LES TOILES ROSES


Fiche technique :
Avec Tom Cruise, Bard Pitt, Stephen Rea, Kirsten Dunst, Christian Slater, Antonio Banderas, Thandie Newton et Laure Marsac. Réalisé par Neil Jordan. Scénario : Anne Rice, d’après son roman. Directeur de la photographie : Philippe Rousselot. Compositeur : Elliot Goldenthal.
Durée : 123 mn. Disponible en VO, VOST et VF.


Résumé :
San Francisco dans les années 90. Un jeune journaliste, Malloy, s'entretient dans une chambre avec un homme élégant, à l'allure aristocratique et au visage blafard, Louis, qui lui fait de bien étranges confidences. Malloy, subjugué par la séduction de son interlocuteur lui demande, à l'aube, de le faire pénétrer dans son monde, celui des vampires.
L'avis de Philippe Serve :
Un film étrange. Réussi, que j'ai même revu non sans un certain plaisir et qui, pourtant, m'a laissé à chaque fois étrangement « froid », distant. Sans doute la faute à un esthétisme trop léché et à une sophistication qui « gèle » les sentiments du spectateur que je suis, et surtout empêche tout sentiment de peur, d'angoisse, voire de dégoût habituellement associé au genre…
Dommage. Car le scénario, dû à la romancière Anne Rice d'après son livre culte, est brillant et les personnages très intéressants. Beaucoup plus que celui de Lestat (finalement sans grande surprise), ceux de Louis et de la jeune Claudia (Kirsten Dunst) ont retenu toute mon attention…
Louis a ceci de passionnant qu'il ne peut se débarrasser d'un reste d'humanité en lui. Celle-ci s'exprime dans son horreur de toute souffrance, beaucoup plus celle des autres que la sienne propre. Évidemment, pour un vampire, une telle attitude ne peut que générer un certain conflit existentiel… À la fois fasciné et terrifié par le caractère « sans foi ni loi » de Lestat, Louis ne se sent à sa place ni dans le monde des vivants auquel il n'appartient plus, ni dans le « demi-monde ». D'où une constante hésitation sur les choix à faire et les ruptures à consommer (entre autres consommations…..). Sous l'emprise de Lestat, il se fait protecteur de la jeune Claudia à son tour vampirisée avant de tomber sous son charme et ses manigances. De même, il cèdera « mollement » à la séduction d'Armand (Antonio Banderas), le Vampire français du 19e siècle… On est loin du vampire triomphant et sûr de lui…
Claudia est assez fascinante. Sa transformation psychologique, une fois « vampirisée », est spectaculaire. C'est elle qui, souvent de sa propre initiative, va « rabattre » les futures victimes de Lestat et Louis. Les années et les siècles passant, elle garde son enveloppe de petite fille et de jolie poupée aux boucles blondes, tel que l'a voulue Lestat. Sa tentative de rébellion aboutit à une belle scène de cruauté où elle « tue » Lestat (plus symboliquement que pour de vrai) ce qui ressemble à un parricide… Mais là encore (tout comme sa fin tragique) ce qui aurait dû constituer un moment fort du film, voire de terreur, m'a laissé certes attentif mais « froid ». Si je compare Entretien avec un vampire avec les autres grands films du genre, la différence est vraiment très nette. Sans parler de l'extraordinaire Nosferatu, le Vampire de F.W. Murnau ou de son excellent remake Nosferatu, Vampire de la nuit de Werner Herzog, ou bien encore du captivant Vampyr de C.T.Dreyer, je pense surtout au Dracula de F.F. Coppola. Ce dernier film aussi force beaucoup sur l'esthétisme, la sophistication extrême et le dandysme du vampire. Mais l'œuvre de Coppola, à l'inverse de celui de Neil Jordan, envoûte et fait peur… L'aspect sexuel du film (donnée fondamentale des histoires de vampires) y est aussi beaucoup plus fort et exacerbé. Ici, les rapports des personnages, qu'ils soient hétérosexuels (à tendance pédophile) entre Louis et Claudia, ou homosexuels (Louis et Lestat, puis Louis et Armand) ne sont guère empreints de sensualité et, finalement, tapent à côté de la plaque…
Reste donc encore une fois la force du scénario, de certains personnages et une indéniable qualité picturale. L'interprétation est très bonne sans être exceptionnelle.
Un film à voir tout de même !

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Mar 26 déc 2006 Aucun commentaire