LES TOILES ROSES

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Fiche technique :

Avec Tony Ward, Bruce LaBruce, Alex Austin, Kevin Kramer, Ron Athey, Glen Meadmore, Ivar Johnson, Kevin P. Scott, Graham David Smith, Miles H. Wildecock II, Bud Cockerham, Michael Glass, Vaginal Davis, Joaquim Martinez et Darryl Carlton. Réalisation : Rick Castro & Bruce LaBruce. Scénario : Rick Castro & BruceLaBruce.
Durée : 80 mn. Disponible en VO et VOST.



Résumé :
L'écrivain Jurgen Anger arpente les milieux gay de Los Angeles, rencontre Monti, un prostitué sur Santa Monica Boulevard, et en tombe amoureux.... Entre documentaire et parodie, Hustler White transforme les trottoirs de Los Angeles en Sunset Boulevard..

L’avis de Neil :

La face cachée d’Hollywood…

Réalisateur underground d’origine canadienne, Bruce LaBruce lance un petit pavé dans la mare en 1996 avec ce Hustler White. Bénéficiant très vite d’un bouche à oreille favorable, le film échappera notamment à une classification X en France grâce au soutien de Jack Lang. C’est justifié me semble-t-il, le film n’étant absolument pas pornographique pour un sou. Irrévérencieux c’est sûr, certaines scènes sont difficilement soutenables, et à ne pas mettre entre toutes les mains, mais la dose d’humour et le décalage donnent une toute autre dimension au film. Celui-ci narre les péripéties d’un journaliste interprété par Bruce LaBruce himself qui tombe raide dingue d’un prostitué de Santa Monica (Tony Ward, ex de Madonna tout en muscles apparents) et va le suivre dans ses diverses virées.

Le début donne d’ailleurs le ton avec cette référence burlesque à Sunset Boulevard. Comme dans le film de Billy Wilder, c’est un type qu’on trouve inconscient dans une piscine (enfin ici un jacuzzi) qui va nous raconter son histoire. Et c’est aussi la part d’ombre de l’usine à rêve qu’on va découvrir… et on y rencontre plus particulièrement une certaine frange de cet univers. Toute une flopée de plus ou moins jeunes hommes plus ou moins paumés qui errent d’aventure en aventure sans autre but que de survivre dans cette jungle préfabriquée qu’on nomme Hollywood. C’est souvent franchement glauque, pitoyable et sordide. Seulement voilà, Bruce LaBruce a décidé de traiter son quasi documentaire de façon clairement ironique. Le résultat est très drôle, les situations sont tellement burlesques et parfois même absurdes que ça fait passer la pilule en douceur.

On trouve même un moment de tendresse en voyant le personnage que joue Tony Ward s’occuper de son petit bébé de fiston. Sans avoir de quelconque ambition artistique (on y trouve tout de même des références à Paul Morrissey et à Andy Warhol, le film se voulant sans nul doute dans la ligne droite de ces prédécesseurs, voire même d’un John Waters version Pink Flamingo, le talent en moins…) Hustler White reste un témoignage de plus sur la déjantée Hollywood.

L’avis de Jérôme :

Dans ce remake de troisième type de Sunset boulevard, le réalisateur Bruce LaBruce visite le mythe gay de la prostitution masculine dans le long boulevard sexué d'Hollywood : Santa Monica bld. Déroulant les clichés à escient et insistant sur le corps érogène de son égérie trash du moment (Tony Ward, ex-boy friend de Madonna et latino sanguin au corps trop huilé), Bruce LaBruce (réalisateur de porno gay à la petite semaine) dynamite le récit en se projetant dans la peau de Jürgen Anger, romancier au rabais follement amoureux de Montgomery Ward (Tony Ward).

Entre un Ed Wood extra-lucide et un Pascal Sevran sous ecsta (normal, quoi), Jurgen Anger poursuit dans cette non-intrigue l'amour fugitif de Ward, prostitué en cavale. Chaotique, la réalisation dénote également par quelques trouvailles lumineuses (la narration troisième personne de Ward, l'esthétique des corps suppliciés, etc.) et son amateurisme maîtrisé.

Avec une règle pour tout le film : une prise par scène, pas plus.Désixé à sa sortie par Jack Lang vs Famille de France, l'édition DVD de ce film culte de l'underground américain trouve toute sa justification dans cette distribution plus large d'un ovni du cinéma gay.

Un seul bonus, indispensable, et largement le meilleur dans l'histoire des bonus DVD : le visionnage en temps réel (1h environ) du film par le réalisateur quatre années plus tard en compagnie de deux jeunes prostitués.Soit l'explication distanciée et humoristique du film plan par plan par Bruce LaBruce, interrompu par ses deux compagnons d'infortune, défoncés jusqu'aux yeux et bad boys par intermittence. Le visionnage n'est plus qu'un prétexte à une ecsta-party ponctuée de fellations approximatives, name-dropping trashy (« Sandra Bullock prend trop de coke », « Madonna est la mère-salope parfaite », etc.).

Immanquable.

Pour plus d’informations :

Jeu 28 mai 2009 2 commentaires

Un film qui a choqué l'Union Nationale des Associations Familiales et failli être classé X (on remercie Jack Lang pour son intervention énergique) ne peut pas être foncièrement mauvais !

Bien qu'il ait été désixé (pas d'éjaculation), ce serait une insulte faite au film que de lui retirer le qualificatif de porno. Faisant fi de l'opposition artificielle entre oeuvre d'art et porno, l'indépendant Bruce LaBruce réalise ici un quasi-porno trash et déjanté qui ne peut qu'évoquer cette phrase de Woody Allen : "L'amour, ce n'est sale que lorsque c'est bien fait." Et ici, c'est bien fait. Impossible de faire un catalogue à la IEM des pratiques mises en scène (uro, moignon-fucking, momification, lacération au rasoir), mais il est certain que la vision de certaines scènes par la juge Ringot aurait des conséquences sympathiques, sous forme d'étranglement au pop corn, voire d'éjaculation dentaire. Le tout n'est absolument pas présentable, souvent drôle - dernière scène hilarante - et jouissivement interprété (même par le beau brin de blond sodomisé à la chaîne par une bande de blacks surdimensionnés).

Après river Phoenix et Keanu Reeves chez Gus Van Sant, c'est Tony Ward qui incarne le hustler en chef. Détour par Santa Monica Boulevard obligatoire. Quant à Bruce LaBruce, fils improbable d'une sauterelle en treillis et de Louis de Funès, il se révèle encore plus irrésistiblement décalé à l'écran que lors de sa venue pour l'Europride. En amoureux transi et parfaite idiote à la recherche du Prince Charmant - comme nous tous -, il redonne ses lettres de noblesse au concept galvaudé de "folle", à mille lieues des niaiseries françaises homophobes.

Mais c'est dans sa dimension esthétique que le film affirme sa différence avec les pornos et la quasi-totalité des films gays, souvent plus ridicules que cinématographiques. C'est ce qu'il revendiquait lors de sa venue à Paris et qui lui faisait prendre ses distances avec le concept de queer cinema. La référence à Kenneth Anger est facile, puisque le personnage principal s'appelle Jürgen Anger, mais elle va bien au-delà du simple clin d'oeil. LaBruce donne à rêver avec de petits moyens, sa follitude s'exprime librement, fantasme des corps idéaux ; les "films magiques" de son illustre prédécesseur ne sont pas si lointains.

Un mélo-porno-trash-comique à se greffer dans le cerveau pour les jours où la médiocrité définitive de ce pauvre monde nous désespère (grosso merdo quand on nous dit tu n'y es pour rien, tu ne peux pas comprendre, restons amis).
Garanti sans techno pouffiasse.

Fred - le 26/02/2008 à 13h33
C'est le degré zéro du cinématographe pour bobo gogo branché.
bernard+Alapetite - le 30/05/2009 à 22h12