JEAN-PAUL TAPIE
Interviewé par Tapie Jean-Paul
« Il est évident qu’avec une telle adolescence,
je n’allais pas écrire des romans d’amour à la Guillaume Musso ! »
Après avoir longuement hésité, j’ai finalement accepté de me donner une interview. Je me suis reçu chez moi,
c’était plus pratique. Je me suis proposé quelque chose à boire. Comme je savais que je n’avais rien dans le frigo, je me suis demandé de l’eau. Je ne l’ai pas bue, elle venait du robinet. Je me
suis dit que ça commençait mal.
Je me suis trouvé vieilli, l’air fatigué, un peu amer. Je me suis demandé si j’allais bien. J’ai esquivé en
me répondant : « Oui, oui, ça va ! » Je n’ai pas trop aimé le ton sur lequel je me suis répondu, mais j’ai décidé de passer outre et j’ai attaqué bille en tête avec ma
première question.
Moi : — Jean-Paul Tapie, on vous reproche souvent de prendre pour héros des garçons jeunes, beaux et musclés.
Est-ce parce que vous êtes vous-même vieux, plutôt moche, et apparemment plus très en forme ?
Jean-Paul Tapie : — Je vous trouve dur avec moi, mais tout n’est pas faux dans votre remarque. Je ne suis plus très jeune, c’est vrai. Je
suis né en 1949 et je suis mort en 2005, ou 2006, par là. Ce qui explique, d’une part, l’état physique un peu délabré dans lequel je me trouve, et d’autre part, ce goût, sans doute immodéré, pour
les beaux garçons athlétiques qui abondent au fil de mes récits. Mais je me permets de signaler que je ne suis pas le seul à les aimer, heureusement.
© D. R.
— Les sujets les plus récurrents de vos premiers livres trouvent-ils une explication dans le
fait que vous avez été profondément malheureux de vous découvrir homosexuel, et que vous n’avez jamais tout à fait surmonté le chagrin de l’être ?
— C’est vrai, l’homosexualité a été, au cours de mon adolescence, une terrible souffrance. J’étais très
efféminé – encore plus qu’aujourd’hui – et mes condisciples ne m’ont pas raté. Mon nom incitait à la moquerie : « Tapie Tapette ! » Une véritable aubaine pour ces enfants de
salauds. Moi, j’y ai vu un signe de malédiction puisque mon nom lui-même encourageait l’injure et participait de mon tourment. Il est évident qu’avec une telle adolescence, je n’allais pas écrire
des romans d’amour à la Guillaume Musso !
— Vous croyez franchement que vos chagrins d’adolescent intéressent beaucoup de
monde ?
— D’abord, je dirai que me lit qui veut. Ensuite, j’ai cherché, à travers ces livres, à répondre aux
questions que je m’étais posées, et que d’autres, en même temps que moi et après moi, du moins je l’imaginais, se posaient aussi. J’avais cherché en vain les réponses dans des livres qui
n’existaient pas, ou que je n’avais pas su trouver, alors j’ai voulu en faire partager quelques-unes que j’avais élaborées moi-même. Je pensais pouvoir ainsi aider les autres. Si j’en crois les
lettres, aujourd’hui les mails que m’envoient certains lecteurs, j’y suis parfois parvenu, et c’est malgré tout une satisfaction quand, comme moi, on a des tirages assez démoralisants.
— Si l’on considère l’ensemble de votre œuvre… Excusez-moi, mais j’ai du mal à prononcer sans
avoir envie de rire une expression aussi pompeuse… Disons que, si l’on considère vos différents romans, on constate qu’ils abordent toute une série de thèmes dans un désordre un peu déconcertant.
Les deux premiers, Dolce Roma et Le bal des soupirs, tournent un peu autour du pot, si j’ose dire, alors que le troisième, Le désir du cannibale, prend enfin le taureau par les cornes.
— Entre le deuxième et le troisième, quatorze ans se sont écoulés.
— Pardonnez-moi de vous dire cela, mais la qualité littéraire de votre troisième ouvrage ne
justifie pas un aussi long intervalle pour l’écrire…
— Je n’ai pas beaucoup écrit durant cette période. J’ai beaucoup voyagé, beaucoup fait de sport, beaucoup
dansé et beaucoup baisé. D’une certaine manière, j’accumulais de la matière pour plus tard. C’est mon côté proustien. Le seul.
— Votre quatrième livre, Dix petits phoques, est une pochade difficile à situer…
— Je l’ai écrit pour me distraire, sans y croire vraiment, et comme souvent dans ces cas-là, c’est celui de
mes romans qui s’est le plus vendu.
— Votre cinquième livre, Le fils de Jean, publié chez Gallimard, je le rappelle, aborde un thème plus personnel et aussi plus provocateur : l’amour et le
désir d’un fils pour son père – encore une fois, un homme très beau, très musclé, gna gna gna… Évidemment, la première question qui s’impose, c’est : dans quelle mesure ce roman est-il
autobiographique ?
— Il ne l’est pas. Il s’agit d’autofiction et non d’autobiographie. Je n’ai pas empoisonné ma mère avec de
la mort aux rats, même si j’en ai souvent caressé le projet, et je n’ai pas tenté de violer mon père. Simplement, plus jeune, j’étais très attiré par lui, et j’ai constaté avec l’âge que cette
obsession ne s’était pas complètement effacée. Je dois à mon père de m’avoir inoculé, définitivement semble-t-il, le goût des hommes virils et musclés, souvent poilus, parfois bien montés. Pas
forcément beaux, mais toujours athlétiques et toujours très masculins. Les judokas, les rugbymen…
— Les footballeurs…
— Non, j’ai précisé : virils et masculins. Donc, pas les footballeurs… Mon goût pour une certaine
catégorie d’hommes s’est forgé au contact de mon père, dans les vestiaires du club de judo et sur les plages girondines de l’océan. J’avais douze ans. Je n’ai pas changé de goût depuis lors.
Peut-être que s’il avait été coiffeur pour hommes ou tailleur pour dames, je me serais fait une autre image de la virilité. Mais elle n’aurait pas été moins caricaturale que celle que l’on me
reproche d’illustrer. Pour moi, le gay qui vit dans le Marais, parle de son mec en disant « mon mari » et fait la queue devant le Cox, c’est aussi une caricature. Il y a trente ans, la
caricature homo, c’était la folle. Trente ans plus tard, c’est l’ahtlétasse, moitié athlète moitié pétasse. En fait, on est toujours la caricature homo d’un autre homo. Ce n’est certainement pas
ce dont les gays peuvent être le plus fiers.
— Vous publiez alors un livre assez étrange, Le garçon qui voulait être juif. Pourquoi cet amalgame entre juif et homosexuel qui semble avoir choqué certains
juifs ?
— Il me semblait qu’il y avait une identité d’épreuve entre les uns et les autres, le fait d’être rejeté a
priori par des gens qui ne vous soupçonnent pas d’être différent. Bien des juifs, comme bien des homos, ont fait l’expérience d’entendre quelqu’un cracher sur ce qu’ils sont sans deviner qu’ils
le sont, parce que la différence ne saute pas aux yeux. Sauf que, depuis la shoah, être juif est une différence devenue acceptable dont les juifs ne se cachent plus. Arthur, le héros du livre, se
fait passer pour juif parce qu’il n’ose pas revendiquer une différence qu’il considère alors comme moins acceptable.
— Vous écrivez ensuite le roman que vous considérez comme le plus
autobiographique, Un goûter
d’anniversaire.
— C’est pour écrire ce roman que je me suis mis un jour à écrire, oui.
— Quand on considère le résultat, on se dit que ce n’était peut-être pas la
peine…
— Merci !... Le seul problème, c’est que, poussé par le directeur littéraire de l’éditeur, j’ai dû
changer la fin initialement prévue, et je n’aime pas celle qu’il m’a suggérée. Alors, il y a quelques années, j’ai réécrit cette histoire, sous un autre angle. Le roman doit paraître
prochainement, sous le titre Ils m’appelaient Fanchette.
— On est positivement impatient de le lire !... Mais assez ri ! Vous publiez, à cette
époque, un roman, L’arbre du voyageur, dont le héros est hétérosexuel. Là, on n’est plus dans l’autofiction du tout. J’oserai presque dire qu’on est dans la
science-fiction !
— L’année précédente, j’avais remporté ce qui est à ce jour mon seul prix littéraire…
— Quoi ? Un seul ? On se pince…
— J’avais participé à un concours de nouvelles, le Prix de l’Océan Indien, et je l’ai remporté avec une
nouvelle intitulée Putain de Roche Écrite ! Elle racontait l’histoire d’un garçon d’une trentaine d’années, atteint du sida, qui décide de participer au Grand Raid de la Réunion,
une course à pied de 130 kilomètres à travers toute l’île. C’est le seul de mes livres qui aborde franchement le problème du sida.
— Une méchante langue pourrait qualifier cette nouvelle de dommage collatéral de la maladie…
Passons. Pourquoi évoquer le sida cette fois seulement ?
— Parce que la chance a voulu, et veut toujours que je sois séronégatif. Malgré mon volontariat à Aides
pendant quelques années, je ne me sens pas le droit d’aborder ce problème que tant d’autres vivent dans leur chair. Un peu comme avec la Shoah. Je pense qu’il y a des drames dont seuls peuvent
parler, et ont le droit de parler, ceux qui les vivent, ou les ont vécus.
— C’est tout à votre honneur… Après le père, la mère. Vous publiez
Un goût de cendres, un roman que d’aucuns ont jugé morbide.
— Il s’agit de l’histoire d’un garçon qui n’aime pas sa mère, qui ne lui a jamais pardonné son silence à
propos de son homosexualité et qui se venge d’elle, après sa mort, en disposant de ses cendres de cent façons différentes, notamment en les mangeant… Je précise, avant que vous ne me posiez la
question, que ma mère a été inhumée, et non incinérée.
— Vient ensuite un livre étrange, Le chasseur d’antilopes. La confession d’un homophobe très violent qui casse du pédé pour se distraire.
— J’ai voulu me mettre dans la peau d’un homophobe, car je pense qu’on se comprend mieux en tentant de
comprendre les motivations de l’ennemi.
— On vous a reproché une certaine complaisance vis-à-vis du personnage
central…
— Ce n’est sans doute pas faux. Je suis fasciné par les hétéros, et les homos, parfois, me dérangent,
m’agacent même, voire m’exaspèrent. J’ai pu me laisser aller en décrivant le personnage de Fabien Meyer. J’ai assez bien connu l’adjudant
Pierre Chanal qui a été mon instructeur quand je faisais du parachutisme sportif à Mourmelon. Sa personnalité m’a interpellé, c’est sûr. Il avait le profil idéal du casseur de pédés, mais
aussi le profil idéal du pédé à problèmes qui fait payer aux autres ce qu’il considère comme son vice. Ce qui n’est pas le cas du héros de mon livre. Sa motivation – si on peut parler de
motivation – est autre.
— Ce livre est le dernier – du moins on l’espère ! – inspiré de votre propre expérience.
Après cela, vous publiez le premier tome de Dolko, L’odyssée de
l’esclave. Mais avant d’en parler, j’aimerais que vous nous disiez un mot de
Zaïn Gadol.
— Zaïn Gadol est le pseudonyme sous lequel j’ai publié quelques romans à caractère érotique…
— Il serait plus juste de dire pornographique !
— Si vous voulez. Je n’ai pas de problème avec ça. La pornographie est un style littéraire comme un
autre.
— Tout dépend de celui qui l’écrit !... Pourquoi un pseudo ? Vous pensiez que votre
célébrité était telle qu’elle risquait de souffrir de livres aussi crus ?
— Mon éditeur le pensait, c’est lui qui m’a suggéré de prendre un pseudo.
— Pourquoi Zaïn Gadol ?
— J’ai dit à mon éditeur que Zaïn Gadol était l’anagramme du nom de ma grand-mère, Zaïna Gold. En fait, il a
eu la surprise de le découvrir plus tard au Salon du livre en voyant un couple d’israéliens s’esclaffer devant la couverture : Zaïn Gadol, en hébreu, signifie grosse queue !
— On reconnait là votre humour proverbial… Revenons plutôt à Dolko. D’où vous est venue cette
idée d’écrire une telle saga ?
— J’avais toujours rêvé d’écrire un roman de cape et d’épée. J’ai découvert la littérature avec Dumas père.
Je voulais écrire les aventures hors du commun d’un personnage plus grand que nature, bigger than life, comme disent les Américains. J’ai commencé Dolko sans trop savoir où j’allais, et
très vite je me suis rendu compte que je tenais tous les éléments de la saga que je rêvais d’écrire depuis tout petit…
— On écrase une larme et on poursuit : là encore, plein de garçons musclés, beaux, virils,
dotés de membres exceptionnels… Ce n’est pas un peu trop ?
— Écoutez, si vous rêvez de lire les aventures d’un gay moche, mal foutu avec une petite bite, je peux vous
suggérer quelques titres…
— Non, merci, on les connaît tous !... Revenons à Dolko… Pourquoi un héros aussi obsédé par
le sexe, qui saute sur tout ce qui bouge ?
— Je dirais plutôt : enfin un héros romanesque, au sens le plus classique du terme, homo et content de
l’être !... C’était mon ambition avec Dolko, créer un héros de saga, comme D’Artagnan, Tintin ou Zorro. J’en avais un peu marre de tous ces super héros hétérosexuels ou asexués. J’ai voulu
en créer un qui aime les garçons et à qui cela ne pose aucun problème existentiel. Dolko est un homme libre dans un monde où très peu d’hommes le sont. Il est moderne dans l’approche de ses
rapports avec autrui et avec lui-même. Il a quelque chose d’intemporel. J’aimerais pouvoir dire : d’immortel.
— Vous ne croyez tout de même pas que Dolko vous survivra !
— Si je meurs dans une semaine ou deux, il lui reste une chance !... Sérieusement, je ne crois pas à la
postérité de la littérature gay. Les seuls romans gays qui survivront seront ceux, s’il y en a, qui appartiennent d’abord au patrimoine de la littérature générale. Les mœurs évoluent très vite,
trop vite pour qu’un roman gay ne se démode pas en quelques années. Qui peut lire aujourd’hui, sans sourire, Les amitiés particulières ? Quand j’avais vingt ans, j’ai entendu un
oncle me dire à l’issue d’une discussion politique orageuse : « L’opinion de tapettes dans ton genre, on n’en a rien à foutre ! » Et à la même époque, mon beau-frère affirmait
que « les pédés, il fallait tous les fusiller ! » On le voit, je l’ai échappé belle… Personne n’oserait aujourd’hui proférer des choses pareilles. Et c’était il y a quarante ans
seulement.
— Donc, tous vos romans sont promis à l’oubli… C’est une bonne nouvelle pour les générations
futures !
— Les seuls qui ont une chance de survivre, ce sont justement ces livres que je qualifie de porn’érotiques,
comme Dolko ou Amaury. L’érotisme et la pornographie, ne se démoderont jamais. La honte d’être homo est en voie de disparaître et l’homophobie n’en a plus pour longtemps, du moins
publiquement.
— Cette bifurcation dans votre inspiration n’a pas été du goût de tout le
monde…
— Non, certains intellectuels gays – qu’on me pardonne cet oxymore – m’ont reproché de céder aux sirènes
commerciales. J’aurais bien aimé qu’ils aient raison mais, même si Dolko a été un succès, et continue de l’être, c’est un succès modeste, comme d’ailleurs la plupart des romans gays. J’aime
rappeler cette phrase de Dustan : « Je suis un best seller gay et je tire à 4000 exemplaires ! »
— Malgré cette demi-déception, vous avez persévéré, puisque, après les autres tomes de Dolko,
vous publiez le premier tome d’une nouvelle saga, Amaury ou les chemins de
Paris.
— Il s’agit cette fois d’une histoire en trois tomes qui se déroule à l’époque de la Quatrième Croisade et
de la prise de Constantinople par les Croisés. Les héros s’appellent Amaury et Bertrand. Le deuxième tome, Bertrand ou les chemins de la Terre Sainte, doit paraître l’an prochain.
— Toujours chez H&O ?
— Toujours chez H&O.
J’ai eu l’occasion d’essayer un autre éditeur gay et je n’ai eu aucune raison de m’en féliciter. H&O me suit
depuis Dix petits phoques, ce qui prouve à la fois leur confiance et leur optimisme !
— C’est quand même moins flatteur que Gallimard ou Grasset, non ?
— En apparence, seulement. Mon passage chez Gallimard est aussi mon expérience la plus décevante dans le
monde de l’édition. Qu’on le veuille ou non, il existe un problème relationnel délicat entre homosexualité et édition. En fait, un roman ouvertement gay a du mal à convaincre au-delà de la
clientèle homosexuelle. C’est le même problème que pour un acteur qui fait son coming out : il ne parvient plus à convaincre le public dans un rôle d’hétérosexuel. Je n’ai pas besoin de vous
dire à qui je pense.
— Vous vous plaignez souvent du manque d’écho que vous soulevez dans la presse
gay…
— C’est exact. En quinze ans, j’ai publié une douzaine d’ouvrages strictement gays. J’ai eu droit, dans
Têtu, en tout et pour tout, à une interview pour la sortie du Fils de Jean. Et encore l’intervieweur a réussi le tour de force de ne même pas parler du livre. Ses préoccupations
étaient ailleurs, comme le prouve sa dernière question : « Vous avez l’air obsédé par les gros sexes ? »… Ce qui est d’un intérêt captivant pour un éventuel lecteur, il faut
bien l’admettre. Après ça, j’ai eu droit à une interview sur le site
tetu.com au sujet de la saga Dolko, mais elle n’a pas été jugée digne d’être publiée dans les colonnes du magazine, entre le énième article sur Mylène Farmer et une enquête sur :
« Les gays bronzent-ils mieux que les hétéros ? »
— Vous semblez considérer comme allant de soi qu’un magazine gay soutienne un écrivain
gay…
— Exactement. Je pense que quand on ose parler de communauté, d’esprit communautaire, il doit y avoir un
soutien automatique. Je n’ai jamais demandé à Têtu ou Sensitif ou à PREFmag d’encenser des romans qu’ils n’appréciaient pas, mais les passer systématiquement sous
silence, oui, je trouve cela injuste, et même immérité. Je ne suis pas un grand écrivain, c’est entendu, mais quand même pas si mauvais que ça non plus ! Au moins, Gay Pied m’avait
toujours soutenu.
— Peut-être que si vous vous montriez moins critique au sujet de manifestations comme la Gay
Pride ou les Gay Games, vous seriez plus populaire auprès de ces élites gays – pardonnez-moi aussi cet oxymore !
— Vous avez sans doute raison. Mais je ne vois aucune raison d’être fier de mon homosexualité, puisqu’elle
n’est pas un choix, mais une simple spécificité que j’ai finalement décidé d’assumer, non sans difficulté. Ou alors, autant être fier de mesurer 1m84, ou d’avoir les yeux verts, ou d’être blanc.
Ou encore d’être hétéro. Or, quand les majorités commencent à être fières d’être ce qu’elles sont, on sait comment ça finit… Quant aux Gays Games, je les rejette au nom de l’olympisme, qui est
une valeur universelle refusant les différences raciales, religieuses, sexuelles ou autres. Et aussi au nom du refus de l’homophobie, car il faut être homophobe pour penser que les gays ne
peuvent remporter des compétitions sportives qu’en concourant entre eux, et non à égalité avec des hétéros. Que je sache, Greg Louganis ou
Matthew Mitcham ont gagné leurs médailles d’or à la loyale. J’aime trop le sport pour le pratiquer avec une étiquette dans le
dos.
— Il est certain qu’avec de telles explications, vous allez vous rallier un grand nombre de
supporters !... Vous êtes aigri depuis toujours, ou c’est quelque chose de plutôt récent ?
— Je crois que c’est depuis l’adolescence ! Comme un imbécile, j’ai cru que parce que j’avais souffert
d’être ce que j’étais, je m’étais acquitté d’arrhes importantes sur le bonheur à venir. Je me suis trompé. Mais finalement, j’aime bien ma colère. Elle permet de conserver une certaine lucidité.
Par instants, elle est quand même un peu pénible à vivre, à commencer pour moi.
— Dans votre blog, vous faites souvent allusion à votre
prochain suicide. Êtes-vous de ceux qui préfèrent en parler que de passer aux actes ?
— Je le crains, oui. Mais vous savez, il ne faut jamais désespérer. Ma fin est peut-être plus proche que
vous ne semblez le croire…
— Eh bien, nous terminerons sur cette note d’espoir !
[Ajouts 19h00 de Daniel Conrad Hall :]
Plusieurs lecteurs et membres du groupe Facebook de Les Toiles Roses me signalent qu'une interview de Jean-Paul concernant Dix petits phoques
est disponible en cliquant sur ce lien.
D'autres, spécialistes de films très chauds, m'ont appris que le jeune homme posant pour
les couvertures de la quadrilogie Dolko est Damien Crosse, une star du porno gay US. Je tiens à préciser que l'on prend sept minutes de plaisir (moyenne officielle pour les amateurs de porno
[authentique !]) avec un film de Damien alors qu'avec un livre de Jean-Paul, ce sont plusieurs heures. Donc un conseil : lisez... et pas que d'une main... (rires)
Merci pour ces infos.
© Jean-Paul Tapie, août 2010, pour Les Toiles Roses.
Tous droits réservés. Reproduction interdite sans l’accord de l’auteur.
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