LES TOILES ROSES


Peux-tu nous présenter ton blog, sa genèse, son contenu, ce qu’il t’apporte et ce que tu penses qu’il apporte à tes lecteurs(trices) ?

Question difficile ! Originellement, j’ai fait un blog pour dire que mon métier ne m’allait pas et pour en faire part à des collègues, dans l’idée d’échanger. Et puis je me suis vite rendu compte que les collègues venaient voir ce que j’écrivais mais ne laissaient pas obligatoirement de messages. J’étais frustré, alors le thème du blog a commencé à dévier et à changer de ton. J’y ai parlé de ma vie, de mes projets, de sujets d’actualité… Mais plus du tout de mon travail. Et là les gens ont commencé à laisser des messages !
D’après ce que je lis, les lecteurs-trices y trouvent un ton, un univers, et aussi un espace où réagir. Ils me connaissent pour la plupart, c’est aussi un moyen de me faire un clin d’œil, de m’encourager.
Pour ma part, ce blog (même si je ne le remplis pas régulièrement) me permet de plus en plus de partager mon point de vue, mes projets artistiques (je chante), mes coups de cœur. C’est un peu comme un journal, une trace des étapes de ma vie, importantes en ce moment.

Tu écris le premier paragraphe d’un roman ou d’une nouvelle dont le héros n’est autre que toi-même. Quel serait ce paragraphe ?

J’ai menti aux trains électriques, aux soldats plombés d’un père Noël qui déjà voulait faire de moi celui que je ne suis toujours pas. Duel, double, c’est comme l’on voudra, mais il y a, et je le sais, le cœur qui bat d’une femme en moi. J’ai détesté, mathématique, les abscisses et les obsolètes traces du destin qui voulaient mais moi je ne le voulais pas. Bien avant, lorsque je n’existais pas, c’est comme l’on voudra, je désirais déjà ce cœur qui bat de femme en moi. J’ai réparé les trous psychiques, les manquements, les failles béantes électroniques mais le virus est là en moi. Après, bien après lorsque j’existe, c’est comme l’on voudra, je désire tout haut ce cœur d’enfant qui bat en moi. Papa, père, mon père, moi papa. Être père, O mon père, c’est l’avenir pour moi. C’est dépasser, c’est réparer, c’est rester là. Quand je ne suis plus là. J’ai menti aux sorcières, aux anges qui peuplaient ma raison, qui me soufflaient que de me taire serait me tuer. Mais déjà, oh oui déjà lorsque j’assistais à leur bagarre, au choc des Titans titaniques, un cœur d’adulte battait en moi. J’ai regretté, énurétique, d’avoir repoussé ma maman qui voulait m’emporter pour elle et moi je ne le voulais pas. Et pendant, qui sait pendant, quelle fracture, c’est comme tu voudras je détestais l’enfant en moi. J’ai colmaté les brèches du lien, la parenté par un recul inexpliqué qui m’attirait pour me sauver loin de moi. Encore, mais encore, qui de nous deux est le plus fort, c’est comme tu voudras tu es l’enfant que je me dois. Papa, père, mon père, moi papa. Être père, O mon père, ça fait pleurer tout ça. C’est embrasser, c’est aspirer, c’est respirer lorsque tu suffoques déjà.


Si tu étais les premières images d’un film, quelles seraient-elles et pourquoi ?

Des images à caractère sexuel explicite. Deux, trois, plusieurs garçons. Du sexe, des langues qui s’enroulent les unes sur les autres, de la sensualité. Du plaisir, parce que franchement, y a que ça de vrai, y a que là que j’arrive à oublier tout le reste. Le sexe permet d’entrer dans une autre dimension, d’être hors-temps, hors-monde. Même les drogues ne me font pas cet effet-là !

Quel est ton roman préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

Tout contre Léo de Christophe Honoré. Pourquoi ? Bin, faut le lire ! L’alternative, le livre que je lis en ce moment Attitudes de Bruce Benderson. Très drôle, un regard aiguisé sur la société et la communauté homo, avec un va-et-vient intéressant entre les États-Unis et la France, dont l’auteur manie avec aisance les deux langues. Quelques passages un peu chauds, bref un bon livre à thématique LGBT…. Ah zut, je viens de me rendre compte que ça ne rentre pas dans la question : on voulait un « roman »… Bon alors il vous faut lire le roman de Christophe Honoré !

Quel est ton film préféré (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai rien vu de tel que Brokeback Mountain. Et je ne dis pas ça en tant qu’homo militant, ce que je ne suis pas vraiment, mais en tant que spectateur. C’est vraiment un film où il se passe beaucoup de petites choses, où beaucoup de sujets sont abordés et pourtant où il y a très peu de mots. Cette économie de paroles inutiles et cette concentration sur l’intérieur des personnages est pour moi bien plus efficace, bien plus réelle et touchante que tous les dialogues imaginables. Ces deux hommes s’aiment mais c’est un amour impossible. Les seules paroles qui restent en tête sont les dernières « Jack, I swear… » Mais il jure quoi, au juste ? Fidélité ? Vengeance ?

Quelle est ta série TV préférée (à thématique gay ou LGBT) et pourquoi ?

Alors sans hésiter la moindre seconde, Six Feet Under, et ce charmant David que l’on voit changer de saison en saison et passer du pédé refoulé au père de famille adoptif. C’est aussi en toile de fond la génération homo qui arrive juste après l’hécatombe du SIDA. C’est la génération homo qui manque de libertés, et qui doit reconstruire du sens, des repères. C’est tout à fait l’image de San Francisco : une ville où tout tournait autour des homos et où tout est mort à la fin des années 80. Elle se reconstruit, mais avec prudence. Ça, c’est pour le renvoi à la thématique gay. Pour le reste, la série est l’emblème d’une liberté effrayante mais possible. C’est la folie, les envies, le non-souci du qu’en dira-t-on. C’est un aspect des États-Unis que j’ai bien ressenti en allant là-bas. Quand je vois la série, j’ai aussi une petite nostalgie de Los Angeles qui remonte…

Quelle phrase tirée d’un livre ou film ou encore d’une chanson semblerait te définir à la perfection ?

Ah, alors là je vais être égocentrique. Ça sera une ligne d’une de mes chansons, la première à m’être venue en tête et celle que je préfère chanter sur scène « I fell from high, but I’m using my voice ». Avec le décodeur « je suis tombé de haut, mais j’utilise ma voix ». Ça, en ce moment, c’est l’exacte définition de qui je suis. C’est très important de dire, en chantant ou pas d’ailleurs, mais dire. Exprimer, faire sortir, exulter… C’est la clé de l’alignement avec soi.

Quelle photographie (perso ou non), image, tableau (etc.) pourrait te définir le mieux ou donner des pistes sur ta personnalité 

Un tableau de Edward Hopper, Nighthawks.


Question piège : Penses-tu qu’il existe une culture gay ?

Oui il existe surtout un passé de culture gay, il existe une histoire de la communauté, une mémoire collective marquée par beaucoup d’hématomes tous comptes faits. Mais il y a aussi une culture gay du divertissement, de la légèreté, de la fête. Alors je dirais qu’il existe DES cultures gays, comme il existe des façons de vivre sa vie ou de s’assumer… J’ai été clair ou… ?

Quel dialogue pourrais-tu imaginer entre ton moi profond et ton moi blogueur ?

Un dialogue de sourds !

Quel est le blog que tu voudrais réellement faire connaître et pourquoi ?

J’aurais adoré pouvoir encore mettre ici « le blog à Garfieldd » mais celui-ci a disparu. Son auteur a eu de gros problèmes avec son employeur, l’Éducation Nationale, parce que ce blog comportait des informations à caractère un peu trop homo. Il y a eu toute une polémique autour de ce blog lorsqu’il a été retiré et que Garfieldd a été destitué de ses fonctions. Comme quoi, on a l’impression que les mœurs avancent, mais il faut rester vigilant. Avec les vieux relents de politique actuelle, si en tant qu’homo on ne reste pas sur le qui-vive, j’ai bien peur que l’on régresse terriblement…
Alors sinon, un blog qui existe encore, lui, et qui vaut le coup d’œil : http://melanome.blogspot.com, mais il y a aussi http://www.alex-greg.net (ce sont des amis).

Quelle question ne voudrais-tu pas que l’on te pose ?

Toutes les questions sont bonnes à poser, maintenant je ne suis pas sûr que je répondrai à toutes ;-)

Dernière question. Pour passer (ou non) à la postérité, il faut préparer ses derniers mots ou dernières phrases à dire sur son lit de mort : quel(le)s seraient-ils(elles) ?

Euh… Haut les cœurs ! Alors… peut-être « la mort n’existe pas, je ne fais que changer de plan, mais je reste avec vous. Je me sépare simplement de mon corps, inutile de pleurer » mais bon… est-ce que tout le monde comprendra ce que je veux dire ???

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TO BE CONTINUED...
Le prochain épisode de cette saga mettra en vedette :
KATIA DU BLOG BARBI(E)TURIX
Mer 21 jun 2006 Aucun commentaire