LES TOILES ROSES


(4.10)

Nelfew--Zanzi-et-le-P--re-No--l.jpg Nelfew, Zanzi et le Père Noël - (C) D.R.



Précédemment, dans
Zanzi and the City : Zanzi et Nelfew sont partis à la rescousse du Père Noël, capturé par l’infâme Li-Pod Nano. Perdus dans le paradis blanc, ils affrontent une gigantesque tempête de neige qui les ensevelit sous son manteau blanc le soir de Noël. Sur le point de mourir, à l’heure solennelle ils sont sauvés par des Inuits chrétiens…

 

Nos amis les esquimaux nous offrirent un délicieux repas. Au dessert, j’eus un cornet de glace. Nelfew, toujours chien, se contenta des abats d’un renne. Les Inuits souriants chantaient des cantiques à longueur de journée, ça les réchauffait. J’avais repris du poil de la bête, mais j’enrageais d’avoir échoué si près du but. Nelfew m’encouragea à continuer. Le Père Noël était toujours en danger, sous les griffes rapaces de l’ignoble Li-Pod. Nous prîmes congés de nos sauveurs à qui je promis de revenir dès que possible pour les remercier le mieux du monde, et repartîmes en quête du Père Noël.

Non loin de la banquise, à la lisière de la grande forêt, se trouvait une cabane abandonnée. Nous entrâmes dans cette cahute que menaçait ruine, et découvrîmes un passage souterrain que nous empruntâmes prudemment. Quelques centaines de mètres plus loin, nous atteignîmes le but de notre voyage. Au bout du souterrain se trouvait une cave, dont le sol était jonché de vieux jouets déglingués. L’escalier qui menait à l’étage aboutissait à une porte en chêne massif qui s’ouvrit sur une vaste salle dont la féerie est difficilement descriptible. C’était comme un rêve. Des jouets par milliers, des poupées, des automates, des peluches, tout ce qui fait l’univers d’un enfant à Noël scintillait devant mes yeux comme une constellation de supernovas. Cependant, l’atmosphère était pesante, et un étrange bruit mécanique provenait d’une pièce adjacente d’où éclatant un rire sardonique à l’accent asiatique.

Li-Pod Nano savourait son triomphe ! Il se félicitait bruyamment d’avoir anéanti la magie de Noël et saccagé les rêves de tous les enfants du monde. Ses yeux bridés luisaient d’une méchanceté absolue. À ses pieds, gisait une silhouette gironde et ventripotente. La longue barbe blanche, le costume rouge, les yeux clos… Le Père Noël avait déjà rendu son dernier soupir. Devant ce spectacle tragique, ma gorge se noua, mon cœur d’enfant se révolta, et du tréfonds de mon diaphragme jaillit un hurlement à glacer le sang. Li-Pod s’arrêta de rire, pétrifié de stupéfaction. Nelfew et moi nous dressions devant lui, la vengeance dans les veines. Je brûlais d’envie de tuer cette ordure mais Nelfew m’arrêta. Cela ne ramènerait pas le Père Noël.

Devant mes yeux émerveillés, Nelfew retrouva forme humaine. La symbiose de Nelfius et de Matthew avait donné naissance à un homme magnifique. Je vis à l’aura qui l’entourait qu’il avait recouvré ses pouvoirs.

— Si nous voulons vaincre et triompher de ce cauchemar, me dit-il, nous devons remonter le temps.

Sans plus attendre, il me prit la main et lança une incantation incompréhensible, mais qui avait la beauté d’un psaume chanté en grégorien. Un halo de lumière nous entoura et tout se mit à tourbillonner autour de nous. Les couloirs du temps nous ramenèrent deux jours en arrière, au même endroit. Li-Pod s’apprêtait à commettre son forfait le plus horrible : assassiner le Père Noël. Je devais empêcher cela. C’était mon combat, Nelfew me le laissa mais il m’insuffla son invincibilité.

Une lutte furieuse et sans merci s’engagea entre moi et le cruel Li-Pod. Devant mon invulnérabilité face à toute sa panoplie d’armes, l’horrible crapule mercantile prit peur, recula d’effroi et se mit à courir pour m’échapper. Le repaire du Père Noël semblait interminable et démesuré, des pièces en enfilade se succédaient les unes aux autres. Li-Pod s’enfuit dans les étages mais j’étais à ses trousses. Nous arrivâmes dans un couloir surplombant la plus belle pièce de la maison : la salle des statues de glace. Des créatures de légende avaient été sculptées dans de la glace cristallisée qui jamais ne fondait. Je n’eus pas le temps de me laisser absorber par le spectacle. Fonçant sur Li-Pod, je m’engageai dans un furieux corps à corps dont je voulais sortir victorieux. Le chinois chercha à se dégager par tous les moyens. Dans un effort désespéré, il me repoussa brutalement, mais recula si brusquement que le choc lui fit fendre la balustrade. Li-Pod tomba à la renverse et s’empala sur la statue de la licorne, expiant ses crimes abominables.

Je revins vers Nelfew et le Père Noël, sauvé. Le vieil homme nous remercia avec effusion et voulut nous offrir des cadeaux. Mais Nelfew avait une autre idée en tête pour donner un nouveau souffle de magie à cette rencontre avant que le Père Noël ne commence sa tournée. D’une nouvelle psalmodie, il rendit sa jeunesse et sa silhouette élancée au bonhomme rouge qui en perdit sa barbe fleurie. Devant nous, se tenait un jeune homme de belle allure, au visage séduisant et à l’œil coquin. Nelfew et moi revêtîmes des costumes de lutins avant de faire plus ample connaissance avec le bonhomme Noël rajeuni. Mes premiers cadeaux furent une pomme d’amour et un sucre d’orge…

sucre-d-orge-de-No--l.jpg Le sucre d'orge du Père Noël


Grâce à nos efforts, la magie de Noël n’allait pas disparaître. Ma ravissante nièce recevrait ses cadeaux au pied du sapin, devant la cheminée ; ailleurs dans le monde, des enfants ne seraient plus obligés de travailler comme des forçats pour produire des jouets défectueux en quantité industrielle, ceux qui meurent de faim recevraient en cadeau de quoi se nourrir et se vêtir, tous les enfants du monde seraient enfin heureux… Je me réveille, au bord des larmes. Ce n’était qu’un rêve.  Mais un sourire efface les larmes : il n’est pas nécessaire d’avoir des super pouvoirs pour apporter du bonheur à son prochain.

Bonne année à toutes et à tous.



THE END

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Lun 31 déc 2007 1 commentaire
Bye bye...
Zanzi - le 31/12/2007 à 22h14