LES TOILES ROSES

Fiche technique :
Avec Wendy Crewson, Peter Outerbridge, Karyn Dwyer, Christina Fox et Ann-Marie MacDonald. Réalisé par Anne Wheeler. Scénario : Peggy Thompson.
Durée : 101 mn. Disponible en VO et VOST.


Résumé :
Maggie, dix-neuf ans, vient de lâcher la fac et travaille dans une librairie. Elle rencontre Kim, une artiste peintre, dans un night-club. Elles tombent aussitôt amoureuses l'une de l'autre. Mais un jour, Maggie reçoit un coup de fil de sa mère, Lila, qui lui annonce qu'elle divorce et qu'elle vient s'installer chez elle avec son frère cadet Paul. Maggie est paniquée par leur arrivée imminente, d'autant plus que Lila n'a aucune idée de sa vie privée ! C'est le début des surprises et des sorties de placards...
L'avis de Samuel Minne :
On entre in medias res : un spectacle avec un drag king, un travesti et une jeune fille déguisée en angelot recoupe en montage alterné le trajet de cette dernière après le spectacle. Dans les rues sombres, des skin heads importunent la jeune lesbienne surmontée d’une auréole. Par chance, un fourgon bariolé, tous phares allumés, les disperse. En sort une jeune fille blonde aux cheveux courts, indéniablement butch. Maggie, l’angélique apparition, peut rentrer à la librairie « Ten Percent Books » où elle travaille. C’est parmi les rayonnages de godemichés et les portfolios gays, que loge la jeune fille. Mais sa mère, qui ignore tout de sa vie, lui téléphone pour lui apprendre qu’elle divorce, et qu’elle compte bien s’installer chez elle en attendant, avec le frère de Maggie. Cette dernière n’a donc plus qu’à trouver très vite un appartement… Dans la rue, Maggie croise à nouveau sa salvatrice, Kim, peintre itinérante. Le courant passe tout de suite, et comme le fourgon de Kim est retenu à la fourrière, Maggie l’invite à rester chez elle.
Le film repose surtout sur le duo de deux actrices à la présence forte. Les épaules musclées et l’air déterminé, Christina Cox (Kim) sait jouer de nuances sobres, tandis que Karyn Dwyer (Maggie), le visage mutin encadré par des boucles rousses, impose un charme craquant. L’histoire d’amour entre les héroïnes permet de mettre en scène toute une galerie de seconds rôles savoureux. Les personnages sont stéréotypés, mais pas trop : Frances, la libraire lesbienne intello (Ann-Marie MacDonald) a les cheveux courts, des lunettes et des vêtements austères ; Judy, la transsexuelle au grand cœur (Peter Outerbridge), est fragile et touchante ; la mère, Lila (Wendy Crewson), se montre d’abord intolérante puis compréhensive…
« Résolument hors ghetto », affirme la jaquette : entre le bar lesbien et la librairie LGBT, le moins qu’on puisse dire c’est qu’une telle affirmation est gratuite, d’autant que le film offre une vision positive du milieu, soulignant en particulier sa solidarité, sans occulter l’intolérance qui peut surgir entre les minorités. La réalisation est simple, détendue, chaleureuse, à l’image de personnages attachants sans être forcément extraordinaires, qui n’accordent pas plus d’attention à l’homophobie qu’elle ne le mérite, et cherchent d’abord à se sentir bien.
Sensuel et consensuel, appelant à la tolérance aussi bien pour les transsexuels MtF que pour la culture porno saisie par la douane canadienne, ce film éminemment sympathique tient pleinement son pari.

Pour plus d’informations :

Lun 23 jui 2007 Aucun commentaire