LES TOILES ROSES

 


(6.05)

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À l’origine, la websérie Zanzi and the City est un billet d’humeur. Et si je revenais aux fondamentaux ? Au sortir de la triste année 2009, l’envie me saisit de pousser un coup de gueule sur tout ce qui me déplaît, et tant pis si cela fait grincer des dents, pleurer Margot, ou s’évanouir les âmes sensibles. Elles n’ont qu’à s’abstenir de me lire. Les autres, sortez votre flacon de sels !

 

Le débat sur l’identité nationale

C’est le gros buzz de la fin de l’année 2009. Au-delà des mers, il a même été demandé d’organiser des réunions pour que les Français de l’étranger participent au débat. Cette seule phrase suffit à poser une question intéressante : il y a donc des Français qui vivent à l’étranger, et donc, vivent leur identité nationale en dehors des frontières de la France métropolitaine. Qu’est-ce donc, pour eux, qu’être Français ? S’agit-il de contribuer, par la voie de l’expatriation, au rayonnement de notre grande et belle nation et de sa culture ? D’inscrire ses enfants dans un Lycée Français (pour info, la fille de Madonna est inscrite au Lycée Français de Londres) (1) ? De solliciter le consulat français pour tenir à jour son état civil et faire renouveler sa carte nationale d’identité et son passeport ? Pour des cumulards, binationaux voire trinationaux, qu’est-ce qu’être Français ?

Les historiens, eux, débattent depuis des lustres pour déterminer la date de naissance de la France. Leurs a priori dépendent beaucoup de leurs sympathies politiques. Les républicains pur jus la font naître en 1789. D’autres, moins limités, à l’épopée johannique (2). Pour d’autres, encore, la France est née à Bouvines en 1215. Les plus archéologues remonteront le temps jusqu’au baptême de Clovis. À l’école, je ne sais plus si cela se fait encore, la maîtresse nous enseignait « nos ancêtres les Gaulois ». La France remonte à Vercingétorix ! D’où, pour commencer, le postulat suivant : n’en déplaise aux déculottés, la France n’est pas née en 1789. À ce compte, elle serait plus jeune que les États-Unis d’Amérique. Un comble !

Cependant, quelle que soit la date retenue, de l’an -52 avant Jésus-Christ (bataille de Gergovie contre les légions de Jules César) à la prise de la Bastille, chacune illustre un événement lié à un sentiment d’appartenance nationale. La France n’est pas née d’hier, les débats dans la cour (la basse, celle où les coqs cocoricotent) non plus. Et si, être Français, ce n’était rien d’autre que d’être un débatteur râleur ?

 

Le terrorisme

Il nous empoisonne la vie depuis longtemps (je signale qu’entre 1793 et 1795 la France fut gouvernée par des terroristes, d’où l’appellation de « Terreur » pour qualifier la période), mais plus particulièrement depuis 9 ans. Le débat sur l’identité nationale a glissé sur l’immigration et de l’immigration aux islamistes qui fournissent le plus gros contingent actuel de terroristes. Je schématise l’idée générale. Entre-temps, les États-Unis se sont affolés suite à une tentative d’attentat sur un vol Amsterdam-Détroit. Conséquence : renforcement des contrôles déjà énormes et innovation technologique : les scanners corporels. Vous qui voyagez, sachez qu’aucun détail de votre anatomie n’échappera plus à l’œil aiguisé de l’agent qui vous déshabillera du regard. Tout ce qu’il faut espérer, c’est que ce luxe inouï de précautions permettra de détecter la présence indélicate d’une substance explosive dans le rectum. Interdira-t-on d’embarquer un passager dont les intestins produisent des gaz et qui risque de péter à tout instant ?

Le terrorisme, ce n’est pas seulement faire exploser des avions pour pousser les Américains à s’élancer sur de nouveaux théâtres d’opérations (euphémisme pour dire « faire la guerre »), comme par exemple le Yémen, où ils pourront expérimenter les dernières inventions de leurs docteurs Folamour (souvenez-vous que la première guerre du Golfe fut l’occasion de tester la bombe au graphite). Le terrorisme, c’est inspirer la crainte des peuples, de n’importe quelle façon, en répandant surtout des informations anxiogènes dans un monde qui a perdu ses repères traditionnels et n’accepte plus la mort. Les médias diffusant pendant des mois les feuilletons sur la grippe aviaire, puis le SRAS, enfin la grippe porcine alias virus A/HIN1, les 90 millions de doses avec lesquelles le gouvernement prétendait piquer toute la population, le business des groupes pharmaceutiques brassant des milliards en jouant sur la peur, c’est aussi du terrorisme. La crise financière ? Du terrorisme ! Et ce n’est pas fini, car dans le courant de l’année une nouvelle vagues de subprimes devrait venir frapper, ainsi qu’un ressac, les organismes cupides qui n’ont décidément rien appris du premier coup de semonce et continuent de s’en mettre plein les poches. Enfin le terrorisme, c’est aussi, hélas, menacer de la peine de mort quiconque pratique l’homosexualité en Ouganda.

Ah ! comme il semble loin, le bon vieux temps où l’on voyageait en toute insouciance avec un passeport fait à la main. En ce temps-là, on pouvait aussi fumer dans les avions.

— Quoi ? Fumer ? Mais fumer tue, provoque le cancer, blablabla…

— Ta gueule, terroriste !

 

(1) À l’étranger, est un Lycée Français un établissement qui dispense un « enseignement Français », c’est-à-dire, celui qui est dispensé dans les structures françaises selon les critères de l’Éducation nationale. À ne pas confondre avec un lycée qui dispenserait un enseignement « en français » selon les méthodes en vigueur dans le pays où il se trouve.

(2) Épopée johannique : terme qualifiant les aventures de Jeanne d’Arc (1429-1431), qui « bouta l’anglois hors de France ».

 

 

TO BE CONTINUED...

10 janvier 2010

Lun 18 jan 2010 Aucun commentaire