LES TOILES ROSES

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Fiche technique :
Avec Jake Gyllenhaal, Heath Ledger, Michelle Williams, Anne Hathaway, Randy Quaid, Linda Cardellini, Anna faris, Scott Michael Campbell et Kate Mara. Réalisé par Ang Lee. Scénario : Larry McMurty et Diana Ossana, d’après la nouvelle d’Annie Proulx. Directeur de la photographie : Rodrigo Prieto. Compositeur : Gustavo Santaololla et Rufus Wainwright.
Durée : 134 mn. Disponible en VO, VOST et VF.



Résumé :
Eté 1963, Wyoming.
Deux jeunes cow-boys, Jack et Ennis, sont engagés pour garder ensemble un troupeau de moutons à Brokeback Mountain.
Isolés au milieu d'une nature sauvage, leur complicité se transforme lentement en une attirance aussi irrésistible qu'inattendue.
À la fin de la saison de transhumance, les deux hommes doivent se séparer.
Ennis se marie avec sa fiancée, Alma, tandis que Jack épouse Lureen.
Quand ils se revoient quatre ans plus tard, un seul regard suffit pour raviver l'amour né à Brokeback Mountain.

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L’avis du Dr Orloff :
Les hasards sont parfois malheureux puisque je découvre ce secret de Brokeback mountain (lion d’or à Venise, tout de même) le jour même où l’on annonce la mort de son interprète principal : Heath Ledger. Sans sombrer dans les pleurnicheries des traditionnelles oraisons funèbres, il m’apparaît pourtant difficile de taper aujourd’hui sans coup férir sur ce film. D’un autre côté, on va m’accuser de manquer de recul si j’affirme que Heath Ledger est à peu près la seule vraie qualité du film. Et pourtant, c’est ce que je pense ! Le film d’Ang Lee ne vaut, à mon sens, que par ses comédiens et comme j’estime que Jake Gyllenhaal a le charisme d’un gastéropode, vous constaterez comme moi qu’il ne reste plus qu’une personne en haut de l’affiche pour susciter l’intérêt (j’aime bien les seconds rôles et toutes les actrices, un brin sacrifiées, sont très bien. On reconnaîtra avec plaisir Anna Farris, la vedette du médiocre Smiley face actuellement à l’affiche).

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Mon rapport avec Ang Lee est étrange car depuis que la critique semble le porter aux nues, il me paraît beaucoup moins intéressant. J’aimais bien ses premiers films (Garçon d’honneur, le très beau The ice storm) et je reste un admirateur de Tigre et dragon, que détestent les docteurs ès cinéma asiatique.

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Par contre, Hulk me paraît très mauvais et ce Secret de Brokeback mountain ne m’a procuré que quelques bâillements. Vous connaissez désormais tous l’histoire de ces deux hommes engagés un été pour garder un troupeau de moutons et qui vont vivre une passion fulgurante. Mais comme l’homosexualité chez les cow-boys n’était pas, à l’époque (le film se déroule entre 1963 et le début des années 80), encore très bien vue ; les chemins des compères se séparent. Ils se marient chacun de leur côté, font des enfants mais parfois, se retrouvent pour des escapades enflammées à Brokeback mountain…
Si je m’attarde un peu sur le résumé du film, c’est qu’Ang Lee ne se préoccupe finalement que de son « sujet ». Ce qui l’intéresse, c’est de tourner un « western gay » (ce fut le terme employé à la sortie du film alors qu’il est bien moins un western qu’un mélodrame) et de filmer cette histoire d’amour sur fond de grands espaces. On sait gré au cinéaste de ne pas trop nous servir le couplet convenu de la « victimisation » : il ne s’agit pas de se poser en héraut de la cause homo (les deux personnages affirment d’ailleurs, à un moment du film, qu’ils ne le sont pas) mais de filmer simplement une histoire d’amour. Que cette histoire concerne exclusivement deux hommes et non pas un homme et une femme, un homme et une brebis ou un homme et une naine cul-de-jatte n’est finalement qu’une question de désirs personnels ne regardant personne d’autres qu’eux ! (Zut alors ! l’ami anonyme qui voulait dénoncer, en bon français, à un quelconque organisme « citoyen » mon blog comme  homophobe va voir ses certitudes vaciller !)

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Pas de grands discours et c’est tant mieux ! Pas de style non plus pour raconter tout ça et c’est dommage ! Le secret de Brokeback mountain est un monument d’académisme où se succèdent mornes plans d’ensemble en forme de cartes postales (ô la belle rivière ! Ô la belle montagne !) et des plans plus rapprochés toujours très explicatifs. Un exemple parmi mille : lorsque Enis fait l’amour à sa femme au début de son mariage alors qu’il a perdu de vue Jack, le cinéaste prend bien « soin » de nous le montrer en train de la retourner. Le spectateur comprend alors que son compagnon lui manque et qu’il préfère les accouplements de ce style !). Tout est de cette teneur : souligné et lourdement explicite.
Pour filmer cette liaison, Ang Lee aurait du se souvenir du génial La rivière rouge de Hawks où le cinéaste parvenait à faire naître du trouble et de l’ambiguïté en filmant ses cow-boys en train de comparer leurs revolvers ! De la même manière, comparer ce film à In the mood for love me paraît une hérésie tant le film de Wong Kar-Waï reposait sur le non-dit et une manière unique de jouer sur le temps qui passe (même si les acteurs sont grimés pour paraître plus vieux, on ne croit pas à l’écoulement des années dans Brokeback mountain).

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Je vais sans doute passer pour un sans-cœur mais j’avoue n’avoir jamais été ému par le film d’Ang Lee, trop ripoliné pour suggérer le désir, la passion, le trouble, le manque ou pour filmer la violence des sentiments. D’une certaine manière, les personnages qui touchent le plus sont ceux qui sont délaissés (la femme et les filles d’Enis, la petite serveuse…).
Le reste n'est pas méprisable (il y a du métier, dirons-nous), juste très académique et plutôt soporifique.
Pour plus d’informations :
Ven 25 jan 2008 Aucun commentaire