LES TOILES ROSES



(5.02)


(c) D. R.


À l’heure où je rédige ces lignes, je souffre de divers bobos (ou de « bobos d’hiver ») qui me rendent la vie inconfortable. J’ai le souvenir d’avoir connu semblables symptômes l’an dernier, après le retour de mes premières vacances hors Caribouland. Bref, j’ai l’impression désagréable de me désagréger, ou si vous préférez, de tomber en morceaux. Rendez-vous est pris avec une doctoresse pour le contrôle technique de mon corps. On va checker la carrosserie, vérifier le niveau d’huile, le moteur, le carburateur et tout le toutim. Ça ira mieux après, enfin j’espère… Sinon, cette saison sera la plus courte de l’histoire de la série.

— Et revoilà la Drama Queen ! allez-vous dire. Peut-être bien. Dîtes-vous seulement, et souvenez-vous en si toutefois vous avez connu ce sentiment, qu’être seul pour affronter la vie et, éventuellement, la mort, n’est pas chose facile. C’est peut-être plus facile d’affronter la mort tout seul, car on meurt toujours seul, même si pour cette occasion unique on est entouré. Exception faite des kamikazes qui se font exploser sur les marchés de Bagdad, enfin vous me comprenez. Mais la vie…

Zanzi, anachorète hypocondriaque et grognon. Je reconnais que ce n’est pas très vendeur. Qui pourrait bien vouloir d’un tel spécimen ? Et avec, de surcroît, la garantie limitée. On est en période de crise. Si je ne suis pas bon pour la casse, j’offrirais une prime à tout nouveau conducteur qui voudrait bien m’essayer. Cependant, je reconnais qu’il vaudrait mieux un fringant trentenaire déjà expérimenté pour me conduire sur le droit chemin. Expérimenté mais un peu accidenté, lui aussi. Ainsi nous pourrions soigner mutuellement nos blessures…

 


Si l’on part du principe que mes maux sont essentiellement d’origine psychique, il faut que je les exprime avec des mots. À défaut de confesser mes turpitudes et mes tourments à un docteur de l’âme, je vais les confier à mon public. Zanzi and the City sera donc mon divan. Bon, j’entends déjà des soupirs et quelques récriminations. Prétendrez-vous ne pas aimer que je vous entrouvre les portes de mon intimité, une fenêtre sur mon jardin secret ? Mais vous aimez aussi les savons, n’est-ce pas ? Et les crooners ! Il y en aura. Et puis peut-être aussi que je vais aimer autre chose, ou quelqu’un… Dans la nuit indolente, trop blasé et déçu, j’attends l’inattendu qui saura me surprendre.

Ma vie aussi peut changer. Après tout, aujourd’hui n’était-il pas le jour de l’investiture du président Obama ? Je ne pense pas qu’il changera le monde, mais il est la preuve que les choses changent. Douloureuse gestation, (trop) lente mutation, mais au bout, il y a quelque chose de nouveau. Peut-être toi, peut-être nous. Comme il m’apparaîtrait singulier d’employer un jour la première personne du pluriel ! Mais ce serait un délice doux comme le miel.

Une saison pour guérir de tout ce qui me fait mal, ou une saison en enfer ? Rimbaud, sors de mon corps ! Je n’ai plus dix-sept ans mais je ne suis toujours pas sérieux. Or il faudrait que je me décide à devenir un adulte responsable. Monsieur le Juge, je plaide coupable. S’il vous plaît, accordez-moi une remise de peine et la force de ne plus céder à mes vilains défauts. Brève plaidoirie, début de thérapie. Dehors, la nuit tombe ainsi que la neige. Demain, semble-t-il, il devrait faire beau.

 

Zanzi, le 20 janvier 2009.



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Jeu 22 jan 2009 3 commentaires
quelle joli prose, de jolis mots sur des maux...je reviendrai avec grand plaisir
bibifok - le 22/01/2009 à 12h27
Moins il va, mieux il écrit !... "Syndrome de l'orchidée", mon cher...
Mais vous avez raison, Zanzi : "l'anachorète hypocondriaque et grognon", ça eût payé, mais ça paye plus (ou si peu)... Demandez à mon éditeur...
Croyez-en l'expérience d'un psychanalysé depuis (oh ?... non ?... tant que ça ?...) 20 ans cette année !... Je m'en aperçois en l'écrivant !...
Je le dirai demain au bon docteur, à l'occasion de ma séance... Tiens, j'apporterai même une bouteille, qu'on sable mes névroses...
bbjane - le 22/01/2009 à 23h47
Savoir que les mots peuvent soulager les mots est pour moi preuve d'une sacrée maturité et non pas du manque de sérieux que tu fais semblant de posséder.

Je ne suis pourtant pas certaine que nous tous, tes lecteurs, soyons en mesure de t'aider mais je veux bien volontiers que tu t'épanche sur tout ce qui fait que tu es mal dans ta peau.

En plus tu dois être au courant, les lesbiennes ont des épaules carrées sur lesquelles on peut tout à fait s'appuyer pour déverser ce trop plein d'angoisse. Et autant te dire qu'avec le vélo, j'ai des épaules qui pourrait presque rivaliser (de loin, dans le noir et de dos) avec celles de Manaudou.

PS : On est toujours seul face à la mort. Quant à la vie, ça, c'est un sacré problème...
Isabelle B. Price - le 29/01/2009 à 09h28