LES TOILES ROSES


bhv_vincy10.jpg Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

L'ÉTOILE ROSE (2)

 

 

« Dois je parler ou me taire ? et pourquoi taire ce qui est plus vrai

que la vérité ? » (Erasme, Éloge de la folie)

 

 

Avant d’aborder ma nouvelle décennie, il fallait que je fasse une fois dans ma vie cette fameuse Gay Pride. J’en ai souvent contesté les effets : peu représentative de l’homosexualité dans son ensemble, caricaturant à outrance l’image que s’en font les ignorants, carnaval un peu mercantile… J’en ai jamais dit le bien que je pouvais en penser : rassemblant ceux qui se sentant exclus et qui peuvent s’affirmer enfin publiquement, fête bon enfant joyeuse et vibrante, et bien entendu symbole historique : quelques jours avant ma naissance, la première marche des fiertés (la Christopher Street Liberation Parade à New York) avait lieu pour réagir aux émeutes de Stonewall l’année précédente.

Plutôt que de vous faire partager ma vision, je préfère vous raconter une histoire. Celle inventée d’une longue marche entre Port Royal et Bastille, où chaque visage, chaque corps, chaque mouvement de foule m’ont inspirés un commentaire, un délire, et finalement un feuilleton. Tout est inventé, imaginaire. Quoique.

 

Épisode 2 

 

 

Ils sont venus de partout. Du Marais, de France, de Navarre, d’ailleurs… Le Tour de France, alias les mecs à coque, a été solidaire. Les petites Reines aimant le contact de la selle, ces forçats de la pédale ont ouvert la voie aux piétons qui ont pu caresser leur cul bien moulé du regard.

 

bhv_gp_04.jpg

 

Suivaient pas loin, les bonnes sœurs. Les acteurs du remake Le Gendarme et les gendarmettes (version Queer mais pas X avec François Sagat dans le rôle de Louis de Funès), véritable triomphe en salles (y compris en Thaïlande), ont réutilisé leur 2CV pour l’occasion. Les passants étaient en liesse. « Bienvenue chez les Fiottes » qu’on entendait ! Au volant M Pokora, qui joue le rôle de Danièle Gensac dans cette revisitation qui a choqué l’église, portait un marcel de son précédent film, Les Aventures de ma bite Jacob.

 

bhv_gp_05.jpg

 

Et puis la voiture officielle est arrivée. Un truc en plumes. Roses évidemment. Car si la vie ne l’est pas (en rose), il n’y a pas de raison de rappeler la couleur officielle de la gaytitude. Le haut-parleur hurlait des airs de Marlène et de Cabaret. Un air de Berlin des années 30. La Berline ce n’était pas cette caisse, mais bien l’atmosphère de ce samedi. Insousciante et glamour, libre et sans tabous, transgressive et ouverte à toutes les minorités : noirs, asiats, beurs, handicapés, tziganes, tous ces « fous » que nous sommes. Comme le disait Erasme : « On est d’autant plus heureux qu’on a davantage de registres à son délire, pourvu qu’on demeure dans le genre de démence qui m’est propre, domaine si vaste que je me demainde s’il est possible de trouver parmi tous les mortels un seul qui soit sage à toute heure, et qui ne soit possédé d’aucune sorte de délire ».

 

bhv_gp_06.jpg

 

(Vincy, 1/08/2010)

 

Lire les précédentes chroniques


TO BE CONTINUED...
Mer 11 aoû 2010 Aucun commentaire