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LE BAZAR DE L'HOMO VINCY


bhv_vincy10.jpg Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

L'ÉTOILE ROSE (2)

 

 

« Dois je parler ou me taire ? et pourquoi taire ce qui est plus vrai

que la vérité ? » (Erasme, Éloge de la folie)

 

 

Avant d’aborder ma nouvelle décennie, il fallait que je fasse une fois dans ma vie cette fameuse Gay Pride. J’en ai souvent contesté les effets : peu représentative de l’homosexualité dans son ensemble, caricaturant à outrance l’image que s’en font les ignorants, carnaval un peu mercantile… J’en ai jamais dit le bien que je pouvais en penser : rassemblant ceux qui se sentant exclus et qui peuvent s’affirmer enfin publiquement, fête bon enfant joyeuse et vibrante, et bien entendu symbole historique : quelques jours avant ma naissance, la première marche des fiertés (la Christopher Street Liberation Parade à New York) avait lieu pour réagir aux émeutes de Stonewall l’année précédente.

Plutôt que de vous faire partager ma vision, je préfère vous raconter une histoire. Celle inventée d’une longue marche entre Port Royal et Bastille, où chaque visage, chaque corps, chaque mouvement de foule m’ont inspirés un commentaire, un délire, et finalement un feuilleton. Tout est inventé, imaginaire. Quoique.

 

Épisode 2 

 

 

Ils sont venus de partout. Du Marais, de France, de Navarre, d’ailleurs… Le Tour de France, alias les mecs à coque, a été solidaire. Les petites Reines aimant le contact de la selle, ces forçats de la pédale ont ouvert la voie aux piétons qui ont pu caresser leur cul bien moulé du regard.

 

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Suivaient pas loin, les bonnes sœurs. Les acteurs du remake Le Gendarme et les gendarmettes (version Queer mais pas X avec François Sagat dans le rôle de Louis de Funès), véritable triomphe en salles (y compris en Thaïlande), ont réutilisé leur 2CV pour l’occasion. Les passants étaient en liesse. « Bienvenue chez les Fiottes » qu’on entendait ! Au volant M Pokora, qui joue le rôle de Danièle Gensac dans cette revisitation qui a choqué l’église, portait un marcel de son précédent film, Les Aventures de ma bite Jacob.

 

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Et puis la voiture officielle est arrivée. Un truc en plumes. Roses évidemment. Car si la vie ne l’est pas (en rose), il n’y a pas de raison de rappeler la couleur officielle de la gaytitude. Le haut-parleur hurlait des airs de Marlène et de Cabaret. Un air de Berlin des années 30. La Berline ce n’était pas cette caisse, mais bien l’atmosphère de ce samedi. Insousciante et glamour, libre et sans tabous, transgressive et ouverte à toutes les minorités : noirs, asiats, beurs, handicapés, tziganes, tous ces « fous » que nous sommes. Comme le disait Erasme : « On est d’autant plus heureux qu’on a davantage de registres à son délire, pourvu qu’on demeure dans le genre de démence qui m’est propre, domaine si vaste que je me demainde s’il est possible de trouver parmi tous les mortels un seul qui soit sage à toute heure, et qui ne soit possédé d’aucune sorte de délire ».

 

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(Vincy, 1/08/2010)

 

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bhv_vincy10.jpg Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

L'ÉTOILE ROSE (1)

 

 

« Dois je parler ou me taire ? et pourquoi taire ce qui est plus vrai

que la vérité ? » (Erasme, Éloge de la folie)

 

 

Avant d’aborder ma nouvelle décennie, il fallait que je fasse une fois dans ma vie cette fameuse Gay Pride. J’en ai souvent contesté les effets : peu représentative de l’homosexualité dans son ensemble, caricaturant à outrance l’image que s’en font les ignorants, carnaval un peu mercantile… J’en ai jamais dit le bien que je pouvais en penser : rassemblant ceux qui se sentant exclus et qui peuvent s’affirmer enfin publiquement, fête bon enfant joyeuse et vibrante, et bien entendu symbole historique : quelques jours avant ma naissance, la première marche des fiertés (la Christopher Street Liberation Parade à New York) avait lieu pour réagir aux émeutes de Stonewall l’année précédente.

Plutôt que de vous faire partager ma vision, je préfère vous raconter une histoire. Celle inventée d’une longue marche entre Port Royal et Bastille, où chaque visage, chaque corps, chaque mouvement de foule m’ont inspirés un commentaire, un délire, et finalement un feuilleton. Tout est inventé, imaginaire. Quoique.

 

Épisode 1 

 

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Sous la pression des députés Vanneste, Boutin et Lucca, le Président Sarkozy a décrété que tous les délinquants homosexuels seraient déchus de leur nationalité. Sont visés ceux qui se marient à l’étranger, ceux qui élèvent des enfants ou qui ont adopté en trichant et tous ceux coupables de crimes graves. De même, l’effort budgétaire devant être national, il a été décidé d’arrêter les remboursements par la sécurité sociale de tous les traitements permettant de lutter contre le HIV. Enfin, les aides seront coupées à toutes les associations gays, lesbiennes, trans et bi, laissant les collectivités locales endosser les dépenses compensatoires.

Suite à ces annonces, doctement justifiées par Brice Hortefeux (« Un homo ça va, mais quand il y en a plusieurs… ») et Roselyne Bachelot (« Des caïds immatures qui transmettent le virus et des gamins apeurés par leurs désirs… »), une immense manifestation a spontanément envahi la capitale. 50 000 personnes selon la police, 800 000 selon les organisateurs [Note de l’auteur : chiffres authentiques].

La foule a, au départ, marché tranquillement, devant des badauds parqués derrière des grilles. On se demandait qui était l’animal étrange du zoo : le passant ou le manifestant ?

 

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Autant dire que l’ambiance n’est pas plombée seulement par l’ombre du SIDA. On distribue des tracts, les politiciens viennent se révolter en groupe devant les caméras, les homos de droite sont chassés, les slogans fusent, colériques. Pendant qu’une réunion de crise se tient à l’Elysée, l’Unon Européenne ordonne à la France de revenir aux principes fondamentaux des droits de l’Homme. Sur le web, on parle déjà de chasse aux homos. Des économistes et des sociologues très sérieux divaguent sur les chaînes TV, affirmant que cela va faire fuir des investisseurs étrangers, que le pays va perdre un quart de point de croissance, que notre image risque d’être gravement endommagée… Les chaînes ne sont pas « folles » : les gays sont une part importante de leur audience.

 

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Sur le pavé, il n’y a pas de place. Les gens sont collés serrés. Ils viennent de partout. C’est coloré, musical, cosmopolite. Les filles sont le ventre à l’air, les garçons exhibent la marque de leur caleçon. Mais il n’y a pas que des bodybuildés. Il faut de tout pour faire un monde… C’est ce monde-là que nous allons découvrir. Il suffit comme Alice de plonger au fond du trou.

 

(Vincy, 1/08/2010)

 

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bhv_vincy10.jpg Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

AMEN Ô FILS

 

Cela faisait longtemps que je ne vous avais pas donné de nouvelles. La faute au temps qui se contracte, aux voyages qui élargissent l’espace, à l’amour qui occupe toutes mes heures et toute la place… Et puis les scandales de pédophilie…

— Ouh là, ça va être prise de tête son texte, là ?

— Rassures-toi ami lecteur, j’ai pris des cours à la Guillon Académie…

Les scandales rituels de pédophilie ont atteint tous les territoires de la glorieuse multinationale du Vatican. Les curés, castrés par l’intransigeance dogmatique de leur patron, trouveraient donc du réconfort auprès de leurs jeunes ouailles pures et innocentes. Savoir que tant de prêtres sont gays explique pourquoi il existe un calendrier des « dieux de la paroisse » qu’on peut se procurer à Rome : certains sont très sexys.

 

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Qu’ils touchent aux enfants est évidemment détestable. Cependant de là à clamer comme le Cardinal Tarcisio Bertone : « De nombreux psychologues et psychiatres ont démontré qu'il n'y avait aucun lien entre le célibat et la pédophilie et beaucoup d'autres, m'a-t-on dit récemment, qu'il y avait une relation entre l'homosexualité et la pédophilie », il n’en fallait pas plus pour rire aux éclats devant tant de bêtise, d’approximation. Un rire jaune car nauséeux, bileux. Aussi je vous conseille la prochaine fois que vous pratiquerez une éjaculation manuelle, buccale ou anale, de hurler : Fuck You Bertone !

Le Pape Benoît XVI, au cœur du scandale, refuse de modifier une pratique vieille de plus de neuf siècles – c’est vrai qu’au Moyen Âge on croyait encore la terre plate et on ne voyageait généralement pas au delà de son canton ‒ en déclarant que « la chasteté était un don de Dieu et qu'il ne fallait pas l'abandonner sous la pression de "modes culturelles passagères". » Là encore, reconnaissons son grand sens de l’Histoire puisque l’homosexualité est tout sauf une mode culturelle passagère et le désir d’être un couple est aussi vieux qu’Adam et Yves. Euh Eve. À trop suivre une Loi anachronique (imagine-t-on les messes en Latin ?) on en oublie son esprit. « Tout est amour » qu’il disait. Tu parles. Tout est pouvoir.

 

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Finalement, le problème du Vatican (outre ses douteux investissements, ses pratiques pédophiles, sa propagande digne d’un lavage de cerveau et son opacité complète quant à son fonctionnement) c’est bien d’être hors-du-temps. À force, la papauté s’est déconnectée de l’Humain, et ses fidèles fuient ailleurs. Évangélisme, protestantisme, laïcisme, athéisme. Personne ne trouve « normal » un vœu de chasteté qui va à l’encontre de la nature humaine et qui peut pervertir même les plus résistants. Imaginez : pas de branlette durant 60 ans. Des pollutions nocturnes honteuses… Et pour ceux qui transgressent le vœu, obligés de s’enfoncer un crucifix dans le cul, ou pire un candélabre…

L’arrogance de l’Église ‒ et avec elle sa vanité, sa cupidité, son ignorance des ressors psychologiques ‒ est d’ailleurs au cœur de l’intrigue de la série Les Tudors. Y a pas photo. Entre le Roi Henry VIII (Jonathan Rhys-Meyers, lèvres pulpeuses, regard perçant, fesses bombées, torse animal) et le Pape (Peter O’Toole, ex-Lawrence d’Arabie, aujourd’hui parcheminé et cireux), on a vite choisi notre camp.

 

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C’était au XVIe siècle, et le protestantisme (et sa déclinaison anglicane) ont envahit l’Europe du Nord. Les pays ont cessé de verser leur obole à des évêques et au Pape, qui ne se gênait pas côté luxure et cupidité. Les Royaumes furent soudainement plus riches. La prétention du Vatican était de croire que ces pays allaient sombrer. Ce fut l’inverse. L’Empire Espagnol déclina. Et l’Amérique du Nord allait être rapidement plus riche que celle du Sud.

Les erreurs du Catholicisme sont nombreuses, à force d’avoir préféré des écritures dites saintes mais qui ne correspondaient plus à notre monde en mouvement. Figé, le Vatican n’a rien de nouveau à proposer qu’un discours qui ne tient pas compte de l’évolution humaine, du progrès du Savoir, au lieu de l’accompagner avec de belles valeurs comme la solidarité, la générosité, le partage, le pardon, la compréhension de l’autre, l’acceptation.

N’oublions pas la sexualité, base primordiale du bonheur, et manière de le vivre à travers l’Autre. Et puis quitte à faire la génuflexion autant que ce soit pour sucer.

 

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Aussi, plutôt que de se soucier des déclarations de gâteux en robe ignorant le plaisir de la chair et nos angoisses du quotidien et préférant la souffrance au plaisir, je vais plutôt féliciter Ricky Martin d’avoir, non pas fait son coming-out-qui-n’a-surpris-que-les-naïfs, mais de propager des images de félicité, avec ami et bambins. Un Apollon (Dieu païen) en maillot de bain (bon le slip, je vous l’accorde, c’est très latino), sur la plage, profitant de son hédonisme, et propageant en une seule image cet incroyable don que celui de la transmission.

 

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Mais bon, on est déjà 7 milliards sur cette planète. On ne va pas éjaculer juste pour se reproduire : ce serait un non-sens démographique. Et comme il faut bien en faire quelque chose de tout ce sperme qui bouillonne en nous… Baisez ! C’est le printemps ! Mais n’oubliez surtout pas de vous protéger ! On s’en fout de ce que dit le Pape, ses propos sont de plus en plus criminels…

 

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Vincy (13 avril 2010)

 

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FUIR LA DOULEUR AVANT QU'ELLE NOUS TROUVE...

     

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« La violence est le dernier refuge de l'incompétence. » – Isaac Asimov

 

731 000 occurrences pour le mot homophobie. 576 000 pour le mot homophobe. 659 000 pour l’expression « gay bashing ».

On compare.  21 800 pour hétérophobie. 48 900 pour hétérophobe.

Les chiffres, c’est carré. Et quand on apprend que « les responsables du Refuge, une association d’aide et de soutien à de jeunes homosexuels à Montpellier, ont annoncé jeudi qu’ils allaient porter plainte après avoir reçu des menaces de mort à l’encontre des jeunes que la structure héberge. Avant cela, très inquiets pour la sûreté des jeunes, ils réclament "le soutien de la classe politique et des responsables associatifs" », on lève d’abord les sourcils de stupéfaction, avant de les froncer de colère.

Même dans un refuge, on n’a pas la paix. Refuge est un joli mot d’ailleurs. Du latin Refugium. Un abri pour ceux qui n’en ont plus. Un asile pour ceux que l’on rejette. Une caverne qui n’aurait pas déplu à Platon. Un havre, où la sérennité l’emporte sur le chaos absurde. Une protection, que l’État n’assume plus. Un sanctuaire, quand les religions chassent l’amour et les Hommes au nom de dogmes dépassés. Un lieu où l’on se met en sûreté.

Alors que devient un refuge quand il est menacé, attaqué, agressé, oublié des puissants lorsqu’il est exposé aux violents ?

Alors ce n’est plus le refuge, mais le déluge. Il ne s’agit plus de se réfugier, mais de fuguer. Le mot latin, on y revient, signifie précisément, fuir pour s’abriter. Mais où si Le Refuge montpelliérain n’est plus en lieu sûr. Les homos de septimanie n’ont plus la tronche assez catholique pour les habitants de cette région ?

Et puisque Monsieur Frêche est si lettré, il devrait se rappeler que « Le grand Refuge » au XVIIe siècle (je sais vous n’étiez pas nés, mais sans Histoire, nous n’avons aucun repère), faisait écho à l’exode dans les pays d’accueil des protestants chassés par notre cher pays, qui a toujours été très doué pour accueillir ceux qui sont différents. Hier les Huguenots, les Juifs, aujourd’hui les Musulmans. Cette oppresion religieuse est mentionnée expréssement dans les registres de l’époque. Religionnaires fugitifs, parti au refuge, autrement dit expatriés. Elle s’applique désormais à tous ceux qui sont différents : gitans, homos (dans tout leur spectre), immigrés…

On comprend bien que Le Refuge c’est la dernière étape avant la grande évasion – le suicide ou l’exil. Cela ne devrait pas exister dans un pays où le Président de la République essaie de nous convaincre que sa politique est le « vivrensemble » (ancien slogan de RTL). Mais Sarkozy a-t-il prononcer un mot pour protéger tous ces homosexuels persécutés ou répudiés ?

Les homosexuels sont-ils condamnés à être comme des Vampires ? Vivre la nuit et trouver refuge le jour ?  Quel retour en arrière. Quelle époque rétrograde. Mauvais rêve. Utopie déglinguée. Et d’ailleurs, si vous rêvez d’un refuge, c’est que la situation est dangereuse.

Mais si le Refuge n’est plus sûr, que reste-t-il ?

 

Imprimez et envoyez l'appel au Président de la République : http://www.le-refuge.org/courrier/lettre_au_president.pdf

 

Vincy (21 février 2010)

 

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BOULEVARD DES CRIMES

     

Deux personnalités. Une blonde et un black. La belle et la bête (de scène). Dans les souterrains de mon grand bazar, on peut trouver du Bardot et du Vian.


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Marie-France a la fraîcheur d’une icône pop atemporelle, dédiée au culte gay, dans le cousinage d’Arielle Dombasle et d’Amanda Lear. L’image fantasmée de la meneuse de revue, aguicheuse et ensorcellante. Depuis 40 ans qu’elle écume les planches d’une scène à paillettes, elle a été une égérie transgenres. De Duras à Mondino, de Téchiné à la vague Punk. Jusqu’à Pierre & Giles qui la sacralise sur la pochette de son récent album. Pure parigote, elle joue ainsi suavement avec le mythe BB, grâce à un sex-appeal frais et ludique. Marie-France avait flirté avec Bardot dans « Combinaisons » en 1980 en reprenant « Invitango » et « Mélanie ». Elle revient avec vingt chansons, souvent méconnues, de la divine muse de Gainsbourg dans son disque sorti en fin d’année dernière. Sucré et pas salé, avec l’odeur du sable chaud, et heureusement, pas celle des crustacés (en même temps j’ai pas été vérifié). « Je me donne à qui me plaît ». « Tu veux ou tu veux pas ». « Une histoire de plage ». Autant d’invitations à la luxure. Et en bonus un délicieux Bonnie & Clyde avec le très sexy Aurélien Wiik. De quoi ensoleiller cet hiver gris congelant nos sens (mais pas nos émois).


 


La fantaisie même. De quoi alléger cette époque en crise, avec ses couleurs pastels.


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Et ce n’est pas si loin du noir désir d’Orlando... Lui aussi s’amuse et reprend du Boris Vian, des airs discos ou des refrains des chanteuses surranées dans son spectacle « Rue du désir ». Se travestissant avec des tenues à faire pamer Lady Gaga, passant du Berlin de Dietrich au Paname de Boyer, en caressant les mélodies musicales de Londres et les rythmes tribaux et enjoués d’Afrique, Orlando (rien à voir avec Dalida, quoique) nous emmène dans son voyage entre mélancolie et fantasmes, désenchantement et fêtes. En gorille (clin d’œil à Cabaret !) ou en slip, il explore les facettes de l’amour et de l’envie, pour mieux briser les codes de la société. Son spectacle animal est enjoué, percutant, et donne envie de danser, de le prolonger, de le voir en haut de l’affiche, en plus gros encore.

Comme Marie-France, la décadanse s’affranchit des règles édictées par les schémas ancestraux et obsolètes. Les bulles de champagne servent à se libérérer de nos chaînes. On naît pas fatalement tel qu’on est. Mais on peut se servir d’avatars pour s’épanouir dans d’autres costumes, pour être plus à l’aise dans sa peau.


 


Et, tout en niquant Boutin, Chatel, Benoît XVI et consors, nous voici prêt à hurler tous, fiers, « Ich bin ein Vamp ».

« C’est rigolo ».

 

Vincy (10 février 2010)

 

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EN L'ABSENCE DES HOMMES...

     

Tous les goûts sont dans la nature. C’est peut-être ce qui rend les jeux de l’amour (et du hasard) si intrigants, voire fascinants. Pour le reste, on me permettra ici quelques avis subjectifs et partiaux. L’idéal masculin, évidemment sous-entendu le mec qui fait bander dès qu’on en voit une image, varie selon les cultures. Individuellement on va chercher son semblable – c’est fou comme les homos peuvent se ressembler dès qu’ils sont en couple – ou alors, bien au contraire, on est attiré par son contraire. C’est mon cas, j’ai une peau cachet d’aspirine, des origines flamandes et les yeux bleus, et je ne tombe amoureux que de méridionaux, bruns aux yeux sombres.

 

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En voyageant, on peut être surpris des idéaux des autres. Bien sûr les jeunots comme Robert Pattinson ou les sportifs de type Yoann Gourcuff sont plutôt universels et envahissent les pages de magazines, les écrans de télévision et les murs des chambres pour mieux nourrir les fantasmes de nos hormones affamées.

 

HAPPY TOGETHER

Récemment, à l’occasion de la Gay Pride de Buenos Aires, un important hebdomadaire argentin interrogeait les homos sur leur mec le plus bandant parmi les peoples du coin. Aucun ne me semblait sexy. Tous velus, barbus, gras. Faut dire qu’en s’enfilant 70 kilos de bœuf chaque année, le mâle argentin avale sa dose de protéines (si on ajoute le sperme pour les gays, imaginez…), et forcément, ce surplus se glisse dans le gras du bide [Qu’est-ce que tu as contre les gras du bide comme ton vénéré patron ? T’es virééé ;-) ! (Note de Daniel C. Hall)]. Mais voilà, pour la bitch du coin, c’est le « proto-type » du macho bandant. Il y en aura toujours pour aimer les gorilles du genre Sergi Lopez (comprendre c’est pas mon genre). Les footballeurs gays argentins – qui ont fait il y a quelques mois un calendrier similaire à ceux des Dieux du Stade – sont pourtant plus épilés, et plus musclés. Davantage dans les critères répandus par les couvertures de magazines « communautaires » (comprendre, ça semble pas plus son genre).

 

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J’aurais adoré vous montrer quelques exemples mais le surpoids en Mafalda nous a contraint à nous débarrasser du magazine ; j’étais trop effrayé par le souvenir affreux d’une surcharge hors de prix à l’aéroport de Shanghai il y a trois ans.

 

EAST PALACE WEST PALACE

Et puisque l’on parle de la Chine, « transitionnons » vers l’Empire du milieu. Là-bas, les poils sont rares et leur paraissent insolites (très drôle de voir les petits rires des masseuses quand elles découvrent vos mollets). Certains occidentaux caucasiens ne fantasment que sur les corps imberbes et sans âge des asiatiques. Les Chinois représentent un marché formidable avec 20 millions de garçons homosexuels dans le pays. Les commerciaux de chez L’Oréal doivent en jouir de plaisir en pensant à leurs commissions.

Depuis 9 ans, sans doute pour affronter une logique démographique où la politique de l’enfant unique a conduit à avoir plus de garçons que de filles, le régime chinois a décidé de ne plus réprimer pénalement les gays, et ne les considère plus comme des malades mentaux, même s’ils sont ouvertement moqués ou méprisés par une population en plein désarroi face à ce « phénomène ». L’homophobie et la condamnation religieuse sont peu notables comparées aux arguments d’une société traditionnelle et fermée. Souvent le rejet vient des familles directement, plus que de la société. Les homos chinois restent discrets, même s’ils commencent à s’afficher (Gay Pride à Shanghai cette année, revendications politiques en faveur du mariage gay, premier bar gay à Dali). Aidés par les expatriés, les gays des classes très favorisées sont souvent les seuls à se montrer.

 

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Un mariage a même eu lieu, symboliquement à Chengdu, dans un bar. Le quotidien national en langue anglaise, le China Daily en a fait sa une. On progresse.

En revanche Mister Gay n’a pas pu s’organiser. Le gay le plus sexy de Chine devra attendre. Ils étaient huit postulants à s’affronter dans quatre épreuves (défilé classique, défilé en maillot, questions-réponses, talent particulier). Le tout devait aider à participer à Mister Gay Monde à Oslo le mois prochain. Mais Mr Gay a été annulé. La police est intervenue plaidant qu’il n’y avait aucune autorisation pour que l’événement ait lieu. Si on ne peut plus se montrer en slip dans un bar sordide… Ceci dit, j’aurais été incapable de voter pour qui que ce soit. Pas à ma saveur. Trop féminins, ambigus, jeunes…

 

LITTLE MISTER SUNSHINE

Les Américains adorent se muscler jusqu’à l’excès. Les Russes, désormais, s’épilent. Les quinquas élitistes parisiens se tapent des jeunes beurs banlieusards. On nous a évoqué les métrosexuels, les übersexuels… à quand les nanosexuels, les mégasexuels, les appsexuels… ?

 

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Mais d’ailleurs, ce mystérieux Mister Gay, il est dans quelle catégorie ? Un petit brun plus latin que germanique, et pourtant bien suisse de 24 ans. Ou un grand black australien bien bâti, sans un poil, du même âge ? Ou encore un jouvenceau américain de 21 ans, blondinet, plus charmant que beau, sorti de sa ferme, élevé au lait ? Ceci dit, tous ces mecs dans la vingtaine présents dans ces concours me font penser immanquablement à des acteurs de porno gay. Du coincé sud-africain qui se verrait bien militaire dominateur au jeune minet péruvien qui se ferait avec joie une tournante à n’importe quelle heure de la journée, on se les imagine très bien dans des scénarios assez divers : bavant sur le plombier, attiré par le flic du coin, en visite médicale, dans les vestiaires... Ce qui est étrange dans tous ces « panels », c’est que le minet de type Bel-Ami est assez inexistant désormais. Et ne parlons pas du moustachu type Village People/Tom of Finland, espèce en voie d’extinction.

Les objets de désirs, de fantasmes changeraient-ils aussi avec les époques ?

 

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Vincy (19 janvier 2010)

 

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THE M WORD

     

2009 est morte, vive 2010. Je voulais vous parler de l’Homme idéal selon les gays argentins. Puis j’ai tardé. J’aurais, alors, pu vous annoncer que je quittais définitivement la vie numérique. Comme Lionel. Ou encore que je prenais ma retraite de clavardeur impénitent, parce que l’envie n’y est plus, parce que j’ai trop écrit depuis 16 ans… Comme Amélie.

Mon premier billet de l’année sera donc dédiée à une Reine, une Femme, qui aime les femmes.

Amélie Mauresmo. Grande championne. Lorsqu’une personnalité décède, l’hommage est unanime ; même les ennemis se font louangeurs. La Mauresmo met un terme à sa brillante carrière et les regrets naissent ici et là. Avec, cependant, une certaine retenue. Comparée à ses confrères sportifs qui ont été dans le même cas, alors qu’elle a longtemps été la seule femme parmi les vingts sportifs les mieux payés dans son pays, on sent une forme de misogynie. Un ton médiatique condescendant. Un « je ne sais quoi » de gêné. Pourquoi ? Après tout, Amélie est la plus grande joueuse du tennis français depuis Suzanne Lenglen, qui désormais a le droit à sa station de tramway sur la ligne 2, soit dit en passant. Elle est même, tous sexes confondus, le plus grand joueur de tennis en France depuis le début de l’ère open (1968). Plus de titres que Noah. La seule à avoir gagné le prestigieux Wimbledon, la seule aussi à avoir emporté le Masters de fin d’année… Unique, Mauresmo a été numéro 1 mondiale durant 39 semaines, ce qui en fait l’une des neuf joueuses les plus dominantes du circuit dans l’Histoire moderne de son sport. Le palmarès (545 matchs gagnés, 25 titres en simple, 15 millions de $ de gains) est long et rend encore plus inexplicable l’absence de gros titres et de ferveur médiatique.

amelie

© D. R.


Il y a deux raisons, sans doute inconscientes, certainement honteuses. Mauresmo n’a pas gagné Roland Garros (contrairement à Noah-l’ambianceur et Pierce-l’allumée) et Amélie « m » les femmes.

Le chauvinisme (pour ne pas dire nationalisme) reste très prégnant dans le Sport. Un grand sportif est avant tout un héros national, quelque soit le pays. Ne pas gagner sur son terrain de jeu, c’est un peu comme ne jamais réussir à jouir dans son propre lit. Alors, certes, la machine à laver le linge ou le canapé n’empêchent pas d’avoir des électrochocs orgasmiques, mais on imagine très bien, maintenant que Freud est tombé dans le domaine public, ce qu’un psychanalyste en dirait.

Ce n’est pas le plus grave. Que Nelson Monfort et les mauvais commentateurs de France Télévision n’aient jamais pu éructer un « OUI AMELIE ! » en mai sous le soleil de la Porte d’Auteuil est peut-être même salutaire pour nos cerveaux et nos tympans.

Non, on sent bien qu’il y a autre chose. Le même virus invisible qui a brisé une première fois la jeune étoile montante du tennis français (finaliste en Australie dès le début de sa carrière), qui n’a pas enthousiasmé les foules lors de sa retraite. Un malaise insidieux qui gâche un peu l’émotion que cela aurait du procurer : une forme d’homophobie.

Rappelez-vous les Guignols de Canal + qui l’ont transformée en « mec » avec des cheveux longs, caricature de sportive est-allemande. Ou Martina Hingins qui l’insulte en l’accusant d’être « à moitié homme ». On n’a jamais critiqué Martina Navratilova pour son lesbianisme que je sache. Et quand on regarde les épaules de nageuse de Mary Pierce, personne ne la traite de camionneuse. Contrainte de faire son coming-out, Mauresmo connaîtra alors une petite descente aux enfers et une baisse de forme. Blessée intimement. La bassesse des uns fait le malheur des autres. L’homophobie continue de planer sur le monde sportif – et ailleurs, aussi, poussant au suicide de nombreux jeunes, à la dépression des milliers de garçons et de filles, à la schizophrénie ceux qui se résigneront à l’hétérosexualité malgré eux... Comme si l’homosexualité était une faiblesse dans un monde qui ne s’exprime qu’en forces. Sa nature faisait ainsi de l’ombre à son talent. Certes, elle n’a pas le physique d’une bimbo d’Europe centrale ou de Russie. Mais elle avait un revers unique, un panache rare, une force gracieuse et réussissait des coups impossibles. Elle les as toutes battues : les Williams, Henin, Clijters, Hingins, Davenport, Ivanovic, Seles, Dementieva, Capriati... Combien peuvent se targuer d’un tel tableau de chasse ?

Éminemment sympathique, la Picarde « m » le vin et les chiens. Les femmes aussi. Mais il est regrettable que le plus bel éloge vienne du site officiel de la Women Tennis Association : « …douce, drôle, intelligente, amicale, la classe totale… Au revoir Amélie. »

 

Vincy (9 janvier 2010)

 

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Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

L'IRE...

     

Ce texte sera (presque) court. Pour une fois. Les nouvelles s’accumulent. Une petite brève de colère. Ça a commencé avec un coming-out dans mon entourage. Un père qui refuse l’évidence et balance des arguments hétéro-primitifs. La goutte d’eau pour le résident de la Goutte-d’Or que je suis. Mais bon l’atmosphère pue un peu ces jours-ci. Il ne fait bon d’être pédé.

L’acteur écossais Peter Mullan m’avait pourtant mis en garde en 2005 : « Il y a de plus en plus d'attentats homophobes (du gay bashing). Et je ne me l'explique pas. Deux de mes amis, hétéros, se sont fait agressés tandis qu'ils s'embrassaient pour se dire au revoir. On les a traités de pédale. Pour moi c'est une régression. »

 


Il y a eut une succession d’événements inquiétants ces dernières semaines. La chanson « J’ai 40 meufs » de Truand 2 Lagalère met clairement mal à l’aise quand on écoute les fantasmes haineux et méprisants qui y sont hurlés. Le Club Créteil Bébel a fait un dangereux mélange entre ses convictions religieuses, l’orientation sexuelle des joueurs du Paris Foot Gay, et l’impossibilité de pratiquer un sport, qui normalement s’élève au dessus des races, des sexes et des croyances. L’homophobie a mis à cran Marine Le Pen, mais aussi tous ceux, même s’ils s’en défendent, qui ont fait un amalgame entre les écrits de Frédéric Mitterrand, son homosexualité, et la pédophilie. Amalgames maintes fois entendus et toujours insupportables.

Mais comment ne pas s’inquiéter : notre blog Les Toiles Roses subit une attaque virale (néo-fasciste) qui l'oblige à se bunkeriser et disparaître pendant sept heures pour la première fois en cinq ans, le Vatican va accueillir des prêtres anglicans ouvertement homophobes, des évêques africains veulent des barrières juridiques contre l’homosexualité, des imams sénégalais légitiment tout assassinat d’homosexuels. En Iran, on s’apprête à exécuter un jeune sodomite. En Europe, le nombre de séropos continue de progresser… et la France hésite encore à ordonner le dépistage automatique. La même France qui refuse aux homos de donner leur sang. Population à risque. Tellement périlleux ces gays qu’un couple hétéro qui s’est retrouvé dans une croisière gay demande réparation auprès de son agence de voyage. Pourquoi ? Qui était jaloux, envieux, dans le couple ?

 


Ah oui ! je suis énervé, et pas au sens québécois du terme. L’impression de vivre une régression dans ce monde puritain et moraliste. Quelle hypocrisie alors que les hétéros ont tout pillé aux homos : look, soins, drague… On a beau se sentir protégé dans une grande agglomération, il ne faut pas oublier les situations dans les coins plus reculés, y compris les banlieues (lire le livre de Brahim Naït-Balk, Un homo dans la cité). L’incroyable fiancé c’est mytho.

Heureusement il y a quelques rayons de soleil : les Uruguayens ont voté l’adoption par les gays, l’église suédoise a approuvé le mariage religieux des homos, le conseil de Paris a voté pour que la célébration du pacs se fasse en mairie comme le mariage, le congrès américain vient de légiférer pour criminaliser les délits basés sur la discrimination sexuelle, Schwarzenegger a instauré un Harvey Milk Day, en Tasmanie (Australie), le mariage homo aura le droit à sa cérémonie institutionnelle.

 


Alors il reste des moyens de résister, de se défendre, de se préserver. Ne pas aller dans les pays ouvertement homophobes. Les boycotter même, leur foutre la pression. Ne plus consommer des produits venant de ces pays ou fabriqués par des entreprises ayant financé des lobbies ultra-conservateurs. Propager sur les réseaux sociaux toute information révoltante liée à un aspect du gay bashing. Et faire du Net Bombing vis-à-vis de personnes ouvertement homophobes (bis).

En attendant, il est vital de faire aussi de la pédagogie. En finir avec les clichés autour des gays. Et peut-être réfléchir à d’autres actions, moins caricaturales que la Gay Pride, à une nouvelle sémantique. « Je ne suis pas homosexuel. Je suis amoureux de garçons. »

Pour ma part, j’applique comme il se doit ces premiers préceptes. Nous filerons cet automne en Argentine. Pays macho ayant autorisé l'union civile homosexuelle… en 2002.

 

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Vincy (23 octobre 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

LAISSEZ-LE VIVRE

 

      

Retour sur Nos Bonheurs Fragiles (voir BHV précédent).

Interview de son auteur, Laurent Fialaix.

 

 

 

Vincy Thomas : Comment le roman a-t-il été écrit ? Comme un journal improvisé ? Dans le but initial d'en faire un récit ?

Laurent Fialaix : J’ai toujours eu pour habitude de jeter les mots sur le papier dans les moments difficiles, mais jamais jusqu’ici je ne les avais sortis de mon ordinateur. C’était mon jardin secret, un exercice personnel, une sorte de journal intime provisoire puisque n’existant que le temps du mal-être. Lorsque j’ai commencé à écrire sur ce sujet, cela participait du même principe. Ce n’est qu’au fil du temps que l’idée d’en faire autre chose m’est venue…

 

Pourquoi un livre, et pas un blog, par exemple ?

Justement, ce livre est né d’un blog. En fait, je savais, vu le chaos dans lequel j’étais, que me contenter d’écrire sur un fichier Word ne me suffirait plus. J’ai donc ouvert ce blog, anonymement, sous pseudonyme, sans le dire à personne si ce n’est à quelques amis proches. Et j’y ai écrit comme on va chez un psy. J’ai une nature très pudique ; je suis un ancien grand timide et j’en possède encore quelques restes. Alors, paradoxalement, l’idée de me livrer – même si elle venait de moi – m’était assez violente. Sans doute je cherchais à me bousculer un peu pour ne pas m’embourber… À ma grande surprise, assez vite j’ai reçu des mails d’inconnus. Surtout venus de femmes, d’ailleurs. Sans avoir vécu la même histoire, elles me disaient se reconnaître dans la mienne, dans mes interrogations, dans mes douleurs, parfois dans mes sursauts. Ces réactions m’ont beaucoup touché, et surtout beaucoup surpris. Elles ont fait leur chemin petit à petit. Et cela a fini par me convaincre de partager plus largement ma petite expérience, puisque j’avais la démonstration qu’elle pouvait aider. Je crois que je ne l’aurais jamais fait sans cette assurance-là. Alors, pour ne pas trop me disperser, j’ai arrêté le blog, j’ai retravaillé les textes publiés, et le livre a commencé à prendre forme.


Quelle part de roman y a t il dans ce livre autobiographique ?

À partir du moment où j’ai voulu en faire un livre, l’exercice narcissique ne m’intéressait pas du tout. Chacun a dû ou devra, un jour ou l’autre, se reconstruire. Que ce soit à la suite de la disparition d’un être cher ou après une séparation, par exemple. Je voulais faire le journal d’une reconstruction, raconter une histoire universelle qui dépasse celle de deux hommes et puisse ainsi parler au plus grand nombre. Pour cela, il me fallait faire l’impasse sur certains aspects qui auraient accentué la spécificité homosexuelle en empêchant ceux qui ne le sont pas d’y trouver une résonance. J’ai ajouté quelques détails aussi, pour mieux faire passer (en tout cas je l’espère !) certains messages. Disons qu’il est autobiographique à 80 %, et que les 20% restant sont tout à côté de la réalité, vraiment tout à côté !

 

Quels sont ces messages ?

Dans mes ambitions les plus folles j’aimerais que certains y trouvent quelques pistes pour réagir au mieux face au chagrin d’un de leurs proches. Les mots peuvent faire tellement mal… Si d’autres pouvaient enfin comprendre qu’un deuil reste un deuil avec les mêmes conséquences, que l’on soit hétéro ou homo, alors ce serait formidable aussi ! J’ai tellement ressenti la différence de traitement. Dans la tête de bien des gens, on ne peut pas avoir les mêmes douleurs vu qu’on n’a pas, selon eux, les mêmes sentiments. J’ai aussi essayé de montrer que l’homoparentalité n’avait pas à faire peur, qu’elle n’était en aucun cas un problème, que cela pouvait très bien se passer. Et pour tous ceux qui traversent un deuil j’ai tenté de montrer qu’il ne faut pas avoir peur de descendre tout en bas, de s’écouter, de prendre son temps pour remonter la pente même si ça paraît interminable. Il faut en passer par là, je crois, pour mieux évacuer ses culpabilités inutiles, pour se redresser, et s’autoriser à revivre vraiment.  « Tout ce qui ne tue pas rend plus fort », dit-on. C’est une évidence absolue !


As tu été obligé de t'autocensurer, de jeter des pages trop intimes ?

Obligé, non. Mais j’ai tenu à le faire. J’ai supprimé des paragraphes entiers qui auraient pu blesser inutilement quelques-uns de mes proches, et que j’avais écrits sous le coup de la colère ou de la déception. Entre le temps de l’écriture et celui de la dernière correction, il s’est passé plusieurs mois et je n’étais plus ni dans la rancœur ni dans le ressassement. Il y a aussi pas mal de choses que je n’ai pas pu ou voulu dire, ne serait-ce que parce que cela aurait desservi le propos, et finalement l’ensemble du livre. Parfois la vie rattrape le roman et la dépasse à ce point qu’on m’aurait reproché d’en rajouter !

 

Quelles peurs as-tu conjuré en écrivant ce livre ?

La peur du vide, celle de la solitude. L’absence, son silence. J’avais sans cesse sous les yeux des images obsédantes, et les coucher sur le papier les a éloignées. Au moins un peu. Et puis, avec le recul, je crois qu’il y a aussi une peur plus ou moins inconsciente qui nous habite dans ces moments-là : celle d’avoir laissé partir sa propre vie en même temps que l’autre, et d’être à ce point anéanti qu’on se persuade n’être plus capable de rien.

 

Et quelles pudeurs as-tu eu ?

La principale touche mes enfants, évidemment. Les passages qui les concernent ont été les plus difficiles à écrire. De loin… Comme je sais qu’un jour ils me liront, quelques autres moments ont été assez compliqués aussi. Je pense surtout à ceux où je parle de sexe. Pour autant, je ne pouvais pas faire l’impasse. Dans une reconstruction, c’est un sujet absolument essentiel. À un moment donné, cette question-là arrive et tu dois la surmonter, te débrouiller avec ta culpabilité, tes appréhensions, le supposé jugement des autres… tout cela sans la moindre arme pour t’aider ! Se protéger derrière des pudeurs inutiles aurait été vain. Comment décrire la douleur sans se donner totalement ? Je crois que c’est impossible. De toute façon, en parler ne veut pas dire raconter dans les moindres détails !


Que doit-on changer pour faciliter l'homoparentalité, de fait, comme la tienne ?

Je ne peux parler que de ce que je connais. Or, je n’ai jamais eu à batailler. Tout a toujours été fait en parfaite intelligence. Je ne me vois vraiment aucune différence avec un père hétéro divorcé. Ou alors j’ai la chance que personne ne me l’ait jamais faite sentir. Mais mes enfants sont nés dans un schéma classique où leurs parents étaient mariés et vus comme un couple on ne peut plus traditionnel. Et je m’entends parfaitement bien avec leur mère. Cela change tout, je pense !

 

Les psys ont mauvaise image dans ton livre. Crois-tu que Freud est dépassé par notre époque ?

Non, pas du tout. Même si je n’aime pas cette ère du tout psy, que les choses soient claires : je n’ai absolument rien contre eux. J’en ai rencontré des formidables. Certains lui ont sauvé la vie. Ils ont fait des miracles. Le mien, je l’égratigne en effet, mais dans la réalité je lui dois aussi d’être resté debout. Et je conseillerais à tous ceux qui traversent ce genre d’épreuves de se faire aider. J’ai essayé de faire sans, mais j’ai vite été rattrapé par cette nécessité. Seulement, comme dans toutes les professions, certains sont à fuir ! Par exemple, cette psy dont je parle au début du livre, qui m’a convoqué aux urgences de l’hôpital où il avait été conduit, fait partie de ces quelques-uns qui, par leur intolérance, leurs idées toutes faites, leur homophobie rampante, vous détruisent. Vous en même temps que l’image d’une profession tout à fait respectable. Et indispensable… à condition de ne pas en abuser !

 

Quels conseils donnerais-tu à propos du mal-être prégnant chez les jeunes gays ?

Vaste question ! Je ne suis pas sûr d’être le mieux placé pour y répondre. Expérience faisant, il me semble tout de même que l’une des principales difficultés est de se libérer de ce que j’appellerai nos « chaînes invisibles ». Qu’on le veuille ou non, beaucoup d’entre nous nous trimballons avec une lourde culpabilité. Il faut parvenir à prendre de la distance face au poids du regard des autres. En particulier du regard des nôtres. Je sais, c’est facile à dire !… Mais on ne vit pas pour nos parents. On vit pour soi, d’abord et avant tout ! Je crois qu’il faut parler, faire son coming out dès qu’on en ressent la nécessité. Tant pis pour les conséquences immédiates. Il faut aussi se faire violence et ne rien exiger de suite, laisser le temps à nos proches de « digérer » l’information, si j’ose dire. Certes, le moment n’est pas simple, il en coûte souvent quelques larmes, mais au bout du compte j’ai le sentiment qu’on se sent finalement plus libre. On s’est débarrassé d’un poids. Quant au reste du monde, on s’en fiche, non ?


Parle-moi de ta vision de l'homosexualité, de la perception de l'amour gay par ton entourage...

Comme je l’écris dans le livre, à mes yeux une relation homosexuelle est une histoire d’amour comme une autre, sans la moindre différence hormis quelques reliefs… Point barre. Je ne comprends pas comment, en 2009, on peut encore être gêné par ce qui n’est rien d’autre qu’une évidence ! Je suis stupéfait de voir combien nombre de mes proches sont surpris aujourd’hui par l’intensité de l’amour que je décris. Il y a quelques jours encore, une femme de ma famille m’a appelé pour me dire qu’elle avait beau nous avoir bien connu tous les deux, elle n’avait pas du tout compris combien je pouvais l’aimer. Sans doute parce qu’ll y avait beaucoup de souffrance dans notre relation, mais derrière ses mots, il y avait aussi : « je ne savais pas que deux hommes pouvaient s’aimer comme ça ! ». Je ne crois pas qu’il faille parler d’homophobie. L’image d’Epinal y est pour beaucoup ; elle est bien ancrée dans l’inconscient collectif. Tout gay est un obsédé immature et instable qui collectionne les mecs sans jamais être capable du moindre vrai sentiment. Alors, je me dis que si ce livre peut faire évoluer les mentalités ne serait-ce que d’une poignée de personnes, je serais le plus heureux des hommes.

 

Le milieu des médias est évidemment cruel, mais tu as pourtant bonne presse, une surprise ?

Si je disais que je ne suis pas surpris je serais d’une prétention terrible ! Je suis extrêmement touché par cet accueil. Pas seulement par les articles parus mais par les nombreux messages que je reçois, aussi. Comme quoi, ce milieu n’est pas toujours si cruel qu’on le dit ! Pourvu que ça dure…


Comment vis-tu au milieu des requins que tu décris dans le livre ?

Je ne vis pas au milieu d’eux. Je ne suis pas du tout mondain. Plutôt ours, même. Alors, je ne les vois que de loin… Ceux que j’évoque dans le livre m’étaient insupportables parce que j’étais à fleur de peau, et que ces gens-là, lorsqu’ils sentent la fragilité, se précipitent. Je n’ai jamais senti autant de présences intéressées. Je ne comptais plus ceux qui, après m’avoir « offert » cinq minutes de réconfort, réclamaient leur dû : un article, un piston, que sais-je encore… Tout cela n’est pas lié qu’au milieu des médias. Je ne l’ai pas vécu que dans mon milieu professionnel, loin s’en faut ! Simplement, depuis, j’ai appris à les reconnaître, et à les écarter ou à les fuir. Et aujourd’hui je suis formidablement bien entouré.

 

Finalement cette société semble sans valeurs, ultra communicante et pourtant incapable de communiquer. Le paradoxe est que nous nous immergeons dans des outils immatériels comme Facebook. En permanence tu trouves ces outils vains par rapport aux sentiments que tu ressens. Pourquoi ne te déconnectes-tu pas ?

Au moment où j’écrivais, j’ai fermé mon compte. J’étais lassé de la superficialité des uns, du narcissisme des autres, de ceux qui jour et nuit viennent te parler de boulot. Et de cette lâcheté si facile quand on se réfugie derrière un clavier d’ordinateur et quelques statuts ou quelques mails assassins. Lorsque j’ai cliqué sur « Désactiver le compte », étrangement je me suis senti comme libéré d’un poids que je m’étais imposé tout seul. Mais, finalement, je n’ai pas pu résister : j’y suis revenu assez rapidement. Aujourd’hui je n’en garde que le meilleur. J’ai appris la prudence. Facebook peut être très amusant quand on l’utilise sans en attendre rien. Et, pour moi, c’est aussi un outil comme un autre pour informer mes contacts sur l’actualité du livre. Des lecteurs viennent à moi par ce biais, en me demandant en « ami » ou en me laissant un message sur le groupe du livre. Ce serait beaucoup moins direct sans cela. Vu sous cet aspect, c’est un très bel outil de communication. Depuis la parution du livre, j’y vis des moments très forts. Pas autant que dans la vie réelle, heureusement, mais ils ne sont pas à négliger.


Tu ne crois plus en l'amour absolu. Est-ce un subterfuge, une pudeur, une crise de foi ? Ou cette prise de conscience que tous ces bonheurs sont trop fragiles pour y croire réellement ?

Un subterfuge, certainement pas. Je n’ai jamais calculé, et j’en suis encore moins capable aujourd’hui. Je suis moi, avec mes forces et mes faiblesses, mes avantages et mes inconvénients, et c’est à prendre ou à laisser ! Longtemps je l’ai rêvé, cet amour absolu, oui. Comme on rêve du prince charmant. Mais je me suis trompé. Je n’y crois plus. Et ce n’est pas plus mal. Aussi romantique que l’on soit, il faut l’admettre : tous nos bonheurs sont fragiles sans quoi on s’ennuierait ferme, non ? N’y a-t-il pas plus ennuyeux que l’idée d’un bonheur solide qui exclurait les coups de gueule et les réconciliations, qui écarterait les doutes, les interrogations, les bons moments qui succèdent aux mauvais ? Ce n’est pas parce qu’il n’est pas absolu et solide que l’amour ne vaut pas le coup d’être vécu. Bien au contraire… L’amour entier, fort, intense, bien sûr que je continue d’y croire. Je l’attends même. Et de pied ferme !

 

 

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Vincy (30 septembre 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

DE LÀ-HAUT CETTE VIE EST BELLE...

 

 

        Pour une fois, je ne vous évoquerai pas de slips, de sodomies, de secrètes stories, ou encore de sportifs sexys. Dans mon grand Bazar arc-en-ciel, j'ai décidé de faire un détour par les rayons livres, et pas les rayons X.

        Le récit dont je veux vous parler est mélancolique. Sa lecture n'a pas été anodine. L'histoire ne laisse pas indifférent comme ne l’est jamais un deuil… ou plutôt la vie après la mort de son ami. Nos bonheurs fragiles (Laurent Fialaix, éditions Léo Scheer, le 26 août en librairie) est un tableau impressionniste, par petits chapitres, souvenirs fulgurants, sensations et impressions détachées sur l'apprentissage des douleurs solides. Une promenade dans un tunnel, où les angoisses, les tourments, et surtout les peurs s'entrechoquent avec l'intime, les mots entendus, qui parfois sont créateurs de maux. La mesquinerie des uns, la maladresse des autres, tous ces gens qui ne savent plus composer avec la mort dans une société où tout nous pousse à rajeunir et vivre superficiellement.


        L'équilibre est maintenu de page en page : rien d'impudique, mais tout est (à) nu. L'authenticité de la démarche n'est jamais gâchée, corrompue, polluée, parce que la sincérité se confond dans chacun des aveux, derrière une forme de vérité absolue, parfois choquante, disons franche. Jamais méchante.

        L’auteur préfère ramener à la vie le défunt, par l’écrit avec ce livre, ou par les paroles, dans la réalité.

 

Homme Sweet Homme

 

        L'autre raison pour laquelle cette lecture n'était pas comme les autres, concerne l'écrivain. Si j'ai voulu écrire ce texte sur ce livre, et pas sur les autres récemment avalés sur des plages « croadriatiques », c'est pour lui donner une résonnance particulière. Ajouter vaniteusement mon témoignage à cet exercice si particulier, si personnel, celui de raconter son vécu, sa souffrance comme ses espoirs. De l'humanité en brut, parfois avec des mots doux, parfois avec des expressions demi-sèches. L'auteur, Laurent Fialaix, n'est pas un ami, comme peut l'être Zanzi. Laurent est un de mes contacts Facebook, avec qui j'échange beaucoup, je partage ses goûts, notamment musicaux. C'est une connaissance professionnelle – quelqu'un avec qui j'ai eu du plaisir à boire des bulles de champagne lors de mondanités. En toute innoncence puisque je ne connaissais pas son histoire. Laurent est un homme dont j'ai vite apprécié la sensibilité, deviné la vulnérabilité, apprécié la générosité. En lisant ce livre, il se dévoilait, bien plus que je ne me révélais en me mettant à poil devant des appareils photos. Je n'ai désormais qu'une envie, et qu'une appréhension, le voir, prendre un verre, le connaître. Mieux. Au delà de ce livre.



        Car Nos bonheurs fragiles ce n'est pas simplement une chronique sur la mort et l’amour, la foi et la culpabilité, l'inquiétude d'un avenir incertain, pas forcément meilleur, et la certitude que le rire, la flamme, l'extase sont encore de ce monde. Il s’agit aussi d’un petit traité sur l’égalité.

 

Je suis un homme

 

        L’égalité devant la fatalité, dans le malheur, se confronte à l’impuissance, la bêtise, l’égoïsme, la fuite des autres. Cet enfer qui conduit à la misanthropie ou, comme ici, à une dépression. Ici nulle Orphée à sauver, juste un purgatoire à traverser, sans aucune aide ou presque. Avec une nuance : le couple est masculin.

        Dans ce journal, l’homosexualité est subtilement, justement, décrite comme une relation amoureuse conventionnelle, sans différence, hormis quelques reliefs, avec la liaison hétérosexuelle. Ainsi, le livre s’illumine lorsque la famille est au cœur d’un passé nostalgique et d’un présent tyrannique. Une famille qui n’est pas forcément celle de ses racines, plutôt celle qu’il s’est fabriquée : une ancienne épouse et meilleure amie, leurs deux enfants, Olivier et ses parents. Élargie, recomposée. Telle qu’on l’aime.

        Cela reste un défi pourtant.



        L’égalité entre un homme et un homme et entre un homme et une femme se désagrège au contact de l’inégalité des regards. Page 93 : « Peu importe que l’on s’aimait : dans l’esprit de bien des gens, un couple homosexuel est guidé par d’autres choix, d’autres vecteurs que l’amour simple et « traditionnel ». « Un de perdu, dix de retrouvé ! » pensent-ils. À leurs yeux, être homo, c’est être différent, surtout dans l’approche des sentiments. » Combien ont réagi comme s’il s’agissait d’une épouse, comme s’il était un veuf hétérosexuel ? Très peu.

 

Il faut du temps

 

        Si cette confession exhume l’emprise de ce fantôme sur l’écrivain, l’ouvrage s’avère aussi être un portrait précieux sur la condition homosexuelle contemporaine, sans fards, et en se moquant des préjugés. Une condition finalement très humaine.

        Alors ni Zazie, ni référence révérencieuse à Sanson, mais bien entendu Gall pour conclure. Une spéciale dédicace.

 

Y a comme un goût amer en nous

Comme un goût de poussière dans tout

Et la colère qui nous suit partout

 

Y a des silences qui disent beaucoup

Plus que tous les mots qu'on avoue

Et toutes ces questions qui ne tiennent pas debout

 

Évidemment

Évidemment

On danse encore

Sur les accords

Qu'on aimait tant

 

Évidemment

Évidemment

On rit encore

Pour les bêtises

Comme des enfants

Mais pas comme avant

 

Et ces batailles dont on se fout

C'est comme une fatigue, un dégoût

À quoi ça sert de courir partout

On garde cette blessure en nous

Comme une éclaboussure de boue

Qui n'change rien, qui change tout


 

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Vincy (25 août 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

CHASSES D'ÉTÉ ? CHASTETÉ !

 

 

        L’été, normalement, appelle au sexe. Individus dénudés, météo torride, hormones et phéromones qui jouent les démones…

        L’été 2009 doit être une sorte d’exception à la règle : voudrait-on tuer notre libido qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Oh bien sûr nous pourrions nous satisfaire d’un numéro sexe des Inrocks (ou celui de Elle pour les prudes). Mais chaque année, on nous y montre davantage les déviances marginales chargées soit de nous faire culpabiliser d’apprécier une petite sodomie toute simple ou de nous faire croire que le « in » c’est un mix d’Esprits criminels et de Californication.

        Pour les amateurs de « Little Queen », il y avait aussi le beau Contador, qui remuait du popotin comme pas un et nous exhibait son moule-bite plein de sueur dans les virages du Tour de France.

 

 

        Mais bon, soyons honnête, ce n’est pas le festival du slip dans les médias et la culture. Ce n’est pas parce que tout le monde est à poil dans « Sexret Story » que la vue d’une main se grattant l’entrejambe va nous faire saliver… Tellement formatés dans leur apparence et décérébrés, les protagonistes nous frustrent plus qu’autre chose : c’est dans un film porno qu’ils devraient tous s’éclater.

        Autre programme estival cathodique, Total WipeOut. Images de tortures physiques bien plus drôles que Fort Boyard et moins ringardes que Intervilles. Mais mal réalisée, l’émission déçoit beaucoup dans le trash : tenues plus sportives qu’allumeuses, décors digne de Schtroumpfland, participants bien beaufs…  Autant jouer avec son JoyStick à WipeOut.

 

 

        On aurait dû se méfier. Les quatre succès internationaux du cinéma donnaient le ton. Les Transformers sont aussi sexués que des boîtes de conserves. Et les pantins qui s’amusent autour font de la monogamie un tel dogme que le réalisateur se sent obliger d’être vulgaire dès qu’il filme une « poupée » (sur une moto ou entre les jambes d’un mec qui n’en demandait pas tant). Dans L’Âge de glace 3, personne ne copule. On a bien un Sid déjanté, un brin pédé, mais il n’a même pas le droit d’adopter. Quant au viril Diego (Cassel côté vocal), il est bon pour une cure de Viagra tant il semble castré, se chassant loin des siens se sachant impuissant.

        Ne comptons pas sur Harry Potter et ses potes. Il en est au stade des bisous. La baguette ne semble pas se raidir au point de faire des étincelles. Enfin, Là-haut met en vedette un octogénaire bougon et un scout obèse. On a vu mieux pour nous envoyer en l’air.

        Bien sûr, on peut se consoler avec la séquence de paint dripping dans J’ai tué ma mère, magnifique allégorie sexuelle entre deux ados.

 

 

        Mais je vous le dis : l’été est asexué. La preuve en musique. Le retour de Mika, l’avènement de Slimmy, l’homme est taille XS, un peu folle, faussement dandy, inimaginable en érection. Quelque part Brüno reflétait bien la tendance. Le personnage caricatural et provoc du procureur de l’homophobie, Sacha Baron Cohen, est bien le parfait modèle de l’homme idéal de cet été. Et pour ceux qui auraient voulu se réfugier auprès de leurs blondes préférées, Britney Spears a fait une désastreuse faute de goût : se colorer en brune, pour être une parfaite « brünette » ?

 

 

        Et ne parlons pas de LA mégastar, Michael Jackson. Quoi de moins sexuel que Peter Pan ? Il avait beau se les remonter entre deux pas de Moonwalk, il ne voulait être ni noir ni blanc, ni homme ni femme, ni homo assumé ni hétéro affirmé. Qui pourrait fantasmer sur un tel être hybride ? Même ce nabot de Prince avec ses déhanchements aguicheurs fait plus d’effet…

        Non vraiment, cet été est sous le signe de la frigidité et de l’absence de codes sexués. Il suffit de regarder la une du JDD avec la baignade du petit Nicolas. Le bide rentré (retouché ?) dans un affreux bermuda bleu, le Président ne donne pas à faire rêver les Français. Le voilà involontairement convertisseur de gays : n’importe quel homo normalement constitué préfère regarder Carla palmée. Ah ce malaise vagal… et dire que j’espérais la bourde d’un journaliste en direct. Un malaise vaginal, ça aurait eut plus de gueule. Alors pendant que Sarko drague les infirmières à cause d’une course à pieds qui nous a bien pris la tête, on nous envoie Christine Lagarde, qui avec son air de directrice d’école rendrait frigide n’importe quel Ashton « Toy Boy » Kutcher. À croire qu’on ne veut plus qu’on baise dans ce pays.

 

 

        Rassurez-vous, pour moi tutti va bene. Les orifices sont béants et les reliefs turgescents. Mais j’ai eu une pensée pour tous ces Zanzis dans la City, sans Sex ni même un nouveau single de Madonna, plus occupée à prêcher qu’à pécher.

        On peut, sinon, espérer que la grippe H1N1 transformera tous ces Tartuffes en cochons…


 

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Vincy (04 août 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

CANNES OU L'ANNÉE
DU RUBAN ROSE

 

 

Chers amis du blog Les Toiles Roses, après plus de 32 toiles cannoises, je peux vous le dire : les cinéastes font de la sexualité leur principal sujet de perplexité. Certains préfèrent exciser la femme ou juste lui balancer qu’elle a l’haleine fétide et les seins qui tombent. D’autres sont davantage intrigués par l’homosexualité. Évidemment, c’est ce sujet qui nous concerne ici.

 

 

D’Asie en Amérique, les gays ont été l’objet de tous les désirs sur le grand écran blanc de nos chambres noires. La compétition s’est symboliquement ouverte sur un film traitant de l’homosexualité. Nuits d’ivresse printanière (par ailleurs prix du scénario), de Lou Ye, évoque les conditions de vie d’un homosexuel dans une grande ville chinoise. Conditions inhumaines évidemment, puisque les amants se cachent pour jouir. Souvent contraints à une bisexualité de façade ou à vivre en marge. Le film n’offre que peu d’espoir alors qu’il ne parle que d’amour… Les scènes où les corps nus se mélangent, sur un lit ou dans une douche, sont crues et sensuelles. On n’avait pas vu ça dans le cinéma chinois depuis East Palace, West Palace, en 1997.

 

Un autre cinéaste asiatique, Tsai Ming-liang, ouvertement gay, n’a pas hésité dans son film commandé par le Musée du Louvre, Visage, à insérer une séquence homo. En l’occurrence, il a pris le soin de mettre en lumière les buissons du parc des Tuileries, où son acteur fétiche (et « mari »), l’éternellement jeune Lee Kang-sheng s’offre manuellement et oralement à Mathieu Amalric. On ne voit rien, on devine tout. Le moment est sensuellement exquis.

 

 

À Tokyo, l’Argentin Gaspar Noé continue de considérer les homos comme lâches et soumis. Rappelez-vous Irréversible : l’homo était un dégénéré uniquement bon à se faire fister ou tabasser. Ici le pédé est dealer (donc cause tous les malheurs du monde), ou balance (donc conduit le héros à son destin, fatal). Cette homophobie permanente chez Noé, digne de son esprit réac, se traduit par cette fiotte de délateur qui se retrouve, vers la fin de ce film interminable, dans une chambre du Love Hotel, à pomper une grosse queue de cadre sup’ japonais, un second attendant son tour.

 

Heureusement, le sensible Ang Lee, à qui l’on doit Garçon d’honneur et Brokeback Mountain, est revenu avec une chronique douce, drôle et un zest amère, dont le personnage principal est un jeune juif, gay, n’arrivant pas à couper le cordon ombilical avec sa dragonne de mère (radine) et aspirant à migrer à San Francisco. Dans Taking Woodstock, il va d’abord assumer son homosexualité. Sur la piste de danse, sous les hourras des filles, en embrassant langoureusement un maçon beau comme un camion. Et puis dans un van Wolkswagen, hallucinés par quelques pilules, en se tapant un couple hippie « peace and love ». N’oublions pas le personnage de Liev Schreiber, travesti incroyable et blonde, sachant concilier force et humanisme.

 

 

Si l’esprit Woodstock a disparu, les progressistes américains ont survécu notamment du côté de Seattle. Dans Humpday, les deux meilleurs potes du monde, encouragés par un groupe de lesbiennes, font le pari de faire l’ultime film porno amateur : deux hétéros en train de niquer dans une chambre d’hôtel. Deux gars lambda prêts à virer leur cuti pour une nuit. L’un d’entre eux est marié, et, bizarrement, c’est le soutien de son épouse que l’on retient. Très joli message d’amour, très belle philosophie de couple. On signale juste aux lecteurs hétéros égarés ici que si l’idée vous prend, n’omettez pas quelques règles : les préliminaires c’est important, les caresses et les baisers c’est essentiel, et un peu d’alcool pour se « lancer » n’a jamais fait de mal à personne. Sinon c’est la débandade assurée.

 

Du côté du Texas, c’est difficile d’être homo aussi. Jim Carrey aime le charmant Ewan McGregor (I Love you, Phillip Morris) mais aussi le très très beau Rodrigo Santoro. Production plus aseptisée, nous n’aurons le droit qu’à quelques étreintes et baisers. Almodovar a aussi effleuré le sujet. Seul le personnage de l’héritier voyeur, Ray X, pervers mal dans sa peau devenu homo cynique et sexy, renoue avec la  « mâlitude » du cinéaste.  Mais rien de bien bandant sous le soleil madrilène.

 

 

Sous le ciel pluvieux de Jérusalem, il y a eut la plus belle histoire d’amour du Festival. La plus tragique aussi. Deux hommes pieux, l’un boucher et père de famille, endeuillé par la mort de son père, l’autre, étudiant errant, perdu, bousculé par ses désirs, vont s’apprivoiser, s’attirer, s’embrasser. Tout est pudique, suggéré, compris. Tu ne m’aimeras point, de Haim Tabakman, n’est pas très gai. Mais il prouve, plus que tous les autres, que l’Amour n’a pas de frontières, n’a besoin d’aucun mur, ne souffre d’aucun diktat, n’a pas besoin de dogmes pour exister, de règles pour s’épanouir.

Que le seul mot qui lui convient, de la Chine communiste à la communauté ultra-orthodoxe israélienne, c’est la liberté. C’est aussi pour ça qu’on aime tant le cinéma : il nous évade de nos prisons dorées.

 

 

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Vincy (26 mai 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

RAFAEL, ENRIQUE, LLUIS,
TAMAR... ESPIGNOLADES

 

 

C’est toujours mystérieux. Des idées ici et là, des images qui se baladent dans nos têtes… et à la fin cela devient un ensemble à peu près cohérent. Il y a d’abord eu cette manie de Rafael Nadal, puis les révélations de Enrique Iglesias, pour enfin, à Barcelone, dans une salle de cinéma, le Renoir, admirer un plan d’Almodovar sur le paquet énorme de Lluis Homar.

 

 

C’est à Barcelone, entre une virée au Métro – la boîte avec des urinoirs surmontés d’écrans diffusant des pornos : pisser ou bander, il faut choisir – et une balade en bord de mer, que j’ai eu l’idée de mélanger tout cela. Les slips de Nadal, la petite bite d’Enrique, les mâles d’Almodovar.

 

Star en son pays (il est l’égérie de trois ou quatre marques), Rafael Nadal est le meilleur joueur de tennis depuis un an. Quasiment invincible sur la terre battue où seul Djokovic peut lui faire un peu peur, il gagne désormais sur toutes les surfaces et a réduit Federer au rang d’observateur impuissant. Mais Nadal a un petit souci, situé entre la cuisse et la fesse : son slip.

 

 

Il a ce fâcheux tic (toc ?) de remettre son élastique en place, entre deux points. Systématiquement. On ne saurait trop lui conseiller de changer de sous-vêtements : opter pour des caleçons en lycra ou dans une matière dédiée aux grands compétiteurs. Mais on sait que le slip est une valeur sûre chez les méditerranéens et chez les sportifs. Symbole d’une forme de virilité ? En tout cas sur ventes-privées.com, les slips sont souvent disponibles à la vente quand les boxers et shortys sont déjà épuisés depuis longtemps…

Mais je m’égare. Car sa manie a créé un phénomène il y a quelques mois. L’élastique qui remonte entre les fesses et attire les doigts dans le cul, ça inspire les fans. Lors de la Coupe Davis, à l’automne dernier, en Argentine, les supporteurs ont « fait tourner les slips ». Des bleus pour les Argentins, des rouges pour les Espagnols. Un site internet (LoscalzonesdeNadal.com, les caleçons de Nadal) permettait d'envoyer des slips virtuels à vos amis et de prendre parti pour l'une ou l'autre des deux équipes. Le n°1 argentin, Juan Martín del Potro, avait même annoncé un jour qu’il allait « sortir le slip de Nadal de son cul ».

 

 

Avec les dents ?

 

Quelques semaines plus tard, on apprenait qu’un autre espagnol, Enrique Iglesias, avait, lui, plutôt du mal à les remplir, ses slips.

 

 

À 33 ans, celui qui va envahir Bercy et fait mouiller les jeunes filles en mal de mâles, avoue que lorsqu’il se regarde dans le miroir, il ne voit pas un sex symbol. Dans The Mirror, il y va franco.

À la question, « Pensez-vous faire des pubs comme celles avec David Beckham pour des sous vêtements ? », il répond : « Je ne pense pas avoir le paquet pour ça ! S’ils peuvent utiliser Photoshop pour les photos, et rendre mon engin plus gros, alors peut-être que j’accepterai. » Et perfidement, il balance « Mais c’est peut-être ce qu’ils ont fait avec celles de Beckham, non ? » (J’y reviendrai dans un texte ultérieur).

 

 

Iglesias a donc des complexes : il a des jambes de poulet, un petit ventre et pas de tablettes de chocolat,  une petite bite (encore que ça ne veut rien dire : on a connu des asticots muer en gros boas quand le désir est là), et… des couilles pendantes. Et oui, rien ne nous est épargné. En général, on dit que ce sont les caleçons (les amples) qui produisent cet effet de boules tombantes. « J'ai entendu dire qu'elles descendaient encore plus et qu'elles devenaient encore plus molles quand on vieillissait, et ça craint, parce que ça veut dire qu'il faudra que je plie les miennes dans mes chaussettes. »

Une queue rikiki et des grosses bourses défiant l’apesanteur, voilà un drôle de « paquet ». Au moins, il deviendra le symbole sexuel de tous ces hommes honteux parce que leur membre mesure moins de 15 centimètres. Il devrait faire une campagne où assumant son mini-pénis (mais qui fait le maximum) il incite les mecs à arrêter de se la comparer, ou pire, de se la faire grandir (ça réduirait nos spams…).

 

 

Heureusement Almodovar est là pour montrer que les Ibères en ont. Au début de son nouveau film, bientôt présenté à Cannes, Les Éreintes brisées, son acteur principal, Lluis Homar, 52 ans, s’offre un plan cul avec une jolie blonde (et là, bécote le cinéaste sur la photo). La caméra se fixe sur l’entrejambe du comédien, une grosse bosse oppressée par son jean.  Almodovar bande encore avec vigueur. Il sait toujours choisir ses minets : les trois grâces de son nouveau film ont des gueules très différentes. Alejo Sauras (un peu exhib tant il y a de photos de lui à poil sur le web), 29 ans, est sans doute le DJ le plus sexy du cinéma ; Rubén Ochandiano, 28 ans, joue la folle perverse de service, et Tamar Novas, 22 ans, en couverture de Zero, le Têtu espagnol, ce mois-ci, préfèrent jouer les « bogosses » en costume. Novas est un nouveau Banderas, en fils idéal et bien sous tous rapports.

 

 

Aucun ne semble rougir de son braquemard ou avoir des soucis d’élastique rampant. En tout cas de quoi faire de l’Espagne, la destination idéale pour mater les beaux mecs….

***

Pré-orgasmique : je file à Cannes pour mater des beaux films et croiser la jet set décadente. Je vous promets de revenir avec de l’inspiration.

 

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Vincy (5 mai 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

YOANN, VEDETTE DE
« AÏE, SOUPE MUSICALE »

 

 

La Nouvelle Star, chaque mardi, ça relève de la mission impossible pour des parisiens qui sortent régulièrement. Bien sûr l’émission repasse sur le web, sur W9… Mais on voit bien qu’elle ne s’adresse pas aux cultureux et nightclubbers. Elle cible avant tout les ménagères (qui n’ont pas la ménopause). Lio l’a très bien compris lorsqu’il a fallu éjecter Yoann, elle a lâché un : « Laisse ton utérus de côté. »

 


Flash-back. Le « gosse-bo » de Baltard a échappé au tri sélectif de la première fournée (la semaine dernière) après avoir produit le désastre du soir, à défaut d’être l’astre de Baltard.  Yoann nous chantait Cargo de Nuit, sans le cuir de Brando, sans la voix rocailleuse de Bauer. Ah… il est loin le temps où les voyous, les vrais, faisaient mouiller. En adolescent mal à l’aise dans son corps, tout juste capable de passer du missionnaire à la levrette, sans perdre le fil, il se dandine comme s’il interprétait du Patrick Bruel. Malgré cette prestation huée par le jury, il est sauvé, éjectant au passage une candidate bien plus prometteuse.

 


Mardi soir, Yoann a été viré au terme d’un suspense peu captivant. Des deux finalistes, de la Catherine Ringer mal dégrossie et assez laitière, et de ce Zac Efron un peu fade et sans charisme, le téléspectateur n’aura eu aucun regret. Le jury, lui, a bondi de joie quand Yoann fut l’élu éliminé. Les ménagères ont laissé leur utérus à côté de la zappette en tapotant leur sms coûteux à un ou deux chiffres.

Il faut reconnaître qu’hormis une jolie gueule de lycéen adulé, même en chantonnant Les voisines de Renan Luce, Yoann n’avait aucun talent particulier. Après l’accident industriel de TF1, voici l’« Erreur Terrible de Casting » de Manoukian. Les chansons ne sont pas à la hauteur, les chorégraphies sont inexistantes, alors, si en plus la voix ne suit pas…

 


Du coup, même ce vieux gaulliste croulant de Maurice Druon lui volait la vedette dans les statuts ironiques de Fesse-book. Yoann pouvait entamer sa seconde carrière, de manière précoce. Au choix : modèle pour Têtu, acteur dans une production Bel Ami, objet à consoler pour quelques quadras « pervers » (et fiers de l’être). Car à part son minois, il a quoi ? « (…) de longues jambes toutes blanches avec de jolis poils blonds et doux. » Je vous passe le râle de plaisir. Ôtons-lui sa « chemise de bûcheron » et son jeans, et il nous restera quoi ? Rien.

La Nouvelle Star a ceci de pédagogique qu’elle démontre qu’il faut bien plus qu’un corps, un joli filet de voix, une tronche… Il faut de la personnalité. Fut-elle horripilante. Prenons Thomas, la coiffeuse. Une caricature bonne pour se recycler chez Michou, qui fera sa pintade sur un char de la Gay pride, se trémoussant comme une salope dont le cul est vaseliné 24h/24. Une honte pour la communauté gay, détruisant des années de propagande pour expliquer à nos proches et nos collègues, à la société française et nos représentants, qu’un pédé n’est pas forcément une follasse qui se prend pour Nellie Oleson, moue arriviste comprise.

 


C’est clair que Thomas n’aurait pas été une héroïne hitchcockienne, puisque le Maître du Suspense est appelé à la rescousse, chaque semaine et lourdement, par Dédé. Le souci de la référence à Hitch, c’est qu’aucun des candidat n’a l’allure pour avoir quelques sueurs froides ou se laisser enchaîner par des psychoses. Les spectateurs eux, en revanche, ont des cordes pour les sélectionneurs de chansons, et l’étau se resserre sur la présentatrice, trop banale.

***

Pré-coïtum : Pendant que les premiers candidats rivalisaient avec leurs vocalises, la ministre de la Culture avait lancé une série d’invitations pour faire visiter l’exposition – décevante – d’Andy Warhol au Grand Palais. Preuve de l’impopularité de la Ministre, ou encore de l’insuccès de l’expo, nous étions une soixantaine sur l’ensemble du parcours… désolant, désespérant… peu importe. Le plus pathétique fut de voir comment l’art de Warhol était recyclé dans la boutique, à la sortie de l’expo. Un faible choix, uniquement orienté sur le Pop art. En tout cas, Albanel, elle, n’a passé que vingt minutes pour admirer les dizaines de toiles. Pourtant, là, pas de pirates à craindre : il n’y a qu’accrochées qu’on peut les contempler.

 

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Vincy (16 avril 2009)


Veni Vidi Vincy - Photo © D. R.

 

 

ANDY, DIS-MOI OUI

 

 

Dans le bazar de ces derniers jours, de ce chaos à Strasbourg et de tous ces grands discours, a émergé un instant de grâce. Ou de kitsch. Quatre clichés du quatrième meilleur joueur de tennis mondial.

Andy Murray n’est pourtant pas ce que j’appelle un homme sexy. Il n’a pas la classe de Federer, le sang chaud d’un Nadal, ou même le sex-appeal de Marat Safin. Il a l’avantage d’être encore jeune – la jeunesse gomme tellement les défauts d’un visage – et d’être très bien foutu.

Car les tablettes de chocolat du 4e meilleur joueur de tennis sont bien dessinées.

Depuis quelques années, les deux organismes – masculin et féminin – chargés de gérer le tennis mondial orchestrent des séances photos insolites ou glamour pour promouvoir leur sport. Quand ce ne sont pas des photos, il s’agit de soirées caritatives ou de blogs à écrire. Les joueurs doivent s’y plier. Certains s’en plaignent car cela alourdit leur agenda, et les éloigne de l’entraînement ou du repos.

Andy Murray, ce dimanche 5 mars, a gagné le très riche tournoi de Key Biscane. Les bars branchés de South Beach ont du consoler et ennivrer tous les perdant(e)s. Mais Andy Murray a du patienter avant de se défouler dans son appartement perso de Miami. En effet, une grande histoire d’amour l’attendait sur la plage…

 

Photo © D. R.

 

Non pas avec cette mouette romantique. Andy Murray n’est pas zoophile. Ceci dit, félicitons le photographe pour ce cliché digne d’une télénovelas. Andy avait cependant quelqu’un en vue. Un homme un peu plus mûr, mais tout aussi bien dessiné musculairement. Un mâle avec qui courir dans l’océan, fouetter l’écume salée, tremper ses chevilles dans l’eau chaude atlantique.

 

Photo © D. R.

 

C’est un magnifique moment d’amitié virile. Le coach et sa vedette. Leurs corps ne doivent avoir aucun secret l’un pour l’autre. Mais ne fantasmons pas. En s’exhibant ainsi pour une session médiatique, Andy Murray contribue juste à l’homoérotisation de la société. Il envoie l’image de l’homme physiquement idéal. C’est déjà assez énervant de se dire qu’en frappant dans une raquette mieux que son adversaire, il a empoché un chèque de 440 000 euros. En plus, il nous nargue avec son corps sculpté, sous sa tête très banale.

 

Photo © D. R.

 

Au passage, on voit aperçoit son boxer sport « Nike Pro », basiquement noir. Ils auraient sans doute préféré qu’il le mette davantage en valeur. Les ventes auraient monté. D’ailleurs, cet homme ne connaît rien en marketing. Il aurait été plus porteur en matière de buzz de se foutre directement en caleçon. Il serait devenu une égérie pour les roux.

Andy Murray, écossais revendiqué, n’a plus qu’à poser en kilt (par Fred Perry, son sponsor ?), pour que notre imagination s’affole.

Mais nous n’avons pas eu besoin. Andy s’est lancé tout seul dans l’eau. Batifolant comme un gamin (il a 22 ans), le tennisman renvoie surtout l’image d’un puceau déchargeant pour la première fois ses six milles volts. Une telle photo, aussi candide que perverse, prête à la moquerie.

 

Photo © D. R.

 

En même temps, qu’il en profite. La saison du Roi Nadal va commencer. La saison du Mec qui a un problème avec ses slips. À suivre.

***

Post-Rectum : Étonnant de voir qu’aucun média français n’ait relayé la victoire en double d’Amélie Mauresmo dans ce même tournoi floridien (l’un des dix plus importants du monde). Ce n’est pas rien qu’une française gagne un tournoi, mais le jeu en double n’intéresserait personne. Pourtant notre homosexuelle notoire Amélie embrassant sa partenaire russe Sveletna, c’est une jolie image de bonheur et de complicité.

 

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Vincy (7 avril 2009)

 

 

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