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Spécial SALIM KECHIOUCHE



LA PRÉSENCE
Pascal Faure

 
Pascal Faure travaille dans le domaine informatique et en parallèle réalise des captations musicales ainsi que des documentaires autour de ses thèmes de prédilection, la musique, la nécessité des mélanges culturels, la citoyenneté. Par l’intermédiaire de Yasmine Belmadi qu’il avait interviewé dans le cadre d’un documentaire sur les rêves et les réalités des jeunes, il rencontra Salim qui lui confia en 2002 la construction et la maintenance de son site d’acteur.

 
Au fil des années, Salim a proposé des personnages qui expriment tous le mystère de la présence : moment de l’apparition, présence aux autres, permanence de la présence après le départ. Chez Ozon, c’est clair, mettre fin à son existence est l’unique condition pour que le couple des Amants criminels puisse perdurer, et manger son corps amènera à la libération, physique et sexuelle. On est très proche des croyances primitives sur les bienfaits de l'anthropophagie. Chez Morel, Salim est une sorte de dieu Mercure : il a constamment un désir d’envol, sublimé chez l’apprenti poète d’À toute Vitesse ou réalisé en parapente vertigineuse avec Le Clan, ainsi que cette capacité à intercéder entre les dieux ennemis, gardiens de nuit dans Premières Neiges ou frères de sang dans Le Clan. Chez Salis, le jeune peintre en bâtiment passe un moment dans l’autre monde, celui d’un élève d’une Grande École, tout en n’ayant pas trop d’illusion sur la légitimité de sa présence. Chez Schweitzer, le Gigolo trouble femmes et hommes parce qu’il n’appartient à personne et certainement pas à lui-même ; la version longue, Archives de Nuit, beaucoup plus rugueuse, montre en une longue scène le gigolo face à la solitude de sa propre image pour injurier le monde entier. Au théâtre, le destin de Pier Paolo Pasolini sera scellé au moment même de l’apparition de Pino Pelosi : la mise en lumière de la pièce et la bande annonce du dvd ont particulièrement souligné cet instant. Chez Giliberti, le kamikaze Jihed est déjà au seuil de sa mort et on ne sait pas vraiment si David aura réussi à le ramener à son humanité, au Centième Nom. Chez Besset, Osman, en véritable cheval de Troie, va achever la destruction de la boboïtude lettrée des Grecs. Et chez Saint Hamont, l’arrivée fracassante du jeune homme ambitieux dans cette famille juive pied-noir ne restera pas sans conséquence. Du côté des peintres et des photographes-peintres, la présence à l’autre ne concerne que l’artiste : chez Pierre et Gilles, Giliberti, Rousseau ou Nabil, il est frappant de constater la solitude du modèle Salim, confronté uniquement à la mise en scène très personnelle de chacun. Tous ses personnages ont un rendez-vous avec le destin, ils ont la volonté farouche de le faire plier si c’est pour eux-mêmes ou de transformer celui des autres. Lorsque j’avais retranscrit l’interview faite en 2003 et visible sur son site, j’avais été étonné par la récurrence de l’expression « je suis arrivé, il(elle) est arrivé(e) ». Il suffirait donc d’arriver en un lieu pour qu’il se passe quelque chose ; il est vrai que si on a la chance de constater cela pour soi-même, devenir comédien est la bonne voie. On pense à la didascalie « il entre », « il sort » et son équivalent au cinéma « dans le cadre », « hors cadre » ce qui, transposé au réel, signifie « il devient présent au monde et agit », « il s’absente du monde et demeure ».



Personnellement, lors de moments de désœuvrement, je passe parfois devant une télévision allumée. On m’y fait comprendre en boucle quelques concepts simples : si j’étais un habitant plutôt d’une banlieue urbaine, plutôt modeste et plutôt d’une culture musulmane, l’extrême droite serait obsédée par moi, la droite aurait la manie de diligenter chez moi des journalistes-policiers et des policiers-militaires pour me traquer sans relâche, la gauche pendant vingt ans m’aurait malencontreusement oublié et l’extrême gauche aurait le cynisme absolu de ne pas s’intéresser à mes révoltes du fait qu’elle n’y discernerait pas une dimension politique. Toutes chaînes confondues on me diffuse aussi une ribambelle de séries policières qui m’expliquent deux choses : en quelques clics de souris et un peu d’ADN on sait absolument tout de moi, et le droit de m’abattre n’est pas totalement entériné par ces couilles molles de juristes mais bon, l’efficacité avant tout. La Bonne Nouvelle Télévisuelle est claire : il va falloir faire son deuil de la liberté individuelle pour des raisons supérieures. Cette pornographie permanente de la non-liberté, non-égalité, non-fraternité, je me demande souvent comment elle peut être supportée. Je sais que l’absence de considération – des autres, des citoyens – choque des sensibilités comme celle de Salim et il y a bien là une absence totale de considération. Évidemment nous en avons parlé ; il a « l’habitude », mais j’ai compris aussi que pour lui le principe de réalité est toujours supérieur aux représentations. Le maëlstrom anxiogène des médias ne l’intéresse pas puisque ce n’est pas vrai, sa vie l’intéresse puisqu’elle est vraie. « Ma vie est un roman qui m’intéresse beaucoup » écrivait Berlioz. Et si sa vie professionnelle peut devenir un exemple pour les autres, c’est sa meilleure réponse parce que, en effet, il vient plutôt d’une banlieue urbaine, plutôt modeste et plutôt d’une culture musulmane. Je trouve assez piquant ce principe de réalité de la part de quelqu’un dont le métier est la fiction. Si vous relisez son interview, vous verrez que sa décision finale de devenir comédien est partie d’une situation éminemment concrète en Algérie ; ce qu’il nous dit c’est que l’imaginaire nous permet – lui permet – d’être directement présent à la réalité des autres. Ce que Salim nous disait, il faudra s’en souvenir les soirs de couvre-feu, dans nos États sécurisés et auto-contrôlés : « (…) les gens vont vers le jeu, le soir après le couvre-feu ils se réunissent, ils prennent des bidons, ils improvisent un orchestre, ils chantent, ils imitent des grands chanteurs, ils font du folklore. C'est du théâtre. Ils ne le savent peut-être même pas eux-mêmes, ils le font instinctivement, naturellement. Dans une île déserte, à cinq, six, vous allez faire du théâtre, vous allez faire de la comédie. Ce sera un exutoire, la place au rêve, pour sortir de la vie comme elle est. Pendant les dix minutes où tu pleures de rire, tu es le plus heureux du monde. » Je pense que sur scène, Salim a en tête cette nécessité de la présence aux autres, pour les amener autre part. Il y a coïncidence entre cette spécificité du théâtre et son propre engagement de comédien, cela donne du sens. On aimerait parfois demander à certains comédiens s’ils ont réfléchi une seconde aux raisons pour lesquelles ils sont devant nous plutôt qu’ailleurs : c’est creux ; ils délivrent leur petite prestation comme tout bon prestataire de service, ils font des cabrioles si les projecteurs éclairent leur narcissisme et puis… voilà. Comme quelques-uns de mes contemporains, j’ai des « pratiques » culturelles et avec le temps, la mauvaise habitude de me poser des questions. Pourquoi diable ce réalisateur a passé deux ans de sa vie à faire ce film fatiguant (réponse : parce que sa fatigue est forcément sublime et si le spectateur ne le comprend pas c’est qu’il est un veau), pourquoi donc cet acteur surjoue-t-il à ce point (réponse : parce qu’il craint que le myope spectateur ne le voit pas), pourquoi accepte-t-on de montrer plusieurs scènes avec un micro voltigeur en haut de l’image (réponse : parce que le spectateur ne va quand même pas sortir de la salle pour si peu). Et donc lors de ces moments pénibles je repense à la scène made in Algérie à la Kusturica que décrivait Salim, il y a là l’expression de la nécessité, de l’absence de mensonge et conséquemment du respect des autres. On voit bien la cassure : le message ressassé par nos élites avec l’obséquieuse participation des médias, c’est l’exact contraire, c’est de dire que la fraternité est synonyme de faiblesse, la raison commande désormais, il faut bannir l’empathie, ce sentiment de fillette, il faut contraindre les autres et s’en protéger. L’apologie de l’affrontement est le fondement de ce message, elle déborde de la télévision allumée que j’évoquais plus haut, et nous serions donc insensés de le refuser. Les temps sont semble-t-il venus, il va falloir choisir son camp : être raisonnable et absent aux autres, ou déraisonnable et présent aux autres.



On transporte années après années dans notre petit théâtre intérieur les quelques instants que nous ont apportés les comédiens et les acteurs. Au fond c’est extrêmement étrange, pourquoi tant de communion avec ces personnes qui s’agitent pour de vrai et pour de faux dans ces lieux où nous ne restons qu’une paire d’heures. Il y a quelque chose d’enfantin dans les motivations, de part et d’autre : le comédien veut séduire son public, le public a besoin d’être séduit. Lors d’une répétition, une comédienne rappelait à l’ordre un autre comédien : « Joue ! il faut jouer maintenant ! », cette injonction m’avait frappé parce qu’elle avait le même degré d’absolue nécessité que dans la cour d’une école. Même s’il ne s’agit « que » de jouer, les artistes participent à la production d’objets culturels qui sont, pour quelques temps encore, des lieux inventés où on a l’impression d’apprendre le réel mille fois plus qu’à l’école. Le glamour qui les entoure – tapis rouge à Cannes, passages à la télé et photos paparazzitées –, qui peut prendre une place très importante dans la vie de fans, n’est pas le principal dans ce qu’ils nous donnent. Le vrai cadeau est bien leur présence, parfois sur des décennies, sur les scènes et les écrans ; ils nous racontent à chaque fois une nouvelle histoire, qui peut parfois rejoindre avec force notre propre histoire, ils parlent à l’enfant qui est en nous. On peut aimer revoir plusieurs fois un film alors même que l’on « connaît la fin » comme autrefois, avant de s’endormir, nous exigions de l’adulte étonné qu’il nous redise toujours le même conte. Ces artistes font partie de notre famille, et comme dans toute famille il y a ceux que nous préférons recroiser périodiquement plutôt que d’autres. Au printemps, lors des Grecs, la pièce de Besset, je me disais que Salim fait désormais partie de la famille des amateurs de théâtre et cinéma, qu’il est invité chez eux parce que d’un côté ils ont envie de le revoir et de l’autre parce qu’il s’est imposé. Il n’y a pas de hasard. Quand on connaît les détails de sa vie – l’interview du site en donne une idée – on comprend bien qu’il n’est pas né avec une cuillère en argent dans la bouche comme on dit, qu’il a franchi des murs au pied desquels d’autres sont encore en train de se lamenter. Le vécu donne une vraie épaisseur pour toucher le public et les pieds sur terre pour traverser les vapeurs du show-business. Lors de la construction de son site, j’ai préféré utiliser le terme « parcours » plutôt que le trop froid « CV » (qui en fait est proche : « chemin de vie »). C’est évidemment le parcours de Salim dans la peau de tous ces personnages mais en filigrane c’est aussi l’intersection du parcours des spectateurs avec le sien. Lapalissade : s’il n’y avait pas de parcours il n’y aurait pas de rencontre avec le public ni avec toutes les personnes qui construisent le théâtre et le cinéma. Certains parlent de la « grande famille du cinéma » avec ironie, parce qu’ils limitent ce monde aux seuls professionnels de la profession. Pour moi – et le lecteur l’aura compris – les frontières sont bien au-delà : ils ne sont pas seuls, il faut bien dans une famille qu’il y ait à la fois le petit frère saltimbanque et les parents admiratifs. En voyant le nombre d’internautes qui accèdent à son site, les durées de consultation et les pays correspondants, je me dis qu’il ne s’agit pas là d’une famille virtuelle ; Salim « est arrivé » dans le cœur du public et c’est une bonne nouvelle.

 Paris, octobre 2006
Pascal Faure


Note de Daniel C. Hall : Sans l’aide et la générosité de Pascal, la semaine consacrée à Salim n’aurait pas eu lieu. Dès la première heure, il a été à mes côtés. Ce dossier lui doit beaucoup. Nous avons travaillé dans la simplicité, la pudeur et l'amitié que nous inspire, de façon différente, Salim Kechiouche. Je n'ai qu'une hâte en montant à Paris, rencontrer Pascal, le remercier de vive voix et discuter des sujets qui nous tiennent à cœur et qu'il évoque si bien dans ce billet. Chokrane Pascal !

Toutes les photos sont (c) Michel Giliberti.
Tous droits réservés. Reproduite interdite.

Publiées avec l'autorisation de Salim et Michel.


Salim pour moi c'est une boule à facettes : un comédien, un boxeur, un algérien, un musulman, une p'tite racaille de Villeurbanne, une icône gay, un furieux qui déchire tout, un homme à l'âme de gosse, un caïd, un sensible, un mec intègre, une force vive, un dangereux qui inspire la confiance... C'est le tout et son contraire.

J'ai rencontré Salim sur le tournage de l'émission Courts Chez Pink en Mars 2005, dans la salle de gym d'un grand lieu, on venait chacun pour une interview séparée. La première fois qu'on s'est vu c'était marrant. Dès que je suis rentré, j'ai eu droit direct à un regard noir tueur, limite autodéfense du fauve, auquel j'ai du renvoyer le même. Il s'est mis sur un pèse-personne et il m'a dit « Tu crois qu'elle marche correctement cette balance ? » Un peu surpris, j'ai dit « Je pense. ». « Viens te mettre dessus pour voir ! » Du coup j'm'y suis mis et j'ai répondu « Bah oui c'est mon poids ! »... On a rigolé car je pesais plus lourd que lui ! Pourtant je suis plus sec mais je dois avoir les os plus lourds. Et puis on a été faire nos interviews et on ne s'est pas recroisé...


Quelques mois plus tard je tombe sur le texte du Centième Nom, j'appelle l'auteur, Michel Giliberti, et j'appelle Salim pour lui proposer le rôle de Jihed. On se voit, je lui donne le manuscrit et à peine trois heures plus tard il me rappelle et me dit « Je veux le faire, c'est trop bon ! » – et là, j'ai compris ! J'ai compris que ce garçon, dans le fond était comme moi : impulsif, passionné et entier.

L'aventure du Centième Nom commence alors – discussions dans la voiture, dans le train, à l'hôtel ... on s'est alors rendu compte de toutes nos ressemblances : Béliers tous les deux – je suis du 1er avril et lui du 2 ! –, daltoniens tous les deux, même groupe sanguin, etc. C'était marrant !

Puis suivirent derrière de longues soirées dans un chalet isolé dans les Ardennes où on s'est beaucoup livré l'un à l'autre... ça donne les clefs pour se comprendre. Et puis travailler aussi – jouer sur une pièce à deux personnages, ça permet de tomber dans la complicité du duo avec tout ce que ça implique d'attachement, d'agacement et de mise en danger à deux !

Salim c'est pas le meilleur pote de ma vie mais c'est un garçon que je comprends et que j'aime pour ce qu'il est : un écorché vif !

Je comprends sa force, sa rage et ses failles aussi, son besoin de lutter car ce n'est pas qu'un boxeur, c'est un vrai guerrier de la vie – il a la niaque !

Alors, on pourra lui coller toutes les étiquettes qu'on veut : comédien rebeu, idole gay, p'tite frappe de banlieue, bogosse des cités... Ça reste avant tout Salim Kechiouche, un garçon intègre qui fait son chemin avec ce qu'il est au fond de lui et ce qu'il veut défendre ! Le temps lui donnera raison de laisser les autres le mettre dans des petites cases sans jamais rien dire, ni se justifier.

El souk fira sek habibi ;)

Samuel Ganes


Note de Daniel C. Hall
: Malgré un emploi du temps de dingue et le crash de son ordinateur, Samuel a gentiment accepté d'écrire un billet pour Salim. De plus, il m'a fourni iconographies et l'animation que vous voyez en tête de post. Merci à toi Samuel et je te rappelle mon invitation pour 2007 dans nos pages. Ce mec est incroyable et génial ! Pour en être convaincu, rendez-vous sur son site.

Les photographies sont (c) Michel Giliberti.
Tous droits réservés. reproduction interdite.
Publiées avec l'autorisation de Michel et Salim.



 

 

Les photographies sont (c) Philippe Quaisse.
Tous droits réservés.
Publiées avec l'autorisation de Salim.
 

Fiche technique :
de Michel Giliberti, mise en scène : Stéphane Aucante, avec Salim Kechiouche et Samuel Ganes.

Résumé :
Une soirée de grande chaleur, quelque part en Israël…
Deux garçons se rencontrent par hasard.
Chacun est réfugié dans sa douleur, son errance, dans son manque des êtres proches devenus fantômes …
Partout autour d’eux la guerre continue avec son lot de bombes, de cris, de pleurs, de morts, …
L’un se nomme Jihed, l’autre David.
L'un, palestinien, se prépare à mourir le lendemain en commettant un attentat-suicide, l'autre israélien, ayant perdu ses parents dans l'explosion d'une bombe meurtrière, erre depuis plusieurs jours sans but en attendant la mort.
Tout ce qui les différencie et les oppose est prétexte à nouer un dialogue imprévu, un échange parfois dur, parfois tendre, entre l’affrontement et l’attachement, entre le ressenti d’être des ennemis ou des frères.
Deux enfants du pays dont les peuples s’entredéchirent depuis trop longtemps, qui se retrouvent à la lisière de la détresse, mais peu à peu s’approchant de l’amitié des hommes, du désir … et de la mort qui les attend.
Cette rencontre pourra-t-elle les sauver ?

Lire un extrait de la pièce : cliquez ici
Voir le site de la pièce : cliquez ici

 

LA PIÈCE : La genèse par son auteur Michel Giliberti


Cette pièce s’est imposée à moi alors qu’un soir devant la télé des images particulièrement violentes du conflit israélo-palestinien m’ont heurté. Je me souviens qu’on voyait un enfant palestinien mourir dans les bras de son père sous les balles ennemies.

Aussitôt après je me suis mis à écrire Le centième nom, la brève rencontre en nocturne d’un jeune Palestinien, Jihed, et d’un jeune Israélien, David. Tous deux traînent leur drame respectif quand le hasard les fait se croiser au cours de cette ultime nuit. Tout ce qui les différencie, tout ce qui les oppose est prétexte à nouer un dialogue imprévu, parfois dur, parfois tendre, à la lisière de la détresse, mais toujours proche de la concorde, de l’amitié des hommes… de leur désir.

Une trêve pour l’intégration.

Un répit dans la fatalité.

Ma compassion était telle, qu’en deux jours, je terminai l’écriture de cette pièce.

Après sa publication et sa première représentation à Reims, je l’ai trouvée un peu trop lyrique et j’ai eu envie d’en réécrire certains passages, d’en modifier même la fin. Désormais la version définitive est bien plus âpre et aussi plus tragique. Plus tard j’en ai tiré un roman que je publierai peut-être. C’est une approche plus « cinématographique » de ce drame.

Le centième nom devrait se jouer en novembre ou en décembre 2006 à Paris avec l’acteur Hicham Nazzal dans le rôle de Jihed. Le rôle de David n’est pas encore trouvé.

 

QUAND SALIM DEVIENT JIHED…
Par
Michel Giliberti


On attend d’un acteur qu’il soit bon, c’est la moindre des choses. Salim sur ce plan-là ne déçoit pas, mais il a ce « je ne sais quoi » dont seuls quelques artistes bénéficient. Ce petit « plus » qui fait la différence. Quand je l’ai vu sur scène, j’ai oublié l’acteur Salim Kechiouche, et j’ai rencontré Jihed, le héros de ma pièce. Je sais que l’on met souvent en avant et à tout propos la capacité de certains comédiens à rentrer dans la peau du personnage qu’ils incarnent, c’est même une formule qui m’ennuie un peu… Salim donnait pourtant cette impression, mais en même temps on sentait qu’il gardait une certaine distance pour ajouter de sa propre expérience au personnage de Jihed.

Il y avait dans son jeu un mélange de grâce et de simplicité, d’inventivité et de banalité qui m’ont vraiment ému. À aucun moment, il n’en rajoutait. À aucun moment, il n’était pesant.

Jamais sur son visage (j’étais au premier rang) je n’ai lu ou perçu le souhait de plaire par son seul physique. Il n’en a jamais joué. Ses yeux, sa bouche, ses gestes, tout était au plus près d’un jeu sans fard et sans préjugés. Nul exhibitionnisme, pas même une simulation de quelques instants.

Il jouait, c’est tout ; comme on mange, comme on boit. Ça paraissait naturel, presque facile. Je crois que c’est bien là, la qualité des grands acteurs : faire vrai avec retenue. Être authentique et donner à croire que c’est facile, alors que le travail est là, en amont.

Pour tout cela, je suis attaché à Salim. Nous avons souvent parlé de son métier ; nous en parlons encore et je peux dire sans me tromper, que si quelque chose le caractérise finalement, c’est sa pudeur.

Et puis, je suis né en Tunisie où je séjourne souvent. Lui est d’origine algérienne et si ces deux pays restent différents, ils offrent beaucoup de similitudes culturelles, et quelques affinités, dont celles, certainement la plus essentielle : le fou rire communicatif au centre de nos inquiétudes.


 

Toutes les iconographies sont tirées du site de Samuel Ganes.

(c) D. R. Tous droits réservés.
Publiées avec l'autorisation de Samuel Ganes et Michel Giliberti.


 



 

Toutes les photos sont (c) Michel Giliberti.
Tous droits réservés. Reproduite interdite.

Publiées avec l'autorisation de Salim et Michel.

                  
                                  La rencontre impossible                                         Les ailes qui voient


                   
   Le piège                                                            Le pendule

MON TRAVAIL AVEC  SALIM

Par Michel Giliberti

 
Michel Giliberti est né en 1950, en Tunisie, où son père tenait un cinéma nommé L’Olympia. Il partage sa vie entre ses deux pays d’origine : la Tunisie et la France.
On l’a d’abord découvert de 1976 à 1981 comme auteur-compositeur-interprète. Il enregistra trois albums, mais déçu de n’avoir pu laisser libre cours à ses ambitions, il reviendra à l’univers de la peinture et de l’écriture.
Il est un peintre connu et reconnu tant à l’étranger qu’en France où il est exposé en permanence
Il travaille actuellement sur de nouveaux romans et continue à peindre.

J’ai rencontré Salim Kechiouche pour la première fois, chez moi. Il était en compagnie de l’acteur Samuel Ganes et d’un metteur en scène.
Nous avions une réunion de travail à propos de ma pièce Le Centième nom qu’il s’apprêtait à jouer. J’ignorais alors combien il m’apporterait d’émotions à le voir sur scène avec mes mots dans sa bouche et comme il allait si bien s’identifier au personnage complexe du jeune Palestinien Jihad.
Je me souviens de son arrivée, au volant de sa voiture, et de son grand sourire généreux, tandis que je lui indiquai l’entrée du jardin au fond du chemin qui mène à la maison.
Et puis ils sont entrés.
J’ai fait un thé à la menthe pour tout le monde avant d’écouter une première lecture de la pièce. Puis nous avons travaillé tous les quatre sur la façon de monter la pièce.
Très vite, la simplicité de Salim, sa bonne humeur et sa détermination au travail m’ont emballé. Tout au long de notre entretien, j’étais souvent distrait par ses yeux. Je trouvais chez lui un potentiel dramatique assez peu utilisé. Au bout de quelques heures, je lui confiais un peu maladroitement que j’aimerais bien le peindre et tenter de capturer la part sombre de sa personnalité.
Il a aussitôt accepté.
J’avais ainsi la preuve que son sourire ne mentait pas.
Salim est généreux.

Depuis que je peins, j’ignore toujours pourquoi tel modèle plus que tel autre me donne l’envie de créer. C’est ainsi. Le désir doit être immédiat, irréfléchi. Il est souvent physique, c’est-à-dire qu’il doit déclencher chez moi une dynamique de travail et un besoin de me dépasser. Ce ne sont certainement pas les seules raisons (les mécanismes de la créativité chez un artiste sont si complexes !) mais de toutes celles que je décode, l’intention est de loin la plus indispensable à la création.
Quand un modèle me convient, je lui suis fidèle pendant des années. Une amitié faite de confiance, de partage et de compréhension s’installe généralement entre nous et continue son « œuvre ». Il est intéressant pour moi que le modèle se livre doucement, qu’au fil du temps et des séances, il trouve au plus profond de lui ce que j’essaie de restituer sur la toile. J’aime ce moment où le modèle passe d’un état à l’autre et se livre sans fard.

Pour revenir à Salim, nous avons commencé à nous rencontrer dans les jours qui suivirent notre premier entretien et à travailler ensemble avec 2PAC et NTM à fond dans les oreilles. Quelques mois plus tard, dix tableaux voyaient le jour, pas mal de dessins et des centaines de photos. J’ai pu ainsi transposer sur mes toiles et dans mes photos sa fragilité, sa pudeur et aussi sa force.
La vulnérabilité d’un acteur a quelque chose d’émouvant, la sienne lui donne parfois un côté enfantin qui le rend attachant. Qui dit enfant, dit rebelle et qui dit rebelle dit dissident.
Salim est un rebelle attaché à ne pas le montrer. Il y a une grande retenue dans ses faits et gestes, même quand il donne l’impression de se livrer. Vous pouvez partager une soirée avec lui, à rire, boire, parler et au bout du compte, le lendemain, vous vous apercevez qu’il est resté secret, inquiet même et qu’il n’a livré de lui que ce qu’il voulait bien. Cette ambiguïté que je cultive moi-même m’a donné le fil conducteur des toiles que j’ai peintes autour de sa personnalité. J’ai symbolisé sa fragilité en associant son image à celles d’oiseaux meurtris, captifs ou mêmes morts. Je voulais absolument le transporter dans un univers à la fois onirique, sombre et fantastique qui puisse réveiller nos propres inquiétudes, parfois nos angoisses, mais toujours, nos meurtrissures humaines, nos peurs face à la souffrance, à la mort : notre impossible envol. Cet impossible envol est un des thèmes récurrents de ma peinture dont l’esthétisme n’est jamais qu’un moyen d’accrocher le spectateur et où, par la suite, il perçoit tout le drame qui s’y cache.

Les toiles de Salim seront exposées à la galerie Benchaïeb, 64 rue Mazarine à Paris du 23 novembre 2006 au 23 janvier 2007 au mois de Novembre. Ce sera la première étape de mon travail autour de Salim, avant la sortie d’un livre sur lui au printemps 2007.

D'autres toiles sont visibles sur le site de Salim.


Note de Daniel C. Hall : Nous retrouverons Michel cette semaine. Néanmoins qu’il me soit permis de dire à quel point nos longues conversations téléphoniques m’ont touché. Michel Giliberti est un grand artiste, un grand bonhomme. Michel sera à l’honneur en 2007 sur Les Toiles Roses. Et une semaine n’y suffira pas. Merci à toi, Michel et j’ai hâte de te rencontrer et de continuer notre dialogue. Merci aussi à Jean-Charles Fishhoff, des éditions Bonobo, de m’avoir permis ce contact.

 

 

Le commentaire de Salim Kechiouche :

Mécir (Salim Kechiouche). Photo d'exploitation. (c) D. R.


Pour Grande École, je suis plus mature, plus consciencieux, trop peut-être. Robert est très technique. Pour moi c'est une étape. Avant je n'avais pas le trac, là c'est la première fois que j'avais le trac, je connaissais mon texte par cœur six mois avant, trou noir avant de tourner.
C'est un rôle de composition, pour lequel j'ai dû changer la voix, plus douce, c'est un rôle plus gentil. C'est un vrai travail. Il fallait que je me mette en position de faiblesse, de demande, genre le petit candide. Un jour ça m'a fait chier, je suis revenu au style caillera et Robert a crisé, d'autant plus que je lui avais donné « le vrai Mécir » aux répétitions, parce que je savais que c'était cela qu'il voulait.
Le réalisateur, c'est le maître dans le vaisseau, c'est lui qui a écrit son truc. Si on a t'a donné une Super 5, c'est pas le lendemain que tu roules en Porsche. Ça l'embêtait aussi de me demander de ne pas sortir de l'enclos.
En voyant le film je me dis vraiment que ce n'est pas moi, c'est un personnage, c'est Mécir, je ne connais pas son nom. Le personnage est là, il est incarné, je suis content par rapport à ça, j'ai essayé de le servir au maximum. C'est vrai que j'avais eu le trac mais ça a servi le rôle, cette pression mise par Robert a sûrement servi à ce que le personnage soit juste. Ce trac venait des concessions que je devais faire par rapport à ce personnage. Parfois, ses réactions par rapport à sa vie m'énervaient, ça ne pouvait pas être moi.
En ce qui concerne la coupe, mes cheveux étaient plus lisses et ça donnait au personnage ce côté lisse, qui subit, même si d'un autre côté, c'est quelqu'un qui s'assume socialement, qui bouge, qui vit, il travaille, il a sa carte bleue.
Ce rôle c'est un retour sur les écrans avec un film d'auteur, Robert Salis, que je respecte et qui respecte beaucoup ses comédiens. Je sais que j'ai vraiment partagé une bonne expérience.

© Pascal Faure pour salimkechiouche.com

Fiche technique :
Avec Grégori Baquet, Alice Taglioni, Jocelyn Quivrin, Salim Kechiouche, Elodie Navarre, Arthur Jugnot, Yasmine Belmadi et Eva Darlan. Réalisation : Robert Salis. Scénario : Robert Salis et Jean-marie Besset, d’après l’œuvre de Jean-Marie Besset. Directeur de la photographie : Emmanuel Soyer.
Durée : 110 mn. Disponible en VF.




Résumé :
Un groupe de jeunes gens intègre l'une des grandes écoles où se forment les futurs dirigeants et où s'entrouvrent les portes du pouvoir. Ils sont la crème des étudiants et constitueront l'élite de demain.
Mais la vie a toujours plus d'imagination que nous. Grandes écoles, oui, grands amours aussi, difficiles à vivre parfois. Le trouble du je et du jeu, des sentiments, de l'esprit et de la chair désinhiberont leurs certitudes. Ils devront faire avec eux-mêmes, devenir ce qu'ils sont et s'apercevoir que l'école qui est grande n'est peut-êyre pas celle annoncée.
L’avis de Media-G :
Malgré les apparences, l'intrigue ressemble curieusement à celle de Maurice (James Ivory-1987), où un aristocrate britannique tombait sous le charme – sans conclure – d'un de ses copains étudiants de Cambridge. Puis, bravant les barrières sociales, tombait dans les bras d'un ouvrier et se découvrait tel qu'il était. La ressemblance s'arrête là.
Prenant le décor d'une quelconque école supérieure de commerce déshumanisée, Grande École entend parler de la Grande École de la Vie, donc du travail et celle de l'amour. Partant d'un sujet pourtant intéressant et peu traité dans le cinéma français (hormis à travers des gaudrioles effroyables à la Sexy Boys) le film trahit très rapidement ses origines théâtrales et se plante tout droit dans le décor.
Les personnages sont réduits à des caricatures monofacettes : l'ambitieux, la manipulatrice, le travailleur coincé... sans jamais essayer de voir au-delà des apparences. Seul Paul (Gregori Bacquet, formidable), torturé dans l'âme entre ses idéaux en train de se morceler et sa sexualité vacillante, donne lieu à une véritable étude de caractère. Mécir (Salim Kechiouche, épatant et émouvant) reste lui fidèle à ses convictions : c'est bien le seul qui sorte digne de cette histoire. Peu dupe de sa qualité d'objet de désir, il se laisse prendre au piège de ses émotions. Mais reste un tantinet prisonnier du cliché du bel arabe fantasmé les mains dans le plâtre : le film se prend un peu les pieds dans le tapis des clichés qu'il souhaite décrire.
Le rythme languissant n'arrange en rien cette impression de lourdeur démonstrative. Chaque effet est appuyé d'un dialogue explicatif (genre explication de texte au cas où personne n'aurait compris), le ton engoncé dans un montage mou. Ça traîne, ça se pose des questions, ça ne répond jamais : on tourne en rond, acteurs, histoire comme spectateur. La cerise sur le gâteau, ce sont les dialogues : ampoulés, déclamés comme au théâtre, ils tombent régulièrement à plat, oubliant que le passage au cinéma s'accompagne de l'oubli de la scène et que les acteurs n'ont pas à articuler comme des bêtes pour se faire entendre. Résultat : des scènes supposées emplies d'émotions (la scène d'explication finale) provoque l'hilarité de par le peu d'emprise sur la vie réelle.
Et l'amour dans tout ça ? L'amour... hum... le film ne lésine en scènes de cul à tous les étages. Peu avare en nudité masculine, on est gratifié de deux scènes de douche après un match de water-polo. Dont l'une supposée représenter le trouble du héros. Trop longue pour être honnête, elle apparaît totalement gratuite. La sexualité apparaît survoltée dans les scènes hétérosexuelles mais sensuelle, un peu hors du temps et onirique dans celles homosexuelles. Vision hédoniste d'un moment suspendu dans le temps, aboutissement du désir, cet impossible objet.
Comme dans tout film français parlant de sexualité compliquée par le désir, d'ordre et de désordre (amoureux ou professionnel), les héros ne savent pas choisir. Comme le dit le héros à la fin « je veux choisir de ne pas avoir le choix ». Mouais, un peu facile. la conclusion est au diapason du film : incapable de choisir entre théâtre et cinéma, le cul entre deux chaises d'une sexualité non épanouie. Cette description d'un monde industrialisé à outrance dans ses choix de société où les rapports sont prévus à l'avance, demeure statique, démonstrative, d'une lourdeur emphatique qui mène à un ennui grandissant. C'est très dommage car il y avait matière à moins verber et à agir plus : indécrottable prétention auteurisante à la française.
Le héros du livre et du film Maurice, prenait une décision radicale : celle de s'assumer. Celui de Grande École ne sait pas (ne veut pas ?) prendre cette décision, tout comme le film qui ne sait pas (ne veut pas ?) s'assumer comme tel.
Pour terminer, Robert Salis est le réalisateur de l'inénarrable documentaire sur le naturisme Vivre Nu – À la recherche du paradis perdu. Son dernier film, Grande École, est terminé depuis longtemps mais a peiné afin de trouver un distributeur et une fenêtre de sortie.
Grande École est sorti en DVD chez Optimale.
L’avis de Polo :
Une grosse déception que ce film qui aborde pourtant l’homosexualité d’une manière assez originale à travers la vie d’un groupe d’étudiants en grande école, promis à un avenir professionnel radieux.
Des textes qui ne sont pas sans rappeler les classiques du théâtre que nous avons tous étudiés au lycée mais qui, à l’instar de séries comme celle très célèbre du nom de Dawson’s Creek, sont parfois difficiles à imaginer dans la bouche de protagonistes aussi jeunes. Bref, un texte bien trop littéraire qui nous permet de ne pas oublier une seconde que ce film est l’adaptation d’une pièce de théâtre, ajoutant de la difficulté à la compréhension de ce scénario parfois pesant. La trame de fond reste limpide mais ce sont tous ces petits dialogues parallèles qui paraissent confus car inadaptés aux personnages.
Il ne suffit pas de montrer quelques corps masculins nus ou à demi nus pour faire d’un film « gay themed » un bon film. Il n’en demeure pas moins que cette petite touche sympathique reste un des attraits principaux de ce film dans lequel on se réjouit de revoir l’acteur Salim Kechiouche, que nous avons déjà pu suivre avec beaucoup de plaisir lors de son apparition dans le film Les Amants criminels de François Ozon ou plus récemment dans Le Clan de Gaël Morel.
Contrairement à d’autres sentiments dont on ressent moins la sincérité à travers leurs jeux, les acteurs, réussissent parfois à faire passer la sensualité de certaines scènes, malgré un texte ne leur permettant pas vraiment de s’exprimer en étant très crédibles mais il n’en reste pas moins que leur jeu est souvent plat ce qui rend certains passages plutôt désagréables.
Le thème était pourtant intéressant : Exprimer le contraste que l’on peut trouver dans ces très grandes écoles entre les certitudes de futurs dirigeants et les doutes qu’on peut avoir à un âge où tout se bouscule facilement.
Les deux points positifs de ce film restent à mon avis la nature des sentiments troubles que peut avoir le personnage principal pour son colocataire mais surtout la touche de fraîcheur apportée une fois de plus par Salim Kechiouche qui mériterait qu’on lui offre sa chance d’avoir son premier rôle.
L’avis de Olivier Valkeners (LaLucarne.org) :
Était-il vraiment besoin de prouver qu'une œuvre théâtrale s'adapte mal au cinéma ? Si cela était le cas, ce film en est la preuve ultime ! Bon d'accord, je schématise, il est vrai que de nombreuses pièces à succès se sont vues adaptées brillamment à l'écran. Mais définitivement pas celle-ci ! Des garçons de bonne famille, Paul, Louis Arnault et Chouquet (!), pétris de valeurs et de certitudes, intègrent une grande école de commerce où ils vont être formés à devenir les futurs dirigeants du monde moderne. Mais avec la cohabitation naissent sentiments et troubles. Choc des cultures et des classes, désirs charnel, intellectuel, rien ne va plus au royaume du certain et Paul perd pied.
Dès le générique, on a envie de rire. Avec un titre qui avance vers le spectateur pour emplir l'écran, comme ça se faisait dans les années 80, on sent toute la dimension de grandeur et de théâtralité pompeuse que le réalisateur a voulu insuffler à son film. Et peut-être aussi le fait qu'il n'ait plus réalisé de fiction depuis 84 ! On ne sait si c'est par ambition artistique ou pour s'éloigner du réalisme des documentaires filmés entre temps par Salis, mais bien qu'ayant été retravaillée, la pièce n'a nullement l'air d'avoir été adaptée ! Les acteurs, aussi bons soient-ils, ont un mal fou à se dépêtrer des dialogues littéraires au langage châtié et malgré tout le talent qui les habite, peinent à nous faire croire au naturel de leurs mots et des situations, poussées jusqu'à l'insupportable dans le ridicule.
Alors, bien sûr, c'était dans l'intention du réalisateur que de conserver un style théâtral par l'usage du jeu et de décors propres à la scène, afin de déstabiliser le spectateur et lui faire ressentir le trouble émotionnel des personnages, mais si le concept peut paraître intéressant, le résultat est loin d'atteindre les espérances d'une présentation sur papier. Dans quelle mesure un film peut-il être personnel au point d'en devenir inaccessible ? Je ne suis pas en faveur d'un cinéma commercial (loin de là) qui privilégierait les attentes d'un soi-disant grand public, mais lorsqu'on réalise une œuvre cinématographique, aussi artistique que puisse être la démarche, n'est-elle pas destinée à un public ? Est-ce qu'en cinéma, on peut rester aussi égoïste dans l'écriture d'une œuvre qu'on pourrait l'être dans une autre discipline ? Et si même c'était le cas, le minimum ne serait-il pas d'au moins le faire un peu correctement ?!
Entre la mise en lumière des décors aussi naturels que la décoloration des protagonistes et le montage de scènes surjouées, on ne sait que choisir ! Peut-être les choix musicaux, énormes et lourds, ruinant les séquences, l'une après l'autre, transformant notamment cette scène de douche au vestiaire en vulgaire et pathétique matage de culs quand elle devrait signifier le paroxysme du trouble ressenti par Paul, le personnage principal. Grégori Baquet a bien du mal avec son Paul, et seul Jocelyn Quivrin réussit plus ou moins à s'en sortir avec naturel. Une distribution de jeunes acteurs/trices au talent indéniable que l'on se doit de saluer, vu le caractère périlleux de l'exercice !
Un film à oublier, mais des comédiens à suivre.
L’avis de Oli :
Trois colocataires sur le campus d’une grande école de commerce, dont deux ont une copine. Des considérations humanistes ou financières sur le monde du travail, des pulsions homosexuelles naissantes, un petit jeu au sein d’un couple sur qui séduira un tiers. Et en toile de fond, une tentative de réflexion sur les sentiments humains, prétention audacieuse de la part du scénariste.
Tiré de la pièce éponyme, ce film a essayé d’en garder le style théâtral, avec le jeu de langue presque racinien (« Andromaque, que ne me prêtes-tu pas ton polycopié de finance sur les swaps ? »). Sous couvert de justification par le milieu huppé qui fréquente cette école, censé parler couramment XVIe. Mouaif, admettons. Seul le beur ouvrier (Salim Kechiouche) a un langage normal, tant mieux pour lui. Pour le reste, faut aimer les incohérences et les inaboutissements. Une certaine dénonciation des préjugés en matière sentimentalo-sexuelle contrebalancée par un discours caricatural sur les grandes écoles. On n’est sûr que d’une chose : le scénariste n’y a jamais mis les pieds. Et sinon, comme écrivait ma prof de philo quand je présentais une copie insuffisante : « des pistes intéressantes qu’il faut davantage creuser ».
N’y aller que pour les sexes masculins visibles, le reste n’a pas grand intérêt.
L’avis de Zvezdo :
Ce film est une soupe peu homogène de choses ratées et réussies...
Pour ceux qui l'ignoreraient, c'est l'adaptation d'une des pièces les plus personnelles de Jean-Marie Besset. (Je vous recommande sa très jolie interview ; il dit drôlement que Les Lettres sont suspectes (...) moins que des cours de danse, mais plus que des leçons de piano et ne sent pas très en accord avec la vision bisexuelle du désir que véhicule le film – ouf!!!!!)
J'ai vu avec enthousiasme tout le théâtre de Besset depuis Ce qui arrive et qu'on attend que nous étions allés voir en meute à Montparnasse en 1993; et j'ai vu Grande école au théâtre 14, sans doute au moment de sa création. J'ai lu depuis que Guillaume Canet et Romain Duris ont joué le rôle ; je n'en ai pas le moindre souvenir, ils devaient être beaucoup plus jeunes, et totalement inconnus. En tous cas, j'ai le souvenir que c'était formidablement bien joué, ce qui n'est pas le cas dans le film.
J'y vois deux défauts principaux (au film) : 1) trop de maïzena, 2) des acteurs trop fadasses, pas vraiment crédibles.
Trop de maïzena, trop de sauce, trop de kitsch. Dès que le réalisateur ne sait plus quoi faire, on a droit à des effets ridicules (effets de miroirs, etc. La seule chose amusante dans ce registre, ce sont les gambettes de nageurs vus à l'envers; en reflet dans l'eau :-). Sur le plan de la musique, c'est une compile de tubes classiques mal assortis (Bizet, Puccini), sans que soit assumée la moindre ironie. La scène où le héros dissimule mal son trouble dans les vestiaires de la piscine face à l'objet de son désir dure des plombes... et c'est filmé comme un mauvais clip, pas de trouble, rien, que de l'eau qui coule.
Les filles sont fadasses, modèle Star’ac. Le héros (Grégori Baquet) n'est pas mauvais, mais, je vais être horrible, il a au moins 2 défauts : 1) il n'a pas l'âge du personnage et çà se voit, 2) il se teint les cheveux et ça se voit aussi.
C'est dommage, parce que le sujet me touche : le passage de la province à Paris, la vaine attirance pour un garçon hétéro. Les scènes avec Salim Kechiouche, le jeune beur, sont très bien, on croit au personnage, à l'enthousiasme et la rage mêlées.
Je pense que les pièces de Besset sont plus intéressantes qu'une simple description sociologique ; c'est du bon théâtre, qui supporte bien de bons acteurs. Je crois, j'espère qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait une école de commerce ni prépa à Ginette pour les apprécier (je n'ai fait ni l'un ni l'autre, je tiens à le préciser...)
Pour plus d’informations :

Fiche technique :
Distribution :
Une pièce de Jean-Marie Besset.
Une mise en scène de Gilbert Désveaux. Avec Marianne Basler, Xavier Gallais, Jean-Michel Portal, Salim Kechiouche.

Descriptif : Un couple reçoit à dîner le meilleur ami d'adolescence de l'épouse, retrouvé depuis peu, avec qui ils sympathisent tous d eux... Par le glissement progressif de la culture au sexe, du sexe au sentiment, du sentiment à la famille, LES GRECS dynamite l'hypocrisie, les mensonges et les malentendus sur lesquels repose la famille dite "nucléaire".
N’EST PLUS A L’AFFICHE ACTUELLEMENT

L’avis d’Olivier Razel (Afrik.com) :

L’ange beur chez les Grecs
Une pièce cruelle et drôle de Jean-Marie Besset

Le "Petit Montparnasse" à Paris crée une pièce très actuelle de Jean-Marie Besset, Les Grecs, féroce satire des conformismes de la société contemporaine, que vient transpercer soudain le regard franc d’Osman, jeune Algérien joué par Salim Kechiouche.

La pièce est belle, intelligente, judicieuse dans sa progression, et les acteurs sont immédiatement à la hauteur de cette dérision suprême qu’exige d’eux Jean-Marie Besset : jouer la lucidité avec détachement, jouer avec foi cette farce dont personne n’est dupe, qui forme le conformisme confortable des intellectuels de gauche.

Fin de dîner, fin de partie

L’action commence à la fin d’un dîner, au moment où une vague ébriété effiloche les raisonnements et donne soudain du champ à l’expression de ce qui devrait être tu. Les protagonistes sont d’abord trois : Léna, Henri forment un jeune couple de privilégiés, baignant dans le milieu culturel parisien, leurs enfants dorment à l’étage, ils reçoivent ce soir-là un vieil ami de Léna, Alain. Ils ont été amants à la fin de leurs études, c’est une histoire ancienne, d’autant plus qu’Alain, désormais, préfère les hommes.
Léna règne, impériale, sur le trio : son mari amoureux, son ancien amant, intellectuellement son complice. Elle se complaît à l’évocation de leur voyage en Grèce, de leurs fouilles communes, de leurs exaltations partagées... Admirablement interprétée par une grande actrice, Marianne Basler, Léna jouit pleinement de sa position centrale, dominant la conversation, supérieure entre ses deux hommes successifs.
Mais insensiblement, par touches légères, par degrés progressifs, l’ordre apparent se désagrège. La façade sociale, l’illusoire amitié, la familiarité jouée, toute cette comédie se révèle pour ce qu’elle est : factice. Tout d’un coup le cothurne grec ne leur va plus, les personnages boîtent, ils se retrouvent nu-pied, leurs discours abandonnent toutes convenances, les voilà à vif, jetant sur la scène leur misérable petit tas de secrets, leurs désirs refrénés éclairant leurs mensonges, leurs travers. On s’amuse beaucoup dans la salle.

L’ange beur paraît

Et c’est à l’acmé de ce dévoilement brutal des corps que surgit l’ange beur, Osman. Peu importe qu’il soit l’amant d’Alain, guidé par la jalousie. Son intrusion clarifie le jeu : il met fin aux derniers faux-semblants, oblige chacun à avouer devant les autres ce qu’il désire. Osman surgit, et parce qu’il rend manifeste l’ultime défaite de Léna, elle se donne à lui.
Le tour de force de Jean-Marie Besset, servi admirablement par Salim Kechiouche, dont cette interprétation prouve une nouvelle fois le talent, c’est que ce bouleversement total des rôles sociaux se produit sans manichéisme. La subversion des codes, le renversement des équilibres initiaux s’accomplissent avec un naturel désarmant. Tout est par terre, et on a envie de dire : "so what ?"

Salim Kechiouche impeccable en Heurtebise

C’est l’alchimie propre de l’ange beur : il dit la vérité, sans calcul, sans stratégie. Ses paroles ont la netteté authentique des faits. Du couple qu’il forme avec Alain, il dit que c’est un couple -ce qu’Alain n’assume pas, ni socialement, ni intellectuellement. Il trie dans les actes des uns ou des autres ce qui relève de la méchanceté ou de la bonté. Il affirme des valeurs simples -frustes, naïves ? Il faudrait plutôt dire justes, comme sont justes les images d’Epinal et les morales enfantines. Et finalement, lui, aime les femmes, rendant à Léna son pouvoir.
Difficile alors de ne pas voir se profiler derrière le profil brun d’Osman la pâleur de l’Ange Heurtebise, ce passeur calme qui dans plusieurs oeuvres de Cocteau ouvre les portes d’espaces invisibles. Si Osman détruit les apparences et dévoile ce qui est, c’est qu’il faut probablement conclure avec le poète, dans son poème "l’Ange Heurtebise" qui date de 1925 :
"Heurtebise ne t’écarte plus de mon âme, j’accepte. Fais ce que dois, beauté. Qu’il est laid le bonheur qu’on veut Qu’il est beau le malheur qu’on a."
Ce qui forme probablement la saine et roborative morale de cette aventure drôle et cruelle. Et chapeau à Jean-Marie Besset d’avoir trouvé des acteurs assez puissants pour porter sans faiblir cette formidable mécanique de mots et nous faire rire si fort -de ce que nous sommes.

* Olivier Razel, romancier, essayiste, critique littéraire, a notamment publié "Le Temps qu’il faut" aux éditions Plon. Son texte est publié avec l’autorisation d’Afrik.com.

L’avis de D. Dumas :

Léna (Marianne Basler) et Alain (Xavier Gallais) s’étaient connus à Delphes, à la fin de leurs études, et leur amour de la civilisation grecque antique les a rapprochés. Ils ont partagé le même sac de couchage, mais ils n’ont jamais couché ensemble. Alain revendique son homosexualité, et s’il vient dîner chez Léna, c’est parce qu’il éprouve un désir violent pour Henri (Jean-Michel Portal), le mari de Léna.
On reconnaît dans Les Grecs l’univers de Jean-Marie Besset, construit sur ses admirations, ses penchants et ses choix. Il reprend aussi les propos de Michel Vinaver comparant le cheval de Troie aux avions s’écrasant sur le World Trade Center. Guerre éternelle de l’Occident contre l’Orient pour Jean-Marie Besset, nouveau mythe pour Vinaver.
Le vin est capiteux, on boit beaucoup, les propos s’égarent, se cristallisent autour d’Achille et de Patrocle et les appétits sexuels s’exacerbent. Alain ne cache rien de ce qui l’anime, et Léna se fait provocante. Mais celui qui va jouer le rôle du cheval de Troie dans cette villa tranquille de bobos de la banlieue Ouest, c’est un jeune Arabe. Osman (Salim Kechiouche) vient chercher Alain chez qui il vit. Ainsi, Alain est en contradiction avec ses propos : « pas de PACS […] pas de pax romana ». Léna, comme Hélène, (Léna n’est-il pas un diminutif de ce prénom ?) enlève ce beau Pâris tandis qu’Henri cède à l’amour grec d’Alain.
Le décor rouge et gris de Serge Coiffard, conçu sur deux plans pour cette maison d’architecture moderne, souligne les propos que tiennent les protagonistes. Gilbert Désveaux y présente avec une grande finesse, un étage pour l’intime, un rez-de-chaussée pour les invités. Il dirige avec pudeur les outrances de l'instant où tout bascule dans la nuit américaine de Frank Thévenon qui règle les lumières. Les amis deviennent amants. Ce n’est pas une partouze, ni une orgie, juste l’abandon d’un « samedi soir ». Le lendemain, Henri et Léna se jurent de « ne plus recommencer », tandis qu’Osman quête en vain un geste de tendresse. Alain affiche un peu trop son cynisme, fabrique trop de bons mots pour qu’on ne se demande pas quelle est sa secrète blessure. Xavier Gallais est parfait dans ses propos sournois. Chaque comédien joue sa partition avec justesse. On devine que la satisfaction des sens conduit chacun au regret, à l'échec.
Car pour l’amour des Grecs, faut-il se contenter du plaisir physique ?

L’avis d’Alex & Greg :

C'est la curiosité qui nous a poussés à aller voir Les Grecs de Jean-Marie Besset, au Petit Montparnasse
Dans Les Grecs, on retrouve des thèmes apparemment chers à l'auteur tels que la confusion des genres, la critique de la bourgeoisie française et sa haine des conventions morales ou sociales. L'histoire tient en quelques lignes. Tout commence à la fin d'un repas dans l'ambiance cosy d'une maison qui transpire la réussite sociale. Léna et Henri, couple modèle, reçoivent à dîner le meilleur ami de Léna, Alain, retrouvé depuis peu et avec qui elle avait eu une aventure alors qu'ils étaient étudiants. Sauf qu'Alain lui préférait les hommes. Au démarrage, les protagonistes se lancent dans une conversation convenue sur l'Illiade d'Homère mais peu a peu, les langues dérapent, déliées par l'alcool ; la façade se fissure et les règles se modifient. La confusion devient totale à l'arrivée du petit ami algérien d'Alain. La discorde se trouvera résolue d'une manière qui défie toutes les conventions sociales.
Au final, Les Grecs laissent un sentiment de déception. Cette pièce n'a pas la classe de Marie Hasparren ni l'élan de Grande Ecole. Elle se veut choquante en abordant frontalement sexualité et chocs culturels aux relents de racisme, mais l'ensemble sonne étonnamment faux. La vulgarité désirée du texte s'accorde mal avec son écriture soignée, savamment construite et contrairement aux deux autres pièces précitées, j'ai eu l'impression que tout n'était qu'effleuré et que l'on ne voyait que la surface des choses et des personnages.
Néanmoins, je ne peux pas être totalement critique à l'endroit de cette pièce. La mise en scène de Gilbert Desveaux est efficace et permet plus facilement de rentrer dans l'histoire. Les comédiens Marianne Basler, Xavier Gallais, Jean-Michel Portal et Salim Kechiouche sont vraiment excellents. Et si au final le texte ne m'a pas séduit, l'ensemble de la représentation est loin d'être ennuyeuse (excepté la conversation du début sur l'Illiade, lourde à mourir) et mérite tout de même le coup d'œil.

Lire aussi la critique du Figaro.

La captation de la pièce sortira prochainement en DVD chez COPAT.fr (merci Bernard !)

Né en Égypte en 1972, Youssef Nabil grandit au Caire où il est bercé dès son enfance par la grande époque du cinéma égyptien des années cinquante, celle du Hollywood sur Nil. De ces images en Noir et Blanc il garde de la nostalgie du glamour, d’une certaine légèreté, de l’élégance et du mélo.
Très jeune, à l’age de dix-neuf ans, il commence à prendre des photos en marge de ses études littéraires à l’université du Caire. Deux rencontres artistiques viendront donner un tournant décisif à sa carrière. La première avec David Lachapelle dont il sera l’assistant à New York et la seconde avec Mario Testino qu’il suivra à Paris. Cette double expérience dans la photo de mode avec deux des plus talentueux photographes lui permettra non seulement d’apprendre à leurs côtés la sophistication de la photo de mode et paradoxalement l’aidera aussi à développer son regard et son style. Dans ses photos, il retiendra de ses amours cinématographiques un attachement particulier à la mise en scène et au choix des décors. Tout un dispositif est mis en place pour rappeler l’univers suranné du roman-photo, corollaire du cinéma de cette période : À partir de ses prises de vues réalisées dans l’esprit des “Studios”, il s’attache à mettre en valeur dans chacun de ses portraits l’aspect extraordinaire de ses modèles. Réalisées en Noir et Blanc, une fois développées, les photos sont soigneusement mises en couleur à la main.
Ses modèles sont des artistes égyptiens ou internationaux : acteurs, chanteurs, musiciens ou plasticiens. Pour les photographier, il doit avant tout les aimer. Ses photos l’aident à approcher les êtres qui l’attirent, le fascinent ou qu’il a envie de connaître. Il y a aussi ses propres icônes, celles qui ne sont plus de ce monde mais qu’il réussit à réincarner sous les traits de ses amis ou modèles.
Pour lui, la célébrité offre une part d’immortalité qui permet à ceux qu’elle touche de vaincre la mort par une image existante ou recréée. Par de là cette touche d’éternité, ses personnages auréolés d’amour n’échappent pas à la solitude qui les fige dans leur destin de stars. Les moments de célébrité détachent l’individu des autres et l’isolent dans une solitude extrême proche de la mort. Il y a là le désespoir de l’être qui se retrouve face à toute cette vanité où finalement, il ne restera de la vie qu’une image coloriée.
Dans un travail plus récent, Youssef Nabil pousse encore plus loin les liens qui rattachent l’amour à la mort. D’inspiration plus métaphysiques, ses dernières photos sont composées d’objets à connotation sexuelle chargée de danger et d’êtres qui voient le sens et l’essence de leur vie leur échapper. L’insouciance des années Glamour est bien loin.




La série de portraits de Salim Kechiouche (réalisée à Paris en 2005) a été publiée par le magazine Têtu et on peut en voir quelques-uns sur le site de Youssef Nabil et celui de Salim Kechiouche. Un grand merci à Youssef dont l’immense gentillesse n’a d’égale que son talent. Les portraits reproduits ici respectent les demandes de l’artiste. Merci aussi à mon ami Abdellah Taïa pour m’avoir aidé à contacter Youssef.

Les portraits sont © Youssef Nabil. Reproduction interdite. Tous droits réservés pour tous pays. Reproduit sur Les Toiles Roses avec l’autorisation de Youssef Nabil.

20 cinématons Olé Olé !

de Gérard Courant

avec SALIM KECHIOUCHE, HALIM ANOU, MATHIEU LECERF, NOËL GODIN, TOM DE PEKIN, PASCALE OURBIH, BRIGITTE LAHAIE, MONSIEUR KATIA, MADAME H, JAKOBOIS, ILMANN BEL, REMI LANGE, ANTOINE PARLEBAS, MARIE-FRANCE, CORRINE, JEAN-PIERRE BOUYXOU, ELODIE, JOHANNE MAIBÖLL, PASCAL LIEVRE, MARIE-MADELEINE FUGER, ALAIN BUROSSE, FARRAH DIOD... 

Durée totale du DVD : 110 minutes. Interdit aux moins de 16 ans. DVD 5. Pal ALL Zones.

BONUS : TOURNAGE DU CINEMATON DE SALIM KECHIOUCHE, 6 COUPLES, ECRITS SUR GERARD COURANT, FILMOGRAPHIE, LIENS INTERNET, BANDES-ANNONCES.

ENTRETIEN AVEC GÉRARD COURANT
À PROPOS DU « CINÉMATON »
DE SALIM KECHIOUCHE

Photographie (c) Barbara Peon Solis
 

Avant de nous parler du Cinématon de Salim Kechiouche, pourriez-nous vous dire d’où vient l’idée du Cinématon ?

La conception du Cinématon est une idée nouvelle, révolutionnaire même dans le cinéma. Faire un film infini (il dure maintenant 150 heures et a été commencé, il y a 28 ans), projetable en tout (en intégrale) ou en partie (il est possible de ne projeter qu’un Cinématon), en kit en quelque sorte, n’avait jamais été mise en pratique auparavant dans le cinéma et je dirais même, également après, depuis la naissance du Cinématon.
L’idée est née au milieu des années 1970 quand j’étais étudiant. J’étais un cinéphile fou, qui voyait beaucoup de films et qui espérait en faire lui-même à son tour. Même si le cinéma était mon centre d’intérêt principal, j’étais également très attiré par l’art contemporain dont les artistes n’hésitaient pas à travailler sur le modèle de la série. Et ce travail, sur l’accumulation, les variations et la répétition, m’attirait énormément.
Mais une question me tarabiscotait : pourquoi existait-il si peu de films réalisés sur des artistes alors que le cinéma approchait déjà de son siècle d’existence ? Sur certains artistes majeurs, il n’y avait rien. Pourquoi ? Je n’avais pas de réponse. Et, en fait, ma réponse fut de me lancer, après une longue réflexion, dans cette aventure du Cinématon : filmer les artistes avec des règles du jeu très particulières sur lesquelles je vais m’expliquer un peu plus loin.

Que vouliez-vous faire « passer » ?

Mes moyens matériels et financiers étant réduits, le coût élevé du cinéma ne me permettait pas de réaliser des essais comme peuvent le faire si facilement les peintres et les écrivains et, aujourd’hui, les cinéastes grâce à la vidéo. Ce manque de moyens m’obligea à me poser beaucoup de questions. Comment réaliser et comment financer moi-même ce travail ? C’est après avoir répondu à ces interrogations, qui durèrent plusieurs années – une éternité quand on a vingt ans – et après avoir longuement réfléchi au meilleur concept possible que je me jetai enfin à l’eau le 18 octobre 1977. Je réalisai le numéro 0 de la collection : mon propre portrait que j’intégrai, illico, dans mon premier long-métrage : Urgent ou à quoi bon exécuter des projets quand le projet est en lui-même une jouissance suffisante. Quand je découvris le résultat de cet autoportrait, je fus très surpris par mon comportement devant la caméra car j’imaginais n’avoir rien fait. Je fus stupéfait par la multitude d’expressions qui se lisaient sur mon visage. À l’évidence, mon dispositif fonctionnait ! C’est alors que le 7 février 1978 je me lançai véritablement dans l’aventure en filmant le premier Cinématon.
Mais tout ça n’est que de l’anecdote. Ce que je voulais faire passer aux spectateurs tenait dans ces trois points :
1) Je désirais conserver une mémoire cinématographique du milieu que je côtoyais : les milieux du cinéma et de l’art.
2) Je tenais à ce que ces portraits soient différents des portraits que l’on voyait au cinéma ou à la télévision.
3) Je voulais réaliser un grand nombre de portraits. Au départ, j’imaginais un film de 24 heures (soit environ 340 portraits), ce qui me semblait déjà très ambitieux. Mais très vite, au bout de quelques mois, je me suis fixé un objectif encore plus élevé : filmer 1 000 Cinématons (soit environ 70 heures de film). Puis lorsque, au bout de dix années de tournage, j’ai filmé le 1 000ème Cinématon – à nouveau, le mien – j’ai désiré continuer et ne plus me fixer de limites.

Quel est le principe du Cinématon ?

Tous les portraits sont réalisés selon les mêmes règles que voici :
1) Un gros plan fixe du visage d’une personnalité des arts et/ou du spectacle.
2) Une caméra fixée sur un trépied.
3) Un plan fixe de 3 minutes 20 secondes.
4) Une seule prise.
5) Pas de son.
6) Pas de modification de mise au point.
7) Un plan-séquence
8) Pas de montage.
9) La personnalité filmée est libre de faire ce qu’elle veut.
10) Le cinématé accepte que son portrait soit montré en public.

Quelles personnes filmez-vous ?

Je filme les artistes qui œuvrent dans toutes les disciplines (cinéma, musique, arts plastiques, arts de la rue, littérature, télévision, cirque, philosophie, politique, etc.). Cela va de Jean-Luc Godard à Jean Dutourd, du Professeur Choron à Jack Lang, de Arrabal à Roberto Benigni, en passant par Wim Wenders, Gérard Jugnot, Philippe Sollers, PPDA, Jean-Paul Aron, Félix Guattari, Ben, Cavanna, Marie-France, Samuel Fuller, Sergueï Paradjanov,  etc.

Comment avez-vous rencontré Salim Kechiouche ?

Au départ, il y a Rémi Lange. Je connaissais Rémi Lange depuis ses débuts au cinéma. Je l’avais rencontré à Tours en 1993 lors des Rencontres du 8ème type, qui était un festival entièrement voué au format Super 8, alors qu’il tournait Omelette, son premier long métrage. Le samedi 3 avril de cette année-là, j’avais rassemblé tous les festivaliers pour réaliser un portrait filmé pour une autre série cinématographique que je réalise depuis 1985 : la série Portrait de groupe. Ce portrait s’appelle Les Morlocks dansent aux rencontres du 8ème type. (Parmi la trentaine de participants, on reconnaît le fameux Joseph Morder, l’inventeur et le père des Morlocks). C’était le 181ème de la collection qui en compte aujourd’hui 235. Rémi Lange, présent sur les lieux avec sa caméra Super 8, filma le tournage qu’il inclut dans Omelette !
Puis, au début de l’année 2005, Rémi Lange me contacta pour me proposer d’éditer, avec sa société Les Films de l’Ange, un DVD d‘une sélection de mes Cinématons. Nous avions d’abord établi une première sélection de portraits choisis à l’intérieur de ma collection et Rémi Lange eut l’idée d’actualiser ce DVD en me demandant de filmer des nouveaux portraits de personnalités qui pourraient trouver leur place dans cette sélection. Et parmi ces personnalités, outre Madame H, Corrine, Tom de Pékin, Ilmann Bel ou Pascale Ourbih, il me proposa de filmer Salim Kechiouche que je ne connaissais pas encore personnellement. Bien entendu, j’acceptai.
Nous nous donnâmes rendez-vous au parc Monceau, par une douce après-midi de printemps qui sentait déjà bon l’été. Nous étions le 11 juin 2005. Rémi Lange s’était joint à nous car nous avions convenu qu’il filmerait cette séance pour en faire un making of qui serait inclus dans le bonus du DVD. Antoine Parlebas était également présent avec une deuxième caméra.
Le tournage du Cinématon commença à 15 heures 35 (c’est indiqué dans le générique !) et Salim Kechiouche est le 2 102ème de la collection !
Le DVD, avec 20 Cinématons (et 5 portraits de la série Couple en bonus) a été édité et il est sorti à la fin de l’année dernière sous le titre : 20 Cinématons olé olé.  

Est-ce que vous connaissiez Salim Kechiouche avant de réaliser ce Cinématon ?

Je savais peu de choses de lui. Je l’avais vu seulement dans le film de François Ozon, Les Amants criminels où il était excellent. Mais comme Ozon est un grand directeur d’acteurs, on est forcément excellent chez ce cinéaste. Le vrai test pour un acteur, quelles que soient ses qualités, est d’être bon dans un mauvais film comme savaient l’être à la perfection un Francis Blanche, un Bernard Blier ou un Michel Galabru. Mais c’est plus facile dans la comédie qui n’est pas encore, à ma connaissance, le registre de Salim Kechiouche.

Comment lui avez-vous présenté le principe du Cinématon ?

Ce fut très simple. Rémi Lange établit le premier contact avec Salim en lui demandant s’il était intéressé de participer à l’expérience et à l’aventure du Cinématon. Comme il répondit par l’affirmative, je lui téléphonai ensuite pour bien lui expliquer les règles du Cinématon et, notamment, en insistant sur le fait qu’il avait une totale liberté de faire ce qu’il voulait devant ma caméra. Il eut l’idée de mettre en scène une séance d’entraînement d’un sport qu’il pratique assidûment et qu’il adore : la boxe.

On voit dans un premier temps Salim Kechiouche sauter à la corde, puis boxer en direction de la caméra. Quels souvenirs gardez-vous de ce moment de tournage ?

Ce fut un moment délicieux car très plaisant à filmer. Il n’y avait aucune tension, aucun stress comme il peut arriver, parfois, dans certains Cinématons où la personne filmée, prenant conscience – à tort ou à raison – qu’elle va laisser une trace pour l’éternité, se fige, se contracte. Au contraire, on sentait que Salim prenait beaucoup de plaisir à jouer devant ma caméra. À aucun moment, la caméra ne l’a gêné. Elle était plutôt son allié. Il avait la grâce du boxeur sur le ring qui danse autour de son adversaire.

Quels souvenirs gardez-vous de votre rencontre avec Salim Kechiouche ?

Nous avons pris possession d’un petit carré de pelouse du parc Monceau et nous nous sommes installés comme si nous étions les seuls au monde, sans nous préoccuper des passants ou du regard des enfants toujours fascinés par une caméra (et ils pouvaient l’être triplement puisqu’il y avait trois caméras !).
Certains souvenirs sont liés à la présence de Rémi Lange et Antoine Parlebas. En temps normal, il n’y a pas de personne étrangère au tournage d’un Cinématon. Un Cinématon demande une grande concentration de la part de la personnalité filmée (et également de la part du cinéaste !) et toute intrusion extérieure risque de modifier son comportement devant ma caméra. Un simple mot, un simple regard, un toussotement, un éternuement de l’un de ces invités pourrait provoquer une réaction chez la personne filmée qui irait à l’encontre du résultat du Cinématon. En effet, il est utile de redire que tout ce que le sujet filmé fait devant la caméra doit venir de lui et toute intervention extérieure va modifier son comportement et donc dévaluer sa prestation. La présence des deux opérateurs m’obligea à être encore plus vigilant sur des petits détails qui auraient pu parasiter le comportement de Salim. De plus, sachant que j’étais filmé pour le making of, j’étais contraint à plus de pédagogie et à plus de clarté dans mes explications lorsque je m’exprimais avec Salim durant la préparation du tournage de son Cinématon. J’avais pris la précaution de bien lui répéter les règles du Cinématon, en étant le plus précis possible dans mes définitions, de calculer tous mes gestes : installer mon trépied, fixer ma caméra, sortir la pellicule de sa boîte et l’introduire délicatement dans la caméra, délimiter le cadre qui était imparti à Salim, puisque, comme je l’ai énoncé dans la charte, le cadre, dans Cinématon, est toujours fixe et il m’est interdit de procéder à des recadrages pendant le tournage. Bref, j’étais le filmeur de Salim Kechiouche et, en même temps, le filmé de Rémi Lange et Antoine Parlebas ! Attention aux télescopages...  

Est-ce que le principe du Cinématon a surpris Salim Kechiouche ?

Il était un peu intrigué par la démarche singulière du Cinématon, mais sans plus. Visiblement, ma démarche ne l’impressionna pas outre mesure. Et c’est tant mieux ! Il a tout de suite compris qu’il s’agissait d’une expérience particulière et que c’était une chance de faire partie de ce cercle d’initiés où, comme comédien, il côtoyait des acteurs de talent comme Sandrine Bonnaire, Richard Bohringer, Marushka Detmers, Stéphane Audran, et bien d’autres.
Il a pris le Cinématon par le bon bout sans s’en faire une montagne. Il faut dire que Rémi Lange m’a bien aidé car c’est lui qui, ne l’oublions pas, établit le premier contact avec Salim en lui expliquant le cahier des charges si contraignant du Cinématon.

Quel regard portait-il sur l’expérience du Cinématon ?

Je crois que ça l’a amusé. Et en même temps, il l’a fait ce Cinématon de manière très professionnelle. Ce n’était pas gagné d’avance car sa mise en scène l’obligeait à bouger tout le temps et comme le cadre du Cinématon est fixe, il aurait pu en sortir très facilement. Et ce ne fut jamais le cas. Salim a montré une certaine science du cadre.

Ce qu’il y a d’étonnant dans ce Cinématon de Salim Kechiouche, c’est que ce portrait muet nous dit beaucoup de choses sur sa personnalité.

Je ne connais pas assez Salim pour répondre à votre question, mais il serait intéressant d’avoir l’opinion des personnes qui le connaissent bien. D’une manière générale, quand les spectateurs d’un Cinématon connaissent personnellement la personne filmée, ils sont toujours impressionnés que le dispositif du Cinématon puisse révéler d’une manière aussi forte la personnalité du filmé.

Que pourriez-vous nous dire d’autre sur ce Cinématon de Salim Kechiouche ou sur le Cinématon en général ?

Aujourd’hui, les Cinématons sont au nombre de 2 108 et l’ensemble dure environ 150 heures. La dernière rétrospective intégrale a eu lieu du 23 avril au 2 mai 1998 à Toronto, au Canada, où furent montrés les 1 870 premiers Cinématons. Je ne sais pas s’il sera possible de présenter une nouvelle intégrale car plus le temps passe, plus l’anthologie Cinématon augmente et plus il sera très difficile d’organiser un tel événement.

Justement, à propos de la diffusion, où est-il possible de voir les Cinématons actuellement ?

La particularité et la singularité de Cinématon impliquent naturellement une diffusion particulière et, parfois, singulière. Cinématon ne peut pas être montré comme un film normal car ce n’est pas un film normal ! Il faut être curieux, attentif aux programmes, jeter un œil acéré sur les grilles de programmes de la télévision, des cinémas, des festivals de cinéma, des projections de la Cinémathèque Française ou d’autres cinémathèques, des musées, des galeries, etc.
À partir du 28 octobre, la chaîne PinkTV va diffuser un Cinématon par jour pendant 16 semaines, soit 80 Cinématons. Il y aura les portraits de Jack Lang, Frédéric Mitterrand, Maurice Pialat, Jean-Luc Godard, Marie-France, PPDA, Philippe Gildas, Alain Chabat, Jules Édouard Moustic, etc. Ce 28 octobre la chaîne rediffusera l’émission Super Paradise qu’elle a consacré au Cinématon en avril dernier. Ce montage, composé d’une trentaine de Cinématons et magnifiquement réalisé par Jérôme Oliveira, offre en 34 minutes une excellente occasion de se familiariser avec l’entreprise folle des Cinématons.
Le samedi 11 novembre prochain, je présenterai une douzaine de Cinématons (Wim Wenders, Sandrine Bonnaire, Robert Kramer, Jean-Luc Godard, etc.) au festival Les Escales Documentaires à La Rochelle.
Le festival Filmer À Tout Prix de Bruxelles (13 au 20 novembre) a choisi de montrer une centaine de Cinématons. Un Cinématon sera montré au début de chacune des 60 séances du festival et une cinquantaine d’autres seront visibles sur des moniteurs à l’entrée des salles. On pourra découvrir Jean-François Lyotard et Noël Godin, le célèbre lanceur de tartes à la crême, Serge Daney et Philippe Garrel, Louis Calaferte et Jean-François Stévenin, André Téchiné, etc.
Pour ceux qui voudraient découvrir les Cinématons
de Marie-France et Ilmann Bel, sachez qu’ils seront au programme prochainement du festival Gay à Paris.
Un coffret de quatre DVD, édité par Malavida, doit sortir fin novembre. Il y aura 40 Cinématons de cinéastes (Jean-Luc Godard, Ettore Scola, Joseph Losey, Samuel Fuller, Sergueï Paradjanov, etc.), 40 de comédiens (Roberto Benigni, Anne Brochet, Zabou, Mathieu Amalric, Gérard Jugnot, etc.) et 40 de personnalités diverses (Philippe Sollers, Jacques Monory, Jean-Paul Aron, Félix Guattari, Max Gallo, Jack Lang, etc.).  Mon long métrage autobiographique, 2 000 Cinématons, réalisé en 2001, où 20 ans après le tournage de leurs Cinématons je retrouve des personnalités filmées, fera partie du bonus.
À l’occasion d’une grande rétrospective, prévue en décembre prochain, qui célèbrera le format Super 8, dont Kodak vient d’arrêter la fabrication et le développement du fameux Kodachrome avec lequel furent tournés mes portraits filmés, le Centre Pompidou va montrer des Cinématons de cinéastes de l’avant-garde qui oeuvrèrent dans ce format (Katerina Thomadaki, Teo Hernandez, Joseph Morder, Stéphane Marti, Mike Kuchar, Derek Jarman, Michel Nedjar, etc.).

Mille mercis Gérard pour cette interview et je vous renouvelle toute mon admiration face à votre œuvre. Les Toiles Roses vous consacrera une semaine en 2007…

 Propos de Gérard Courant recueillis le 19 octobre 2006



 

Le commentaire de Salim Kechiouche :

Saïd (Salim Kechiouche) - (c) Pierre & Gilles, tous droits réservés.

 


Ambiance plus dure que pour À toute vitesse. Ozon est distant, manipulateur, en retrait et en même temps très professionnel. C'est surtout la rencontre avec Yasmine et Jérémie qui sont encore mes amis très proches, comme des frères. Le cinéma t'offre des rencontres comme celles-là que tu n'aurais peut-être jamais faites dans la vie. Rencontrer un mec d'Aubervilliers et un autre de Bruxelles, je ne pense pas que je les aurais rencontrés ailleurs. Le travail avec Ozon est intéressant, très technique, ça permet de voir une autre façon de travailler.

Ça me faisait un peu chier d'être tout le temps mort. Un mec me dit « tu es dans la cave, on t'enterre la jambe », c'était pour de vrai, dans la terre, j'avais l'impression qu'il y avait des fourmis, des asticots, des bêtes qui commençaient à me ronger la peau. C'était inconfortable, sans bouger, entouré par une couverture affreuse, et la cerise sur le gâteau c'est quand on m'a dit qu'on allait me poser cinq rats dessus, des gros rats, « mais t'inquiète pas, les rats sont apprivoisés ». On a fait vingt fois la prise. Je me rappelle des moustaches des rats qui venaient frôler mon visage, je sentais leur petite mâchoire qui commençait à s'approcher de ma joue, là c'était incroyable.

© Pascal Faure pour salimkechiouche.com


Fiche technique :
Avec Jérémie Renier, Natacha Régnier, Miki Manojlovic, Salim Kechiouche, Yasmine Belmadi. Réalisation : François Ozon. Scénario et dialogues : François Ozon. Son : François Guillaume. Images : Pierre Stoeber. Montage : Claudine Bouché et Dominique Pétrot. Décors : Arnaud de Moléon.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.




Résumé :

Alice manipule son petit ami, Luc, pour qu’il assassine un de leurs camarades de lycée. Le couple tue Saïd, puis dissimule son corps dans la forêt. Leur sinistre besogne est épiée par un homme des bois qui bientôt enlève et séquestre le couple…


L’avis de Bernard Alapetite :
Les Amants criminels, c’est un peu un bonzaï de Tueurs nés dont le jardinier velléitaire serait Michel Tournier.
Dès les deux premières scènes du film, on comprend qu’il ne peut être réussi. Dans la première, une jeune fille, Alice (Natacha Régnier découverte par Zonca dans La Vie rêvée des anges), dans la chambre de son petit ami, Luc (Jérémie Renier découvert lui par les frères Dardenne dans La Promesse), se livre à un faux strip-tease. Le garçon est assis sur son lit les yeux bandés. Debout, face à lui, Alice ment. Elle dit qu’elle se déshabille, qu’elle a les seins nus, qu’elle les mouille de sa salive alors qu’elle reste vêtue. Luc la croit sans la voir. Elle l’excite verbalement pour le faire bander. Hélas, quand la fille baisse le slip du garçon, l’objet du désir, aperçu furtivement, est très sage. Le but du film sera de faire bander Luc !.. La scène suivante nous montre deux jeunes beurs (Salim Kechiouche et Yasmine Belmadi, le héros des Corps ouverts et de Wild side de Lifchitz) à moitié nus dans une chambre où ils évoquent leurs désirs pour les filles. L’un caresse son copain sous le prétexte de lui montrer comment il a caressé Alice. Dans ces deux scènes, autant les corps des garçons sont érotisés autant celui de Natacha Régnier est filmé avec une froideur et un désintérêt patent. Cette inégalité dans le traitement rend le film bancal et nous empêche de nous intéresser aux événements improbables qui vont suivre.


Alice pousse Luc à tuer l’un des deux beurs, Saïd (Salim Kechiouche à la vidéofilmographie gay déjà riche : Le Clan, Grande école, Vie et mort de Pier Paolo Pasolini, superbe tant par son jeu que par son corps), en lui faisant croire que Saïd l’a violée. Ozon traite le personnage de Saïd comme un fantasme de sexualité bestiale ou un fantasme raciste ? On désire son corps mais on hait ce désir, c’est pourquoi il faut le tuer, tant dans l’esprit d’Alice que bientôt dans celui de Luc. Le crime est filmé comme un acte sexuel, un grand morceau de cinéma, hommage brillant au fameux crime sous la douche de Psychose. Le couple décide d’aller enterrer leur victime dans une forêt. Au passage ils commettent un hold-up minable. Là, le film devient carrément mauvais à la limite du ridicule, mais peut-être est-ce du second degré, avec Ozon le doute est toujours permis et ce n’est pas là un mince mérite. Ayant enfin trouvé leur forêt, ils enterrent le cadavre, scène aussi pénible que celle analogue dans Sang pour sang des frères Cohen auquel on ne peut s’empêcher de penser.


Ils se sentent épiés. Pris de panique, ils s’enfoncent dans les bois où ils se perdent, poursuivis par une mystérieuse présence invisible, séquence impressionnante et très réussie. Ils découvrent une cabane dans une clairière. Ils s’y introduisent, mais bientôt l’ogre (Miki Manojlovic, l’acteur fétiche de Kusturica, ici beaucoup plus sobre que chez le Yougoslave parce que mieux dirigé !) revient et les séquestre. À ce moment commence un autre film, celui qui intéresse vraiment le réalisateur et qui nous réveille tant il était difficile de se passionner pour ces deux adolescents, ces deux blocs de bêtise, tentés par l’expérience du mal.


Ce qui motive le cinéaste, c’est la mise en image de la relation sexuelle entre un adolescent et un homme de cinquante ans (ce qu’il fera avec talent et une totale originalité dans son film suivant : Gouttes d’eau sur pierre brûlante). Le réalisateur quitte alors le naturalisme de la première partie qui était inspirée par un fait divers réel filmé avec la même sécheresse que son excellent Regarde la mer, pour une esthétique à la fois trash et kitch. Nous entrons alors dans le monde des contes (il y avait déjà de la fable dans Sitcom). Malheureusement Ozon est atteint du syndrome Tournier, comme lui il dissimule son homosexualité sous les oripeaux des mythes. Pourtant, toutes les scènes entre Luc et le monstre sont parfaites et font naître enfin l’émotion dans le film. Leurs relations sexuelles, tant celle où l’ogre masturbe Luc, que celle où il le sodomise sont filmées avec une grande maîtrise. Scènes à la fois érotiques et pudiques où pour la première fois dans le film, il existe le hors-champ indispensable à l’érotisme.


Ozon déclare préférer à un cinéaste comme Kubrick qui tourna un film tous les dix ans, un cinéaste comme Fassbinder qui réalisa parfois trois films en une année, souvent pas complètement réussis mais qui contiennent au moins une séquence superbe qui les justifie absolument... Les scènes entre Luc et l’ogre sont de celles-là.
Les vrais amants criminels ne sont pas Luc et Alice, mais Luc et l’ogre. Luc jouit quand il est branlé puis sodomisé par l’homme des bois, pour reprendre l’intitulé du générique. Luc et Alice ne seront jamais réellement amants. Avant d’avoir fait l’amour avec l’ogre, Luc ne bande pas et à la fin de leur histoire, après s’être enfuis de chez l’ogre, lorsqu’ils font l’amour, nus dans la nature, ce qui nous vaut un clin d’œil assez ridicule à La Nuit du chasseur, Alice ne jouit pas et Luc n’en a pas le temps, interrompu par les policiers.


La grande faiblesse du scénario réside dans le personnage d’Alice. Alice n’a pas d’épaisseur, elle est juste nécessaire pour amorcer la fiction, à partir du moment où Luc rencontre l’ogre, le scénario se débarrasse d’Alice en l’enfermant dans la cave de l’ogre... passée littéralement à la trappe pour mieux laisser les deux mâles face à face. Dès que les deux jeunes gens, après avoir échappé à l’ogre, se retrouvent, la tension du film baisse d’une manière vertigineuse et ce n’est ni la scène de copulation dans laquelle Ozon ne montre que le garçon (merci pour les beaux plans sur les fesses de Luc) ni surtout le final très convenu qui enlèveront in extremis l’adhésion du spectateur.


Ozon serait bien inspiré de remplacer l’audace à tout prix par plus de sincérité envers ses désirs quotidiens. Messieurs Tournier et Téchiné ne sont pas de bons exemples. Paradoxalement, il est beaucoup plus franc dans le commentaire de son film : « ... Dans Les Amants criminels, j’aurais aimé peut-être jouer l’ogre, dans l’espèce de passivité de Luc, je ne me retrouve pas vraiment. Dans mes films, il y a souvent des héros masculins assez faibles, sans identité et justement ils la construisent au cours du récit, tout à la recherche d’eux-mêmes et de leur sexualité. Je suis en train de me dire qu’à 16 ans je ressemblais plus à Luc. Maintenant je me sens plus ogre… Je pense que les homos seront plus aptes à comprendre ces aspects du film, son sadomasochisme... Je m’en fous de l’étiquette du cinéma pédé, même si ça me fatigue. Ce qui m’énerve, c’est d’entendre des gens me dire : ”Ras le bol de ces sujets-là !” alors que personne ne reproche à Claude Sautet de faire des films hétéros. »
Ozon gagnerait aussi à un peu moins appuyer ses allusions qui ne deviennent plus allusives du tout. Appeler son héroïne Alice et lui faire rencontrer un lapin n’ouvre pas automatiquement la porte du monde de Lewis Caroll. On ne doute pas, qu’il en soit rassuré, que le jeune homme connaisse littérature et cinéma. Était-il nécessaire de convoquer les déjà cités : Hitchcock, Laughton, Lewis Caroll, Tournier sans oublier Perrault, Grimm, Freud, Bettelheim, Camus, Nicholas Ray, Bunuel... Il n’est pas non plus obligatoire de déconstruire le récit pour faire moderne.
Il y a aussi quelques bizarreries dans l’élaboration de ce film qui devait être tourné avant Sitcom mais le projet n’avait pas alors obtenu l’avance sur recette qu’il obtiendra un an plus tard. Le cinéaste s’était rabattu sur Sitcom d’un coût plus modeste. Pourquoi avoir teint en auburn foncé le blond Jérémie Renier, ce qui le dessert plutôt ? Est-ce que dans l’esprit du cinéaste la chevelure rousse évoque-t-elle plus le monde des contes ? Mais alors pourquoi n’en avoir pas fait un nouveau poil de carotte ? Autre curiosité, alors que le film a inspiré à Pierre et Gilles une magnifique image qui traduit parfaitement le climat fantastique de la deuxième partie du film qui est de loin la meilleure, cette œuvre n’a pas été utilisée ni pour l’affiche, où elle aurait fait merveille, ni pour la promotion du film.

 

Photographie (c) Pierre et Gilles.


Ozon a réussi un film aux trois quarts ratés qu’il faut voir absolument.
Il est conseillé au possesseur du DVD paru chez Film Office de voir la version remontée par le réalisateur qui améliore nettement le film.

Pour plus d’informations :

par Daniel C. Hall, le big boss des Toiles Roses

Photographie (c) Philippe Quaisse. Tous droits réservés.

Pour une première, c’est une première ! Votre blog préféré va consacrer toute une semaine à une personnalité du monde de l’Art et de la culture. Et pour inaugurer cette formule, j’ai choisi d’inviter un des plus brillants acteurs de la jeune génération française du cinéma et du théâtre : Salim Kechiouche.

Pourquoi Salim me demanderez-vous ? C’est une bonne question et je vous remercie de me l’avoir posée.

Personnellement, j’ai découvert Salim en visionnant la superbe captation (réalisée par notre auguste collaborateur Bernard Alapetite – avec l’aide de Cyril Legann) de la pièce Vie et mort de Pier Paolo Pasolini. Et j’ai été foudroyé ! La pièce est remarquable, le texte est phénoménal de culture, de force et d’intelligence, Jean Menaud qui joue Pasolini est au-delà des mots, les acteurs Michel Derville et Cyrille Romoli sont formidables et Salim Kechiouche est… (et tant pis pour sa pudeur et sa modestie) talentueux, impressionnant, charismatique, électrique, juste, pudique… La liste des qualificatifs qui me viennent à l’esprit est bien trop longue. Oui, certains penseront que j’en rajoute et que je me comporte en fan (avec tout ce que ce terme comporte de connotations péjoratives), mais ils verront vite que toutes les personnalités (acteurs, réalisateurs, écrivains, photographes, peintres…) qui vont défiler tout au long de cette semaine utilisent les mêmes superlatifs. Tous sont unanimes au sujet de Salim, et pour œuvrer moi-même dans le milieu (microcosme) artistique – au sens large du terme – français, je peux vous assurer que c’est rare, très rare. Pour en rajouter une couche, j’ai tout de suite comparé Salim Kechiouche à Alain Delon. Ce qui va beaucoup le gêner (Salim, pas Alain :-). Ce qui va faire penser à certains que j’ai perdu le sens de la mesure. Mais je persiste et signe. J’y reviendrai dans un post cette semaine, les parallèles sont nombreux… à l’exception du côté glacé de Delon qui est intensément chaleureux chez Salim. To be continued donc…

J’ai enchaîné films, téléfilms, séries, pièces… Et me suis aperçu que d’autres artistes s’étaient intéressés à Salim… Et que ce n’était pas que pour son physique, mais pour ce que cache les masques de cet acteur… Non, Salim Kechiouche n’est pas un « bogosse » ou un « beur des técis qui s’intègre » comme une « certaine » presse gay, sous prétexte qu’il a interprété quelques rôles d’homos (et de lascars ou « racailles » pour la télé !), a tenté de le faire croire (pour des motifs essentiellement économiques et ras du sol, voire malhonnêtes vis-à-vis de Salim), c’est un ACTEUR, un BOSSEUR, l’illustration que le talent c’est « 99 % de sueur et 1 % de génie »… Et sa progression tout au long de ses débuts le prouve sans l’ombre d’un doute. Ce qu’il est aujourd’hui n’est que la graine qui germe… Dans les prochaines années, Salim Kechiouche sera encore plus grand… plus talentueux… sans jamais oublier ses débuts, ses valeurs et ses principes humains. Il ne le devra qu’à lui. Et aux personnes qui décideront de le suivre, petit à petit, savourant ses performances au fil de la confiance que lui donneront dans l’avenir auteurs, réalisateurs et scénaristes…

Et puis Salim (et c’est une touche personnelle qui me tient à cœur, pour moi et mon amoureux qui sait pourquoi…), c’est ce mélange de cultures qui nous enrichit tous, c’est l’exemple parfait que l’on peut se dépasser (malgré les tabous, les clichés, les « croyances », les peurs et les haines, etc., etc.) dans un pays où la politique actuelle (et future) fait peur et joue sur la peur des patronymes, des couleurs, des religions et des différences. Il illustre dans son métier d’acteur l’alchimie qui résulte de la diversité, du travail et de la volonté. Pas besoin de discrimination positive. Juste l’envie et les moyens que l’on se donne pour y parvenir. Sans se trahir. Avec un peu de chance, peut-être. Salim Kechiouche est un grand acteur FRANÇAIS, riche de ses racines et de son parcours personnel et professionnel. Multiple champion de France de boxe, le sport de haut niveau a perdu quelque chose en la personne de Salim mais le Septième art et le théâtre ont gagné bien plus… Nous avec…

Pendant sept jours, nous allons analyser tous les films, pièces, téléfilms dans lesquels Salim a joué… Nous nous intéresserons aussi aux artistes (et quels artistes, avec qui je corresponds aujourd’hui avec une joie indicible ! Merci Salim de m’avoir permis ça.), peintre et photographes, qui se sont penchés sur son paraître ET son être… Nous donnerons la parole à tous ces professionnels qui ont côtoyé Salim et sont ressortis enchantés de l’expérience, convaincus de la grande carrière qui l’attend et avec un fort sentiment d’amitié. Toutes ces personnes sont ses amis et ont répondu immédiatement oui à mon invitation.

Chaque jour, je posterai un billet personnel pour vous donner le sommaire de la journée et pour remercier les dizaines de personnes qui m’ont aidé à réaliser cette semaine spéciale. Un travail énorme mais tellement enrichissant.

Chères lectrices et chers lecteurs, je vous souhaite autant de plaisir, de joie, de curiosité et d’appétit artistique à vous joindre à nous pendant sept jours que je n’en ai eu en préparant tout cela.

Et je voudrais terminer ce billet en m’adressant directement à Salim (qui m’a tout de suite donné son accord pour ce projet) : « Merci à toi et j’espère que tu seras heureux et fier de tout ce que tes amis ont préparé pour toi sur ce blog. J’ai réalisé ce dossier en pensant te connaître un tout petit peu et si quelque chose pendant ces quelques jours te blesse, j’espère que ce ne sera que ta modestie naturelle. Merci pour toutes les autorisations que tu as données. Salam chaleureux. »

Daniel C. Hall

PS : À vous toutes et tous qui seriez tentés de copier illégalement des vidéos, photos ou toiles consacrées à Salim pendant cette semaine… Rappelez-vous que les artistes ont des droits… Même si c’est facile sur Internet de pirater et copier. J’ai désactivé le clic droit des souris. Ne m’en voulez pas. Je laisserai des liens actifs vers ces photographes et peintres. Et si vous voulez demander l’autorisation de les publier sur votre site ou votre blog, demandez-leur… Youssef, Michel, Pierre & Gilles et bien d’autres ne demandent qu’une seule chose : un contact direct. Ce sont des amours et ils vous diront certainement oui si votre projet est intelligent.

Cette vidéo est un montage réalisé par Pascal Faure du site salimkechiouche.com. Sa diffusion sur Les Toiles Roses a été autorisée par Salim. Reproduction interdite. Tous droits sont réservés. © D. R. et tous les ayant-droit.
 

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