LES TOILES ROSES

 

 

L’auteur :
Elvire Murail, née le 7 juin 1958 au Havre, diplômée de l'Université de Cambridge, elle publie son premier roman Escalier C en 1983. Après quatre romans pour adultes, se consacre à la littérature pour la jeunesse depuis 1989.
Scénariste et dialoguiste pour le cinéma et la télévision. Elle est l'auteur de plus de cinquante livres.
L'avis de Jean Yves :

Escalier C tient, à la fois, de la galerie de portraits et de la chronique familiale. Famille d'élection puisqu'elle rassemble les voisins d'un immeuble new-yorkais. L'un d'eux, Forster Tuncurry, est le narrateur des histoires d'amour et d'amitié, des passions et des rancœurs, des joies et des peines de ces quelques personnages réunis par le hasard autour de l'escalier C. Forster Tuncurry, qui se présente lui-même comme un beau garçon dans la trentaine, est un critique d'art redouté pour son intransigeance et ses discours provocateurs. Intelligent et cynique, il a une bête noire : les attachées de presse de galeries d'art. [Ce qui donne, d'ailleurs, quelques scènes d'une ironie grinçante qui dépassent, et de loin, le strict cadre du roman.]
Les voisins sont au nombre de quatre, du moins pour les plus importants : Bruce Conway, une grande gueule sympathique qui manie tour à tour la bonhomie et le ressentiment, Béatrix Holt et Virgil Sparks, un couple infernal qui ponctue de scènes de ménage incessantes la vie diurne et nocturne de l'immeuble, et enfin Coleen Shepherd, dessinateur de mode, jeune, riche, beau et homosexuel.
Ce joli monde vogue d'un appartement à l'autre, au hasard des petits déjeuners et des grands dîners, sans compter le temps passé sur le palier à deviser gaiement de choses et d'autres. Les deux personnages les plus passionnants du lot sont, sans conteste, Forster Tuncurry et Coleen Shepherd. L'un est un homme hétéro de l'espèce la plus macho, l'autre un garçon à l'apparence fragile qu'on voit, au début du livre, se laisser rouer de coups par une brute qui n'assume pas son homosexualité.
Au fil des événements qui rythment la vie agitée de la « famille » de l'escalier C, le lecteur voit s'opérer une insensible mais inéluctable modification des rapports entre le critique d'art sûr de lui et dominateur et le dessinateur de mode tendre et secret sans pour autant que la situation tienne du vaudeville à la sauce gay.

Escalier C est un roman assez exceptionnel par son mélange d'humour et de tendresse. Ecrit avec beaucoup d'efficacité – les dialogues sont rapides et percutants – c'est un formidable hymne à la joie de vivre, plein de sensibilité, se démarquant avec talent des textes où le nombrilisme tient lieu d'imagination.
Pour plus d'informations :
Publié aux Editions Ecole des loisirs, collection « Médium poche » (1999)
Informations sur l’adaptation cinématographique du roman

Jeu 15 jui 2010 Aucun commentaire