LES TOILES ROSES


L'auteur :
Née en 1967 à La Nouvelle-Orléans, récompensée en 1994 par le British Fantasy Award, Poppy Z. Brite fait figure de chef de file d'une nouvelle génération d'auteurs entre littérature underground et terreur. Son oeuvre provocatrice dévoile la réalité froide et crue d'une société puritaine à la dérive.
L'avis de Stéphanie Nicot :
« Nous attachions leurs poignets et leurs chevilles avec des dentelles noires, nous lubrifiions et pénétrions leurs moindres orifices, nous leur procurions des plaisirs qui leur faisaient honte. Je me souviens de Félicia, une beauté aux cheveux mauves, qui parvint à un orgasme sanglotant, sauvage, grâce à la langue râpeuse d'un chien errant ». Dès les premières lignes de « Sa bouche aura le goût de la fée verte » (Allusion à l'absinthe chère à nos Rimbaud et Verlaine), on devine que rien, ou presque, ne nous sera épargné. On se convainc également que les antiennes sur l'écriture « féminine » et autres sottises sexistes ne résistent pas une seconde à la lecture des nouvelles de Poppy Z. Brite.
Inutile de dire que le fantastique de Brite a très peu à voir avec les bluettes surannées, sans âme, en un mot inoffensives qui font crouler les rayonnages des éditeurs de littérature générale, ce fantastique des familles qu'on étudie dans les meilleurs lycées, qui ne dérange pas les partisans de l'ordre moral, qui ne trouble ni les critiques, ni les lecteurs.
Avec Poppy Z. Brite, Eros et Thanatos célèbrent leurs sombres noces à chaque page, poussant chaque fois un peu plus loin les limites du dicible. L'auteur des Contes de la fée verte renoue sur le plan des thèmes avec la grande tradition du fantastique du XIXe siècle (Poe, Gautier, James qui évoquent sous le masque des histoires de revenants et de vampires les pires horreurs sexuelles...) tout en injectant dans sa prose les stigmates de la modernité (surpopulation, violence de masse, ravages de la drogue).
Comme le souligne Dan Simmons, dans une préface chaleureuse, il s'agit d'une œuvre au contenu « brillant, ténébreux, infiniment tragique et extraordinairement juste », une œuvre qui parle « de sexe et de décomposition, des extrêmes ténébreux de l'amour où violence et passion se confondent. » : les abîmes de la gémellité (Anges), la peur inconsciente de la féminité (Xénophobie), la mort d'un enfant (Paternité), les affres de la jalousie et de l'amour (Cendres du souvenir, poussière du désir)...
On soulignera que certains des récits les plus brutaux et les plus désespérés ont été écrits par une gamine de vingt ans et on se demandera quelles douleurs secrètes produisent une littérature aussi personnelle, aussi puissante, aussi radicale : « II me tendra les bras, m'invitera à reposer avec lui dans son lit grouillant de vers ».

Pour plus d'informations :
Disponible chez Denoël (France)
Site de Poppy Z. Brite (anglais)

Lun 9 nov 2009 Aucun commentaire