LES TOILES ROSES

 

 

by  Lucian Durden

 

Lucian Durden a 34 ans. Il est membre fondateur des Écrivains mendiants de Paris. Ancien chef de la succursale des Flandres de l'École des tripes et amis du foie de veau. Publications dans le Bulletin de la société Jules Verge N° 45, 2ème trimestre. Il occupe les fonctions de directeur de la WithoutBooks Publishing en Pennsylvanie. Ah oui, il est aussi hétérosexuel. C’est notre quota légal dans l’équipe du blog Les Toiles Roses.

 

Daniel me demande si je veux écrire un billet sur « les droits des homosexuels en France ».

— Oui, pas de problème Daniel !

— Ah, Lucian, j’oubliais, ne te documente pas, fais-moi un article qui reflète ce que tu en sais et ce que tu en penses, là, maintenant, à cet instant

— D’accord Daniel…

 

Bien. Je suis devant l’écran de mon ordinateur, j’écoute Nick Cave et avale par lampées de cochon un Coca Light. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir écrire ? Je ne sais rien, il me semble, sur les droits des homosexuels ; pis, cette question n’a jamais effleuré mon esprit, je crois que je m’en tape le coquillard, c’est plutôt triste à écrire, mais c’est vrai. Moi, ce qui m’a emmerdé, c’est qu’on m’interdise de griller mon clope devant ma bière tandis que je plongeais mon regard dans le bois patiné de quelques bars sordides, voilà un droit dont on m’a privé. Les homosexuels en auraient de plus consistants ? On leur a filé le PACS, parce qu’ils avaient la fâcheuse tendance de claquer du SIDA, ce qui laissait le copain pas encore mort sur le trottoir, sans la possibilité de revendiquer un quelconque héritage. Ok, voilà, je sais ça.

Ils ont le droit de se dandiner tous les ans comme des gazelles peinturlurées qui viendraient de se prendre une décharge de plombs de douze dans les fesses – Aïe Aïe Aïe ! – et sur des chars, en pleine rue… Si ce n’est pas l’accession à un droit fondamental ça !

Et puis les gosses, ils peuvent adopter non ? Non ? J’en sais foutre rien. Ils savaient qu’ils ne pouvaient pas se reproduire quand même ! Maintenant ils viennent quémander quelques gamins… Qu’on leur donne ! De toute façon, ce sont les restes…

Je ne vois rien d’autre. Je ne sais ce que légitimement ils peuvent réclamer qu’ils n’aient pas, parce que je ne suis pas homosexuel, parce que je ne suis confronté à aucun de leurs problèmes, parce que leurs voix se perdent dans le tumulte de mes préoccupations… Parce que je suis un hétéro ? Parce que je suis un connard égoïste ? Non, simplement parce que l’on ne s’intéresse au cancer que lorsque sa mère adorée en chope un, parce que l’on voit partout des voitures rouges dès qu’on en a une soi-même…

Faut que je trouve un homosexuel que ça emmerde de ne pas pouvoir fumer en vidant une bière dans un bar, nous aurons ça en commun…

 

TO BE CONTINUED…

Mar 16 jun 2009 2 commentaires
J'admire votre franchise car je sais que tous mes ami(e)s hétéros pourraient écrire la même chose. Ce qui montre que c'est loin d'être gagné pour nous. En tout cas, vous me faites beaucoup rire avec votre style et vos envolées terriblement "beauf" que je sais être "clichés littéraires". Je revendique aussi de fumer une tige en prenant mon café dans mon pmu-tabac chaque matin... Vous avez déjà un point commun avec un gay pas si joyeux.
JJ
Jericho52 - le 16/06/2009 à 11h55
Fort ! C'est exactement ça ! Et chez les hétérosexuelles face aux lesbiennes, c'est même pire ! mdr
Vanina Nuoc - le 16/06/2009 à 12h34