LES TOILES ROSES

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Le Père Docu s'appelle Gérard Coudougnan, il est né en 1962 et a pour qualification « enseignant-documentaliste », vous savez la dame qui râle au C.D.I. (centre de documentation et d'information) : c'est lui. Pour des raisons indépendantes de sa volonté, il est en ce moment éloigné de son lieu de travail habituel mais a toujours un C.D.I. (contrat à durée indéterminée) avec les bouquins pour qui il a une vraie A.L.D. (affection de longue durée).

Au hasard de ses lectures, il a croisé Marc-Jean Filaire puis Môssieur Daniel C. Hall (« The Boss ») qui lui a proposé de regrouper ici quelques « recensions » d'ouvrages à thématique LGBT.

Toute remarque, toute suggestion sera la bienvenue. Les avis, sous forme de commentaires, pour échanger des points de vue encore plus !

La bibliothèque rose est ouverte… vous avez lu Le Club des Cinq d'Enid Blyton ? Claude, le « garçon manqué » est peut-être alors votre première rencontre avec une petite lesbienne ou une future transgenre ? Ah bon, vous n'avez pas connu les Bibliothèques Rose et Verte ? Qu'importe, entrez (couverts !) ici et faites ce que vous voulez entre les rayons, ne soyez pas sages ...

 

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CASSE-TOI !

Crève mon fils, je ne veux pas de pédé dans ma vie, Jean-Marie Périer

Oh ! Editions, 2010, 176 pages, 14,90 €

 

Un Périer frappant !

 

Jean-Marie Périer reprend dans son titre la délicate apostrophe de parents envers leur fils ou leur fille homo. À soixante-dix balais, le photographe des stars a découvert au hasard de ses lectures de la presse régionale l'existence d'une association destinée à porter assistance aux jeunes virés de chez eux par leurs parents pour cause d'homosexualité : Le Refuge.

Les deux responsables de cette structure nationale unique qui ne dispose pas d'hébergements pour plus de quinze personnes ont répondu à ses questions et lui ont présenté quelques uns de ces ados et jeunes adultes dont les parents ont confondu orientation sexuelle non choisie et perversité.

Avec l'aide de Véronique Mougin, journaliste plus proche en âge de ces expulsés – elle a la trentaine ‒ il raconte le vécu de dix d'entre eux.

Ils viennent de différents milieux, de différentes cultures. Ils ont un point commun : une attirance pour les personnes de leur sexe. Parce que leurs parents pensent qu'ils l'ont choisie, que l'on doit les soigner, les éloigner ou les tabasser, ils les expulsent. Parce qu'ils les privent de la joie incommensurable du mariage qui épatera les autres, du doux bonheur d'être un jour grands-parents (forcément, un pédé ou une gouine, ça n'a pas de gosses !), qu'ils foutent le camp. Papa et/ou maman leur ferment la porte au nez en leur donnant, dans le meilleur des cas, quelques vêtements dans un sac poubelle. Que le sang de leur sang se débrouille, emporte loin du foyer familial sacré, sa débauche avec la honte qui aurait pu souiller la maisonnée idéale.

À chacun de ces témoignages, Jean-Marie Périer apporte son regard de sage, qui connaît les joies et les interrogations de la structure familiale, la valeur relative des liens du sang et de l'amour filial. Certains récits sont enrichis de l'avis de Benoît de Baecque, l'un des psys du Refuge.

La majorité des lecteurs de ces lignes ont connu les questions sans réponses sur l'orientation sexuelle et les problèmes d'acceptation de soi : replacer ces interrogations dans un contexte familial aussi dur paraît inconcevable dans la France de 2010.

On ressort de ce livre tout retourné de tant de cruauté et de bêtise. Quelle que soit sa propre vie sexuelle on a du mal à suivre ces jeunes qui deviennent SDF, se retrouvent escorts ou prostitué(e)s avant de « trouver Refuge » dans l'institution dont Nicolas Noguier (le créateur) et Frédéric Gal sont les gestionnaires... bénévoles. En 2010, aucune autre structure n'existe pour prêter secours à ces cas : plus de 300 appels à l'aide par an !

Le Refuge a besoin d'argent : ce livre devrait lui en rapporter un peu. Il nous est également possible, avant, après lecture de ce document au sous-titre éloquent « Crève mon fils, je ne veux pas de pédé dans ma vie » de leur apporter une aide financière (1) directe (déductible à 75 % des impôts de ceux qui en paient (2).

Des chanteurs (3) et des concerts des Melo'Men les 13 et 14 février prochains à Montpellier (4) permettront de compléter cette lecture prenante par un geste concret en réponse à ces inadmissibles paroles de parent à son enfant : « Que Dieu leur envoie le sida », « Tu as intérêt à courir vite car je t'égorgerai », « Tu n'es plus mon fils » ou « Arrête d'être une lopette »...

 

(1) http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/paypal.htm ou

http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/formulaire_de_don_2010.pdf

(2) http://www.le-refuge.org/nous_soutenir/reduction_d_impots.htm

(3) Lire l’article précédent.

(4) http://www.melomen.com/

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Sur Le Refuge : http://www.le-refuge.org/

Sur l'auteur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Périer

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Photo © D. R.


TROIS QUESTIONS À JEAN-MARIE PÉRIER

Par  Gérard Coudougnan

 

Les Toiles Roses : Pouvez-vous définir un profil type du parent qui dit à son enfant « Casse-toi ! » ?

Jean-Marie Périer : Non, il n'y a pas de profil type. Le problème touche toutes les classes de la société. Il s'agit de gens mal informés ou dont le cerveau est influencé par les théories des traditionalistes et autres religieux qui ont peur de perdre « le contrôle ». Mon propos n'est pas d'accuser ces parents-là, mais de leur demander seulement de se poser la question : lorsqu'on a eu le culot de mettre quelqu'un au monde, n'a-t-on pas l'obligation de les aider à vivre la vie qu'ils se sont choisie ? Si votre enfant est homosexuel ce n'est pas pour vous emmerder, c'est sa vie, c'est tout. Ils ne font pas la guerre, ils ne posent pas des bombes, ils veulent juste aimer quelqu'un à leur manière. Vous êtes là pour les aider à vivre. Vous n'êtes pas d'accord ? C'est trop tard, il ne fallait pas faire de gosse.

 

Parmi les cas que vous avez décrits, y a-t-il de vrais happy end ?

Oui, il y a de vrais happy end. Car ceux que j'ai rencontré au Refuge sont déjà sauvés puisqu'ils ont eu le courage d'arriver jusque là.

Mais je pense à tous ceux qui n'osent pas appeler et qui sont seuls avec leur problème. Ceux que l'on force à se nier, à faire semblant d'être quelqu'un d'autre pour être « dans la norme », ceux que l'on pousse à la honte d'eux-mêmes alors qu'ils sont beaux d'avoir le courage d'aimer. Le but de ce livre est de demander à des parents d'oublier leurs certitudes et de dire à ces adolescents qu'ils ne sont pas seuls et qu'ils ont le droit d'être ce qu'ils sont.


jean-marie-perier_117.jpg Photo © D. R.


Vous avez dédié ce livre à Jean Marais : avez-vous voulu rendre un simple hommage à un ami ou y a-t-il un autre lien avec le contenu de votre enquête ?

Jean Marais est simplement un homme dont j'admire le courage d'avoir affirmé son homosexualité dans une France de l'après-guerre aux convictions étroites. Contrairement aux médias parisiens qui veulent nous faire croire qu'aujourd'hui le problème est réglé et qui m'explique que j'enfonce des portes ouvertes, je crois que dans notre beau pays les portes de l'homosexualité sont toujours aussi fermées. Il me semble que mettre son enfant à la rue parce qu'il ne ressemble pas à nos désirs est une infamie. Et aux gens qui franchissent ce pas-là, j'ai envie de dire que du haut de mes soixante-dix balais, la seule chose dont je suis sûr c'est que je ne suis sûr de rien. Alors qu'ils les laissent vivre, c'est déjà assez difficile comme ça.

 

Merci Monsieur Périer.

 

[Daniel C. Hall et Gérard Coudougnan remercient Oh! Editions et plus particulièrement son trio de choc : Valérie Taillefer, Béatrice Calderon et Stéphanie Le Foll pour les envois express des services de presse, leur professionnalisme, leur disponibilité et leur sens de l’écoute. Elles nous ont mis en relation avec Jean-Marie Périer, que nous remercions tout particulièrement pour ce combat qu’il mène à nos côtés. Merci, Monsieur.]

Jeu 4 fév 2010 Aucun commentaire