LES TOILES ROSES


Naïvement, je croyais que tous ces sites de rencontres qui vous proposent de trouver l’amour pour la vie ou un « coup » pour une nuit étaient représentatifs d’une époque moderne en manque de communication. Jadis, les gens savaient se rencontrer. D’ailleurs, on les faisait se rencontrer. Le premier mariage de ma grand-mère paternelle fut arrangé par ses parents. D’accord, c’était à la fin du XIXe siècle. Non, je n’ai pas écrit une coquille, il s’agit bien de ma grand-mère, pas de mon arrière-grand-mère ni de ma trisaïeule. Je vous dis ça juste pour semer le trouble sur mon âge (suis-je né en 1952, ainsi que le prétend Daniel C. Hall ? Étais-je un jeune premier à Hollywood dans les années 30 et donc suis-je né pendant la Première Guerre mondiale ?) qui restera un secret d’État et l’objet des fantasmes les plus délirants. (Tu es certain que ça va rester un secret ? On parie ? Gnark… Gnark… [Note de Daniel])

Le XXe siècle étant celui des mariages d’amour (j’y reviendrai plus longuement une prochaine fois), les mariages arrangés avaient disparu de la société occidentale. Cela n’excluait pas une certaine endogamie de classe, les gens ayant conservé l’habitude de se marier dans leur milieu d’origine, dans leur patelin voire dans leur quartier. Simplement, ils n’avaient plus besoin que leurs parents jouent les entremetteurs plus ou moins intéressés, et savaient très bien se rencontrer tout seuls, que ce soit dans les bals populaires ou les réunions du patronage comme sur les bancs de l’école pour les plus précoces.

Il me semblait donc que le recours à un média impersonnel, en l’occurrence la petite annonce, n’était apparu que plus tardivement, quand il devint manifeste que Mars et Venus avaient désormais les plus grandes difficultés à lier connaissance dans la vie de tous les jours. Eh bien non ! Quelle ne fut ma surprise d’apprendre hier, en lisant les dépêches de l’Associated Press, que ce phénomène existait déjà en 1920 ! Et c’est un journal bavarois du dimanche, le Bild am Sonntag, qui s’en est fait l’écho.

Or donc, il y avait en 1920, en Bavière, un gendarme âgé de 43 ans et qui désespérait de trouver une épouse. Son désespoir fut tel qu’il eut recours aux petites annonces pour trouver la perle rare. Et le journal de nous apprendre que cet homme fit paraître une annonce en mars 1920, rédigée ainsi : « Petit fonctionnaire, célibataire, catholique, 43 ans, qui touchera une pension, souhaite rencontrer une bonne jeune fille catholique sachant cuisiner et un peu coudre (…) pour l’épouser dès que possible ». Mesdames et demoiselles, ne sautez pas au plafond en lisant ceci. À l’époque, il est vrai, c’est vous qui faisiez la cuisine et les travaux de couture. Passons sur la mention relative à la pension, qui me fait penser à la rubrique dans laquelle on fait état de ses revenus annuels sur son profil dans les sites de rencontres. Passons également sur la catholicité des époux, la religion catholique étant alors majoritairement répandue et pratiquée en Bavière. L’annonce n’a pas marché.

Le 11 juillet suivant, le type en question a reformulé son annonce. De « petit fonctionnaire » il devenait « fonctionnaire moyen », et précisait en outre qu’il avait un « passé irréprochable », probablement parce qu’un célibataire de 43 ans est censé avoir couru la prétentaine et jeté sa gourme un peu partout. Il s’agissait de rassurer les candidates sur sa moralité et sur son train de vie. Et cette fois, les arguments ont porté. Une cuisinière (quelle aubaine ! mais l’histoire ne dit pas si elle savait coudre…) nommée Maria Peintner a répondu à l’annonce. L’affaire était dans le sac, et le 9 novembre 1920 Maria épousait… Joseph Ratzinger senior.

Dès lors, il nous est permis de mieux comprendre le comportement de leur fils puîné, Joseph junior, aujourd’hui plus connu sous le nom de Benoît XVI. Un enfant a besoin de sentir que ses parents s’aiment d’amour, et qu’il est le fruit de cet amour. Or, je conçois qu’il puisse exister un doute sur l’existence de cet amour quand un couple se forme d’une façon si peu romantique. En filigrane de cette analyse, il apparaît que Joseph Ratzinger et Maria Peintner étaient deux désespérés qui ont eu recours à un expédient pour « faire une fin ». Pas de coup de foudre mémorable, pas de cœur gravé sur l’écorce d’un chêne, pas de billets doux parfumés à l’eau de rose échangés des mois durant en cachette des parents, pas de fugue nocturne… C’est d’une tristesse incommensurable. Comment s’étonner que leurs deux fils soient devenus curés ? C’était peut-être pour ne pas reproduire un schéma parental qui les gênait et les perturbait.

La prochaine fois que le pape parlera de l’amour, de la famille et de la valeur MARIAGE qui ne peut se concevoir qu’entre un homme et une femme, j’aurai une pensée pour l’enfant Joseph qui a peut-être regretté toute sa vie que son père et sa mère se soient connus au moyen d’une petite annonce passée dans un journal local. Gageons qu’au fond du cœur de cet homme, se cache un grand romantique qui pleure à la lecture des romans de Barbara Cartland.

Quant à moi, qui possède un profil sur deux sites de rencontres, j’envisage dorénavant de résilier mon inscription. Prise de conscience ? L’autre jour, dans le métro, je suis tombé sur l’affiche de Love Song, un film avec John Travolta et Scarlett Johansson qui sort demain sur nos écrans. Et me suis laissé interpeller par la phrase figurant sous le titre : « Les vraies rencontres sont celles qui relèvent du destin ».

Pour lire le précédent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.

Mar 12 sep 2006 3 commentaires
Oh, il a l'air tout triste et pas gai le petit Benoît en bas à gauche. Pas étonnant quand on voit la tête que font ses parents...
l'Abbé Cédaire - le 12/09/2006 à 10h53
Quelques extraits du Nouveau Testament :

Première Épître à TIMOTHÉE

 

Chapitre 2


 
8 Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement.
9 De même aussi, que les femmes se parent d’un costume décent, avec pudeur et modestie, non pas de tresses et d’or, ou de perles, ou d’habillements somptueux,
10 mais par de bonnes oeuvres, ce qui sied à des femmes qui font profession de servir Dieu.
11 Que la femme apprenne dans le silence, en toute soumission ;
12 mais je ne permets pas à la femme d’enseigner ni d’user d’autorité sur l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence ;
13 car Adam a été formé le premier, et puis Ève ;
14 et Adam n’a pas été trompé ; mais la femme, ayant été trompée, est tombée dans la transgression ;
15 mais elle sera sauvée en enfantant, si elles persévèrent dans la foi et l’amour et la sainteté, avec modestie.

 

Première Épître aux CORINTHIENS

 

Chapitre 14

 
 
34 Que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis de parler ; mais qu’elles soient soumises, comme le dit aussi la loi.
35 Et si elles veulent apprendre quelque chose, qu’elles interrogent leurs propres maris chez elles, car il est honteux pour une femme de parler dans l’assemblée.

 
 
Épître aux ÉPHÉSIENS
 
 
Chapitre 5.

 
 
22 Femmes, soyez soumises à vos propres maris comme au Seigneur ;
23 parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ est le chef de l’assemblée, lui, le sauveur du corps.
24 Mais comme l’assemblée est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs maris en toutes choses.
25 Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré luimême pour elle,
 
33 Toutefois, que chacun de vous aussi en particulier aime sa propre femme comme lui-même ; et quant à la femme, qu’elle craigne son mari.

 
Épître aux COLOSSIENS
 

Chapitre 3

 
 
18 Femmes, soyez soumises à vos maris, comme il convient dans le Seigneur.
19 Maris, aimez vos femmes et ne vous aigrissez pas contre elles.
20 Enfants, obéissez à vos parents en toutes choses, car cela est agréable dans le Seigneur.
21 Pères, n’irritez pas vos enfants, afin qu’ils ne soient pas découragés.
22 Esclaves, obéissez en toutes choses à vos maîtres selon la chair, ne servant pas sous leurs yeux seulement, comme voulant plaire aux hommes, mais en simplicité de coeur, craignant le Seigneur.

 
 
Romains 1
 
24 C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs coeurs, à l’impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes :
25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement. Amen !
26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes, car leurs femmes ont changé l’usage
naturel en celui qui est contre nature ;
27 et les hommes aussi pareillement, laissant l’usage naturel de la femme, se sont embrasés dans leur convoitise l’un envers l’autre, commettant l’infamie, mâles avec mâles, et recevant en euxmêmes la due récompense de leur égarement.

 
Corinthiens 6
9 Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point du royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas : ni fornicateurs, ni idolâtres, ni adultères, ni efféminés, ni ceux qui abusent d’eux-mêmes avec des hommes,
 
Timothée 1
8 Mais nous savons que la loi est bonne, si quelqu’un en use légitimement,
9 sachant ceci, que [la] loi n’est pas pour le juste, mais pour les iniques* et les insubordonnés, pour
les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les profanes, pour les batteurs de père et les
batteurs de mère, pour les homicides,
10 pour les fornicateurs, pour ceux qui abusent d’eux-mêmes avec des hommes, pour les voleurs
d’hommes, les menteurs, les parjures, et s’il y a quelque autre chose qui soit opposée à la saine
doctrine,
ANTIVIRUSBLANC - le 12/09/2006 à 13h36
Heu... Oui ? Je ne sais que dire... En tout cas, c'est vrai que c'est de la mauvaise lecture... Non ?
Daniel C. Hall
Une dédicace spéciale pour Joseph junior, dit Benoît.


Zanzi - le 16/09/2006 à 15h45