LES TOILES ROSES

    


Fiche technique :

Avec Ben Silverstone, Brad Gorton, Charlotte Brittain, Stacy A. Hart, Kate McEnery, Patrick Nielson, Tim Harris, James D White, Jacquetta May, David Lumsden, Morgan Jones, Louise J. Taylor et David Elliot. Réalisé par Simon Shore. Scénario de Patrick Wilde, d’après sa pièce de théâtre. Directeur de la photographie : Alan Almond. Monteur : Barrie Vince. Compositeur : John Lunn.
Durée : 110 mn. Disponible en en VO et VOST.



Résumé :
Steven (Ben Silverstone, déjà aperçu dans Leçon de la vie et dans le Lolita de David Lyne où il interprétait Humbert jeune), 17 ans, est un collégien typiquement british de la classe moyenne comme les autres. Tout dans l’univers de Steven est moyen : l’école, le boulot du père (commerçant moyen), la ville même où se déroule l’action (Basingstoke, ville neuve en plein Essex, qui rappelle plus les banlieues résidentielles américaines qu’une traditionnelle bourgade anglaise). Mais Steven a une originalité: il est homosexuel. Il vit assez bien son homosexualité en allant draguer dans les parcs. Seule sa meilleure amie est au courant de sa vie sexuelle et lui sert à la fois de couverture et de confidente consolatrice. Tout allait presque bien jusqu’au jour où il rencontre, ô surprise, dans les WC publics où il trouve ses partenaires de passage, John (Brad Gorton), le champion sportif de son collège, un plaboy tombeur de filles qui se révèle être un gay honteux. Steven tombe amoureux de John et John de Steven. Mais si Steven veut vivre leur passion au grand jour, John exige la clandestinité et leur liaison secrète sera une épreuve pour Steven, épreuve dont il sortira renforcé, en paix avec lui-même après avoir annoncé à tous sa différence, mais néanmoins meurtri. Le passage de l’adolescent gay à l’homme homosexuel aura été pour le moins douloureux...

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L’avis de
Bernard Alapetite :
Le film commence par une très bonne idée : la fausse piste, le premier amour n’est pas celui que l’on croit. Il dénonce d’emblée l’hypocrisie des mecs qui se cachent derrière leur copinesou leur femme pour sauver leur réputation. L’intervention de la police nous rappelle certaines lois anglaises homophobes (et les craintes qui y sont associées). Autre belle idée, le texte anonyme écrit par Steven et qui donne son nom au film (Get Real). Texte en opposition avec la dissertation bien appliquée et impersonnelle qui fait l’admiration de son lycée. Cette reconnaissance publique envers un garçon qu’il n’est pas en réalité déclenche le début d’une révolte contre l’hypocrisie générale et l’obligation de toujours feindre le rôle du fils et de l’élève irréprochables. Mais peut-être que la plus belle trouvaille du film, qui est sans doute un héritage directe de la pièce, est de faire décrire la scène la plus érotique du film au lieu de la montrer. Par ailleurs, on peut trouver la représentation du sexe à l’écran trop sage même si l’on comprend pourquoi : ne pas effaroucher pour que le message de tolérance soit accessible au plus grand nombre.



Comme un garçon est un film assez riche pour réveiller le souvenir de bien des films. Il possède la même tonalité roborative que Beautiful Thing auquel il fait beaucoup (trop ?) penser, bien que situé dans un milieu social très différent : la classe moyenne, curieusement peu explorée par le cinéma anglais actuel qui aurait tendance à nous faire croire que le royaume n’est peuplé que de chômeurs alcooliques. Néanmoins la parenté avec Beautiful Thing est très claire. Même volonté de dédramatiser, de positiver, d’aider à l’identification des spectateurs. Il y a là un côté militant manifeste qui n’est jamais appuyé sauf peut-être dans la scène du coming-out public du joli Steven qui, très efficace, joue sur l’émotion et renforce l’empathie que l’on a avec le garçon. Si sa prestation nous va droit au cœur c’est qu’elle s’adresse à tous ceux qui ont souffert dans leur adolescence (c’est-à-dire à peu près tout le monde) de ne pas se sentir au bon endroit au bon moment. La difficulté d’être homosexuel est ainsi mise au niveau du plus grand nombre : il s’agit d’être bien dans sa peau. Le titre original, bien meilleur que le ridicule titre français,Get Real veut dire: être soi-même, authentique. Telle est la morale de cette histoire.

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Le film est aussi un peu le positif du film hollandais To play or to die qui a le même point de départ : un garçon timide est amoureux du beau macho de sa classe. Simon Shore sait au bon moment faire intervenir l’humour pour alléger le ton du film. Les dialogues particulièrement spirituels revendiquent leur statut d’adaptation théâtrale. Le tour de force est que c’est complètement réussi. Ils sont à la fois très écrits et fluides. L’exact contraire de ceux de Grande école, autre film gay adapté d’une pièce mais dont l’empesé des dialogues rend inaudible les propos. Par son coté lisse et compétent, bluffant pour un premier film, il est également caractéristique d’un mouvement de mise en scène éminemment judicieux, dont Quatre mariages et un enterrement a symbolisé l’apogée. Sans jamais oublier l’humour avec légèreté Comme un garçon aborde des sujets aussi sérieux que scabreux comme le regard que l’on porte sur soi, le regard que l’on a sur les autres, le courage d’être ce que l’on est, la solitude, l’incommunicabilité et... les glory hole. On se dit qu’il est tout de même bien dommage que le scénario n’évite pas le poncif de la bonne copine confidente, caricature de la fille à pédé évidemment grosse et moche.

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Si le film pâtit d’une mise en scène un peu molle surtout dans son deuxième tiers, il bénéficie en revanche d’un dialogue toujours juste et d’une interprétation remarquable, jusque dans les plus petits rôles, qualité qui est l’apanage du cinéma britannique. Plus rare dans ce cinéma, l’image lumineuse du film sert ici au mieux les acteurs.
Le délicieux Silverstone happe les regards dès son apparition à l’écran. Sans jamais avoir suivi un quelconque cours de comédie (lors du tournage, il était étudiant en littérature anglaise à Cambridge) et se déclarant hétérosexuel (quel crève-cœur !), ce fils de bonne famille investit son personnage avec une décontraction naturelle, captant sa complexité avec un professionnalisme évident. On ne peut qu’être d’accord avec Pierre Murat qui écrivait dans Télérama lors de la sortie en salle : « La plus grande qualité du film est l’interprétation. Ben Silverstone est drôle quand il faut, émouvant dans les passages les plus convenus. Sa présence et son intensité lui font éviter tous les pièges. Il est remarquable. » Depuis, Ben Silverstone, tout comme Brad Gorton, ne sont apparus que furtivement à la télévision anglaise. Simon Shore qui vient de la télévision, a, en 2004, tourné Things to do before you’re 30, puis en 2005 You don’t have to say you love me. Ces deux films ont également pour scénariste Patrick Wilde.

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Ce film, comme Beautiful Thing, est tiré d’une pièce à succés What’s wrong with angry ? de Patrick Wilde, écrite dans les années 70. Ce qui explique le ton quelque peu décalé du film dans lequel jamais n’apparaissent les mots sida et préservatif. Mais loin d’être un inconvénient, cette intemporalité en renforce le propos. Même si le film a modernisé la pièce, il ne se veut pas naturaliste mais romantique, ce qui est bien trop rare dans le cinéma gay et fort agréable pour une fois.
Peu de films décrivent avec une telle justesse le trouble de se découvrir tel que l’on est et tels que sont les autres, un grand moment d’émotion à faire partager.
Comme un garçon a été primé au Festival du cinéma britannique à Dinard en 1999 où il a reçu le prix du public et celui du jury ; il a obtenu aussi le prix du public au festival d’Edimbourg.
Chers professeurs, il existe un dossier pédagogique adapté aux élèves de 6ème permettant de présenter l’homosexualité à vos élèves, voir: www.grignoux.be/dossiers/126

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Comme un gaçon
est édité par la firme néerlandaise Homescreen en VO avec des sous-titres français. Malheureusement, il n’y a que peu de bonus, seulement la bande annonce du film. L’habillage du DVD est d’une pauvreté affligeante et les sous-titres français sont truffés de fautes d’orthographe.
Pour plus d’informations :

Mer 28 jan 2009 2 commentaires
G vu ce film lors de mon adolescence alors que j'allais pas bien du tout, jen ai pleurer paendant 2 jours, ca semble excessif mais cété surment la goutte d'eau... (jété seul à la maison heureusement ^^)

et depuis lors je ne peux plus ecouter la bande son du film ni revoir le film tut simplement

j'espere qun jour je me sentirai enfin libre, comme steven à la fin du film...

c'est alors que je le regarderai a nouveau
nicolas - le 25/08/2007 à 15h25

Bonjour le collectif,

Une artiste lesbienne à découvrir ?

Une femme qui aime les femmes, un piano, quelques craies pastels, une once de sensualité, un soupçon d'electro, quelques frissons… A découvrir ? Kiss

Blue Borderline - le 30/01/2009 à 08h20