LES TOILES ROSES

 


 

Je serais un homme. Un vrai.

Blue Borderline



Pour la dix-huitième livraison de cette série de textes basée sur les hypothèses "Si j'étais homosexuel(le)" pour nos ami(e)s hétéros gay-friendly et "Si j'étais hétérosexuel(le)" pour nos ami(e)s gay hétéro-friendly, j'accueille Blue Borderline, une des amies Facebook de notre blog. Laissons-la se présenter comme une grande. Si Blue m'était contée... Je suis une jeune femme qui a vu le jour sous une lune bleue de juin. J'aime ciseler les mots, dessiner mon univers à l'aide de mes craies, caresser mon piano quand ce n'est pas le corps de ma compagne... Tour à tour écrivain, parolière, compositeur, interprète, j’aime créer sans limites autour et pour les femmes principalement… Mais pas seulement ! Foncièrement pluridisciplinaire, parce que l’Art est polymorphe, j’aime décliner cette féminité sous tous les angles, car sa beauté n’a de cesse de m’étonner et de m’émouvoir… Je fonctionne au coup de foudre et les collaborations artistiques sont avant tout, pour moi, de belles histoires d’amour. On ne peut donner que lorsqu’on aime. Si mon univers vous attire, alors n’hésitez pas et faites-moi découvrir le vôtre : quel que soit le domaine, il faut que cela me fasse vibrer !

 


        Si j’étais hétérosexuelle, je serais un homme. Un vrai.

        Un homme qui n’hésiterait pas à te mettre sa main dans ta gueule pour te faire comprendre que ta femme n’est pas un punching-ball ou un défouloir quand tu rentres complètement bourré le soir chez toi. J’utiliserais à mon tour mes poings XXL pour te marteler le visage, en espérant te faire rentrer dans le crâne que ta fille de quatorze ans n’est pas ta femme et que tu ne dois pas te glisser sous ses draps le soir. Je me permettrais de te remettre à ta place en public à chaque fois que tu manquerais de respect aux femmes qui passent et ne daignent pas te regarder. Entre nous, tu t’es déjà admiré une seule fois dans la glace ? Je te cracherais certainement au visage si je te retrouvais au Burkina avec une mitraillette entre les mains. Je te réciterais les Droits de l’Homme, ces mêmes droits que tu revendiques et que tu bafoues sans cesse, même si tu me mettais le canon d’un revolver sur la tempe… Et j’entonnerais le « Chant des Partisans » parce que d’homme, tu n’as que le nom… Si tu ne presses pas la détente, sache que je le ferais pour toi…

 

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        Si j’étais un homme, un vrai, je me cacherais sans doute pour pleurer à chaudes larmes, comme une fille, comme une pédale. Parce que même en étant un homme, l’injustice et la bêtise humaine me mettraient les nerfs en pelote et l’impuissance me plongerait dans un mutisme brutal. Parce que même en étant un homme, je sais bien que je ne changerais pas le monde… Que mes frères continueront de se massacrer les uns les autres, emportant avec eux des innocents… Que j’aurais toujours peur des bombes et des corps qui jonchent le sol… Que j’aurais peur du noir et de la folie des hommes…

        Si j’étais un homme, je me mettrais au piano de ce bar où je t’ai aperçue. Je jouerais du Chopin pour te faire la cour. Je t’offrirais un verre de muscat en te disant que je suis paralysé par ta beauté. Et chaque soir, je t’écrirais une nouvelle mélodie, pour que tu reviennes près de mon piano. Je chanterais, peut-être, pour que tu restes un peu plus longtemps. Je t’inviterais dans un restaurant italien où les penne rigate sont les meilleures du monde. Puis un soir, je te demanderais de rester avec moi, parce que j’ai peur du noir et de ces bombes… Nous ferions l’amour pour la première fois et j’aurais la sensation de te posséder réellement. Comme un homme. Je n’en oublierais pas la douceur et le respect de ce corps pour lequel je vendrais mon âme au diable.

 

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        Oui, si j’étais un homme, je pourrais te dire sans vulgarité que tu me fais bander… et que je veux recommencer… Si j’étais un homme, je te ferais l’amour sans jamais te faire la guerre… Je serais doux comme un agneau, imprévisible comme un chien fou… Je serais ton ombre, tu serais ma maîtresse. Je serais ton meilleur amant, ton meilleur coup. Tu raconterais à tes copines nos exploits nocturnes tout en rougissant en pensant à tous les détails que tu ne donnerais pas…

        Si j’étais un homme, je te demanderais de m’épouser, une jolie bague dissimulée dans un des croissants d’un dimanche matin ensoleillé. Et je te supplierais de me répéter ce « Oui » encore et encore pour qu’il s’imprime à jamais dans un coin de mon cerveau. Si j’étais un homme, ce serait avec mes doigts tremblants que j’enlèverais ta robe blanche, avec la crainte de déchirer la dentelle. Si j’étais un homme, je fantasmerais sur cette nuit de noces en t’imaginant encore vierge... Et je pleurerais en t’entendant jouir au creux mon oreille…

 

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        Si j’étais un homme, je tomberais certainement fou amoureux de toi. Je poserais ma tête sur ton ventre rond et je te laisserais passer tes doigts dans mes cheveux courts, même si je m’électrise à ton contact. Nous aurions enfin cet enfant que nous désirons depuis longtemps. J’aimerais qu’il ait tes yeux et ton sourire. J’aimerais que ce soit un petit boy. Parce qu’il m’arrive de penser que la vie est plus facile lorsqu’on a une paire de couilles…

        Si j’étais un homme, je caresserais ton ventre arrondi et je te parlerais, à toi, notre enfant. Je te raconterais comment j’ai rencontré ta maman, comment je l’ai aimée au premier regard, combien j’ai dû ramer pour l’avoir rien qu’à moi, combien je suis heureux d’être enfin papa, qu’il me tarde de te tenir dans mes bras… Je t’élèverais dans le respect d’autrui et l’amour de l’autre. Et je ferais semblant d’être en colère quand ta maîtresse m’appellera pour me dire que tu t’es bagarré avec le p’tit blond du bac à sable pour une histoire de filles. Et une fois rentrés à la maison, je te gronderais un peu devant Maman, parce que je suis ton père. Puis je te serrerais dans mes bras et je sècherais tes larmes en te disant que je t’aime, mon fils. Et qu’il y aura toujours un p’tit blond pour venir te chercher des poux. Mais que la prochaine fois, tu auras le droit de lui mettre un crochet comme Rocky. Même si ta Maman froncera forcément les sourcils en entendant cela…

 

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        Si j’étais un homme, je pense que je finirais par changer de sexe. À quoi bon être un homme, au fond, puisqu’un jour tu m’avoueras que ce qui te fait fantasmer toi, ce sont les femmes… Alors je changerais de sexe pour ne pas te perdre. Pour devenir celle que tu désires. Parce que je veux être celle qu’il te faut.

        Oui, si j’étais un homme, je finirais par changer de sexe, pour être simplement moi…

 

Blue Borderline

Jeu 30 jui 2009 3 commentaires
À la lecture de ce texte, on peut conclure que si les hommes n'existaient pas, tout irait mieux. On appelle ça de la "misandrie", je crois. C'est plutôt bien accepté socialement. Et c'est ce qui fait généralement éclater les collaborations possibles entre hommes et femmes dans les mouvements gais et lesbiens.

Imaginez le contraire. Un homme qui écrirait : si j'étais une femme, je changerais de sexe. Je crois que ça ne passerait pas.

Ce genre de propos exacerbe la misogynie.
Pierre-Yves - le 31/07/2009 à 16h07
mon propre avis si je puis me permettre :

réponse à Pierre-Yves, ce texte n'a rien de "misandrique"...juste un coup de gueule ! rien à voir avec le fait qu'elle n'accepte pas les hommes mais pour montrer que nous aussi femmes nous avons le droit aujourd'hui de dire notre point de vue...et oui le sexe faible n'existe plus, pour ma part j'ai trouvé le texte de Blue trés percutant, la conclusion est pourtant simple, elle parle au masculin tout le long et conclu par dire qu'elle changerait de sexe pour revenir à ce qu'elle est réellement...il faut lire le texte, non par entre les lignes, mais dans sa totalité pour en comprendre le véritable sens...ne pas trier les mots, comprendre le texte en entier....
bref...
ça peut ne pas plaire, pourquoi ?car c'est une femme qui parle comme un homme...? ça dérange?... Lire la suite
j'espère ne pas avoir fait trop long...
j'espère avoir pu me faire comprendre...c'est jamais bien simple par écrit, chacun inteprete les mots comme il le sent...
Maryssa Rachel - le 31/07/2009 à 16h13
Bonjour,

Ce texte, je l'ai lu hier et je l'ai trouvé très beau, sensible, touchant, imagé, riche. J'ai senti les moments, les émotions, les questions. J'aurais bien voulu y laisser un commentaire, mais je n'ai pas quoi su dire. J'avais la sensation qu'il n'y avait rien ajouter. Et pourquoi laisser un commentaire si c'est juste pour écrire que ce texte m'a plu.
En revenant sur le site, je découvre un commentaire et je lis le mot "misandrie". Je pense alors : "tiens, hier, rien ne m'a laissé supposer quoi que ce soit de désagréable pour les hommes". Je reviens au texte et me remémore le dernier paragraphe qui parle de "changer de sexe". Personnellement, j'y ai vu le simple retour de l'auteure à la réalité de son sexe à elle. Une manière d'affirmer : "mais je ne suis pas un homme, je suis une femme et je préfèrerais qu'une femme m'aime telle que je suis". Comme quoi, nous comprenons tous des choses différentes en lisant. Les échos ne sont pas les mêmes.
Ce texte, je l'ai trouvé touchant. Voilà.
Frédéric - le 31/07/2009 à 16h26