LES TOILES ROSES
Fiche technique :
Soap américain en 1 pilote de 150 mn, puis 217 épisodes de 47 mn, diffusé sur ABC de 1980 à 1989, prolongé par 2 épisodes de 90
mn en 1991.
Créé par Richard & Esther Shapiro. Produit par Richard & Esther Shapiro, en collaboration avec Aaron Spelling productions. Producteurs executifs: Aaron Spelling, Douglas Cramer, Richard
& Esther Shapiro.
Musique: Bill Conti.
Avec: John Forsythe (Blake Carrington), Linda Evans (Krystle Carrington), Joan Collins (Alexis Colby), AL Corley, puis Jack Coleman (Steve Carrington), Heather
Locklear (Sammy Jo), Tracy Scoggins (Monica Colby), George Hamilton (Joel Abrigore).
L’avis :
Ce texte nous a été gracieusement fourni par le webmaster du site Dynastie Guide.
Ce site est librement inspiré de l’ouvrage de Stefan Peltier: Dynastie, Apologie de la démesure. Aux éditions "Car rien n’a d’importance". D’autres
passages sont de Christophe du site Dynastie2000.
En novembre 1981, CBS réalise le coup d’audimat du siècle. Pendant tout un été l’Amérique s’est demandée qui avait bien pu tirer
sur J.R., l’infâme héros de Dallas. 49 millions de foyers se sont branchés pour connaître la réponse à cette question. La concurrence analyse ce succès.
Abc se concerte avec Aaron Spelling, producteur de La croisière s’amuse, le programme le plus populaire sur la chaîne. Il faut utiliser la recette miracle et faire aussi bien que
Dallas. Mieux si possible.
Spelling travaille exclusivement avec ABC depuis 1967 et a déjà produit quelques séries au succès mémorables : Starsky et Hutch, Drôles de dames, Vegas,
L’Amour du risque. Il s’associe avec Richard et Esther Shapiro pour faire face au phénomène Dallas. Ces derniers lui proposent Oil, une saga qui oppose une famille de
travailleurs ordinaires à une dynastie milliardaire. Esther s’impose en faisant comprendre que s’il refuse de l’engager comme productrice, il n’obtiendra pas le contrat. Spelling décide de lui
faire confiance.
La série sera nommée Dynastie et diffusée en remplacement de Vegas. Pour attirer l’attention le premier épisode fait l’objet d’une solide publicité, et en trois heures présente
les intrigues de Blake Carrington, le nouveau J.R., tant au niveaux personnel que professionnel. Tout est plus luxueux à Denver qu’à Dallas. Le service de presse insiste lourdement sur ce point.
Que ce soit la boue des sites de forage ou les bijoux et fourrures, tout est authentique. Mais le public ne suit pas. Dynastie n’est que 45e dans les sondages au bout de
treize semaines, alors que Dallas est toujours en tête. Il faut vite rectifier le tir. L’aspect social de la série semble moins intéresser le public que ce qui se passe dans la grande
maison des Carrington. Les gens veulent de la démesure ? Et bien il faut leur en donner. On supprime la famille Blaisdel, trop proche du téléspectateur moyen, et on plonge dans le rêve et
l’évasion.
Le dernier épisode de la première saison se termine sur l‘arrivée dramatique d’une femme en tailleur blanc et noir, portant un chapeau à voilette. Il s’agit de la première femme de Blake, venue
témoigner contre lui à son procès. C’est à partir de cette intrigue que la série va trouver un nouveau souffle. L’arrivée de cette femme est l’idée d’Ellen et Robert Pollock les scénaristes
d’Hôpital central. Ce rôle apparaît comme le meilleur rôle féminin du moment. Sophia Loren est pressentie pour devenir Alexis Carrington. Mais elle refuse le contrat qui lui est
présenté. D’autres actrices prestigieuses sont alors considérées, mais Spelling a une préférence pour Joan Collins, une belle Anglaise qu’il a rencontré sur des tournages. Bien qu’elle ait une
longue carrière derrière elle, on la considère comme une Elizabeth Taylor de seconde zone. Joan hésite avant de signer le contrat mais se rend compte que le rôle peut relancer sa carrière même si
elle pense que la série ne durera pas longtemps. Mais Alexis devient vite la figure de proue de Dynastie. Elle incarne toute la démesure que demande le public. À la fin de la seconde
saison, même si Dallas est toujours loin devant, Dynastie est 20e, et son succès s’affirme. Dès le début de la troisième saison, les scénaristes donnent à Alexis les
moyens de sa démesure en la mariant à Cecil Colby qui meurt aussitôt pour lui laisser le champ libre et les poches bien pleines. Débarrassés de toute contrainte matérielle, les personnages de la
série peuvent s’adonner à leurs passions destructrices. En 1983, Dynastie est 5e. En 1984, la série monte à la 3e place. Dallas n’a qu’à bien se
tenir ! Si une belle garce a réussi à donner tant d’énergie à l’histoire, l’arrivée d’une seconde (sous les traits de Diahann Carroll) devrait encore faire grimper le taux
d’écoute.
La présence de Diahann Carroll, comme « la première garce noire de la télévision » (selon ses propres paroles) aux
cotés de Billy Dee Williams, attire les téléspectateurs noirs. Ainsi Dynastie dépasse enfin Dallas et se place en tête des programmes de la télévision américaine.
Cette cinquième saison (1984-1985) est l’apogée de la série. Les Carrington et les Colby évoluent dans un monde tellement
démesuré qu’il en devient fascinant. Il s’agit d’un univers où se côtoient la « jet-set », les dignitaires de plusieurs pays d’orient, les princes du pétrole, la royauté européenne et
les cow-boys mercenaires. Les décors et les costumes plongent tout ce monde dans une esthétique des années 30 qui accentue encore le décalage avec le réalisme fermier de Dallas. Ali Mac
Graw et Rock Hudson viennent compléter le tableau. La saison se clôture par un spectaculaire « clifhanger » : le massacre de Moldavie. Au mariage de la belle Amanda et du prince
Michael, toute la famille tombe sous les balles de révolutionnaires moldaves.
Mais ce triomphe ne sera plus renouvelé. Pratiquement tout le monde se relève du massacre. De plus les deux intrigues qui suivent, l’enlèvement de Krystle et les machinations du roi Galen
traînent sur onze épisodes. L’histoire s’essouffle. On amène à Denver la sœur d’Alexis et le frère de Blake, mais le mouvement est amorcé. La sixième saison finit en 7e position.
C’est pourtant cette même année que démarre Dynastie II Les Colby. En 1985 déjà, un projet de spin off était à l’étude autour du personnage joué par Rock Hudson. Mais la mort de l’acteur
y a mis fin. Devant la réussite de Côte Ouest, le spin off de Dallas, ABC se devait d’offrir à son public un deuxième Dynastie. La démesure ayant fait le succès de la
grande sœur, on décide de jouer cette carte jusque dans la distribution des Colby (Charlton Heston, Barbara Stanwyck, Katharine Ross et bien d’autres). Mais la recette a ses limites et les
Colby ont tendance à les dépasser. Barbara Stanwyck quitte la distribution au bout d’un an et la série ne durera qu’une saison de plus (elle n’est jamais rentrée dans le top 20 des
programmes).
Les saisons 7, 8 et 9 de Dynastie ne font que confirmer son déclin (respectivement 24e, 33e et 57e dans les sondages). Les acteurs se lassent. Quand en
1989 Linda Evans décide de partir et que Joan Collins ne signe que pour onze épisodes, il est clair que c’est la fin de l’histoire. Cependant les scénaristes donnent une fin ouverte à cette
saison. Il faudra attendre 1991 pour que la famille se retrouve dans La Réunion, une mini-série qui révèle enfin le sort des différents personnages. Les scores d’audience de ces ultimes
épisodes sans être mémorables sont cependant honorables face à des matches du World séries (le championnat de base-ball américain).
L’aventure des Carrington et des Colby est donc terminée. Il est peu probable qu’un Dynastie next generation voit le jour. L’ère de la démesure télévisuelle est terminée. Ce que veut le
public, c’est du réalisme voire de la réalité. Cependant Aaron Spelling a produit ce que l’on appelle déjà un nouveau Dynastie, Les Titans, avec Victoria Principal (Pamela dans
Dallas).
L'homosexualité en prime-time
Autre tabou auquel Dynastie s'est subtilement attaqué : l'homosexualité. Voilà un sujet que la télévision
américaine a beaucoup de mal à traiter encore actuellement. Cette gêne reflète le malaise présent dans la société américaine en général. Il a fallu attendre 1974 pour que l'homosexualité soit
officiellement retirée de la liste des maladies mentales aux États-Unis. Dès la fin des années 70, des personnages homosexuels sont introduits dans les épisodes de séries (ex: An American
Family en 1973), mais de manière très sporadique, très cliché et en arrière-plan.
Steven Carrington est le premier personnage régulier homosexuel de la télévision. Le côté positif de Steven pousse clairement le téléspectateur à le défendre. Par là, Dynastie prend une
position nette en faveur d'une évolution des mentalités. Pourtant, il a fallu user de détours pour ne pas choquer les téléspectateurs moyens. Blake est contre le style de vie de son fils. Il le
réprouve jusqu'au meurtre. Blake représente la voix de la majorité qui opprime le choix de Steven. Steven tout au long de la série aura tout le loisir d'argumenter face à son père, faisant du
même coup passer « en douce » le message à la population américaine. Une manière subtile de défendre une cause.
Le personnage de Steven n'est cependant pas totalement novateur. Il souffre des clichés en vigueur à l'époque. Il est introverti, cultivé et raffiné. On lui trouve des « excuses »
psychanalytiques. Bref, il colle à l'image propre et rassurante qu'on attend de lui. Ses amours se terminent en général assez mal. On pourrait penser qu'il s'agit d'un travail de sape : « ce
style de vie ne marche pas », mais n'oublions pas trop vite que nous sommes dans un soap opera et qu'il faut que les histoires de cœur se terminent mal pour relancer l'intrigue. Steven
n'est, finalement, ni plus, ni moins malheureux que les autres. Sa vie sexuelle par contre est montrée moins explicitement que celle des autres personnages. Les signes de tendresse du couple
Steven-Ted Dinard se limitent à des embrassades (pas des baisers) et des caresses de la main. Chris Deegan n'a droit à aucune attention particulière. L'évocation se précise avec Luke Fuller : une
porte se referme sur le rapprochement des lèvres des deux amoureux. Une scène de bagarre avec Bart Fallmont (qui n'est pourtant qu'un ami) est fortement érotisée. Mais à part ça... La vie
sexuelle et amoureuse de Steven est plutôt abstraite. Dynastie ne se fera jamais l'écho du SIDA (qui apparaît pourtant en 1981).
Les acteurs ayant incarné Steven Carrington
Al Corley : Avant d'être chanteur dans les années 80, Al Corley
était acteur aux côtés de Linda Evans dans Dynastie. Il sera le premier à quitter la série au bout de deux saisons, en désaccord avec les producteurs sur l'orientation sexuelle de son
personnage, Steven Carrington, son rôle étant homosexuel, il ne comprenait pas que l'on veuille que Steven soit attiré également par les femmes.
Jack Coleman : Bien
que les fans ont préférés Al Corley dans le rôle de Steven Carrington, Jack Coleman a repris avec succès le rôle de 1982 à 1988. Marié dans la vie, il assumait mal son rôle d'homosexuel, d'autant
que ses admirateurs gays lui envoyaient des lettres enflammées et quelque peu parfumées, ce qui l'agaçait fortement ! Il quitte la série en 1988 suite à de nombreux désaccords avec les
producteurs de la série . Il demande alors à ce qu'on modifie quelque peu son rôle, ce qui nuira à la crédibilité du personnage, pour finir par en devenir ridicule et totalement asexué ! Al
Corley, également marié dans la vie n'a jamais eu de problème avec son personnage, au contraire, il se battait pour que Steven reste un personnage homosexuel !
Pour plus d’informations :
1. Ce primetime soap (ou savon du soir) n'a pas débuté en 1980 mais en 1981.
2. Mauvaise orthographe du nom de John Forsythe (et non Forshyte) dans la fiche technique.
3. Dans The Colbys c'est Katharine (et non Katharina comme un ouragan qui passait sur moi...) Ross.
J'irais bien examiner le Dynastie Guide pour y noter toutes les coquilles, mais n'ai pas le temps.