LES TOILES ROSES


Fiche technique :
Avec Alex Dimitriades, Paul Gapsis et Julian Garner. Réalisé par Ana Kokkinos. Scénario de Ana Kokkinos, d’après le roman de Christos Tsiolkas.
Durée : 105 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Ari s'ennuie, Ari se rebelle contre ses parents dont l'ambition est de le voir travailler, étudier, se marier. Les conversations de son frère étudiant l'ennuie, ses amis l'ennuient. Bref, il fuit l'hypocrisie. Il sort toute la nuit, toutes les nuits... Head on, à pleins tubes.
L'avis de Francis Lamberg (la lucarne) :
Head On, sélectionné en 1999 pour la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, est le premier long-métrage d'Ana Kokkinos. Cette réalisatrice australienne de courts et moyens métrages (Antamosi, Only the brave…), et de séries pour la télé de son pays (Eugénie Sandler P.I., The secret life of us, Young lions…) n'a donc réalisé son premier long-métrage qu'à 45 ans. D'après Loaded, roman de Christos Tsiolkas , Head On nous plonge de plein fouet, pendant 24 heures, dans la vie d'Ari, 20 ans, fils d'immigré Grec et homosexuel. Ari est un jeune homme plein de vie qui revendique une homosexualité virile. Il va sans but mais avec ambition. Cet être complexe et explosif est superbement interprété par Alex Dimitriades (vu dans Hartley cœur à vif). Funambule sur le fil du rasoir aiguisé par ses identités, il se lance à pleins tubes dans la vie. Il cloisonne les inconciliables mais les cloisons qu'il dresse sont fines et perméables… Amoureux et révolté, pédé pervers pour les Grecs et métèque barbare pour les Australiens bon teint, Ari transforme la drogue, le sexe et la provocation en exutoires de sa colère : « La liberté, certains en parlent d'autres la vivent. » En conflit avec les autres, il l'est aussi et surtout avec lui-même. Capable que de sexe furtif et violent, Ari ne saura pas se maîtriser quand l'amour se présentera à lui…
Instantané du mal de vivre d'une génération sacrifiée, perdue entre les valeurs des parents et le racisme de la société, Head On est également une illustration brillamment moderne du conflit des générations. Ce film bien de son temps pose sans onanisme intellectuel des questions d'actualité : Comment se situer par rapport à ses origines ? Que faire de l'héritage culturel qui en découle ? Comment envisager le futur quand on réfute les modèles de son entourage ? Les « deuxièmes générations » sont-elles toujours des générations sacrifiées, sous toutes les latitudes ? Tantôt envoûtant, tantôt frénétique, ce film au budget modeste et tourné presque entièrement caméra à la main, a le rythme de son unité de temps et le tempo de son antihéros. Quelques plans sont esthétiquement intéressants, certaines scènes sont de vrais moments de grâce (la danse traditionnelle en famille, dans la cuisine) et le ralenti est utilisé modérément et avec beaucoup d'à propos. La beauté fragile et polymorphe, et la sensuelle voix fêlée de l'acteur principal ne sont pas pour rien dans la justesse et l'émotion du film. Alex Dimitriades possède un jeu subtil, sur le fil comme l'exige le rôle, qui nous fait oublier la légère mais perceptible dissonance entre l'âge du personnage et celui de l'interprète. Tous les acteurs donnent le ton juste à leur interprétation. Le rôle du travesti (le seul vrai révolté « jusqu'au boutiste ») est également remarquable. La situation et le personnage passionnants sont filmés et interprétés avec passion.
« Je suis contente du film. Je voulais réaliser un film qui s'inscrit dans un contexte socioculturel bien spécifique mais qui, en même temps, aborde des thèmes universels et accessibles. Le film traite de la famille, du fait d'être jeune, sans repère, en conflit avec son environnement, d'essayer de donner un sens à ce que l'on est, de vouloir vivre des expériences et prendre des risques. La plupart d'entre nous est passé par-là à un moment de son existence. Je voulais aussi donner au public une expérience vécue de "plein fouet" et je pense que nous avons réussi. » Ana Kokkinos, réalisatrice.
« Je suis un marin et une pute. » Ari, personnage.

BONUS
CONTACT (un film de Kieran Calvin – Australie – 17 min) : Après la mort accidentelle de son amant, Paul passe quelques jours dans sa famille. En allant à la plage, il découvre que les toilettes servent de lieu de rencontres entre garçons…
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Mer 27 déc 2006 Aucun commentaire