LES TOILES ROSES

   


(4.30)




 

L’abruti que je devais supporter en tant que supérieur hiérarchique direct est enfin parti. Il s’en va sucer des bites à Amsterdam et se faire fourrer dans les backrooms les plus glauques du pays du Gouda. Dire que je ne vais pas le regretter est un doux euphémisme. Les deux dernières semaines durant lesquelles il m’a fallu le supporter, ce petit führer s’est montré particulièrement odieux. Évidemment, il n’a pas manqué de dresser de moi à son successeur un portrait des moins flatteurs, mais son remplaçant est, je pense, assez intelligent pour faire la part des choses, et lorsqu’il commencera à se mêler à la population, il n’entendra dire de moi que du bien. Le temps se chargera donc de démonter les allégations mensongères de son immonde prédécesseur…

J’ai encore du mal à me remettre du stress généré par ce fou ; il m’a fallu reprendre des anxios pour ne pas retomber au plus profond de la détresse psychologique, mais il est vrai que j’ai ressenti les mêmes symptômes que lors de ma dépression hivernale de mars dernier. Comme j’aurais aimé avoir Andréa auprès de moi ! À défaut de casser la gueule au connard, il aurait su me réconforter le soir…

À présent, je commence à entrevoir les bons côtés du Canada par rapport à la France : coût de la vie moins chère, pression fiscale deux fois et demi moindre, et le petit monde d’ici est assez sympathique. Tout fonctionne au relationnel. Et les amis de mes amis sont mes amis.

Récemment, j’ai joué au mitron avec Nick, qui vient ouvrir une boulangerie française dans la région. Il m’a fait les croissants les plus délicieux que j’ai goûtés depuis mon départ de France. Ils sentaient bons la France. Les croissants ici sont produits en batterie industrielle et sont carrément dégueulasses. Mais le travail bien fait d’un artisan, avec une bonne farine, du bon beurre à la normande… hmm, je me suis régalé ! Le label de l’artisanat français est de toute façon synonyme de haut de gamme, et avec ses croissants au beurre, nul doute que Nick gagne l’argent du beurre !

Je deviens de plus en plus un pilier de bar. Lorsque je vivais à Paris, je passais de nombreuses soirées de solitude dont ma mémoire a effacé les traces. Il était extrêmement rare que quelqu’un m’appelle pour me proposer une sortie. Juste comme ça, en toute amitié. Ici, c’est différent. Coup de téléphone de Nico : « Je prends une bière avec Nick, viens nous rejoindre ». Juste un truc comme ça. Mais qui fait toute la différence.

Nico dirige le restaurant le plus smart de la ville pour le compte d’un businessman sans scrupules. Quand j’y vais, j’ai les boissons gratuites… Qui m’offrirait l’open-bar à Paname ? L’autre soir, il m’a présenté à un ancien Premier ministre du Nouveau-Brunswick qui dînait en famille, et en toute simplicité, vêtu d’un polo, d’un bermuda et chaussé de tongs ! Je n’imagine pas Dom de Villepin faire de même à Montmartre ou dans le XVIe chicos. Raffarin, peut-être… mais en province. Et ce soir-là, je sirotais avec des amis et j’ai demandé à Stew, un jeune serveur bâti comme un joueur de hockey et, si j’en crois le relief de son pantalon à un endroit bien précis placé sous la ceinture, monté comme un âne, de m’apporter une portion de frites maison. Je n’avais pas dîné, ayant l’appétit sans cesse coupé en raison des relations de travail délétères précédemment évoquées. Néanmoins, la présence de personnes sympathiques avait éveillé une petite fringale. Avant de quitter le resto, je vais voir Stew et lui demande combien je dois pour les frites. « C’est offert ! », m’a-t-il répondu dans un sourire. Qui dit mieux ?

À présent que les choses se déroulent normalement avec mon nouveau patron, et que mes amis me font entrevoir des possibilités intéressantes d’établissement dans ce pays encore neuf et pas plombé par la bureaucratie et des millions de lois et de décrets comme l’est la France, l’idée de fixer ma base ici fait son chemin.

Beaucoup de choses changent, des remises en question surgissent çà et là, et si l’avenir s’annonce prometteur, l’angoisse de faire le mauvais choix me complique l’existence. Et hop ! je reprends un anxiolytique…



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Lun 15 sep 2008 4 commentaires
ah zanzi ca c'est le genre d'episode qui rassure ! gros poutous ! luc
luc - le 15/09/2008 à 18h05
Moi aussi je suis rassurée, ça c'est une avancée flagrante. Ton nouveau patron va forcément se rendre compte de la chance qu'il a d'avoir un homme comme toi sous ses ordres, il va t'augmenter, tu pourras alors meubler ton appartement et offrir un billet d'avion à ton chéri qui te tiendra chaud pendant l'hiver comme tu n'auras pas pensé à acheter une seconde couette...
Plus sérieusement c'est beau quand tu parles de tes amis, de ces rendez-vous juste comme ça et de cette gentillesse, ça donne envie de te rencontrer en vrai et de les rencontrer en vrai.
C'est loin comment le Canada ?
Isabelle B. Price - le 15/09/2008 à 22h59
Vous avez tout compris (avec un peu de retard) : il faut vivre pour vivre et non pas vivre pour vivre... (sourire) Me suis-je bien fait comprendre Zanzi ? Jacques
Jacques - le 15/09/2008 à 23h45
@ Luc : gros poutous de même. Attention, le prochain épisode est le dernier épisode...

@ Jacques : ce commentaire est un peu abscons, non ?

@ Isabelle : mon patron ne peut pas m'augmenter comme ça (c'est une histoire compliquée), en plus Andréa ne peut pas prendre de vacances avant juillet 2009 (c'est une histoire simple).
Le Canada n'est pas loin. Six heures trente d'avion en passant par Montréal, un peu plus si c'est par Toronto.
Je t'attends.
Zanzi - le 16/09/2008 à 00h27