LES TOILES ROSES


bhv_vincy10.jpg Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

EN L'ABSENCE DES HOMMES...

     

Tous les goûts sont dans la nature. C’est peut-être ce qui rend les jeux de l’amour (et du hasard) si intrigants, voire fascinants. Pour le reste, on me permettra ici quelques avis subjectifs et partiaux. L’idéal masculin, évidemment sous-entendu le mec qui fait bander dès qu’on en voit une image, varie selon les cultures. Individuellement on va chercher son semblable – c’est fou comme les homos peuvent se ressembler dès qu’ils sont en couple – ou alors, bien au contraire, on est attiré par son contraire. C’est mon cas, j’ai une peau cachet d’aspirine, des origines flamandes et les yeux bleus, et je ne tombe amoureux que de méridionaux, bruns aux yeux sombres.

 

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En voyageant, on peut être surpris des idéaux des autres. Bien sûr les jeunots comme Robert Pattinson ou les sportifs de type Yoann Gourcuff sont plutôt universels et envahissent les pages de magazines, les écrans de télévision et les murs des chambres pour mieux nourrir les fantasmes de nos hormones affamées.

 

HAPPY TOGETHER

Récemment, à l’occasion de la Gay Pride de Buenos Aires, un important hebdomadaire argentin interrogeait les homos sur leur mec le plus bandant parmi les peoples du coin. Aucun ne me semblait sexy. Tous velus, barbus, gras. Faut dire qu’en s’enfilant 70 kilos de bœuf chaque année, le mâle argentin avale sa dose de protéines (si on ajoute le sperme pour les gays, imaginez…), et forcément, ce surplus se glisse dans le gras du bide [Qu’est-ce que tu as contre les gras du bide comme ton vénéré patron ? T’es virééé ;-) ! (Note de Daniel C. Hall)]. Mais voilà, pour la bitch du coin, c’est le « proto-type » du macho bandant. Il y en aura toujours pour aimer les gorilles du genre Sergi Lopez (comprendre c’est pas mon genre). Les footballeurs gays argentins – qui ont fait il y a quelques mois un calendrier similaire à ceux des Dieux du Stade – sont pourtant plus épilés, et plus musclés. Davantage dans les critères répandus par les couvertures de magazines « communautaires » (comprendre, ça semble pas plus son genre).

 

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J’aurais adoré vous montrer quelques exemples mais le surpoids en Mafalda nous a contraint à nous débarrasser du magazine ; j’étais trop effrayé par le souvenir affreux d’une surcharge hors de prix à l’aéroport de Shanghai il y a trois ans.

 

EAST PALACE WEST PALACE

Et puisque l’on parle de la Chine, « transitionnons » vers l’Empire du milieu. Là-bas, les poils sont rares et leur paraissent insolites (très drôle de voir les petits rires des masseuses quand elles découvrent vos mollets). Certains occidentaux caucasiens ne fantasment que sur les corps imberbes et sans âge des asiatiques. Les Chinois représentent un marché formidable avec 20 millions de garçons homosexuels dans le pays. Les commerciaux de chez L’Oréal doivent en jouir de plaisir en pensant à leurs commissions.

Depuis 9 ans, sans doute pour affronter une logique démographique où la politique de l’enfant unique a conduit à avoir plus de garçons que de filles, le régime chinois a décidé de ne plus réprimer pénalement les gays, et ne les considère plus comme des malades mentaux, même s’ils sont ouvertement moqués ou méprisés par une population en plein désarroi face à ce « phénomène ». L’homophobie et la condamnation religieuse sont peu notables comparées aux arguments d’une société traditionnelle et fermée. Souvent le rejet vient des familles directement, plus que de la société. Les homos chinois restent discrets, même s’ils commencent à s’afficher (Gay Pride à Shanghai cette année, revendications politiques en faveur du mariage gay, premier bar gay à Dali). Aidés par les expatriés, les gays des classes très favorisées sont souvent les seuls à se montrer.

 

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Un mariage a même eu lieu, symboliquement à Chengdu, dans un bar. Le quotidien national en langue anglaise, le China Daily en a fait sa une. On progresse.

En revanche Mister Gay n’a pas pu s’organiser. Le gay le plus sexy de Chine devra attendre. Ils étaient huit postulants à s’affronter dans quatre épreuves (défilé classique, défilé en maillot, questions-réponses, talent particulier). Le tout devait aider à participer à Mister Gay Monde à Oslo le mois prochain. Mais Mr Gay a été annulé. La police est intervenue plaidant qu’il n’y avait aucune autorisation pour que l’événement ait lieu. Si on ne peut plus se montrer en slip dans un bar sordide… Ceci dit, j’aurais été incapable de voter pour qui que ce soit. Pas à ma saveur. Trop féminins, ambigus, jeunes…

 

LITTLE MISTER SUNSHINE

Les Américains adorent se muscler jusqu’à l’excès. Les Russes, désormais, s’épilent. Les quinquas élitistes parisiens se tapent des jeunes beurs banlieusards. On nous a évoqué les métrosexuels, les übersexuels… à quand les nanosexuels, les mégasexuels, les appsexuels… ?

 

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Mais d’ailleurs, ce mystérieux Mister Gay, il est dans quelle catégorie ? Un petit brun plus latin que germanique, et pourtant bien suisse de 24 ans. Ou un grand black australien bien bâti, sans un poil, du même âge ? Ou encore un jouvenceau américain de 21 ans, blondinet, plus charmant que beau, sorti de sa ferme, élevé au lait ? Ceci dit, tous ces mecs dans la vingtaine présents dans ces concours me font penser immanquablement à des acteurs de porno gay. Du coincé sud-africain qui se verrait bien militaire dominateur au jeune minet péruvien qui se ferait avec joie une tournante à n’importe quelle heure de la journée, on se les imagine très bien dans des scénarios assez divers : bavant sur le plombier, attiré par le flic du coin, en visite médicale, dans les vestiaires... Ce qui est étrange dans tous ces « panels », c’est que le minet de type Bel-Ami est assez inexistant désormais. Et ne parlons pas du moustachu type Village People/Tom of Finland, espèce en voie d’extinction.

Les objets de désirs, de fantasmes changeraient-ils aussi avec les époques ?

 

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Vincy (19 janvier 2010)

 

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TO BE CONTINUED...
Mer 20 jan 2010 Aucun commentaire