LES TOILES ROSES



Fiche technique :

Avec Mariangela Melato, Eleonora Giorgi, Erland Josephson, David Pontremoli, Anne Caudry, Paolo Rovesi, Allessandro Doria, Daniela Guzzi, Hella Petri, Armando Brancia, Davide Greco, Domenico Tittoni, Fred Personne, Nerina Montagnani, Peter Boom, Siria Betti et Pia Hella Elliot. Réalisation : Franco Brusati. Scénario : Franco Brusati et Jaja Fiastri. 

Durée : 110 mn. Disponible en VO et VF.

Résumé :

Dans une grande maison proche de Venise, une ancienne cantatrice vit avec sa nièce et son amie d'enfance. À l'arrivee du frère de la diva et d'un jeune ami, des couples se forment.

L’avis de Jean Yves :

Quatre personnages, réunis dans une vieille demeure auprès de leur tante, se souviennent de leur enfance et vivent quelques instants de bonheur, avant que la mort de leur parente ne vienne remettre en cause leurs illusions et leurs amours.

Marta (Hella Petri) ancienne cantatrice d'opéra, accueille dans sa villa proche de la cité lagunaire son frère Nicky (Erland Josephson) et son jeune ami Picchio (David Pontremoli). Vivent auprès d'elle sa presque nièce Anna (Mariangela Melato) et l'amie de celle-ci, Claudia (Eleonora Giorgi). Les résurgences du passé envahissent régulièrement Nicky et Anna, jusqu'à la mort de Marta, qui semble être une libération pour eux.

Après le décès de Marta, Nicky reste dans la maison de sa sœur tandis que les trois autres rejoignent celle des deux hommes. Suivent d'innombrables souvenirs d'enfance téléphonés, dévoilant les sentiments d'insuffisance de chacun.

En recourant aux symboles et canons freudiens et en présentant deux couples homosexuels comme représentatifs d'un conflit entre immaturité et maturité, Franco Brusati tire, certes, sur de vieilles ficelles. Pourtant il réussit à approcher la complexité des relations humaines où se mêlent rapports amoureux, amicaux, familiaux… bouleversés par le temps qui passe. À cela s'ajoute l'énorme difficulté pour se soustraire à leur imbrication.

Nicky et Picchio forment le couple du reflet, du narcisse. Nicky en est la tête esthète et Picchio les jambes robustes. Chez le couple de femmes, on retrouve cette symétrie : Anna est la saine fermière et Claudia la fragile institutrice : le code est rebattu mais il permet de mettre en valeur la fuite du temps, la fin de la jeunesse et la mort qui approche.

Si les deux couples homosexuels semblent dépourvus de sexualité – aucune scène ne montre le moindre rapport amoureux entre eux –, c'est que le sujet du film est ailleurs : les rôles d'incomplétude des personnages apparaissent comme le signe qu'ils ont déguisés la réalité pour suivre leurs rêves.

Un film magnifique, très proustien, avec une esthétique sensible des images.

Ce film, où le présent s'affronte aux souvenirs embellis, montre l'impact d'un regard apitoyé et moralisateur sur le passé. Excellent pour réfléchir sur les effets néfastes de la nostalgie.

Cette enfance dorée vécue dans le souvenir, dans une sorte de temps mythique, m'évoque les vers de Sandro Penna : « La jeunesse n'est rien d'autre peut-être / qu'aimer toujours les sens et ne pas s'en repentir. »

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Jeu 18 déc 2008 Aucun commentaire