LES TOILES ROSES
JANN HALEXANDER
Jann Halexander est un chanteur franco-gabonais. Il est également pianiste, acteur et producteur. Le chanteur Jann Halexander naît le 13 septembre 1982 à Libreville (Gabon, Afrique centrale). Ancien étudiant en géographie à Angers, dans le Maine-et-Loire, il prend un pseudonyme que lui inspire la personnalité de l'artiste sud-africaine Jane Alexander, dont les sculptures représentent des êtres hybrides. Il est issu d'un couple mixte — père gabonais, mère française — ce qui se fait ressentir au travers de ses créations. Pour découvrir son univers, Jann a accepté de rejoindre l'équipe du blog Les Toiles Roses avec cette chronique qui vous transportera loin dans l'imaginaire fécond et délicieux de ce grand artiste.
10. La chanson, le public, la crise, Vincent Baguian,
Mylène Farmer et moi... Jann Halexander
Étrange « chose » que « le public ». Ce sont des amis... des amis des amis... des amis des amis des amis... des inconnus… des fans... des gens de passage... un ensemble parfois volatile. Étrange alchimie. Mais surtout le public... c'est vous !
Je suis toujours charmé quand je reçois des messages de soutien des gens ; régulièrement des internautes m'écrivent pour dire qu'ils aiment mes chansons, me couvrent de mots doux et encourageants quand je donne des récitals. Merci. Mais à celles et ceux qui le font et qui vivent dans la ville où je me produis, je dis : « Venez ! Venez, le public c'est vous... Les mots doux, c'est vous, le public c'est aussi vous. »
Je déplore l'étrange attitude des parisiens qui adorent crier sur les toits que Paris est une ville incontournable à cause des lieux culturels et pas chers. Ce sont les mêmes qui ne se déplacent jamais ou si peu. Si cela continue ainsi, des lieux mythiques comme « Le Magique », un exemple parmi d'autres, n'existeront plus... et Paris deviendra ville morte.
C'est l'une des raisons qui m'avait rendu hésitant. Depuis mars, j'avais donné des représentations à Bruxelles, Cologne, et ce fut toujours fantastique. Le public parisien, lui, me... rebute un peu... et pourtant quand tout se passe bien, je vous assure, c'est extraordinaire...
Pour un chanteur indépendant, évidemment, attirer et garder un public relève du chemin de croix. Bon,
c'est possible sinon j'aurais arrêter de donner des concerts depuis longtemps. Depuis le 19 novembre, au « Magique », une des plus vieilles
salles consacrées à la Chanson Française et tenue par le chanteur talentueux Marc Havet, à chaque fois il y a un peu de public. Jeff, mon attaché de
presse et avant tout un ami, se démène pour la promotion. Il envoie l'information au maximum de personnes car il faut aller vers le public. Quelques fois, il reçoit des emails d'insultes. Des
emails orduriers. Mais ni Jeff ni moi n'avons de temps à perdre avec la médiocrité. Nous avançons.
Je tenais à dire que depuis le 19 novembre, les gens qui viennent sont extraordinaires. C'est beau la Chanson, il faut le dire. la Grande Chanson. Car c'est ce que je pense faire. La Chanson c'est un beau partage. Quand je vous dis : « Venez ! », ce n'est point de la mendicité, non. C'est un appel à la beauté. La beauté d'un moment qui fait qu'on oublie nos tracas quotidiens, nos angoisses... Pendant une heure, nous nous évadons, nous allons vers l'ailleurs. Nous avons le droit de vivre ce genre de moment.
Et la Chanson ce ne sont pas uniquement les grands-messes sponsorisées par TF1, avec un prix d'entrée à 75 euros. C'est aussi les petites messes données par les artistes comme moi, pèlerins de la Musique : nous allons chanter un peu partout tant bien que mal, nous chantons nos propres chansons et chantons aussi celles des autres. C'est sûr, il nous faut du courage et rien n'est acquis. J'ai beau avoir sept ans de parcours et des milliers de cd et dvd vendus, je dois également avaler des couleuvres chaque jour. Heureusement j'ai l'esprit suffisamment libre pour me dire que je peux faire un autre métier pour respirer. Vivre normalement. Tiens, j'aimerais travailler dans une agence de voyages.
Le chanteur Vincent Baguian, que j'aime bien,
a d'ailleurs lui-même dit : « Ne vous découragez pas, vous les jeunes artistes, qui éprouvez vos chansons ambitieuses dans les bars difficiles, sans artifices, condamnés à tout donner
chaque soir pour convaincre un parterre clairsemé. » Phrase ô combien déprimante. Personnellement, je ne me sens pas concerné car je refuse tout simplement de végéter ou devenir aigri.
Alors je prends du recul. Cela va sans dire que mon attitude suscite la mesquinerie, les questions odieuses. Peu importe, je vis, je mange bien, j'ai une vie sociale et je voyage.
Je rebondis sur Vincent Baguian et son propos sur Mylène Farmer. En fait, je suis assez admiratif de son courage. Je lui ai dit que je ne m'inquiétais pas pour son compte en banque, que cette forme de « désillusion » à l'égard du Star-system était hâtif et sans doute pas vraiment sincère. Peu importe. Mais ce qu'on a reproché à Vincent Baguian en fait, ce que les fans de Mylène Farmer et plus globalement de radios merdiques comme NRJ, Fun Radio, Skyrock, d'émissions merdiques comme La Nouvelle Star, la Star Academy, c'est de briser le consensus autour du Star-system, de la Star. En fait, on lui a reproché, soyons francs, de s'attaquer, lui artiste peu connu (enfin plus que moi, quand même, hein... quoique...) à un Panthéon, à Mylène Farmer. Pour celles et ceux qui n'ont pas suivi cette polémique, vous pouvez aller sur la page myspace de Vincent Baguian, son blog, l'article est toujours là et vraiment digne d'intérêt. Je le dis moi-même : rien de pire, de plus abject que le « consensus ». On ne peut pas forcer tout le monde à être d'accord sur le talent ou l’absence de talent d'un artiste.
Pourtant, j'ai passionnément aimé Mylène Farmer. Puis un jour, j'ai décroché. Je n'ai jamais su pourquoi. C'était bien avant que je couvre le mur de mon bureau d'affiches d'Anne Sylvestre en concert (j'adore ses chansons pour adultes). Il n'empêche, j'ai consacré une chanson... hommage, on dira... à Mylène Farmer. J'ai reçu des emails d'insultes également. Le comportement humain est fantastique. La chanson s'appelait « La Dame Rousse » et figurait sur l'album Le Marginal.
Voici le texte :
La Dame Rousse
Texte et musique : Jann Halexander, 2007.
(Hommage à Mylene Farmer)
Blottie dans son fauteuil
Madame tient une feuille,
Lèvres douces, l'air songeur,
La plume tremble, l'encre pleure,
Et parsème des milliers d'ombres,
Nous ramène dans un autre monde,
De noirceur, la froideur est reine,
Ainsi vous êtes, Dame Mylène…
De mon enfance, vous faisiez,
Un sanctuaire de douces peines,
De mes tourments, vous dansiez,
La gestuelle était belle,
Vous étiez le miroir,
Déformant des cauchemars,
Et l'acier d'un regard,
Nous plongeait dans l'émoi.
Obsédé amoureux,
Je fixais vos cheveux,
Et le roux si luxueux,
Rougissait mes temps, nerveux,
Nulle logique, je tournoyais,
Jusqu'au vide, l'être s'envolait,
Privé de l'autre, seul dans ma peine,
J'pensais à vous, Dame Mylène.
La Dame Rousse, était un songe doux.
L'ombre au loin, était amour lointain,
Le cœur vibrait… la pluie tombait,
Mon cœur vibrait, Dame Mylène…
C'est ce qu'on appelle une chanson de circonstances.
Encore une fois, je le redis : la Chanson c'est aussi bien Johnny Hallyday, Polnareff que des artistes comme Vincent Baguian, Nicolas Bacchus ou moi... Vouloir créer des hiérarchies en musique, et en Art, c'est marcher sur des œufs en permanence, tellement la notion de subjectivité intervient.
Pour ma part, je ne donnerai pas de concert en 2010, me consacrant aux DVD et à un disque. Enfin si, je donnerai peut-être une date. Mais aux parisiens et aux parisiennes qui m'envoient de gentils messages, je dis : « Venez le 4 ou/et le 5 décembre. Le public c'est vous, venez me voir sur scène.... et sans orgueil, je le dis, vous ne regretterez pas. »
Récital
4 et 5 décembre au Magique.
42 rue de Gergovie.
Métro Pernety ligne 13.
20h30.
Entrée : 12 euros.
Réservation avec Billetreduc.com : 8 euros
http://www.myspace.com/lechanteurjannhalexander
Déclaration d'amour à un vampire II
Texte et musique : Jann Halexander, 2008.
(Après avoir connu la passion avec un vampire, un homme vit une vie de couple routinière avec Dracula)
J'ai fait l'amour à un vampire
Ma foi c'est pas ce qu'il y a de pire
À part deux p'tits trous dans le cou
J’étais normal rassurez-vous
Encore faut-il voir c´qu'est normal
De cafés en pause-déjeuners
Des siècles se sont écoulés
Et la passion a laissé place à une saine indifférence
Dracula m'a dit : que tu m'ennuies
On reste là et va la vie
Sors le cadavre du frigo et fais-moi un rôti
Nous menons une vie bourgeoise
Allons chaque été à Salzbourg
Passons l'hiver à Pretoria
Il veut un chien, je veux un chat, résultat nous n'avons rien
Pas même cette chose nommée enfant
Nous refusons une mère porteuse
On fait confiance à la science pour que les hommes deviennent enceintes
Faut qu'on rigole un peu
Dracula m'a dit : pas pour cette nuit
J'ai mal aux dents, j'ai des caries
Va donc voler un tour dehors
Voir si j y suis...
Maman prend le train pour nous voir
Papa emmène du vin de palme
La vie est douce et ennuyeuse
C'est ce qu’on appelle un couple heureux
Dans le monde occidental
Mais méfiez-vous de mon cynisme
Il est l’arme d une âme impudique
En tête-à-tête, seul dans une pièce, l'amour vibrant refait surface
Mon amour m'a dit : viens mon chéri
Nous nous aimons et va la Vie
Un jour nous ne serons plus mais peu importe
Ce que rien veut dire pour l’amour qu’on se porte
Ce que rien veut dire pour l’amour qu’on se porte...
TO BE CONTINUED...
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Pour en savoir plus sur Jann :
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Les photographies sont © Jeff Bonnenfant. Le texte est © Jann Halexander. Tous droits
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