don’t ask don’t tell » interdisant aux gays de servir dans l’armée. Les américains s’étaient en effet rendu compte qu’ils risquaient de se priver de leurs meilleurs éléments y compris chez les plus hauts gradés. On allait enfin laisser en paix faire la guerre, les tatas belliqueuses. Oui la gaypride c’était vraiment une histoire de baston. Mon ami et moi, heureux, nous levâmes d’une détente en direction de la Marche, fiévreux et enthousiastes, livrer une autre guerre à la bêtise crasse de l’humanité.

 

Reproduit avec l’aimable autorisation de l’auteur (26 juin 2010)

Première publication : http://www.novo-ideo.org

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