LES TOILES ROSES


(4.09)

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Précédemment, dans Zanzi and the City : À Montréal, Zanzi est rejoint par Nelfew, une créature de l’espace née de la fusion de Nelfius et de Matthew. Ensemble, ils doivent se rendre au Pôle Nord pour sauver le Père Noël, dont l’existence est menacée par un fabricant de jouets Chinois.



S’il y a bien une chose qu’il ne faut pas faire à Caribouland, c’est entreprendre de traverser le Grand Nord au début d’un hiver rigoureux. Les conditions climatiques sont extrêmes et, si vous avez vu Le Jour d’Après, vous devez avoir une petite idée du froid que j’ai ressenti en enfourchant mon traîneau pour aller sauver le Père Noël. Avais-je le choix ? Bien sûr que non ! J’aurais mille fois préféré passer mes journées à magasiner dans les boutiques de Montréal, et mes nuits à faire l’amour avec Jack. Mais le destin en avait décidé autrement, et il avait choisi Nelfew pour me rappeler à mes devoirs.

Nelfew s’était donc métamorphosé en chien de traîneau. Seul, avec ses pouvoirs qui lui donnent une force colossale, il était capable de conduire cet attelage hivernal à travers les provinces blanches du Canada. Le Québec venait d’essuyer une tempête de neige, et les prévisions météorologiques à venir n’annonçaient hélas rien de bon. Qui plus est, je me dirigeais vers les régions les plus froides ! Inconscient que je suis…

La traversée du Québec, quoique longue, fut agréable. Nelfew se révéla un charmant compagnon de voyage. De sa transformation de chat en chien, il avait conservé ses yeux d’un bleu incroyable. Son instinct nous guidait à travers la grande forêt cariboulandaise. Nous croisâmes des caribourignaux en quête de nourriture, des écureuils, des ratons laveurs, et près des rivières qui commençaient à geler, des castors qui pointaient le bout de leur museau. Nous passâmes à proximité d’une scierie isolée où un groupe de bûcherons tuait le temps en se réchauffant mutuellement au coin du feu… Nous eûmes en effet l’opportunité de les surprendre en pleine conversation, encore que la moitié d’entre eux ne pipaient mot, et leur demandâmes un peu de nourriture avant de reprendre notre route. Nelfew se régala d’un bol de croquettes que l’un des bûcherons, propriétaire malheureux d’un chien récemment trépassé, avait en réserve.


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Les hommes des bois me déconseillèrent de repartir, leur vieux transistor d’avant-guerre les ayant informés de l’imminence d’une nouvelle tempête de neige, encore plus violente que la précédente. Je les soupçonnai cependant de vouloir me retenir pour de mauvaises raisons. Le plus téméraire n’hésita pas à déclarer qu’il aimerait me faire goûter sa bûche de Noël. Le fait d’avoir prononcé ce mot me remit les idées en place, au moment où j’étais sur le point d’ajourner ma mission sacrée. Noël, le Père, la magie, les enfants à sauver… Remerciant mes hôtes pour leur hospitalité, je les laissai à leurs occupations de saison et rejoignis Nelfew qui jappait d’impatience devant le traîneau :
— Vite Zanzi ! Hâtons-nous car la tempête approche. Je la sens venir et elle est méchante…

Il faut toujours faire confiance aux animaux et à leur flair. Deux heures environ après avoir quitté la scierie, le ciel menaçant s’abattit sur nous comme sur la tête de nos ancêtres les Gaulois. À travers le blizzard, Nelfew accéléra la cadence et il me sembla que le traîneau fendait le rideau de neige à la vitesse d’une voiture de course. Il me fallut attacher solidement ma ceinture pour ne point risquer d’être éjecté de mon moyen de locomotion inusité. Je n’avais pas la moindre idée de l’endroit que nous traversions dans cette folle course contre la montre. Nous étions déjà le 24 décembre et il n’y avait plus une minute à perdre. Nous étions près du but, mais tout devenait blanc, d’énormes flocons de neige tombaient en rafale de tous les côtés et on n’y voyait rien à deux mètres. Bientôt, ce fut la nuit qui tomba à son tour. Le voile des ténèbres associé au manteau neigeux forma un cocktail de mort sur nos vies qui ne valaient pas chères.

Il était impossible de s’arrêter : c’eût été se condamner à être ensevelis sous la neige et à mourir de froid. D’un autre côté, continuer de courir à l’aveuglette était tout aussi périlleux. Nelfew ne pouvait malheureusement pas nous téléporter jusqu’à destination. Le blizzard s’interposant entre lui et la Grande Galaxie rendait ses fabuleux pouvoirs inefficaces. Malgré sa robustesse, je sentais ses forces diminuer. Le souffle haletant, il s’arrêta pour se reposer. La neige s’amoncelait rapidement sur nous et autour de nous. Le froid nous brûlait de ses épines glacées, et nos corps s’engourdissaient, plongeant peu à peu dans cette torpeur qui précède le glissement dans la nuit éternelle. Nous allions mourir…

J’ignore combien de temps je suis resté inconscient. À mon réveil, j’éprouvai une étrange sensation de bien-être et de chaleur alors que j’étais entouré de glace. Je réalisai alors que je me trouvais dans un igloo ! Nelfew, qui veillait à mes pieds, releva la tête. Il m’apprit que nous avions été sauvés in extremis par des Inuits qui nous avaient trouvés agonisant sous la neige.
Deux jours s’étaient écoulés depuis la tempête apocalyptique.
Hélas, nous étions le lendemain de Noël.

Nous avions échoué…



TO BE CONTINUED...

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Sam 29 déc 2007 1 commentaire
Aujourd'hui, samedi 29 décembre 2007, 13h41 local time...

Pour pas changer, il neige.
Zanzi - le 29/12/2007 à 18h42