LES TOILES ROSES
Fiche technique :
Avec Sigourney Weaver, Austin Nichols, Carly Schroeder, Ryan Kelley, Henry Czerny, Dan Butler, Scott Bailey, Linda Boston, Susan Ruttan, Melanie Wilson, Dan Wells, Lauren Mae Shafer, Sam Logan Khaleghi, Ele Bardha, Ber Fox, William C. Fox, Jeff Fryer, Kyle Clarington, Shannon Eagen, Brent Mata, Rebecca Louise Miller, Rusty Mewha, Billy Whitehouse, Marshall McClean, David G.B. Brown, Alyssa McMillan, Chris Hendricks, Tevis R. Marcum, Axel Harney, Patrick Michael Kenney, Madge Levinson, Steve Jasgur, Sean Scarlett, Jaime Moyer, Anna Badalamenti, Anthony Moscato, Hadas Corey, Amanda Ryskamp, Julia Mogerman, Rusty Daugherty et Janice O'Neill. Réalisation : Russell Mulcahy. Scénario : Katie Ford, d’après le livre de Leroy Aarons. Images : Thom Best. Musique : Chris Ward. Montage: Victor Du Bois.
Durée : 90 mn. Bientôt disponible en DVD Zone 2, VO, VOST et VF (octobre 2010).
Résumé :
Au début des années 1980, à Walnut Creek, au nord de la Californie, Mary Griffith (Sigourney Weaver) est une chrétienne dévote qui élève ses enfants selon les enseignements conservateurs de l'église presbytérienne. Cependant, quand Bobby (Ryan Kelley), le plus jeune de ses fils, un garçon angélique de 17 ans, confie à son frère aîné Ed (Austin Nichols) qu’il est peut-être gay (car il rêve de garçons, pas de filles !), la vie change pour toute la famille. La mère enquête et a bientôt la conviction que son fils est gay. Tandis que le père de Bobby et le reste de la famille acceptent lentement le fait que Bobby soit homosexuel, Mary refuse cette évidence qui la désespère car d’après les écriture Bobby serait condamné aux flammes éternelles.
Elle estime que si Bobby n'est pas « guéri » de son homosexualité, la famille ne sera pas ensemble dans l'au-delà. Elle commence une campagne visant à "guérir" son fils. Elle affiche des passages des Écritures sur le miroir de salle de bain. Elle le force à participer à des séances de thérapie. Elle est persuadée que Dieu peut guérir son fils de ce qu’elle considère comme une maladie.
Elle persuade Bobby de prier plus fort et de rechercher une consolation dans des activités ayant trait à son église. Dans l’espoir de changer, et surtout devant le désespoir de sa mère, Bobby fait ce qu’elle lui demande. Mais son rejet par l’église en raison de son homosexualité fait que le garçon se renferme de plus en plus sur lui-même. Il culpabilise devant la peine qu’il inflige à sa mère. Bientôt, il s’abime dans une dépression qui le conduit au suicide.
Confrontée à cette tragédie, Mary commence à remettre en cause sa foi quand elle ne reçoit pas de réponses de son pasteur au sujet de son deuil dévastateur. Par un long et douloureux cheminement, Mary intègre lentement la communauté gay où elle découvre un réconfort inattendu. Finalement, de façon posthume, Mary acceptera l’homosexualité de son fils et deviendra alors une militante des droits des gays aux USA.
L’avis de Bernard Alapetite :
Peu de choses m'agace autant que de voir apparaître au début d'un film une phrase telle que « d'après une histoire vraie » ou quelque autre texte approchant. Je vois dans cette augmentation indéniable des films tirés de faits et de personnages ayant existés, un signe évident de notre décadence. Car ce manque de confiance dans la fiction sape les fondements d'une civilisation bâtie sur des mythes qui n'est qu'un autre nom de la fiction...
Or donc Bobby seul contre tous (Prayers for Bobby) est basé sur le livre américain éponyme de Leroy Aarons ; les noms propres n'ont même pas été changés. Les producteurs expliquent leurs motivations : « Le livre Leroy Aarons a changé l’état d’esprit d’innombrables personnes et a ainsi sauvé des centaines de vies depuis qu'il a été édité. Nous espérons que le film, puissant, continuera à faire changer les mentalités et à rendre justice à la mémoire de Bobby Griffith. »
Dire que le film n’est pas révolutionnaire dans sa mise en scène est un euphémisme, mais la réalisation est efficace. Même s’il est dommage que parfois Mulcahy gâte cette efficacité par un petit nombre de fioritures inutiles. Même si l’on comprend bien qu’il utilise ces astuces pour accentuer avec sa caméra notre empathie pour la détresse émotionnelle de Bobby. Stratagème qui lui évite un long discours explicatif en voix off. Le scénario n’évite pas les clichés (le frère, joueur de football américain, par exeple), néanmoins tout sonne juste en particulier les dialogues dont l'intervention de la mère devant le conseil municipal qui est très forte.
Il faut resituer historiquement le drame. Le scénario couvre trois années. Le film commence en 1979, époque où l’homosexualité était au cœur d’un débat aux USA qui posait la question de l’acquis et de l’inné des préférences sexuelles. On peut penser d’autre part qu’en 1979, l’homosexualité était moins bien perçue aux USA qu’aujourd’hui, même si la récente controverse sur la proposition 8 en Californie pourrait nous faire penser le contraire...
Le talent de Sigourney Weaver, qui a rencontré la vraie Mary Griffith, et celui des autres acteurs (en particulier de Ryan Kelley qui défend son personnage avec beaucoup de sensibilité) parviennent à nous faire oublier le didactisme du film. On comprend bien que le film a d’abord été fait à l’usage des parents de jeunes gays. Interrogée sur l’opportunité d’une prestation dans un téléfilm (ce sont ses débuts à la télévision), Sigourney Weaver a déclaré que plus de gens sont susceptibles de voir ce téléfilm que n’importe lequel des films de cinéma qu’elle a tournés auparavant. Il est amusant en regard de leur navrante programmation habituelle de remarquer que M6 ait passé ce film à 13h 30 un lundi, sans doute pour éduquer la ménagère de moins de cinquante ans oisive ! On peut toutefois penser que le diffuser à 20h30 aurait été bien plus courageux...
S’il est normal qu’en raison de sa notoriété on se focalise sur Sigourney Weaver, il ne faudrait pas oublier les autres acteurs presque tous chevronnés, même les plus jeunes, et en particulier Ryan Kelley qui est loin d’être un inconnu… que l’on se souvienne de l’excellent Mean Creek de Jacob Aaron Estes et plus récemment Lettres d’Iwo Jima de Clint Eastwood. Il retrouve Carly Schroeder qui incarne la sœur de Bobby et qui jouait également dans Mean Creek.
Qu’un tel film ait eu beaucoup de mal à se monter dénote d’une homophobie certaine du milieu cinématographique américain. Sigourney Weaver avait déjà essayé de monter l’affaire dans les années 1990. Elle est aujourd'hui productrice associée sur le film. Le producteur principal, Daniel Sladek, depuis sa découverte du livre en 1997, a du batailler ferme pour y parvenir. Il y a eu un autre projet qui a avorté avec NBC avec Susan Sarandon dans le rôle de Mary Griffith. En 2000, une autre tentative a également échoué. Le film a été pensé dès sa mise en œuvre pour essayer de rafler des Emmy Awards.
Le réalisateur, Russell Mulcahy, est l’auteur du premier Highlander. On lui doit aussi des épisodes de Skins et Queer as Folk.
La diffusion du film, le 24 janvier 2009, a fait grand bruit aux USA. Il a été vu par beaucoup d'associations LGBGT comme un modèle pour la lutte contre l'homophobie. L’équipe du film a participé à un gala du Trevor Project (une association fondée par James Lecesne qui vient en aide aux jeunes LGBT).
Un film militant qui réussit à être émouvant et qui dénonce l’obscurantisme religieux et la bigoterie. Il devrait être montré obligatoirement à tous les parents qui envisageraient de renier leur enfant s’il était gay.
Un film dans la lignée de Milk.
Pour plus d’informations :
Le site du film : http://www.prayersforbobby.com/