06. À table, avec Jean-Pierre
Réginal
Jann Halexander
À TABLE, ou l’Amère Vérité
(où comment manger du linge sale en famille entre saumon, vin rouge, crumble en miettes,
anguilles sous cloche et gueule de chiens...*)
[Refrain]
Il va falloir se dire tout ça
À Table, à table
On va bouffer la vérité
À Table, à table
Les dîners en famille, c'est beau comme un dimanche,
Si ce n'est que personne n'apprécie les dimanches
Affronter des regards, les on dit, les reproches,
Le grand-père qui nous dit « y' a quelque chose qui cloche »
Je cherche, et trouve l'anguille sous roche,
De la raison, moi je décroche
Je n'en peux plus de la famille
Je sens que tout ça part en vrille
[Refrain]
Le saumon est dégueu, le vin est bouchonné,
La télé est éteinte au lieu d'être allumée,
Moi qui rêvais de drames, ceux des autres, pas les miens,
C'est foutu pour ce soir, j'en ai la gueule de chien,
Les yeux perdus dans mon assiette,
Et mon bonheur n'est qu'amas de miettes
Un crumble froid, je voudrais être sourd,
Pour me sauver, je songe à l'amour
[Refrain]
Les couverts étaient en croix quand on est arrivé
J'en déduis que grand-mère ne doit pas nous aimer,
À sa place, je comprends, elle est à la retraite
« Dégagez les enfants, mon devoir de mère s'arrête ! »
Grand-mère, Grand-mère, ne désespère pas !
On est deux à haïr ces repas,
On n'en peut plus de la famille,
On voit que tout ça part en vrille
[Refrain] x2
(texte et musique : Jann Halexander - 2006)
Au sujet de cette chanson, mon ami trouvait qu´il y avait un souci au niveau de l´alliance
paroles/musique et maman n´aimait pas trop... En fait, au début, pas du tout. Mais le public accrochait. C´est sans aucun doute la chanson de mon répertoire que les gens retiennent le mieux
et souvent préfèrent. Je le chante toujours, en concert. On a pensé que c´était une chanson sur le coming-out, je ne l´ai pas écrite dans ce sens, mais on peut aussi envisager cette
interprétation.
Pour celles et ceux qui se demanderaient ce qui signifie « les couverts étaient en
croix » : il s´agit d´une vieille superstition, croiser le couteau et la fourchette sur une assiette serait inviter le diable dans la maison et apporter le malheur.
Enfin, quelques personnes l´ont remarqué : oui cette chanson est une sorte d´écho à la chanson
Ces Gens-là de Jacques Brel. Jacques Brel, Anne Sylvestre, William Sheller, Gilbert Bécaud, Jean-Pierre Réginal sont mes chanteurs francophones préférés.
Certaines personnes pensent que je suis influencé par Jean Guidoni, Juliette, Boris Vian ou encore Barbara… Ce sont de grands artistes mais je n´ai pas leurs
disques, question de sensibilité personnelle. Si on ne m´avait pas si souvent comparé à Guidoni, j´aurais été bien en peine de vous dire qui il est. Aussi je fus touché quand il vint me voir
en banlieue parisienne début 2008 quand je jouais au Musée des vampires le monologue Confessions d´un Vampire sud-africain. Après nous sommes allés boire un pot à République (où je
dormais). Une discussion intéressante, nous avons parlé de la dignité de l´artiste (et aussi des dégâts de la tempête de 1999 sur sa maison)...
En tant qu´artiste, on est toujours l´inconnu(e) de quelqu’un. Cela nous oblige à l´humilité. En tant
que spectateur/auditeur, on est parfois énervé de découvrir un artiste qu´on apprécie beaucoup trop tardivement. D´où mes mots envoyés au blogueur Luc Melmont sur le chanteur
Jean-Pierre Réginal, que je reprends ici...
« Au sujet du chanteur Jean-Pierre REGINAL
Qui va à la chasse perd sa place, n'est-ce pas Luc ? »
Ainsi Luc avait reçu des invitations pour aller voir le chanteur Jean-Pierre Réginalau
théâtre de la Reine Blanche le 23 mars. Ne pouvant y aller, il a gentiment pensé à moi qui, entretemps, étais plongé dans l'écoute de son magnifique disque arrangé par François
Rauber. Je connais le théâtre de la Reine Blanche pour y avoir chanté en 2008, un beau théâtre, élégant, classe. J'étais avec un ami, plus loin, sur notre gauche, Norbert
Gabriel, journaliste très sympathique de la revue Le Doigt dans l'œil nous salue.
Il y a du monde, et c'est très bien. C'est Réginal qui a ouvert la danse (il s'agissait d'une soirée
privée avec Jean-Pierre Réginal, la désopilante Annick Roux et Henri Courseaux). C'est un virtuose du piano, j'adore sa voix. Je n'arrive pas toujours à comprendre
le sens des textes, mais c'est parce que je ne suis pas très intelligent (entre nous) et surtout que je suis sensible à la musicalité globale. Mes deux moments préférés : son interprétation
de Madame Alice, Chez Georges) et l'interprétation avec sa fille, Romane, de la chanson Les Mots s'en vont (introduite par quelques mots sur son passé au
Cabaret Chez Georges).
Un moment délicieux. En dehors du show-biz, en dehors des médias 'dinosaures'. De la chanson proche de
chacun d'entre nous, quelque chose de quotidien, beau et simple à la fois. Pour les artistes « nouvelle génération » comme mes pairs et moi, le parcours de Réginal me fait rêver,
penser et surtout aimer la Chanson pour ce qu'elle est, un révélateur de nous-mêmes. C'est un peu démodé ? Désuet ? Je m'en fous (on m'a sorti la même chose sur Ô Bel Anjou).
L'intensité est là, l'émotion est là, même si je sais bien que l'émotion n'est pas raison, mais ce que je retiens de ce concert c'est la possession d'un beau souvenir. J'étais heureux,
quelques minutes, et cette fois-ci, je le savais.
Monsieur Réginal, je vous dis merci.
Jann Halexander, auteur-compositeur-interprète.
* Mots de Luc Melmont au sujet de « À TABLE », source : http://lucmelmont.canalblog.com
TO BE CONTINUED...
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Pour en savoir plus sur Jann :
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Son blog officiel
Les photographies sont © D. R. Le texte est © Jann Halexander. Ils sont reproduits avec l'autorisation de
Jann Halexander. Tous droits réservés.
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