LES TOILES ROSES


Fiche technique :
Avec Benoît Delière, Thibault Boucaux, Johnny Amaro, Adeline Ishiomin, Amandine Maugy, Michel Derville, Gaétan Borg, Patrick Esilva, Jean-Christophe Bouvet et Christian Guidicelli. Écrit et réalisé par Bernard Alapetite et Cyril Legann. Équipe technique : Assistants réalisation Olivia Darcol (1ère), Sylvain Daumer (2d) - Chef opérateur Joachim Villain - Assistant Caméra Jonathan Delafon - Ingénieur du son Alexis Aufray - Scripte Delina Pierre - Chef électricien Aurélien Cachoir - Electro Emmanuel Soule - Chef machino Michel Anglio - Casting figuration Jérôme Bonnaffé, Maïka Cordier - Accesoiriste Gaëlle Touati - Maquilleuse Amandine Roberto - Making-of Sebastien Martinez - Régisseur général Emmanuel Meneghini - Régisseurs Anthony Bouinière, Clovis Libert, Suzie Guillermic - Couleurs - Une production Bernard Alapetite / eKlipse
Durée : 55 mn. Disponible en VF et VOST anglais.

    

Résumé :
Sébastien vient de s'installer à Paris, il se fait désormais appeler « Zack » et a totalement changé d'apparence. D'un adolescent timide et renfermé, il est devenu un jeune homme qui aime séduire et se mettre en valeur. Pourtant quelque chose dans son passé à La Baule n'est pas tout à fait résolu : épris de son meilleur ami, Romain, il a vécu une histoire d'amour contrariée qui le poursuit malgré lui. Perturbé par les stigmates d'un départ précipité et ses difficultés à trouver des repères dans sa nouvelle vie, Zack ne demande pourtant qu'une chose : être aimé...

    

L’avis de Zanzi :
Si vous souffrez d’une insomnie, vous pouvez, comme moi, vous endormir devant un film de Wong Kar-Wai, de préférence le très soporifique In the mood for love, ou vous passer le DVD de Comme un frère. S’il ne vous endort pas dès les premières minutes, ce moyen métrage sans queue ni tête vous fera bailler d’ennui pendant 55 minutes et 53 secondes. Encore maintenant, je me demande ce que les auteurs (ils s’y sont mis à deux pour tourner ça !) ont bien voulu raconter comme histoire. Le film nous épuise en d’incessants allers-retours Paris-La Baule, à mesure que le personnage principal, Sébastien alias « Zack », se remémore en flash-back les moments qu’il a passés près de la mer avec ses amis, en particulier avec Romain dont il était amoureux. Malheureusement, si Romain aime Sébastien, c’est… comme un frère. Alors Sébastien fuit, et part en catimini retrouver son père à Paris. D’emblée il lui fait son coming-out au cours d’une scène sans passion ni larmes qui ne restera pas dans les annales. D’ailleurs, cette scène parisienne n’est pas la première du film qui s’ouvre sur une sortie en boîte au cours de laquelle Zack rencontre Bruno qui deviendra par la suite son petit ami. Auparavant, quelques clichés très gay et parisiens vont défiler en boucle autour du personnage de Zack : Zack la pétasse qui se maquille les cils, s’hydrate le visage et les lèvres, et essaie dix mille fringues en se déhanchant sur une chanson de Jeanne Mas avant de sortir en boîte ; la rencontre entre Zack et Bruno ou comment deux mecs s’adonnent à la drague à deux balles, les lamentations de Zack qui est dégoûté d’avoir 20 ans car il trouve qu’il est en train de vieillir, et la scène la plus hallucinante : Zack qui fait un plan cul par téléphone ! À l’heure d’Internet et des sites de rencontres, j’aurais préféré voir un ordinateur portable. Mais peut-être qu’avec la chanson de Jeanne Mas nous étions vraiment dans les années 80 et que, déjà à moitié dans les vaps, j’ai zappé la séquence où apparaît le minitel rose… La scène où Zack rencontre son plan cul téléphonique est peut-être la plus intéressante, car elle illustre assez bien la grande misère des relations humaines et les hésitations que deux personnes qui ne se connaissent pas et se rencontrent pour baiser peuvent ressentir. Pour le reste, c’est un peu n’importe quoi. La juxtaposition des scènes à Paris (le présent de Zack) et des scènes à La Baule (son passé) rend le film plutôt décousu. Quant à la dernière scène, elle laisse le spectateur sur sa faim. Du côté des acteurs, Benoît Delière est mignon mais son jeu n’est pas assez réfléchi ni tourmenté, alors qu’une histoire d’amour contrariée est censée le hanter. Thibault Boucaux (Romain) est lui aussi mignon dans son genre, mais malheureusement, son jeu est aussi expressif que celui d’un bigorneau dans un parc à huîtres. Force est de constater que lorsque Romain vient de se faire larguer par sa copine Sophie et que l’instant d’après, sur un banc, il dit à Zack « Tu es mon meilleur ami » puis l’embrasse tendrement sur la bouche, il n’est pas crédible. La seule à se tirer honorablement de cette œuvre insipide est Adeline Ishiomin qui interprète Marine, l’amie de Zack. Elle a l’air de l’aimer… comme une sœur, mais il semblerait qu’elle ait eu envie de plus. Une demi-heure supplémentaire pour parvenir au long métrage aurait peut-être permis aux auteurs d’explorer cette face cachée des amours mortes de leur héros.
L’avis de Francis Lamberg et Laurent Mullens (La Lucarne) :
Sébastien, 20 ans, a quitté La Baule pour Paris, où il vit depuis 1 an. Malgré son parcours parisien de séducteur en série, il est obsédé par une fixation sur l’amour l’impossible qu’il a vécu avec son meilleur ami… Bernard Alapetite est le fondateur et la cheville ouvrière du label Eklipse qui édite des films à thématique homosexuelle en DVD. La réalisation d’un film était une ancienne envie, non encore accomplie. C’est chose faite avec Comme un frère qu’il a co-écrit et co-réalisé. Par ce film, il avait « le désir de montrer, à travers une histoire simple, sans prosélytisme aucun, que pour un jeune homme, l’homosexualité peut être vécue non comme une malédiction mais comme un accomplissement. »

Cyrill Legann, le second co-auteur et co-réalisateur de Comme un frère est connu pour ses articles sur le cinéma dans Illico et dans Objectif Cinéma. Il a été remarqué pour sa captation de la pièce Vie et mort de Pier Paolo Pasolini.

Comme un frère est la première production cinématographique de la société Eklipse.
Comme un frère bénéficie d’une excellente photo et d’une remarquable utilisation de la lumière. La prestation de Benoît Delière, dans le rôle de Sébastien alias Zack, est, elle aussi, remarquable. Il s’agit littéralement d’une incarnation, à la fois naturelle et détachée. À tel point que les scènes de sexe ne sont pas simulées. Ce qui amène une véritable et intéressante tension testostéronée, ponctuant le déroulement de l’histoire. Nous ne pouvons pas dire autant de bien du jeu plat et à côté de la plaque de Thibault Boucaux qui interprète Romain, l’ami fusionnel dont est amoureux Sébastien. Malheureusement, Comme un frère pâtit de l’usage de lieux communs cinématographiques tels ce corps à corps amical et ambigu sur la plage, ou cette douche prise pour se laver des souillures du sexe compulsif. La narration se traîne dans une langueur qu’elle peine à communiquer et qui s’avère un peu rasoir. Néanmoins, ce film est touchant de sincérité, sans fausse pudeur.
Extrait : « Quand on traîne avec un pédé, doit y avoir un truc louche derrière… »

Pour plus d’informations :
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Ven 9 mar 2007 4 commentaires
Il est curieux pour un critique de se voir critiqué pour un film qu’il a réalisé. Je vais réagir à ces critiques comme j’aimerais que le fassent les cinéastes, que bien souvent j’étrille, aux miennes.
Je suis ravis d’être jaugé à l’aune de Wong Kar-Wai qui est un des plus grands cinéastes en activité, même si c’est pour notre talent à favoriser l’endormissement. Si Wong Kar-Wai endort Zanzi je comprend que ce dernier peine à comprendre mes intentions et qu’il préfère les soaps plus en rapport avec ses facultés intellectuelles et ses possibilités de concentration. Comme un frère n’a pas en effet une construction linéaire, ce qui n’a pas gêné la quarantaine de festivals qui l’ ont sélectionné de par le monde. Comme je l’ explique dans le making of le véritable sujet du film est la mémoire et comme la génialement montré Marcel Proust celle-ci n’ est en rien linéaire mais elle est en revanche elliptique comme l’ est Comme un frère. Cinématographiquement notre référence était Presque rien de Sébastien Lifshitz qui a la même thématique et qui fut tourné dans les mêmes parages ce dont je ne suis pas pour rien...
Je revendique pour les gays le droit d’être une folle et une pétasse (Je ne pensais pas que ce qualificatif, au vu de ses écrits, pouvait avoir une connotation négative pour Zanzi). Pour moi Un bon gay n’ est pas forcément un gay invisible (voir ci-dessus). J’ aurais même aimé que pour les plans d’ouvertures qui errent sur le corps de Zack on ne se rende pas compte tout de suite qu’ il s’ agissait d’ un garçon mais l’ acteur n’ était pas assez androgyne pour cela. Quant aux clichés je les assume mon propos était de faire le portrait d’un jeune gay ordinaire et j’ai voulu bannir l’extraordinaire. Il est curieux de constater que beaucoup de gays français ne supportent pas de voir leur image dans le miroir qu’on leur tend. Ils appellent ce qu’ils voient cliché alors que ce n’est qu’ eux même qu’ ils découvrent. Ce qui explique peut être l’ accueil bien meilleur qu’a reçu le film hors de son pays.
Quant au jeu de Thibault Boucaux (Romain) que Zanzi trouve aussi expressif qu’un bigorneau dans un parc à huîtres. Je lui répondrais que, grand arpenteur de plages, j’ai rencontré beaucoup de bigorneaux plus expressifs que ce garçon, pas méchant au demeurant. Alors pourquoi, me direz vous, l’ avoir choisi. Je ne l’ ai pas choisi. Il m’a été imposé: pas de Thibault pas de moyens techniques pour faire le film, donc pas de film. J’ai donc préféré me coltiner la direction de ce presse papier (une galère de chaque instant) et que le film existe. Ce que je ne regrette pas. Situation très très courante que connaissent presque tout les réalisateurs. J’ ajouterais qu’ il y a un gros problème en France pour trouver de jeunes acteurs tout d’ abord la plupart savent à peine lire (merci l’ Education Nationale); ensuite alors qu’ un jeune anglais voudra être comédien, le jeune français voudra être acteur et si possible staaaar (merci la télévision) enfin pour nombre de parents le métier de comédien est encore perçu comme infâme (ce qui n’ est pas du tout le cas de l’ autre coté de la Manche) d’ où un recrutement chez les couches les moins cultivées de la population. Ce qui a pour résultat un fossé de plus en plus grand entre le réalisateur généralement issu d’ une tout autre couche de la société (et c’ est aussi un problème) et ses acteurs....   
bernard alapetite - le 10/03/2007 à 10h16
Bonjour,
j'ai acheté ce film et je dois dire que ce que je reproche le plus, en dehors du très mauvais jeu de Thibault, c'est le manque d'émotions. benoît est excellent mais ses partenaires peinent à créer une émotion commune (en dehors de celle sexuelle, réeelle si j'en crois une scène). J'aime tout de même ce film même si ce pouvait être un court métrage. De plus j'aime la Baule, alors je pardonne... Excusez ma franchise...
Bon courage pour ce magnifique site !
F
Francesco - le 11/03/2007 à 19h19
@ Bernard : MDR ! Mes "facultés intellectuelles et mes possibilités de concentration"... J'adore ! c'est bien envoyé, quel savon !!! Il est vrai que je préfère les films qui me distraient, me vident la tête et reposent mon intelligence, plutôt que les oeuvres cérébrales et fadassent de ce cinéma que l'on qualifie "d'auteur", comme si les autres réalisateurs n'étaient pas des auteurs (petite digression pour dire que je préfère l'expression de "cinéma d'art et d'essai"). Encore qu'un film porteur d'un message ne me rebute pas, pour autant que la mise en scène le rende efficace (cf. "Blood Diamond" et le diamant dans les conflits africains, les enfants de la guerre...). Je relève néanmoins la pertinence de votre propos sur la différence notable qui existe entre les anglais et les français. A cet égard, je vous renvoie au dernier numéro de STUDIO (Jude Law en couv') qui dresse l'état des lieux de l'école anglaise et de son savoir-faire. Nos voisins d'outre-Manche y sont comparés aux américains, et le rapport tend nettement en faveur des artistes issus de la vieille Albion. En passant, j'aimerais beaucoup en savoir plus, "off the record", sur la galère que vous connûtes en dirigeant Thibault le joli bigorneau. Entre nous, je reconnais qu'il ne me déplairaît pas de vérifier s'il est meilleur amant que "comédien"... et à l'occasion, de lui donner des cours d'art dramatique (et "dramacouinique", Daniel comprendra).

{Thibault, si tu nous lis, sache que ta meilleure scène c'était la branlette dans la salle de bains ! - non je rigole... -}

Je termine ce message en portant à votre connaissance que j'ai dû rédiger la critique de "Comme un frère" sous la menace d'une arme.

Z.

Post Scriptum qui n'a rien à voir : je vous apprends, pour le cas où vous l'ignoreriez encore, que la France a une nouvelle Madame Royale qui n'a rien à voir avec Marie-Ségolène. La princesse Eugénie de Bourbon, fille de Louis XX, est née à Miami lundi dernier. Sursum corda ! Nous aurons un dauphin la prochaine fois, in'ch Allah !
Zanzi - le 12/03/2007 à 10h33
9 mois après le dernier commentaires, je me réveille ! lol
J'ai aussi le DVD chez moi, et par contre j'ai bien aimé à contrario de "Zanzi" qui, je trouve, a été un peu dur dans les termes qu'il a pu employer.
Certes il y a quelques défauts de jeu, mais je pense que c'est assez bien réussi de ce côté là, que ce soit, Benoît Delière, Adeline Ishiomin, Johny Amaro, Michel Derville etc...
Ce qui me choque aussi de la par t d'un critique c'est ce genre de phrase "Thibaut, si tu nous lis, sache que ta meilleure scène c'était la branlette dans la salle de bains (...)" sencé à priori être drôle, mais qui révéle, à mon avis, un gout de la part de l'auteur pour le porno. Et si j'ai bien raison, il devrait plutôt commenter des "Bel-Ami", ah non c'est vrai il aime pas quand ça tombe dans le coté "pétasse", donc il devrait commenter des "Falcon", et avec un peu chance il s'endormira pas devant son écran cette fois-ci...
De plus il rédigerait sa "critique" sans être sous la menace d'une arme ! Bref que des avantages, pour lui. Il devrait y penser.
Pour en finir avec lui, il n'a pas aimé, et chacun a le droit de penser ce qu'il veut, mais je pense qu'il aurait pu soigner un peu la forme !
Je vais conclure en disant / écrivant que je serai plsu de l'avis du 2ème commentaire (de Francesco), et félicitation à l'équipe de "Comme un frère" !
S.
Scorpio - le 19/12/2007 à 20h10