LES TOILES ROSES

Dans l'ombre de
JANN HALEXANDER


Jann Halexander est un chanteur franco-gabonais. Il est également pianiste, acteur et producteur. Le chanteur Jann Halexander naît le 13 septembre 1982 à Libreville (Gabon, Afrique centrale). Ancien étudiant en géographie à Angers, dans le Maine-et-Loire, il prend un pseudonyme que lui inspire la personnalité de l'artiste sud-africaine Jane Alexander, dont les sculptures représentent des êtres hybrides. Il est issu d'un couple mixte — père gabonais, mère française — ce qui se fait ressentir au travers de ses créations. Pour découvrir son univers, Jann a accepté de rejoindre l'équipe du blog Les Toiles Roses avec cette chronique qui vous transportera loin dans l'imaginaire fécond et délicieux de ce grand artiste.


06. À table, avec Jean-Pierre Réginal

 

Jann Halexander

 

À TABLE, ou l’Amère Vérité

(où comment manger du linge sale en famille entre saumon, vin rouge, crumble en miettes, anguilles sous cloche et gueule de chiens...*)

 

[Refrain]

Il va falloir se dire tout ça

À Table, à table

On va bouffer la vérité

À Table, à table

Les dîners en famille, c'est beau comme un dimanche,

Si ce n'est que personne n'apprécie les dimanches

Affronter des regards, les on dit, les reproches,

Le grand-père qui nous dit « y' a quelque chose qui cloche »

Je cherche, et trouve l'anguille sous roche,

De la raison, moi je décroche

Je n'en peux plus de la famille

Je sens que tout ça part en vrille

 

[Refrain]

 

Le saumon est dégueu, le vin est bouchonné,

La télé est éteinte au lieu d'être allumée,

Moi qui rêvais de drames, ceux des autres, pas les miens,

C'est foutu pour ce soir, j'en ai la gueule de chien,

Les yeux perdus dans mon assiette,

Et mon bonheur n'est qu'amas de miettes

Un crumble froid, je voudrais être sourd,

Pour me sauver, je songe à l'amour

 

[Refrain]

 

Les couverts étaient en croix quand on est arrivé

J'en déduis que grand-mère ne doit pas nous aimer,

À sa place, je comprends, elle est à la retraite

« Dégagez les enfants, mon devoir de mère s'arrête ! »

Grand-mère, Grand-mère, ne désespère pas !

On est deux à haïr ces repas,

On n'en peut plus de la famille,

On voit que tout ça part en vrille

 

[Refrain] x2

 

(texte et musique : Jann Halexander - 2006)


 

Au sujet de cette chanson, mon ami trouvait qu´il y avait un souci au niveau de l´alliance paroles/musique et maman n´aimait pas trop... En fait, au début, pas du tout. Mais le public accrochait. C´est sans aucun doute la chanson de mon répertoire que les gens retiennent le mieux et souvent préfèrent. Je le chante toujours, en concert. On a pensé que c´était une chanson sur le coming-out, je ne l´ai pas écrite dans ce sens, mais on peut aussi envisager cette interprétation.

 


 

Pour celles et ceux qui se demanderaient ce qui signifie « les couverts étaient en croix » : il s´agit d´une vieille superstition, croiser le couteau et la fourchette sur une assiette serait inviter le diable dans la maison et apporter le malheur.



Enfin, quelques personnes l´ont remarqué : oui cette chanson est une sorte d´écho à la chanson Ces Gens-là de Jacques Brel. Jacques Brel, Anne Sylvestre, William Sheller, Gilbert Bécaud, Jean-Pierre Réginal sont mes chanteurs francophones préférés. Certaines personnes pensent que je suis influencé par Jean Guidoni, Juliette, Boris Vian ou encore Barbara… Ce sont de grands artistes mais je n´ai pas leurs disques, question de sensibilité personnelle. Si on ne m´avait pas si souvent comparé à Guidoni, j´aurais été bien en peine de vous dire qui il est. Aussi je fus touché quand il vint me voir en banlieue parisienne début 2008 quand je jouais au Musée des vampires le monologue Confessions d´un Vampire sud-africain. Après nous sommes allés boire un pot à République (où je dormais). Une discussion intéressante, nous avons parlé de la dignité de l´artiste (et aussi des dégâts de la tempête de 1999 sur sa maison)...



En tant qu´artiste, on est toujours l´inconnu(e) de quelqu’un. Cela nous oblige à l´humilité. En tant que spectateur/auditeur, on est parfois énervé de découvrir un artiste qu´on apprécie beaucoup trop tardivement. D´où mes mots envoyés au blogueur Luc Melmont sur le chanteur Jean-Pierre Réginal, que je reprends ici...

« Au sujet du chanteur Jean-Pierre REGINAL

Qui va à la chasse perd sa place, n'est-ce pas Luc ? »

Ainsi Luc avait reçu des invitations pour aller voir le chanteur Jean-Pierre Réginalau théâtre de la Reine Blanche le 23 mars. Ne pouvant y aller, il a gentiment pensé à moi qui, entretemps, étais plongé dans l'écoute de son magnifique disque arrangé par François Rauber. Je connais le théâtre de la Reine Blanche pour y avoir chanté en 2008, un beau théâtre, élégant, classe. J'étais avec un ami, plus loin, sur notre gauche, Norbert Gabriel, journaliste très sympathique de la revue Le Doigt dans l'œil nous salue.



Il y a du monde, et c'est très bien. C'est Réginal qui a ouvert la danse (il s'agissait d'une soirée privée avec Jean-Pierre Réginal, la désopilante Annick Roux et Henri Courseaux). C'est un virtuose du piano, j'adore sa voix. Je n'arrive pas toujours à comprendre le sens des textes, mais c'est parce que je ne suis pas très intelligent (entre nous) et surtout que je suis sensible à la musicalité globale. Mes deux moments préférés : son interprétation de Madame Alice, Chez Georges) et l'interprétation avec sa fille, Romane, de la chanson Les Mots s'en vont (introduite par quelques mots sur son passé au Cabaret Chez Georges).

Un moment délicieux. En dehors du show-biz, en dehors des médias 'dinosaures'. De la chanson proche de chacun d'entre nous, quelque chose de quotidien, beau et simple à la fois. Pour les artistes « nouvelle génération » comme mes pairs et moi, le parcours de Réginal me fait rêver, penser et surtout aimer la Chanson pour ce qu'elle est, un révélateur de nous-mêmes. C'est un peu démodé ? Désuet ? Je m'en fous (on m'a sorti la même chose sur Ô Bel Anjou). L'intensité est là, l'émotion est là, même si je sais bien que l'émotion n'est pas raison, mais ce que je retiens de ce concert c'est la possession d'un beau souvenir. J'étais heureux, quelques minutes, et cette fois-ci, je le savais.

Monsieur Réginal, je vous dis merci.

 

Jann Halexander, auteur-compositeur-interprète.

 

* Mots de Luc Melmont au sujet de « À TABLE », source : http://lucmelmont.canalblog.com


TO BE CONTINUED...

 

Lire le précédent billet

Pour en savoir plus sur Jann :

Son site officiel

Son blog officiel

Son MySpace

 

Les photographies sont © D. R. Le texte est © Jann Halexander. Ils sont reproduits avec l'autorisation de Jann Halexander. Tous droits réservés.

Jeu 16 jui 2009 2 commentaires
Cette chanson est toujours fidèle à l'esprit Halexander même si elle changeait radicalement de Brasillach 1945. Une sorte de "rupture dans la continuité"...
Spiritius - le 16/07/2009 à 12h25
"On est parfois énervé de découvrir un artiste qu´on apprécie beaucoup trop tardivement", écris-tu, Jann. Mes yeux se portent pour la première fois sur le nom de Jean-Pierre Réginal -- c'est te dire si je suis énervé !... En même temps, il n'est jamais trop tard pour découvrir, et ce qui est formidable dans cet article -- à mes yeux --, c'est qu'il est un bel exemple de la transmission des découvertes, de l'émotion, et du savoir, de générations à autres... Quant à "A TABLE", je ne suis pas gêné par le décalage entre les paroles plombantes et la musique "guillerette". Il me semble, au contraire, que la chanson perdrait tout son sel, sans cela -- c'est ce qui la distingue de "Ces gens-là", et c'est tout aussi bien comme ça... On appelle cela "l'ironie", il me semble -- et je te crois très doué en cette matière... "L'Ironie du Désespoir"...
BBJane - le 16/07/2009 à 19h35