LES TOILES ROSES


L’auteur :
François Reynaert est né en 1960 à Dunkerque. Il est chroniqueur au Nouvel Observateur, à Campus (France 2) et sur France Inter. Il a déjà publié : Pour en finir avec les années 80 (Calmann-Lévy, 1988) ; Sur la terre comme au ciel (Calmann-Lévy, 1990), une histoire des relations entre l’Église et l’État ; Une fin de siècle (Calmann-Lévy, 1994) ; L’air du temps m’enrhume (Calmann-Lévy, 1997), recueil des chroniques du Nouvel Observateur et Nos Années vaches folles (NiL éditions, 1999).
L'avis de Matoo :
J’ai vraiment lu avec avidité ce bouquin de François Reynaert pour son titre qui m’avait tellement aiguillonné (ainsi que la plupart de mes co-voyageurs du RER, métro et Tram). Mais évidemment, un titre et une couverture bien choisis ne suffisent pas à pondre un bouquin passionnant. Dans ce cas, j’en viens à me demander à quel point il n’a pas eu l’idée du titre en parallèle à son récit, car je trouve la relation entre les deux bien mince.
On comprend bien qu’en racontant une histoire centré sur un personnage homo, avec une palanquée de personnages hétéros qui gravitent et surtout dérivent, l’auteur distillent avec ironie les problèmes que les hétéros, nos amis, peuvent aussi expérimenter. Mais à part ça, je suis vraiment resté sur ma faim.
Le bouquin est divisé en trois parties qui sont en fait trois sortes d’aventures du héros, Basile (journaliste). Ce dernier rencontre un mec, fait son coming-out, dépatouille l’embrouillamini des relations de son meilleur pote hétéro Guillaume et se débat dans ses turpitudes internes face à sa propre relation amoureuse balbutiante avec Victor.
Le tout est fort bien écrit, avec des jeux de mots croustillants et bien sentis, une jolie écriture avec du relief et de la vigueur. Et puis on ne s’ennuie pas dans ces saynètes emboîtées les unes dans les autres, et sujettes à tous les délires. On sent la plume bien aiguisée, à la fois fine et ironique, de François Reynaert qui fait preuve d’un humour queer qui fait mouche, tandis qu’il éborgne sans vergogne ses bêtes noires (les pédés de droite notamment).
Si c’est bien écrit, je regrette par contre d’avoir gardé l’impression, pendant tout le livre, de ne lire que des chroniques de magazine mises bout à bout. Je trouve que ce bouquin manque d’unité, de fluidité et d’un véritable fil qui en ferait un roman homogène. Quand on sait que l’auteur est journaliste au Nouvel Obs, et un fabuleux chroniqueur, du coup cela n’étonne plus guère. Néanmoins, cette manière d’écrire correspond beaucoup mieux à un genre de billet d’humeur plutôt qu’à un récit littéraire. En effet, parfois dans le bouquin, on sent que le « bon mot » est à tout prix amené, mais ne sert pas toujours l’intrigue. Autrement dit, le bouquin manque pour moi d’un véritable esprit « roman ». L’auteur reste un bon journaliste, mais c’est tout (et ce n’est déjà pas mal, on est d’accord). Au bout d’un moment, on arrive à se désintéresser de l’histoire, puisque c’est plus la forme qui accroche.
Pour plus d'informations :
Disponible chez Nil éditions et en poche chez Pocket.
Forum avec l’auteur
Mer 21 sep 2005 2 commentaires
Comme c'est amusant de te croiser ici, Matoo!!! Décidément la toile est petite :D J'avais lu ce livre et je suis dans l'ensemble bien d'accord avec toi. Je lui avait vraiment trouvé un côté bouquin de plage et (cela fait des mois que je l'ai lu) il ne m'en est pas resté grand chose!
Alex - le 23/09/2005 à 13h23
Bonjour,

Je suis un grand lecteur du blog "les toiles roses" et des critiques littéraires que je trouve riches et pertinentes. Je voulais juste vous signaler à tous que j'ai lu il y a quelques semaines ce qui est pour moi le meilleur roman gay qui soit : "Le corps d'Alexis" de Raphaël Moreno aux Editions Textes Gais paru l'année dernière. Cet auteur à aussi un blog : www.20six.fr/Moreno et un site : www.raphaelmorenolesite.com . Je voudrais savoir si l'un des chroniqueurs comptait en faire une critique prochainement ? Ce roman est pour moi unique et une véritable référence, je ne suis pas le seul à le penser. Voilà, pour ma petite suggestion. A bientôt tout le monde. Steph.
Stéphane Chartier - le 01/11/2005 à 16h37