LES TOILES ROSES
Fiche technique :
Avec James Van Der Beek, Shannyn Sossamon, Ian Somerhalder, Jessica Biel, Parker Posey, Clifton Collins Jr, Faye Dunaway, Thomas Ian Nicholas, Kip Pardue, Clare Kramer et Eric Stoltz. Réalisé par
Roger Avary. Scénario de Roger Avary, d’après le roman de Bret Easton Ellis. Directeur de la photographie : Robert Brinkmann.
Durée : 110 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Sean Bateman, dealer amateur cynique, qui reçoit de mystérieuses lettres d'amour. Lauren Hyde, jeune vierge, qui suce son professeur en attendant de donner son hymen à son petit ami parti en Europe. Paul Denton, bisexuel, qui compte ravir le cœur de Sean. Lana Holeran, blondasse superbe, qui aime parader en sous-vêtements devant l'équipe de foot. Eux et quelques autres sont étudiants et américains. Eux et quelques autres sont soumis aux Lois de l'attraction.
L'avis de Cyberlapinou :
« Ladies and gentlemen... I'M SATAN ! » C'est par cette phrase diffusée aux alentours de 150 décibels que Roger Avary a salué le public de la Cinémathèque, dont faisait partie votre serviteur. Dès lors, comment ne pas aimer un tel homme ? Mais restons objectifs. Aussi sympathique que puisse être un réalisateur, ce sont ses films qui comptent. En l'occurrence Les Lois de l'attraction.
L'Inadaptable. Les Lois de l'attraction est une adaptation d'un roman de Bret Easton Ellis. Cette simple donnée en dit long sur l'aspect casse-gueule du projet du sieur Avary. Un : parce qu'Ellis fait partie aux côtés de bonhommes comme Michel Houellebecq et Chuck Palhaniuk du club des écrivains provocateurs faisant le constat du déclin de la civilisation occidentale à coup de sexe triste et de violence extrême.
Une adaptation implique forcément au mieux un adoucissement, au pire une édulcoration pour ne pas faire péter les synapses des censeurs du monde entier. Deux : parce qu'au contraire de messieurs Houellebecq et Palhaniuk, Ellis n'a même pas la politesse de proposer une quelconque forme de narration classique, préférant juxtaposer des scénettes rendant compte du néant abyssal dans lequel évoluent des personnages prisonniers de leur propre superficialité.
Grammaire. Face à un tel problème dramaturgique, trois possibilités sont offertes. On peut considérer le projet, l'étudier, travailler dessus puis laisser tomber car tout ce travail ne peut que mener nulle part. C'est ce qu'ont fait Oliver Stone et David Cronenberg, et on les comprend. On peut s'attaquer au bébé avec un couteau électrique et rajouter personnages et évènements afin d'assurer à la structure un semblant de construction et de progression. C'est ce qu'a fait Mary Harron sur American Psycho, avec des résultats plus que mitigés.
Reste la troisième option. Celle que j'appellerai la technique Aronofsky. Technique qui se résume à un constat. Un livre est composé de mots et de phrases. Un film de sons et d'images. Il ne faut donc pas hésiter à faire la conversion et ne pas faire le compromis d'un « cinéma littéraire ». Une idée qu'on aurait jamais eue en France, bienheureux pays de la caméra-stylo (et pourquoi pas pinceau-burin tant qu'on y est ?). Une idée qu'a appliquée avec succès Roger Avary.
Cynisme. Les Lois de l'attraction tourne donc autour de jeunes étudiants beaux, riches mais soumis à un néant existentiel total, comblé à coups de beuveries, de cocaïne et de sexe impersonnel. C'est tout ? Oui, pour ainsi dire. Avec un tel postulat, comment pondre un film de 110 minutes qui tienne la route, surtout quand le casting est un ramassis de belles gueules sorties de séries pour ados (James Van der Beek) et de couvertures de magazines (Ian Somerhalder) se retrouvant à jouer des personnages totalement antipathiques ? Technique Aronofsky.
On travaille la grammaire filmique, on muscle les effets de style et on insiste tellement sur le visuel/sonore qu'on transcende l'idée d'esthétisation. Avary avait prouvé avec Killing Zoe son aptitude à filmer des personnages se mettant la tête à l'envers. De ce point de vue, on comprend ce qui l'a attiré dans le livre d'Ellis. Haschisch, bière, ecsta, coke, vodka, on n’avait pas vu un tel festival depuis Las Vegas Parano.
Pour plus d’informations :
Site du réalisateur Roger Avary (en anglais)
Site de Ian Somerhalder (en anglais)
Mer 14 oct 2009
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