Durée : 80 mn. Disponible en VO et
VOST.
Résumé :
L'écrivain Jurgen Anger arpente les milieux gay de Los Angeles, rencontre Monti, un prostitué sur Santa Monica Boulevard, et en tombe amoureux.... Entre documentaire et parodie, Hustler
White transforme les trottoirs de Los Angeles en Sunset Boulevard..
L’avis de Neil :
La face cachée d’Hollywood…
Réalisateur underground d’origine canadienne, Bruce
LaBruce lance un petit pavé dans la mare en 1996 avec ce Hustler White. Bénéficiant très vite d’un bouche à oreille
favorable, le film échappera notamment à une classification X en France grâce au soutien de Jack Lang. C’est justifié me semble-t-il, le film
n’étant absolument pas pornographique pour un sou. Irrévérencieux c’est sûr, certaines scènes sont difficilement soutenables, et à ne pas mettre entre toutes les mains, mais la dose d’humour
et le décalage donnent une toute autre dimension au film. Celui-ci narre les péripéties d’un journaliste interprété par Bruce LaBruce himself
qui tombe raide dingue d’un prostitué de Santa Monica (Tony Ward, ex de Madonna tout en
muscles apparents) et va le suivre dans ses diverses virées.
Le début donne d’ailleurs le ton avec cette référence burlesque à Sunset Boulevard. Comme dans le film de Billy Wilder, c’est un type qu’on trouve inconscient dans une
piscine (enfin ici un jacuzzi) qui va nous raconter son histoire. Et c’est aussi la part d’ombre de l’usine à rêve qu’on va découvrir… et on y rencontre plus particulièrement une certaine
frange de cet univers. Toute une flopée de plus ou moins jeunes hommes plus ou moins paumés qui errent d’aventure en aventure sans autre but que de survivre dans cette jungle préfabriquée
qu’on nomme Hollywood. C’est souvent franchement glauque, pitoyable et sordide. Seulement voilà, Bruce LaBruce a décidé de traiter son quasi
documentaire de façon clairement ironique. Le résultat est très drôle, les situations sont tellement burlesques et parfois même absurdes que ça fait passer la pilule en
douceur.
On trouve même un moment de tendresse en voyant le personnage que joue Tony Ward s’occuper de son petit bébé de fiston. Sans avoir de quelconque ambition artistique (on y trouve tout de même des références à Paul Morrissey et à Andy Warhol, le film se voulant sans nul doute dans la ligne droite de ces
prédécesseurs, voire même d’un John Waters version Pink Flamingo, le talent en
moins…) Hustler White reste un témoignage de plus sur la déjantée Hollywood.
L’avis de Jérôme :
Dans ce remake de troisième type de Sunset boulevard, le réalisateur Bruce LaBruce visite
le mythe gay de la prostitution masculine dans le long boulevard sexué d'Hollywood : Santa Monica bld. Déroulant les clichés à escient et insistant sur le corps érogène de son égérie trash du
moment (Tony Ward, ex-boy friend de Madonna et latino sanguin au corps trop huilé), Bruce LaBruce (réalisateur de porno gay à la petite semaine) dynamite le récit en se projetant dans la peau
de Jürgen Anger, romancier au rabais follement amoureux de Montgomery Ward (Tony Ward).
Entre un Ed Wood extra-lucide et un Pascal Sevran sous ecsta (normal, quoi), Jurgen Anger poursuit
dans cette non-intrigue l'amour fugitif de Ward, prostitué en cavale. Chaotique, la réalisation dénote également par quelques trouvailles lumineuses (la narration troisième personne de Ward,
l'esthétique des corps suppliciés, etc.) et son amateurisme maîtrisé.
Avec une règle pour tout le film : une prise par scène, pas plus.Désixé à sa sortie par Jack Lang
vs Famille de France, l'édition DVD de ce film culte de l'underground américain trouve toute sa justification dans cette distribution plus large d'un ovni du cinéma gay.
Un seul bonus, indispensable, et largement le meilleur dans l'histoire des bonus DVD : le
visionnage en temps réel (1h environ) du film par le réalisateur quatre années plus tard en compagnie de deux jeunes prostitués.Soit l'explication distanciée et humoristique du film plan par
plan par Bruce LaBruce, interrompu par ses deux compagnons d'infortune, défoncés jusqu'aux yeux et bad boys par intermittence. Le visionnage n'est plus qu'un prétexte à une ecsta-party
ponctuée de fellations approximatives, name-dropping trashy (« Sandra Bullock prend trop de coke », « Madonna est la mère-salope parfaite », etc.).
Immanquable.
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