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LA GÂTERIE DU CHEF

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par Daniel Conrad Hall

 Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES

 

 

LE BEST OF ET LE WORST OF

DES DÉCLARATIONS DANS LA PRESSE

DES 15 DERNIERS JOURS

SUR NOTRE AMI YOANN LEMAIRE

Je suis le seul joueur de foot homo (enfin j’étais…)

 

Relire le communiqué de presse du Paris Foot Gay

 

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Yoann Lemaire avec Marie-George Buffet - © Julien Guibert


« Je voulais juste jouer au foot avec mes potes. »

Yoann Lemaire

   


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Christophe Hondelatte intervient sur RTL dans l’émission On refait le monde et interviewe Yoann Lemaire. (Écouter l’extrait), 2 septembre 2010.


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« C’est cuit. La FFF m’a expliqué qu’ils ne pouvaient rien faire. Je leur ai posé la question : si c’était du racisme, auraient-ils fait la même chose pour un Noir par exemple ? Là on m’explique que non parce qu’il y a des textes dans les statuts de la FFF. Pour l’homophobie, c’est différent. Personne ne veut se rendre compte qu’il y a des homos dans le sport. D’ailleurs on n’en connaît pas de sportifs homos. Il faut dire qu’on est des mecs comme tout le monde, qu’on peut jouer au foot. Il y a des gays dans le football, c’est évident ! Pourquoi sont-ils obligés de se cacher ? Il y a un problème quelque part. » Yoann Lemaire sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


frédéric coquet

« Il refait la demande par lettre recommandée et ressurgit un autre problème sur Facebook avec des insultes et des menaces de mort. Comment voulez-vous que le comité le reprenne ? C’est impossible ! Si à chaque fois il y a quelqu’un de l’extérieur, ou quelqu’un de l’environnement du club, ou un spectateur l’insulte ou lui dit quelque chose d’homophobe, on ne va s’en sortir. Tout le monde a décidé pour nous protéger, et le protéger aussi des autres personnes. » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


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« Nous sommes en contact avec le ministère qui est en train d’étudier le dossier très sérieusement. Nous allons saisir le conseil national de l’éthique afin qu’ils prennent des mesures disciplinaires à l’encontre du FC Chooz. Nous allons également demander au Conseil fédéral qui représente la Ligue de football amateur de saisir également le conseil de l’éthique. Si nous le pouvons, nous saisirons La Halde. Les choses ne vont pas rester en l’état. Nous ne lâcherons pas l’affaire. Il est évident que ce club va avoir des problèmes, et c’est très dommage. Mais ils l’ont voulu. » Pascal Brethes, Président du Paris Foot Gay, sur l’antenne de RMC, le 3 septembre 2010.


frédéric coquet

«  [La personne ayant menacé de mort et insulté Yoann Lemaire] n'a plus rien à voir avec le FC Chooz depuis 2007 (…) c'est donc à [Yoann] de régler ses histoires personnelles sans prendre en otage le club de foot. (…) Yoann fait du tort au club, ça va à l'encontre du but recherché, de la lutte contre l'homophobie que soutient le club. Le club n'est pas homophobe et s'il l'était ça fait longtemps que je l'aurais quitté et que la mairesse nous aurait coupé les aides financières. (…) Je suis quelqu'un de très ouvert. Je possède une entreprise et parmi mes salariés certains sont homosexuels, j'ai moi-même des membres de ma famille homosexuels et croyez-moi, ce n'est pas facile de se faire traiter d'homophobe. Je suis à bout, j'en ai marre, mon carton est prêt pour la démission mais je ne vais pas le faire parce qu'il y trop de personnes derrière ce club» Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, Le Monde, article du 6 septembre 2010 intitulé « Le FC Chooz rattrapé par les accusations d'homophobie ». 


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« Avant, nous étions le club modèle luttant contre l'homophobie, maintenant on passe pour l'archétype de l'homophobie. » Rémi Vienot, adjoint au maire de Chooz, Le Monde, article du 6 septembre 2010 intitulé « Le FC Chooz rattrapé par les accusations d'homophobie ».


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La secrétaire d'État aux Sports, Rama Yade, évoque (et se saisit de) l'affaire de Yoann Lemaire, exclu de son club amateur à cause de son homosexualité sur France Info, le 6 septembre 2010.


 

Nouvelle page d’accueil du site de l’école de football du F.C. Chooz avec cet avertissement (en l’état sur le site) : « Les articles parus dans la presse local ne concernant que quelques personnes et étant sous le coup d'un dossier pénal en cours, il conviendra à tous d'etre prudent sur tous ce qui est dit et écrit ! Ce n'est pas parcequ'une personne s'acharne sur notre club, qu'il faut dénigré tous ce qui est fait par les bénévoles, les dirigeants, les éducateurs et les joueurs, une décision à été prise pour le bien de tous et doit etre acceptée comme telle !  La tolérance ne doit pas etre à sens unique !! » 6 septembre 2010 [page supprimée depuis].

 

« L'affaire Yoann Lemaire, qui a pris ces derniers jours une envergure nationale, rebondit. Cet ancien joueur du FC Chooz, dans les Ardennes, qui s'est vu refuser une licence en raison de son homosexualité, a reçu le soutien de la secrétaire d'Etat aux Sports Rama Yade. Du coup, la Ligue de Champagne-Ardenne vient de lui délivrer une licence. Il devrait rejoindre bientôt le club des deux Vireux. Dans le même temps, la Ligue a retiré à Denis Nivoix sa licence. Il est reproché à cet ancien dirigeant du FC Chooz des propos homophobes tenus sur Facebook. » Article de L’Union L’Ardennais, 7 septembre 2010.


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Communiqué de presse de Patrick Braouezec, Président de la Fondation du Football, association de préfiguration, déclarant la guerre à l’homophobie et son soutien à Yoann Lemaire, 7 septembre 2010.


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Coup de gueule d’Eugène Saccomano contre la FFF et le club de Chooz, sur I-Télé, dans l’émission On refait le match, 7 septembre 2010, (voir la vidéo à 12’ 30)


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« On est au XXIe siècle, vous avez un club qui interdit à un joueur de jouer parce qu’il est gay, il faut respecter les différences, c’est valable pour tout le monde. Un joueur arabe, on lui dirait « tu ne peux pas jouer parce que tu es arabe » ? Il y a un manque d’autorité notoire de la Ligue de Champagne-Ardenne, du district, du président du club. Dimanche, il y avait beaucoup de nouveaux membres, j’ai pris trois minutes dans le vestiaire pour présenter Yoann, j’ai expliqué la situation. Il y avait les kinés, les médecins, une vingtaine de personnes… Quand j’ai terminé, ils ont tous applaudi. On n’est ni Zorro ni Mannix, mais ce n’est pas normal. » Jacques Vendroux, manager général du Variétés club de France et directeur délégué aux Sports de Radio France, par nos amis de Yagg.com, 7 septembre 2010. 


frédéric coquet

« Cela fait une semaine qu'on m'insulte, que des gens m'appellent pour critiquer le club. C'est pénible pour moi, ma famille et mon entreprise. Je n'en peux plus, je vais finir par craquer, par prendre un fusil et en tuer quatre ou cinq ! Tout ça c'est de la masturbation mentale. Yoann est un abruti, un Pinocchio mythomane et manipulateur. On aimerait bien qu'il porte plainte, car au moins on pourrait enfin se défendre (Me Blocquaux défend les intérêts du club). » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, L’Union L’Ardennais, article du 8 septembre 2010 intitulé « Quand Coquet craque ».


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« Il suffit pourtant de lire la Charte éthique du football pour y voir qualifiés de comportements répréhensibles « toute agression verbale ou physique, sur quelque personne ou groupe de personnes que ce soit », ainsi que « toute provocation, toute incitation à la violence, sous quelque forme que ce soit », souligne-t-elle. La circonstance que la Charte éthique du football ne cite pas « expressis verbis », parmi les discriminations prohibées, la discrimination par rapport à l’orientation sexuelle, ne saurait bien évidemment justifier a contrario d’un « droit à l’homophobie » dans les clubs de football ! Une telle position heurte le sens commun et méconnaît l’esprit et la lettre de la Charte éthique du football édictée par la FFF. » Yagg.com, article du 8 septembre 2010, reprenant le communiqué de presse du Paris Foot Gay et de son avocat (édité le même jour) pour annoncer la saisine du Conseil de l’éthique de la Fédération Française de Football.


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« J'ai eu Yoann Lemaire au téléphone. Il m'a demandé si je pouvais le prendre comme joueur de foot. Je lui ai dit qu'il n'y avait aucun souci. (…) Je lui ai bien fait comprendre que je le recrutais comme joueur… (…) [Il sera aligné] lorsqu'il serait opérationnel. (…) S'il m'avait sollicité sans toute cette histoire je l'aurais recruté aussi. » Pino Mingolla, président de l'US Vireux (16 membres sur 18 du comité de direction du club ont voté le recrutement de Yoann), AFP via SFR, article du 8/09/2010.


frédéric coquet

« Sur RTL, Monsieur Hondelatte n'était pas loin de nous traiter de ploucs. Les gens de la Pointe apprécieront ! J'ai lu que nous excluions Yoann Lemaire en raison de son homosexualité et que nous nous étions engagés à le reprendre au sein du club. Deux mensonges que personne ne vérifie ! Même Francis Lalanne s'en est mêlé : c'est du grand n'importe quoi. Ces bien-pensants parisiens sont dans un autre monde ». Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, La Semaine des Ardennes, article du 09/09/2010. 


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« Je veux simplement expliquer qu’on peut jouer au foot avec un joueur gay, que ceux qui le sont ne doivent pas rester cachés et tristes. Il y a une vie sociale autour du football et on doit pouvoir être soi. Rien d’autre. » Yoann Lemaire, interview sur le site l’humanité.fr, 11 septembre 2010.


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« Bah oui Yoann, mais bon, faut que tu joues mieux, division d’honneur c’est pas terrible, mais surtout fais-toi des filles, des putes, des putes ! Regarde Ribéry, il s’est tapé une pute avec son beau-frère, il a eu sa licence. Donc Yoann, plus d’entrainement, on mouille le maillot et tu te fais des putes. Le foot, c’est pas un sport de tarlouzes ! ». Stéphane Guillon, 11 septembre 2010, sur Canal Plus, dans sa revue de l’actualité de la semaine dans l’émission Salut les Terriens. (voir la vidéo)


frédéric coquet

« Tout est fait pour me dégommer. Maintenant, je ne dis plus rien (…) Il a fait trop de problèmes au club. Il y a eu son problème avec le bus (une histoire de facture impayée), son problème avec Facebook. Avec tout ce qui s'est passé, quand on est intelligent, on ne cherche pas à revenir. C'est le Paris football gay qui l'instrumentalise. Dire qu'on l'a viré à cause de son homosexualité est grave. Maintenant, je n'ai plus rien à dire. C'est son histoire, pas la mienne. (…) Du matraquage » Frédéric Coquet, Président du F.C. Chooz, L’Union L’Ardennais, article du 14/09/2010.  


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« Je n'ai pas vu d'inconvénient à sa venue et je l'ai invité à venir aux séances d'entraînement. Le comité de notre club qui se réunissait lundi soir a évoqué brièvement le sujet. On a d'ailleurs organisé un vote pour connaître le sentiment des seize membres présents. Et à l'unanimité, tous se sont montrés favorables au fait d'ouvrir les portes à Yoann. Et sans la moindre condition préalable. Je lui ai simplement précisé qu'il n'était pas à l'abri d'un spectateur qui pouvait lui pourrir l'existence sur le bord de la touche. La connerie des gens, ça, je ne maîtrise pas ! (…) Il arrive, il s'entraîne et par rapport à sa condition physique du moment et à ses qualités individuelles, il joue en Promotion de ligue ou en Promotion de Première série de district. Il est donc soumis au même traitement que d'autres joueurs. Tout est clair à ce sujet. » Pino Mingolla, président de l'US Vireux, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010. 

 

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« Ici on te respectera avec tes principes et tes défauts. Tu ne seras pas méprisé (…) Il faut que cette histoire se termine le plus vite possible. Car c'est malsain et gênant. Moi, Yoann, je le considère pour un joueur comme un autre. Et je ne parlerai que de football. Le reste, c'est sa cause à lui. (…) Pour prétendre à une place, il faut déjà revenir aux valeurs sportives. Il n'y aura aucun passe-droit de ma part. » Mario Filippone, entraîneur de l’US Vireux, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010. 

 

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Yoann dans son nouveau club avec ses trois cousins - © D. R.


« Le fait de m'entraîner ici me permettra aussi d'être prêt pour les matches du Variété Football Club avec qui je dispute un deuxième match, dimanche, près de Rouen (…) Maintenant, je souhaite que la polémique avec mon ancien club s'arrête une bonne fois pour toutes. [À propos de Frédéric Coquet, président du F.C. Chooz] Il faut qu'il fasse taire les mensonges ». Yoann Lemaire, L’Union L’Ardennais, article du 15/09/2010.

 

NOTRE AMI, SEUL FOOTBALLEUR HOMOSEXUEL, YOANN LEMAIRE :

INJURIÉ ET MENACÉ DE MORT PAR UN DIRIGEANT DU F.C. CHOOZ !

 

par Audrey Banegas, amie journaliste de Yagg.com

 

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Les ennuis continuent pour Yoann Lemaire, ce footballeur amateur qui se bat depuis plusieurs années pour briser le tabou de l’homosexualité dans le foot et faire accepter sa sexualité dans son petit club des Ardennes, le FC Chooz. En effet, le 24 juillet dernier, l’un des dirigeants de ce club l’a insulté et menacé sur le mur Facebook d’un autre joueur du club.

Rappel des faits. Dès juin 2009, un joueur, Renaud Charpentier, avait à plusieurs reprises eu un comportement homophobe – insultes, arrachage du logo « Carton rouge à l’homophobie » sur les maillots du club… – que le club refusait alors de sanctionner. Face aux pressions et aux insultes, fatigué d’être traité de « sale pédé », Yoann Lemaire raccrochait les crampons et abandonnait sa passion. En novembre dernier, l’association Paris Foot Gay s’insurgeait contre l’attitude du FC Chooz qui avait pourtant été le premier club de football à signer la Charte contre l’homophobie en septembre 2007. Fin 2009, Yoann Lemaire témoignait dans un livre émouvant Je suis le seul joueur de foot homo, enfin j’étais… (Éditions Texte Gais) et racontait dans une interview à Yagg son combat mais aussi sa résignation.

 

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« JE VAIS TE DÉFONCÉ TA GUEULE… TARLOUZE… PERVERS… PÉDOPHILE… »


En mars 2010, Paris Foot Gay interpellait la Fédération française de football (FFF) et son président Jean-Pierre Escalettes sur cette affaire, lui rappelant ses engagements. Un mois plus tard, la FFF promettait enfin qu’elle enquêterait sur « les comportements homophobes au sein du FC Chooz ». Depuis, plus rien, jusqu’au 24 juillet dernier où Yoann Lemaire découvre sur le mur Facebook d’un de ses anciens co-équipiers un « plus de tarlouze à Chooz », lancé par l’un des dirigeants du club. Il choisit d’y répondre et s’en suit une pluie d’insultes homophobes et de menaces de la part de ce dirigeant :

En voici un extrait :
« Vient grosse pute (…) je vais te défoncé ta gueule surtout pas ton cul. Je suis pressé vient à CHOOZ, ce soir 30 rue du tilleul. Et ya plus de licence pour les tarlouzes de ton genre (…) pervers ta gueule tu ressemble a dutrou et pas à un homo, tu es un homo d’azile, aller va écrire un autre book. Tu peux venir avec canal plus de toute façon (…) Si je serai homo tu me dégouterai sérieux, je ne saurai pas d’enculé. Aller, j’ai autre chose à faire que de parrer à un dégénéré de la tête au cul ».

Et de continuer : « Vient grosse pute prend un casque (…) Tu es pédophilie que homo (…) En asile connard, tu devrais être. (…) Par un pédophile, oui mon pote je rigole pas moi, vient ce soir je te saigne comme une truie (…) sache que moi c’est pas des menaces, tu verras ta grosse gueule, moi, j’irai en tôle mais toi tu ne reconnaîtra plus ta gueule de ton cul aller dégage pervers. (…) les homos de ta sorte je ne veux plus en entendre parler. (…) Je viendrai te trouver petite merde! (…) tu ressembles à rien mais si je mets mes mains sur ta tronche même la chirurgie esthétique ne pourra plus rien pour toi (…) ».

« Voilà imprime pour ton avocat (…) Vient pas me pourrir la vire retourne dans ton monde (…) l’autre gay y va pleuré maintenant, va sur un forum de gay, laisse les hommes ensemble (…) Maintenant si tu veux régler ça d’homme à gay vient au bicross de CHOOZ? Là pas de caméra pas de té…moin pour écrire un livre ou alors ferme ta gueule tu as choisi ta vie celle de te faire mettre alors assume. Et va te faire fouttre. La prochaine licence que tu auras à CHOOZ se sera comme POM POM GIRLS, je dis bien peu ».

 

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DÉPÔT DE PLAINTE


Le 11 août dernier, Yoann Lemaire a déposé plainte. Contacté ce matin par Yagg, il explique : « Je porte plainte contre lui pour diffamations, insultes à caractère homophobe et menaces. Dans un premier temps, je ne porte plainte que contre cet homme et on verra comment le club réagit, s’il condamne cela. Et début septembre, s’il n’y a pas de réaction, alors je porterai plainte contre le club. Je suis obligé d’attaquer. D’autant que je me suis inscrit dernièrement, je devais rejouer à Chooz. J’ai fait une demande de licence. Je n’ai pour l’instant même pas obtenu de réponse [le dirigeant du club y fait régulièrement référence dans les menaces laissées sur Facebook, ndlr]. Je ne suis pas de nature à aimer les procédures judiciaires, mais à un moment donné, on ne peut plus accepter tout cela ».

 

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« ÇA POURRAIT DEVENIR DANGEREUX POUR MOI »

 

« À travers ces messages et ces menaces, il essaye de me faire peur, pour être sûr que je ne revienne pas dans le club. Il me met une grosse pression et il le fait sur internet, sur un site public. Et puis, effectivement, je finis par me dire que si je revenais, ça pourrait devenir dangereux pour moi ».


« LA FFF ET LE MINISTÈRE DES SPORTS ONT LÂCHÉ L’AFFAIRE »


« La FFF et le ministère des Sports se sont occupés de cette affaire et commencé à tenter une conciliation, mais depuis quelques temps, ils ont totalement lâché l’affaire. C’est ce qui rend les dirigeants du club confiants. Ils voient que la FFF ne s’en occupe plus, qu’elle ne s’en occupait qu’au moment où cela faisait du bruit. Ils se disent que c’est fini, que c’est retombé, et qu’ils sont tranquilles. Et la FFF reste fidèle à sa réputation en laissant faire. En faisant d’abord semblant de régler le problème, puis en laissant tout retomber aussitôt après. Depuis le 3 juin, à la FFF, ils ne me répondent même plus. Les actions de la FFF n’étaient finalement que du vent ».

 

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Yoann Lemaire et Matthew Mitcham, le plongeur champion olympique à Pékin...

 

MÉDIATISATION


« Il y a un an, lorsqu’un joueur n’hésitait pas à m’insulter ouvertement devant les caméras de France 3, je pensais que c’était le pompon. Tout cela s’était fait dans l’indifférence totale des dirigeants du club, et des politiques, du maire de la ville par exemple. De toute façon, pour eux, il n’y a pas d’homophobie, même avec la preuve en images, ils refusaient d’appeler cela de l’homophobie, pour eux c’était moi qui l’avait cherché. Je suis sûr qu’ils diront la même chose de ces messages… Et puis, après les différentes télés que j’ai faites, France 3, Canal +, avec la sortie du livre et la médiatisation de cette affaire, la presse locale en a beaucoup parlé, ça n’a fait qu’empirer, qu’amplifier leur attitude, c’est devenu encore plus méchant. Il ne faut pas se leurrer, il n’y a que lorsque la presse en parle que les choses avancent, mais que l’on en parle, en même temps, cela amplifie la haine de l’autre côté ».

« Aujourd’hui, non seulement je me fais insulter et menacer, mais je pense aussi aux jeunes footballeurs gays, aux jeunes sportifs gays, qui doivent avoir la trouille en lisant ces propos, qui doivent se sentir menacés s’ils parlent de leur sexualité ».

 

Article reproduit avec l'amicale autorisation d'Audrey Banegas et de Yagg.com.

Publié aussi avec l'autorisation de Yoann Lemaire.

 

 

Lire l'interview de Yoann par Daniel Conrad Hall.


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par Daniel Conrad Hall

 Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES

en duo avec  GÉRARD COUDOUGNAN

 

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Elisabeth Thorens-Gaud, Adolescents homosexuels :

Des préjugés à l'acceptation : Aide aux parents, conseils aux enseignants, soutien aux jeunes,

Lausanne, Favre, 2009, 183 p. ‒ 18 €

 

Nous avons ici longuement évoqué les jeunes rejetés de chez eux, expulsés par leur parents pour cause d'homosexualité : notre engagement aux côtés du Refuge (1) est l'une de nos fiertés et nous avons eu la satisfaction d'apprendre par Nicolas Noguier et Frédéric Gal que plusieurs chèques leur étaient parvenus suite à nos articles.

L'un des points de départ de ce mouvement fut le livre de Jean-Marie Périer, Casse-toi ! (2). Le plus fréquent des reproches faits à ce coup de gueule, à ce cri du cœur du photographe est son refus d'engager un dialogue avec les parents, refus qu'il assume totalement et sur lequel il a eu l'occasion d'argumenter depuis la publication de son livre.

Moins médiatique (trois fois hélas !), Elisabeth Thorens-Gaud est plus bien plus efficace et pédagogue que Jean-Marie Périer. Ses longs sous-titres décrivent parfaitement son propos qui viennent apporter un complément idéal aux drames décrits dans Casse-toi. Voire un guide qui permet de mieux comprendre toute la problématique du rejet des jeunes LGBT.

Cette formidable enseignante s'est sentie interpellée par des adolescents en souffrance parmi ses élèves. Suite à leur coming out en classe, elle a rencontré leurs parents et réuni une impressionnante documentation sur les moyens de faire face à diverses situations, non seulement dans son pays (la Suisse) mais aussi dans l'ensemble du monde francophone (France, Canada, Belgique). Il en résulte un remarquable livre (un guide presque parfait qui n’a aucun équivalent en langue française) que l'on peut lire d'une seule traite, avec des points de vue différents sur une même situation : quand l'ado parle, des encadrés donnent l'avis parental et réciproquement. On peut également garder cet ouvrage près de soi pour en exploiter les pistes de réflexions. Si l'on est enseignant, on y trouvera les plus récentes et les plus complètes références aux textes officiels, accompagnées du vécu d'une enseignante qui partage une précieuse expérience. Si l'on est parent, on y trouvera le témoignage d'autres parents ainsi que de sérieuses sources de CONTACT (3). Les ados pourront aussi voir que leurs questionnements, leurs doutes, leurs affirmations et leur parole revêt un écho profond et multiforme sur leur entourage.

Lentement, calmement, avec la pédagogie qui sied à une enseignante sachant se mettre en phase avec ses différents publics, Elisabeth Thorens-Gaud réussira à toucher chacun des publics concernés, tout en informant des conséquences sur le ressenti et le vécu des autres.

Sans en faire de trop, nous recommandons ce livre à tous les parents, les enseignants et les élèves concernés par le sujet. C’est une réussite incontestable !

Voici l'un des rares livres que l'on souhaiterait voir dans toute bibliothèque municipale, dans tout C.D.I de collège et lycée et dans le plus de familles possibles. L’appel est lancé au Ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel !

Merci madame pour ce travail intelligent, sensible et pédagogique, mais aussi pour votre investissement dans cette lutte pour l’acceptation…

 

(1) cf notre dossier spécial http://www.lestoilesroses.net/categorie-11317559.html

(2) http://www.lestoilesroses.net/article-dossier-special-le-refuge-7-zoom-interview-jean-marie-perier-casse-toi-creve-mon-fils-je-ne-veux-pas-de-pede-dans-ma-vie--44246824.html

(3) http://www.asso-contact.org/

 

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ELISABETH THORENS-GAUD :

«  Je trouve en effet incroyable, qu’aujourd’hui, en 2010, on ne parle pas d’homosexualité à l’école. »

 

 

Les Toiles Roses : Bonjour Elisabeth, et merci de nous accorder un temps qui doit être précieux. Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Elisabeth Thorens-Gaud : Bonjour, Gérard et Daniel. J’enseigne l’histoire et la géographie dans un collège de suisse romande.

Après des études de Lettres à l’Université de Genève, j’ai vécu à Boston pendant 5 ans pour étudier le Management à Harvard. C’est aussi là-bas qu’avec mon mari nous avons construit notre famille. À cette époque, j’ai rencontré des amies lesbiennes qui m’ont éduquée et informée sur la réalité homosexuelle. En effet, la crèche dans laquelle j’avais inscrit mes enfants accueillait autant de familles homoparentales que de familles hétéroparentales.

Parallèlement à mon métier d’enseignante, j’ai toujours exercé une activité dans le domaine de la communication, ma passion. Quand j’étais étudiante à la fac, j’écrivais déjà des piges pour des journaux locaux. Plus tard, j’ai même tenu une chronique dans un quotidien suisse romand dans laquelle je racontais mon quotidien d’enseignante. J’ai aussi travaillé en tant que professionnelle de la communication institutionnelle pendant une période à l’État de Vaud. Ces expériences professionnelles sont extrêmement précieuses car elles m’aident pour développer les activités que j’ai lancées pour sensibiliser les responsables de l’éducation à la nécessité de soutenir les jeunes en questionnement sur leur orientation sexuelle.

Voir aussi le site : http://www.thorens-gaud.com/

 

Pouvez-vous nous rappeler dans quelles conditions une mère de famille, enseignante, a été amenée à travailler sur l’homosexualité et à écrire un guide ?

Sensibilisée très jeune au vertige du suicide par plusieurs drames dans mon entourage, j’ai décidé de consacrer à sa prévention un congé sabbatique. À 48 ans, j’avais fait mon devoir de mère et je m’étais promis de revenir un jour à Boston. J’y suis retournée, avec mon mari lui aussi en congé. Rapidement, mon projet a évolué vers le soutien aux jeunes homos, l’aide aux parents, les conseils aux enseignants. Avec la réalisation d’un vieux rêve, écrire un livre, et la création d’une association http://www.mosaic-info.ch vouée à « lutter contre les préjugés et prévenir le suicide ».

Je trouve en effet incroyable, qu’aujourd’hui, en 2010, on ne parle pas d’homosexualité à l’école. Il règne encore un grand tabou autour de cette réalité. Cela je l’ai réalisé lorsque Vanessa, une de mes élèves, a fait son coming out en classe. C’est à ce moment que j’ai constaté qu’il n’existait souvent aucune ressource dans les établissements scolaires pour soutenir ces jeunes et aider les enseignants. J’ai décidé de pallier ce manque.


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Pourriez-vous nous raconter votre méthode de travail pour rassembler et analyser la documentation existante (livres, voyages) ?

J’ai d’abord compilé la littérature, fait des recherches sur internet, rencontré des professionnels de la santé publique, des personnes travaillant dans des associations LGBT. Surtout, je me suis « mise dans la peau d’une détective », car j’avais besoin de comprendre « comment on se sent » quand on est un élève homosexuel et qu’on est sur les bancs d’école, comment on se sent quand on est parent et qu’on apprend que son enfant est homosexuel. J’ai interviewé des familles et ai croisé les regards des pères, des mères, des enfants, car je trouvais intéressant de voir le décalage qui existait entre les uns et les autres. J’ai interrogé Marina Castaneda, auteure du livre Comprendre l’homosexualité, pour qu’elle apporte son éclairage de spécialiste et thérapeute aux parents. Enfin, j’ai consacré un chapitre au coming out, dans lequel j’ai interrogé Marie Houzeau, directrice du GRIS Montréal, un organisme québécois spécialisé dans les interventions en milieu scolaire, afin qu’elle donne des conseils aux jeunes élèves sur le coming out. J’ai voulu produire un outil pratique pour les jeunes, les parents et les enseignants.

 

Quelle a été la réaction de vos collègues suite à la publication de votre livre ?

La plupart des mes collègues ont très bien reçu cet ouvrage. Plusieurs m’ont dit que suite à sa lecture, ils avaient changé leur regard sur l’homosexualité, et qu’ils avaient pris conscience de l’hétérosexisme.

 

Et celle de vos différentes classes depuis la parution du livre ?

Mes élèves m’ont tous posé beaucoup de questions. Sans avoir l’aval de ma direction, j’ai pris sur moi de répondre à leurs interrogations. Ils ont beaucoup aimé lorsque je leur ai fait la lecture des témoignages de jeunes, et certains ont été très émus. Globalement, les élèves ont très bien accueilli ce livre. J’ai le sentiment que certains élèves ont été soulagés qu’une prof ose aborder ce sujet, car ils sont certainement concernés par cette réalité. Je l’ai constaté à la manière particulière qu’ils ont eue de me serrer la main à la fin du cours.


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Et une autre variante : avez-vous eu des retours des nombreux enseignant(e)s homosexuel(le)s privés de moyens et de liberté ?

J’ai eu des retours de collègues, pas nécessairement dans mon établissement scolaire, qui m’ont dit qu’ils étaient dans le placard et qu’ils le vivaient très difficilement. Je pense que beaucoup craignent les réactions des parents. Il y a un travail d’information gigantesque à effectuer de ce côté là. Il faudrait que nous les enseignants hétérosexuels soyons solidaires de nos collègues homosexuels. Mais il y a encore du chemin à faire… Et la question n’est pas simple : pourquoi un enseignant devrait-il parler de son orientation sexuelle ? Étant hétérosexuelle, je trouve que je suis mal placée pour donner mon avis, car je ne suis pas à la place des personnes concernées.

 

Cette réaction a-t-elle été différente suivant les différents pays dont vous faites état et pour lesquels vous indiquez les ressources disponibles ? Avez-vous l'impression qu'il y a des pays, parmi ceux que vous évoquez, où les ados homos sont mieux pris en considération ?

La ville de Cambridge (quartier de Boston aux États-Unis), est un monde un peu à part. Il semblerait que l’insulte « it’s so gay » (c’est stupide) y est moins proférée, suite à la politique antidiscriminatoire menée par les Écoles de Cambridge. Les élèves homosexuels peuvent compter sur l’appui de groupes de soutien au sein des écoles (les réseaux d’alliés). Comme il existe une loi protégeant les personnes homosexuelles des discriminations, la population en général fait attention de ne pas proférer des insultes et de ne pas avoir de comportements homophobes. Cela ne signifie pas que tout est rose, car dans certaines communautés il règne encore beaucoup d’intolérance, notamment dans les familles d’origine latino, mais le climat d’ouverture à Cambridge est exceptionnel.

De nombreuses familles homoparentales ont élu domicile dans cette commune très ouverte. Le mariage gay y est autorisé ! La préoccupation des autorités scolaires à Cambridge consiste à présent d’informer sur la réalité des personnes transgenres.

 

En France, Le Refuge accueille les moins bien lotis, ceux qui sont rejetés de chez eux : pensez-vous que la situation y soit pire ou tout simplement que les jeunes gays et lesbiennes suisses, canadiens ou belges n'ont pas de recours en cas de rejet total de leur famille ?

En Suisse romande, les jeunes rejetés par leurs familles n’ont pas de structure pouvant les accueillir. À mon avis, mais je parle instinctivement, la situation doit être assez semblable à celle de la France. Je ne peux pas répondre à cette question pour le Canada et la Belgique, je ne connais pas les données.


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Avez-vous eu des retours particulièrement significatifs de la part de jeunes de ces différents pays ?

Les retours que j’ai reçus proviennent principalement de la Suisse romande. Ces retours sont souvent très touchants, et prouvent à quel point ces jeunes ont besoin d’être soutenus. Je suis effarée de voir qu’il existe de nombreux jeunes peu soutenus par leurs familles. Certes, leurs parents ont pris acte de leur homosexualité, mais ensuite ils font comme si cette réalité n’existait pas. Pire, j’ai reçu les témoignages, de garçons principalement, qui m’ont dit avoir été rejetés par leurs familles.

Ce livre est bien accueilli en France également, et je constate que de nombreux jeunes deviennent amis avec le profil Facebook que j’ai créé pour le livre Adolescents homosexuels.

 

Et des parents ?

J’ai reçu de nombreux retours d’amis de parents concernés. Il semblerait que ce livre soit une aide précieuse, car il permet aux parents de renouer un dialogue parfois interrompu au sein des membres d’une même famille. Les parents sont très discrets, ils ne me contactent généralement pas, à moins qu’ils soient actifs dans le milieu associatif. Pourtant la première édition de ce livre est épuisée. Cela signifie que cet ouvrage répond à un manque. J’ai l’impression que les parents ressentent encore beaucoup de peur vis-à-vis du qu’en dira-t-on. Certainement qu’ils préfèrent se procurer ce livre en toute discrétion.

 

Je compte rédiger un article sur une liste de diffusion destinée à mes collègues documentalistes français afin de les inciter à acquérir Adolescents homosexuels. Avez-vous les moyens de savoir si votre livre figure dans les fonds de nombreux CDI ?

J’apprécie votre geste et vous remercie pour votre soutien. Je crois que petit à petit le bouche à oreille fait son travail. Je sais que le site Altersualité, http://www.altersexualite.com/spip.php?article573 géré par Lionel Labosse, a fait un excellent compte-rendu. En Suisse romande, cet ouvrage a été extrêmement bien reçu par les milieux éducatifs. Mais à ma connaissance, il n’est pas encore diffusé officiellement et systématiquement dans les CDI.

La bibliothécaire de mon établissement scolaire l’a recommandé à son réseau, mais il faudrait le faire à grande échelle.

 

Vous accordez une large place au « travail de deuil » que doit effectuer chacune des personnes impliquées dans l'émergence d'une orientation sexuelle de différente de l'hétérosexualité dominante. Sans assimiler l'homosexualité à un handicap, c'est aussi un travail de ce type que doivent faire ceux qui se trouvent face à un handicap acquis. Pourriez-vous pour ceux qui ne pourront pas lire votre livre en résumer les principales étapes ?

Dans la vie, que ce soit au niveau affectif ou professionnel, nous sommes sans cesse confrontés à des changements auxquels nous devons nous adapter. Ces changements sont souvent marqués par une série d’étapes, semblables à celles vécues lorsque nous vivons le deuil d’une personne proche. Ces étapes ont été décrites pour la première fois par Elisabeth Kübler Ross. Elles comprennent notamment des émotions telles que le déni, colère, tristesse, acceptation etc. J’imagine que ces réactions sont également connues des personnes devant faire face à un handicap, car elles doivent faire le deuil de certains projets de vie.

Dans un chapitre de mon ouvrage, j’explique que les parents qui apprennent l’homosexualité de leur enfant passent presque tous par un cheminement avant d’accepter pleinement leur enfant homosexuel. Il est important de laisser du temps aux parents pour qu’ils digèrent cette nouvelle, en souhaitant que cette métabolisation ne s’éternise pas, sans quoi, ils risquent de rompre les liens les unissant à leur enfant.

 

Envisagez-vous une suite à ce travail, sachant que les actualités, les projets, les lois et les opinions évoluent de plus en plus vite (et pas forcément dans le meilleur sens) dans les pays en fonction aussi des politiques et des médias ?

Mon livre a été extrêmement bien reçu par les autorités scolaires du Canton de Vaud et de Genève. Je suis encore en discussion avec des responsables, mais en principe je vais pouvoir poursuivre les actions que je suis en train de mettre en place. Les autorités soutiendront notamment le site internet www.mosaic-info.ch que j’ai créé. J’ai reçu également des demandes pour aller donner des formations à des intervenants en milieu scolaire (enseignants, médiateurs, professionnels de la santé etc.) Grande première en suisse romande, je pourrai consacrer une partie de mon temps de travail à m’occuper des questions d’homophobie et de diversité. Mais je le répète, ce n’est pas encore officiel, nous sommes en train de finaliser les termes d’un mandat.


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Quelle a été votre plus grande joie après la publication de ce livre ? Et votre plus grande peine ou frustration ?

Ma plus grande joie a été de constater que mon employeur, l’État de Vaud, m’avait entendue, puisque je l’ai dit ci-dessus, les autorités scolaires ont été sensibles à mon cri d’alarme. Que le travail que j’ai accompli en écrivant ce livre soit reconnu et puisse aboutir sur des actions concrètes me comble de joie.

J’ai été également très émue face aux nombreux témoignages de jeunes que j’ai reçu me disant combien ce livre les avait aidés. Plusieurs familles m’ont également dit qu’en lisant les récits figurant dans cet ouvrage, elles avaient réussi à renouer un dialogue jusqu’alors interrompu.

Les critiques encourageantes sur ce livre me confortent sur l’angle que j’ai adopté. En écrivant ce livre, j’ai essayé de prendre du recul et de donner la parole aux personnes concernées, afin d’éviter l’écueil de la revendication, de l’accusation, de la victimisation. Je pense que cette approche a été judicieuse.

Un de mes regrets ? C’est que les personnes LGBT aient tant de mal à se faire entendre malgré le travail formidable et incroyable effectué depuis des décennies. Je tiens à leur rendre hommage, car je suis consciente qu’aujourd’hui, si mon livre est si bien accueilli par les autorités scolaires des cantons de Vaud et de Genève, c’est parce que les associations LGBT luttent sans relâche depuis des décennies.

 

Quels autres ouvrages recommanderiez-vous aux parents, élèves et enseignants parus depuis la sortie de votre livre ?

Pour les parents, à ma connaissance, il n’existe pas de « guide » similaire paru depuis la sortie de mon livre dans les milieux francophones, qui essaie de soutenir les parents.

Je conseillerais quand même le livre de Jean-Marie Perrier, que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt, car il rapporte des témoignages poignants, même si je trouve Monsieur Perrier un peu dur avec les parents. La majorité des parents n’envoient pas leurs enfants à la rue ! Certes, il faut un peu secouer les parents, mais si on veut qu’ils se mobilisent, il faut faire preuve d’empathie également !

Je recommande vivement un livre très utile et écrit avec beaucoup d’humour qui a été publié par Sylvie Giasson, une québécoise, Vivre avec l’homosexualité de son enfant : Petit guide du coming-out, éd. Bayard, Canada, 2007. Cet ouvrage met en scène une famille fictive, dont le fils fait son coming out.

J’ai beaucoup aimé l’ouvrage de Brahim Naït-Balk, Un Homo dans la cité, Calmann-Lévy, 2009. J’ai rencontré Brahim Naït-Balk récemment lors d’une conférence à Toulouse, et son histoire m’a marquée. Comment peut-on faire subir tant de violences à une personne sous prétexte qu’elle est homosexuelle ? L’histoire Un Homo dans la cité m’interpelle également, car elle m’oblige à m’interroger sur ma vision de l’homosexualité qui est celle « d’une femme blanche occidentale bien pensante ». Il est facile de faire la leçon quand on ignore tout d’une culture. Comment faut-il s’adresser à ces gamins des cités pour qu’ils cessent d’être homophobes ? Comment parler aux parents pour qu’ils soient indulgents avec leurs enfants ? Nous avons eu des échanges intéressants à ce propos avec Brahim Naït-Balk. Comme lui, je crois que l’ignorance est mère de tous les vices.

J’ai lu avec beaucoup d’attention l’ouvrage de Franck Chaumont, Homo Ghetto, le Cherche midi, 2009. À nouveau, ce livre m’a fait réfléchir sur les actions pertinentes à mener pour soutenir les personnes homosexuelles d’origines maghrébines.

Aux adolescents, je recommanderais un ouvrage étant paru en 2000, L’Année de l’orientation, de Lionel Labosse, écrit avec beaucoup de sensibilité, très riche et dense, car il aborde de nombreux thèmes chers aux adolescents : amour, injustice, discrimination, école et surtout, car ce livre met en scène des jeunes en questionnement sur leur orientation sexuelle avec beaucoup de finesse et de justesse.

Aux enseignants je conseille de consulter les ouvrages d’Eric Verdier et Michel Dorais.

Pour finir, je fais un peu de pub pour un autre auteur suisse romand, car j’ai adoré son livre : Pascal Pellegrino, Papa gay, éd. Favre 2009. Un papa homosexuel écrit une lettre à sa fille qui vient de naître. Il fait taire les clichés et les préjugés sur l’homoparentalité.

 

Pouvez-vous nous parler du site mosaic-info.ch que vous soutenez ? Quels sont ses buts et à qui s’adresse-t-il ? Que peut-on y trouver ? Quelle part prenez-vous dans cette aventure et avancée via Internet ?

Avec des collègues et des professionnels de la santé, j’ai créé l’association Mosaic-info pendant le congé sabbatique que mon employeur m’a octroyé. Son but ? Lutter contre les préjugés et prévenir le suicide en informant les parents, les enseignants, les professionnels de la santé et les jeunes sur des sujets de société sensibles liés à toute forme de discrimination, y compris l’homophobie.

Nous préparons aussi des outils d’information à l’attention des parents, des enseignants, des professionnels de la santé et des adolescents.

Notre première campagne d’information s’intitule :

Dites non à l’homophobie à l’école et dans les familles ! Nous avons prévu une campagne d’affiche pour le printemps prochain, pour autant que le budget demandé nous ait été accordé.

Le site internet offre des informations et des liens vers des ressources et lieux d’aide, y compris en France, Belgique et Canada, pour les parents, enseignants et jeunes concernés par l’homosexualité, c’est-à-dire tout le monde ! C’est une plate-forme qui sera très prochainement référencée par les établissements scolaires des cantons de Vaud et de Genève. (Région lémanique)

Les activités de Mosaic-info se développant au delà de mes espérances, il faudra que je trouve rapidement un financement supplémentaire afin d’engager une personne qui puisse m’aider au quotidien pour rédiger des textes, produire du contenu à mettre en ligne et faire des interventions en milieu scolaire, en partenariat avec les associations LGBT.

 

Une petite question personnelle : et si l’un de vos enfants faisait son coming-out ? Y aurait-il une différence entre l’acceptation intellectuelle d’une enseignante et la réaction intime et sentimentale d’une maman ?

Comme je suis dans la norme, je pense que je réagirais comme la plupart des parents, il me faudrait un moment pour digérer, même si intellectuellement je suis acquise à la cause. Comme j’ai plusieurs amies lesbiennes dans mon entourage, j’ai toujours dit à mes enfants que s’ils m’annonçaient qu’ils étaient homosexuels, je les aimerais inconditionnellement. Mais je le répète, ceci est de la théorie, car les sondages le disent, il est toujours plus facile d’accepter l’homosexualité lorsque qu’elle concerne ses amis que lorsqu’elle concerne sa propre famille.

 

Vous rêvez d’un monde meilleur concernant ces problématiques de l’homosexualité et de l’homophobie ? Quel serait celui que vous désireriez ?

Que les personnes homosexuelles puissent être elles-mêmes, qu’elles ne se sentent plus anormales, car nous les hétérosexuels auront intégrés cette réalité comme faisant partie de la diversité. Et surtout, que les gens arrêtent de faire de l’homosexualité une affaire de lit. On devrait plutôt parler d’homosentimentalité, car il s’agit avant tout de relations humaines, d’histoire d’amour. Et c’est bien l’amour qui donne un sens à la vie ! Mais je sais qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir !

J’invite à présent les lecteurs qui désirent en savoir plus à visionner l’émission à laquelle j’ai participé à la TSR (Télévision suisse romande) le 11 mai 2010. Ils y découvriront notamment le témoignage d’Albert, jeune lycéen, avec en bande son les magnifiques paroles d’une chanson composée par le chanteur K, intitulée homosentimental, inspirée par la lecture des témoignages de l’ouvrage Adolescents homosexuels. K prépare un album dans lequel figurera cette chanson pour le mois de septembre 2010.

 

Merci beaucoup Elisabeth pour votre disponibilité et votre remarquable travail.

Merci à vous deux, Gérard et Daniel, pour cette belle interview.

 

Toutes les photos sont © leurs auteurs. Tous droits réservés.

 

Lire les autres Gâteries du Chef

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Lire notre interview de Yoann Lemaire pour notre blog

 

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par Daniel Conrad Hall

Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES


Pour cette troisième rencontre d’une longue série, je veux vous présenter un véritable coup de cœur... Halim Corto m'a contacté il y a plusieurs mois grâce à Facebook et m'a indiqué le lien de sa chanson « Juste par amour » disponible sur YouTube. Celles et ceux qui me connaissent ou me lisent depuis tant d'années savent que je ne pouvais qu'être atteint au plus profond de mon âme par ces paroles, cette vidéo (amateure) et surtout cette voix. Parce que Nabil et Issam, ce pourrait être mon petit poussin musulman de mon cœur qui va lire ce billet avec plaisir. J'ai demandé à Halim son numéro de téléphone. Nous avons parlé de nos vies respectives, de nos goûts, de nos principes, de tout ce qui pouvait nous unir plutôt que nous séparer. Et, je peux vous l'avouer, non seulement il y a eu une véritable "communion" d'esprits mais surtout à aucun moment, il ne m'a demandé de faire sa promo comme des dizaines me le demandent chaque semaine. Au contraire, j'ai beaucoup tardé par respect et pudeur pour lui. En dehors des reprises d'autres chansons, il m'a envoyé une autre de ses compositions « Je ne l'ai pas choisi » (que vous entendrez bientôt ici) et là, je me suis dit que ce mec avait autant de grandeur, de courage et de talent que Samir Bargachi, Abdellah Taïa, Brahim Naït-Balk... Pour tout vous avouer, non seulement j'aime cette voix (chaude et impliquée) et cette cause qu'Halim défend, mais en plus dans la vraie vie c'est un jeune homme humble, trop humble... Alors voilà, je vais vous le faire découvrir avec cette interview mais j'ai aussi décidé de me battre (avec vous !) pour qu'un premier album soit produit. Nous en reparlerons très vite car j'aimerais que le chanteur Halim Corto naisse aux yeux du grand public sous la clarté humaniste et fraternelle d'une étoile rose. Je ne doute pas une seule seconde, chère lectrice, cher lecteur, de France et d'ailleurs (et surtout mes amis du Maghreb) que vous m'aiderez à faire entendre le plus loin possible la voix de l'amour et de la différence.


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HALIM CORTO :

« Dieu a placé en nous le plus beau des sentiments : l’amour. Alors pourquoi et au nom de quoi l’humain pourrait-il me l’enlever ? »

 

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Les Toiles Roses : Halim, pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Halim Corto : Bonjour à toutes et à tous, je me présente : je m’appelle Halim Corto et je suis un jeune auteur/compositeur/interprète aux couleurs jazz R’n’B soul… J’ai 26 ans et je suis un amoureux de la vie, de la musique et de l’amour. D’un caractère rêveur et humain, je suis fortement sensibilisé à la souffrance que l’homme impose à son prochain.

 

Halim, tu as déjà un certain parcours derrière toi en terme de concerts et même de passages télés (X-Factor). Peux-tu nous retracer ton parcours artistique ? Que représente la chanson pour toi ? Une vocation ou un métier ?

Tout petit je chantais déjà. J’avais à peine 10 ans que je donnais mon premier concert ; 15 ans et je terminais 9ème sur 150 au casting de l’émission Graines de star… Par la suite, je me suis retrouvé bloqué par ma vie professionnelle et j’ai fait le triste choix de laisser un peu tomber la musique sans jamais la perdre des yeux et surtout du cœur. Voilà 3 ans que je me suis mis à l’écriture de mes chansons et ma participation à l’émission X-Factor me donne encore plus d’espoirs aujourd’hui. Mais avant toute chose, je voudrais faire passer à travers ma musique un message d’espoir et lutter contre l’homophobie, le racisme, le sexisme, l’hypocrisie et essayer d’ouvrir les yeux sur un nouveau monde pour ceux qui, par bêtise ou pseudo éducation, sont restés bloqués au Moyen Âge.


 

 

Pour mon plus grand plaisir, nous avons plusieurs fois parlé de longues heures au téléphone suite à la découverte du premier titre que j’ai entendu de toi : « Juste par amour ». Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as voulu écrire les paroles et l’interpréter ?

Voila cinq ans qu’un drame inhumain s’est déroulé en Iran, l’exécution de deux jeunes en place publique pour « HOMOSEXUALITÉ »… C’était insoutenable mais étrangement cette horreur est passée quasi inaperçue aux yeux du monde… Est-ce par honte ? Par hypocrisie ? Pour ne pas faire trembler les mentalités extrêmes ? Dans tous les cas, moi, je refuse de fermer les yeux sur cet acte barbare, et en écrivant cette chanson j’espère juste une chose : c’est que l’homophobie connaisse une forte régression. Et j’espère de tout cœur que ces deux jeunes, qui n’avaient même pas atteint l’âge de vingt ans, reposent en paix.


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Cette homophobie meurtrière dans de nombreux pays, tu l’expliques comment ? À cause la religion ?

Par des enseignements datant de l’Âge de pierre, complètement obsolètes aux yeux de certains bien heureusement mais pas pour une majorité hélas : trop de non-dit, de choses cachées, la discrétion, la perversion de certains esprits venant de la frustration de la sexualité (et des sentiments). Pas la religion en elle-même, mais l’interprétation que certains extrémistes et pauvres gens en font pour conforter leurs idées rétrogrades (un vrai formatage). Ils menacent de craindre Dieu et son jugement, profitent de leur « aura » pour faire croire ce qu’ils veulent en jouant sur la peur, l’inconnu, la différence… C’est de la persécution mentale, c’est là qu’on peut remarquer que l’homme est prêt à tout inventer pour respecter des codes, des pseudos valeurs, qui se résume au syndrome des « 3 singes » : je ne vois pas… je ne dis pas… je n’entends pas… Ceci est plus que malsain et dangereux pour tout le monde.


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Ce n’est pas un secret : tu es français « d’origine maghrébine », comme diraient « certains », sur une branche de ta famille mixte, et tu es musulman et gay. Comment l’as-tu vécu et en as-tu souffert dans ton parcours personnel avant de vouloir écrire, chanter, militer artistiquement ?

C’est évident, car entre deux terres, deux cultures, ce n’est déjà pas très simple mais quand se rajoute une sexualité différente de la « norme », c’est vraiment très complexe premièrement, pour soi, de se chercher, se trouver et pour les autres de comprendre et accepter ! Ajoutez à cela les mots : pédale, bougnoule, zamel, pédé et j’en passe et vous comprendrez… Le plus difficile a été de l’annoncer à ma mère (mon père étant décédé il ne l’a jamais su), sa réaction a été très violente, pour elle ça a été un réel drame ; il y a maintenant bientôt 8 ans qu’elle le sait et à présent tout va beaucoup mieux, AL AMDULILAH… Le reste des gens peut me juger, je m’en moque. L’essentiel a été de l’annoncer à ma douce maman. Beaucoup de personnes ont essayé de me dissuader de parler de mon identité et de ma sexualité dans mes chansons comme dans ma vie, mais jamais, je dit bien JAMAIS, je le ferai ! Nous avons tous un devoir, et même si le mien n’est qu’une toute petite marche pour d’autres, je le ferai encore et encore car beaucoup de jeunes attendent qu’on les aide, beaucoup se suicident, car ils ne supportent plus leur différence ou les conflits que ça leur crée avec eux-mêmes et à causes des autres. Battons-nous… Soyons fiers de ce que nous sommes…


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Avec « Juste par amour », tu as aussi décidé de chanter pour ceux qui vivent le problème complexe d’être gays et musulmans. C’est un combat pour toi ? Juste pour une partie de ce que nos détracteurs appellent une « communauté » ou pour toutes et tous ?

Je dirais juste que ma foi est intime, c’est une relation fusionnelle entre moi et Dieu ; et peu importe l’humain, chef religieux ou non, à mes yeux il ne reste qu’un humain et il n’a pas à intervenir dans ma vie, mes choix et mes sentiments. Dieu a placé en nous le plus beau des sentiments : l’amour. Alors pourquoi et au nom de quoi l’humain pourrait-il me l’enlever ?

Je suis un homme de cœur, un romantique des temps perdus (rires), je suis très sensible, romantique et fidèle ; quand j’aime, j’aime d’un sentiment pur, sans perversité ni maladie mentale. Je n’ai rien à me reprocher sur ma vie intime ni ma vie religieuse, et pour moi on peut être gay et croyant.

 

Quelle a été la réaction du premier public que tu as eu en la chantant en live ?

Ils étaient touchés ; certains l’ont reçue comme une délivrance. Je n’ai pas eu de mauvais retour en concert. Est-ce un signe d’espoir ?


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Tu m’as aussi fait pleurer (et c’est vrai, tu le sais, je t’ai appelé très vite) lorsque j’ai écouté « Je ne l’ai pas choisi ». Peux-tu nous raconter la genèse de ce titre que nous diffuserons dans quelques semaines ?

Avec grand plaisir. Voilà un an, j’ai rencontré le plus beau trésor du monde ; nous nous sommes aimés d’un amour inimaginable, mais maghrébin lui aussi, sa famille s’est totalement opposée à son identité et sa sexualité. Il a été forcé de faire le cruel choix entre moi et sa famille (le mariage). Et aujourd’hui malgré les kilomètres et le destin qui nous séparent, je sais que nous nous aimons toujours aussi fort. C’est pourtant si dur de continuer à vivre sans une moitié de soi…

Mais il faut tenir le coup en apparence… C’est peut-être plus facile de rester dans le mensonge… Mais certains se font toujours exécuter pour homosexualité, alors que faire ? Moi, j’ai fait le choix d’assumer et certes c’était très dur les premiers temps, mais à présent je suis libre de tout ça ! Du mensonge, des condamnations et des jugements…

 

Puisque tu te produis en public, tu as du faire un coming-out auprès de ta famille et de tes proches. Par le biais de la chanson est-ce plus facile ?

Non pas vraiment, la musique pour moi est un moyen plus difficile car quand je chante je suis entièrement à nu, on lit en moi comme dans un livre ouvert. Donc c’est plus dur pour moi de le chanter que d’en parler. Le plus facile en fait, je pense, pour en parler c’est avec humour… Tiens, je vais te révéler un secret : je fais très souvent rire mon entourage en imitant Chouchou, le personnage de Gad Elmaleh ; pour ceux qui connaissent pas les spectacles et le film de Gad, Chouchou est un personnage gay d’origine marocaine ayant des manières féminines mais avec l’accent du bled, c’est juste révolutionnaire à mes yeux… (rires) D’ailleurs bravo Monsieur Elmaleh, je suis fan…


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Tu m’as affirmé que ton combat touchait aussi les jeunes gays, musulmans ou pas, vivant dans les cités. Y a-t-il pour toi une différence entre gays musulmans et les autres dans les cités ? Comment vois-tu la situation à l’heure actuelle ?

La situation est grave. Certains jeunes salissent et d’autres se salissent. Les jeunes homos sont persécutés. Savent-ils vraiment ce qu’est l’amour ? Ils ne savent plus le donner ni le recevoir. Comme beaucoup, et comme moi, ce sont surtout des jeunes meurtris, écorchés vifs, pas de différence pour moi comme dit Kary James :

Moi j'rape pour les Noirs, les Arabes et les Blancs

Saches que je suis pas de ceux qui feraient la différence

Ta couleur de peau pour moi ne fait aucune différence

Y a pas de couleur pour aimer, pas de couleur pour souffrir

Pas une couleur qui t'empêche de mourir

Pas une couleur pour s'aimer, pas une couleur pour sourire

Pas une couleur pour pleurer et  tu le sais…

On a fermé les yeux sur trop de choses ! Être homo, c’est normal et il faut le crier au monde ! Peu importe notre couleur, nos opinions politiques ; peu importe la famille ou la religion, nous avons des droits, nous sommes des humains et nous avons notre place nous aussi…

 

Tu as décidé d’incarner un noble et courageux combat contre l’obscurantisme, la tradition, la bêtise et la haine ordinaire. Est-ce que cela te fait peur ? As-tu déjà eu des retours négatifs ou des mauvaises surprises depuis ?

Quelques retours, hélas, par emails… Dont une femme qui m’a insulté de « sodomite » et mille autres mots aussi charmants, mais parce que je suis comme je suis, je lui ai toujours répondu poliment. Et à la fin de notre dialogue (d’au moins 20 pages), je l’ai invitée à relire tous nos échanges et je lui ai demandé avec respect : «  Madame, qui d’entre nous est le plus sale ? »

Quelques autres messages me sont arrivés et me disaient de craindre Dieu, etc. Mais rien ne me fera arrêter la cause que je veux défendre. Je le répète : je suis fier d’être ce que je suis… Et je le serai jusqu’au bout si Dieu le veut.


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Quels sont tes projets futurs ?

Je suis en plein enregistrement de mon premier album, en espérant qu’il sorte un jour et que mon travail soit reconnu et ma cause entendue. Je me fous d’être une star de la télé, ce que je veux vraiment, du fond du cœur et de l’âme, c’est que ce message passe.

 

Comment nos lectrices et nos lecteurs peuvent-ils t’aider ? De quoi as-tu besoin ?

Pour m’aider au niveau de mon message contre l’homophobie, il faut écouter ma chanson sur YouTube « Juste par amour » et faire tourner le lien à toutes vos connaissances. Pour m’aider à la production de l’album, je suis inscrit sur le même site qui a lancé Grégoire «  My Major Company ». Vous pouvez également m’ajouter sur Facebook.

 

Je te l’ai dit longuement, je suis touché par ta démarche et ton talent. Je vais te poser une question difficile : « Avec tout ce que nous voyons en France et dans le monde, l’amour c’est encore possible, surtout si tu t’exposes ? »

Je l’espère et c’est ce que je souhaite à toutes et tous : être ENFIN en amour et en harmonie.

 

Pour toi, un monde idéal, ce serait quoi ?

Je citerais quelques mots qui me tiennent à cœur : tolérance, paix, respect, mélange, amour, amour, amour, évolution… et encore AMOUR.


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Halim, je t’ai proposé de tenir une chronique sur Les Toiles Roses sur ta vie, tes sentiments, ta cause, notre cause et tes projets, tu acceptes ou pas ? Si oui, as-tu déjà une idée de ce qu’il y aura dedans ?

J’accepte avec plaisir, Daniel. Je vais essayer d’être le plus régulier possible, je vous tiendrai au courant des avancements sur les questions que l’on m’aura posées s’il y en a, mais aussi des critiques (qui ne me surprendront pas) et bien entendu de l’avancement de l’album, voire d’une éventuelle tournée…

 

Qu’est-ce que tu aurais envie de crier, sans réfléchir, pour que cesse l’homophobie et ses ravages partout dans le monde ?

Qu’attendez-vous pour être heureux ???


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Halim Corto avec Amel Bent

 

Halim, ça te dirait si on se battait ensemble pour ça ?

Évidement. Merci mon cher Daniel.

 

C’est moi qui te remercie Halim. Et tu le sais, tu as déjà un fan numéro 1 et un ami. Je t’embrasse chaleureusement. Et nul doute que nos lectrices et lecteurs aussi.

 

Toutes les photos sont © Halim Corto et leurs auteurs. Tous droits réservés.


Lire les autres Gâteries du Chef

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par Daniel Conrad Hall

Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES


Pour cette deuxième rencontre d’une longue série, j’ai le plaisir de vous présenter Thibaut Fougères qui, avec Michaël Martin, a eu le courage et la passion de fonder une maison d'édition DVD gay et un site de vente de films sur cette thématique : Outplay. Contacté par Thibaut pour recevoir les films en service de presse (comme le font tous les éditeurs DVD à thématique ou pas avec Les Toiles Roses, à l'exception notable et incompréhensible d'Optimale), j'ai été surpris par leur jeune âge mais aussi par cet enthousiasme débordant qui est la marque des meilleurs et de la réussite. Thibaut m'a gentiment accordé de son précieux temps pour répondre à cette interview où vous allez découvrir les coulisses de l'édition DVD. Les six films à leur catalogue seront chroniqués dans les jours à venir, ici même, mais je peux vous assurer que la qualité est au rendez-vous ! Je vous laisse donc avec Thibaut et ne saurais trop vous rappeler que pour que nous ayons accès aux films qui parlent de NOUS, nous nous devons de soutenir ce genre d'entreprise et de projet. Vous l'avez compris, je vous conseille de commander les films Outplay depuis leur site de vente. Thibaut, qui pense que je suis coriace (private joke), n'a pas tort. Mais cela, chères lectrices et chers lecteurs, vous le saviez déjà...


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THIBAUT FOUGÈRES (OUTPLAY) :

«  En tant que gays, nous voulions prendre part à la visibilité de l'homosexualité, à la défense et à la revendication de nos droits. »

 

Les Toiles Roses : Thibaut, peux-tu nous présenter les personnes à l’origine de la création d’Outplay ?

Thibaut Fougères : Outplay est née en janvier 2009 ; cette société a été créée par Michaël Martin et moi-même. Nous avons suivi deux parcours distincts mais complémentaires : Michaël a fait une École Supérieure de Commerce et c'est un grand passionné de cinéma ; quant à moi, j'ai fait une faculté de cinéma en ayant toujours eu un côté très businessman ! Nous n'avions pas d'autres choix que de nous associer ! C'est donc notre premier job après nos études. Un vrai challenge.

 

Outplay est une nouvelle maison d’édition DVD gay. Pourquoi l’avoir créée et quelle est sa ligne éditoriale ?

En tant que gays, nous voulions prendre part à  la visibilité de l'homosexualité, à la défense et à la revendication de nos droits. Et puisque nous souhaitions tous les deux travailler dans les métiers du cinéma, il nous a paru évident de fonder Outplay. Personnellement, j'ai la conviction que la diffusion de films "gays" est très importante pour les homosexuels, et ce à plusieurs niveaux, d'une part elle permet une réelle visibilité des gays dans la société d'aujourd'hui, ce qui ne peut que favoriser davantage de tolérance envers notre communauté, et d'autre part la diffusion de films gays permet à de nombreux homosexuels de pouvoir mieux s'assumer, de s'identifier, et de pouvoir vivre pleinement et ouvertement leur sexualité. Je prends pour exemple mon cas personnel, je suis originaire d'un petit village du sud de la France, et quoi qu'on en dise, se découvrir une attirance pour les garçons à 15 ans en milieu rural et ne pas vraiment comprendre ce qu'il vous arrive est loin d'être une chose facile. C'est la diffusion du film Beautiful Thing, qui est culte pour moi et pour toute ma génération, qui m'a ouvert les yeux et m'a fait prendre conscience que non, je n'étais pas le seul homo sur terre, et que oui, j'aurais aussi droit à l'amour ! Enfin, je crois qu'il est  fondamental de pouvoir faire exister et perdurer « une culture gay » et de pouvoir la diffuser et la transmettre, car s'il y a au moins un lien qui nous réunit nous les homos, c'est l'existence d'une culture commune.

 

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Thibaut Fougères (à gauche) et Michaël Martin, les co-fondateurs d'Outplay


Comment analyses-tu le marché DVD gay d’aujourd’hui ? Faut-il être passionné furieux ou suicidaire pour créer une telle maison ?

Suicidaire ? Ce métier se fait d'abord par passion, mais soyons francs, nous n'aurions jamais pris l'initiative de nous lancer dans ce challenge si nous n'avions pas la conviction que notre entreprise serait assurée de succès. Nous savons ce dont nous sommes capables et nous allons tout faire pour mettre sur pied nos projets et nos idées. Nous sommes confiants en notre avenir. Comme dans tout domaine, l'ambition et la motivation sont des mots clés pour concrétiser ses projets. En tout cas, c'est ma façon de penser.

Le marché du DVD gay est presque propre à la France, en fait il y a très peu de pays au monde où il existe un tel marché pour les films gays. Avec les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne, la France fait partie de ces pays qui permettent le développement de la culture gay, ce qui est loin d'être le cas chez tous nos voisins européens. Le marché du DVD gay a cette particularité d'être ce que l'on appelle un marché de niche : ce sont des films ciblés pour un public ciblé. La principale difficulté que nous rencontrons c'est de pouvoir tout simplement faire exister nos produits dans les lieux de distribution que sont « les hyper-marchés de la culture ». D'une part, les films gays représentent un très faible chiffre d'affaire pour ces magasins en question ; d’autre part, les rayons « Cinéma gay et Lesbien » (quand il y en a !) sont inexorablement réduits en taille de jour en jour, et il est plus que difficile de pouvoir grignoter un peu d'espace dans les rayons avec des films d'auteurs gays espagnols ou tchèques face à un blockbuster très grand public ! Mais ce problème est valable aussi pour le marché du DVD western ou du documentaire par exemple. La difficulté, qui est spécifique à notre ligne éditoriale, c'est justement notre ligne éditoriale, de nombreux magasins ne peuvent pas encore envisager de mettre en place un rayon estampillé « Cinéma Gay et Lesbien » ! Sans même parler de rayon identifiable pour les clients, le seul fait que nous ayons un catalogue de films sur cette thématique les met mal à l'aise et donc ils ne souhaitent tout simplement pas vendre nos DVDs. Leur meilleur argument étant : « De toute façon, chez nous, nous n'avons pas de clientèle gay ». C'est bien connu que tous les homos de France et de Navarre ne vivent que dans le seul quartier du Marais à Paris !

 

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Vous venez de publier six premiers titres. Peux-tu nous les présenter et nous dire quelles raisons ont guidé ces premiers choix ?

Pour ce qui est de notre ligne éditoriale, nous sommes donc focalisés sur des films à thématiques gays, lesbiennes, trans ou queer. Concernant les films que nous éditons, c'est un choix totalement subjectif, c'est avant tout des films qui plaisent à Michaël et moi. Nous devons avoir un véritable coup de cœur pour avoir l'envie et l'énergie d'éditer un film. Et en toute honnêteté, je n'aurais aucun plaisir à sortir un film qui ne m'excite pas, au sens intellectuel du terme bien sûr ! Et notre sélection est drastique, d'autant que nous sommes deux, donc il faut que nous soyons séduits tous les deux par tel ou tel long métrage. Et j'avoue que pour l'instant, les films que nous avons sortis sont assez durs psychologiquement et émotionnellement ; ils sont assez pointus. Ce sont avant tout des films d'auteurs, français ou étrangers, dévoilant des aspects assez sombres et dramatiques ! Mais je vous rassure, non nous ne sommes pas deux garçons totalement dépressifs avec des idées complètement lugubres et morbides, c'était un hasard, nous allons sortir également des comédies pimentées et des films romantiques où les garçons sont beaux et heureux, comme dans la vrai vie ! Ah oui j'oubliais, nous sommes très exigeants sur la qualité de nos films, bref le label Outplay est synonyme de bons films, mais ça vous le saviez déjà !

 

Vous avez mis aussi en place un site de vente de DVD LGBT. Est-ce un moyen de gagner de l’argent pour éditer vos titres ?

Nous avons créé notre propre boutique Internet pour justement pouvoir contrecarrer ces problèmes de mise en place dans les magasins. Notre site nous permet de présenter nos films en toute liberté et sans la moindre restriction, et surtout l'avantage du web est qu'il n'y a pas de problème de stockage de la marchandise comme dans un commerce traditionnel !

 

Le fait de vendre les titres des concurrents est-il un frein ou sert-il à créer un effet de synergie ? Tiens, quelles sont vos relations avec lesdits concurrents ?

Nous avons de bonnes relations avec nos concurrents, mais je ne suis pas certain que l'on puisse parler de concurrence, il y a simplement plusieurs éditeurs vidéos qui éditent des films. Premièrement, Outplay n'a pas la même échelle que certains éditeurs comme Arte ou TF1 Vidéo ; deuxièmement, il s'agit de films uniques, cela n'a rien à voir avec des t-shirt de deux marques concurrentes. Si vous souhaitez voir New Wave de Gaël Morel ou Nuits Blanches à New-York de Chris Mason Johnson, vous n'aurez pas d'autre choix que d'acheter un Dvd Outplay !

 

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Quelles bonnes surprises nous réservez-vous dans les prochains mois ?

Nous allons éditer un film culte qui nous tient à cœur, il s'agit de Grains de Sable de Ryosuke Hashiguchi, pour ceux qui le connaissent c'est un cinéaste japonais qui a notamment réalisé un autre film gay Hush!. Nous sortirons aussi un film américain pétillant intitulé Saisir sa chance qui aborde la question du coming-out et le fait de pouvoir affirmer son homosexualité au lycée. Puis un film lesbien français, réalisé par Philippe Faucon, Muriel fait le désespoir de ses parents, film qui a eu une critique dithyrambique lors de sa sortie en salle, il est question ici des amours d'une jeune fille, enfin tout est dans le titre ! Puis bien d'autres surprises, mais gardons un peu de suspense...

 

Thibaut, que pourrais-tu ajouter pour convaincre nos lectrices et lecteurs d’aller sur votre site et acheter vos six premiers titres ?

Premièrement, notre site est très beau et très design, c'est très agréable d'y naviguer. Pour chaque film, vous y trouverez de grandes photos, des bandes-annonces, des résumés détaillés, bref toutes les infos nécessaires pour pouvoir se faire une idée du film en question. Nous proposons un très grand nombre de films, environ 300 références ! Tant pour les garçons que pour les filles, donc vous y trouverez forcément votre bonheur ! Le dernier argument est tout simplement le prix. Selon nos dernières études, nous sommes en moyenne 6 euros moins chers par DVD que dans une grande enseigne ! Et ce n'est pas négligeable ! Et pour terminer, je vous dirais : « Bons Films ! »

 

Merci Thibaut pour ta disponibilité et ton enthousiasme. Nous vous souhaitons un grand succès et attendons avec impatience de belles et grandes surprises avec les films que vous éditerez.

Merci Daniel et merci au blog Les Toiles Roses pour ce sympathique coup de projecteur.

 

EN SAVOIR PLUS :

Le site Outplay

Le groupe Facebook Outplay

 

Lire les autres Gâteries du Chef

 

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par Daniel Conrad Hall

Rédacteur en chef de LES TOILES ROSES

 

Pour cette première rencontre d’une longue série, j’ai invité un jeune homme courageux et attachant : YOANN LEMAIRE. Yoann est le seul joueur de football homosexuel ! Non, vous ne rêvez pas ! Et si j’ai à cœur d’en parler ici, c’est qu’il faut que j’avoue que le football est aussi une de mes passions et que je me suis investi de longues années dans le foot amateur. Je n’ai, pour ma part, jamais été victime d’homophobie. Par contre, j’ai entendu beaucoup de propos très déplaisants dont l’origine est ce triptyque bêtement ordinaire : machisme, racisme et homophobie de tous les jours, dans les petites villes. Et croyez-moi, des homos dans le foot j’en connais. Des amateurs comme des professionnels ! Ils ont tous un point commun : ils sont mariés ou en couple, avec femme et souvent – très vite – avec enfants. TOUS. Ce qui ne les empêche pas de vivre leur sexualité dans le secret des lieux de drague plus ou moins glauques. Les autres ont quitté le milieu associatif ou professionnel pour vivre leurs amours masculines en sacrifiant sur l’autel de la haine leur passion footballistique. Yoann, avec qui j’ai beaucoup parlé, a eu le courage de faire face et de poser une première pierre dans la lutte contre l’homophobie ordinaire dans ce milieu. Il en est un héros et, hélas, une victime. Mais il fait front et poursuit sa route… avec intelligence, courage, pudeur, gentillesse et abnégation. Un vrai grand sportif humain comme on aimerait qu’ils le soient tous ! Merci Yoann et j’encourage les lectrices et lecteurs, intéressé(e)s ou non par le football, à lire son témoignage poignant et fort, à le faire lire et pourquoi pas à convaincre les responsables de clubs à le lire pour en tirer des leçons. Avec Yoann, les mentalités vont évoluer, c’est certain…

 

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Yoann LEMAIRE, en collaboration avec Alexandre DELMAR,

JE SUIS LE SEUL JOUEUR DE FOOT HOMO… ENFIN J’ÉTAIS…,

Editions Textes gais, 2009, 120 p., 11,90 €.

 

Résumé : Parmi les 2 300 000 licenciés de la Fédération Française de Football, Yoann Lemaire est le seul joueur affichant son homosexualité.

Son coming-out ne laisse pas indifférent, méprisé par certains de ses partenaires de club, il reçoit pourtant le soutien de grands footballeurs.

Dans ce livre touchant, Yoann nous révèle, via sa propre expérience, qu'aujourd'hui encore, foot et homosexualité ne sont définitivement pas compatibles.

Son amour partagé pour Jérémy, lui aussi footballeur, ne résistera pas à la pression qui pèse sur leurs sentiments.

 

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YOANN LEMAIRE :

«  (…) je ne supportais plus les insultes sur les terrains de foot comme « Pédé », « Tarlouze », « Tapette », « Pédale » et j’en passe... »

 


Les Toiles Roses : Yoann, tout d’abord merci de te prêter à l’exercice de l’interview pour Les Toiles Roses. Pourrais-tu te présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Yoann Lemaire : Avec plaisir Daniel. J'ai 27 ans et j'habite dans les Ardennes, plus précisément dans un village de la pointe des Ardennes, une avancée française en territoire belge. J'y suis né, et j'y ai toujours vécu. Je travaille comme technicien de maintenance dans une usine locale qui produit des briques réfractaires. Tout mon univers est là ! Les collines boisées à perte de vue, mes prairies, mon étang, mes animaux et… le football.

 

Comment en vient-on à écrire un ouvrage autobiographique intitulé Je suis le seul joueur de foot homo. Un sentiment d’urgence, un besoin de militer ou une preuve de désespoir ?

J'ai décidé d'écrire ce livre quand j'ai réellement pris conscience qu'il y avait un vrai problème entre le sport et les homosexuels. Vous le savez, on ne connait pratiquement aucun sportif homosexuel de haut niveau : pourquoi ?

Pour ma part, malgré le soutien de pratiquement tout mon club, du Paris Foot Gay, du Paris Saint-Germain, de Vikash Dhorasoo, des médias, des personnalités politiques… face à de l'homophobie flagrante d’une minorité agissante, mon club a préféré me « mettre sur la touche ».

 

yoann3.jpgYoann Lemaire avec Vikash Dhorasoo


Tu le sais comme je te l’ai dit lors de nos conversations téléphoniques, ce qui m’a surpris agréablement dans ton témoignage, c’est que tu as centré ton récit sur le foot et quelques épisodes de ta vie familiale et personnelle. Pour ces derniers, tu es d’une grande pudeur et tu ne tombes pas dans le piège de l’étalage et de la provocation. Était-ce une volonté forte dès le départ et pourquoi ?

Oui, j'ai décidé de parler avec beaucoup de pudeur et de respect pour mes proches. La maladie et le décès de mon père m'ont beaucoup affecté. Je devais en parler pour me soulager et remercier les personnes qui sont restées proches de nous durant ces moments très difficiles.

Puis il y a un effet d’accumulation, suite au décès de mon père, Jérémy a préféré arrêter notre « amitié particulière », c'est à cet instant que j’ai compris que j'étais amoureux d'un garçon... donc homosexuel. Je l'ai vécu comme un drame.

 

À la lecture de ton livre (dont nous n’allons pas dévoiler tout le contenu), le lecteur peut avoir l’impression que tu as fait ton coming-out directement dans ton club avant ta famille. Est-ce le cas et pourquoi ?

Oui, j'ai décidé d'essayer d’intégrer ma différence par le biais de ma grande passion, le football. J'étais incapable de parler d'homosexualité à qui que ce soit ; progressivement j'ai donc fait des allusions et des sous-entendus à mes copains du foot, avec toujours beaucoup d'humour.

Mais je le vivais mal, je ne supportais plus les insultes sur les terrains de foot comme « Pédé », « Tarlouze », « Tapette », « Pédale » et j’en passe... Elles venaient aussi bien de mes adversaires, que du public ou encore de mes coéquipiers. Je suis devenu inconsciemment pour ces raisons un joueur impulsif, violent et agressif. Puis j'en ai eu marre de me cacher et je me suis dit : pourquoi ne pas être sincère ?

J'ai donc décidé de dire la vérité… que j'étais homo avec « tel joueur », comme si je ne l'étais pas en général... C’était un début.

Ce fut un grand soulagement !

 

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Question plus personnelle, comment a réagi ta famille à cette sortie du placard ?

Je n'en ai jamais parlé avec ma famille. Jamais. Sans doute que je n'assume toujours pas d'être homosexuel et le fait de ne pas leur laisser le choix. Après mon coming-out sportif, j'ai perdu des amis et des copains car mon homosexualité les dérangeait... Tant pis. Mais pour ma famille proche, c'est différent, j'ai trop peur de les perdre. Cependant, d'après mes amis, ma famille proche est fière de moi et me soutient ! Mais je n'ose toujours pas en parler...

 

Pour avoir été responsable gay d’un club de foot, je sais que les joueurs ne comprennent pas toujours les choix des entraîneurs (ce qui cause continuellement des bisbilles entre les équipes seniors et à l’intérieur même des équipes). Es-tu absolument certain que ton éviction du terrain était due à une homophobie rampante avant les incidents avec un joueur particulier ? Ton entraîneur, que tu estimais, est-il coupable de complicité par passivité ?

Malheureusement c’est mon sentiment. Je ne peux pas dire que mon entraineur était homophobe, mais il a toléré l’homophobie et même pire, il a promu un joueur très médiocre en équipe première quelques jours après que ce même joueur ait clairement dit à des journalistes (devant les caméras) qu’il n’aimait pas les gays, en ajoutant des insultes à mon égard.

Mon sentiment est clair : je pense réellement avoir été sanctionné par le coach pour éviter d’éventuels problèmes dus à mon homosexualité. Certains joueurs ne voulaient pas ou plus jouer avec moi… sans aucune raison « officielle ».

Le fait de ne pratiquement plus jouer (remplaçant cloué sur le banc, « oublis » de convocation aux matchs, suspensions bidon, rétrogradations dans les équipes inférieures) faisait que je ne jouais plus à mon poste… Et donc, effectivement, un gay dans un club de foot est sans doute pour certains sujet à emmerdes !

De toute façon, dans le football, les gens ne se sentent pas concernés par l’homosexualité et l’homophobie ; pour eux, la question et le problème ne se posent même pas. D’après eux, il n’y a tout simplement pas d’homos dans le foot ! Ils nient la réalité. Et je sais, tu sais et nous savons tous que ce n’est pas possible !

 

yoann5.jpgYoann Lemaire avec Ludovic Giuly


La publicité nationale apportée au comportement d’un joueur précis (voir la lettre ouverte du Paris Foot Gay au Président Jean-Pierre Escalettes de la Fédération Française de Football à la suite de cette interview) qui t’insulte devant les caméras et les micros ne semble absolument pas avoir ennuyé cette « personne » le moins du monde. Est-ce toujours le cas et comment expliques-tu cette attitude écœurante ?

Le plus grave, c’est que ce joueur joue toujours sans aucun souci ! Dans l’indifférence générale de tout le monde ! Il peut même continuer de proférer ses propos homophobes et se vanter d’avoir eu ma peau… C’est honteux. Pire, il se vantait auprès de mes anciens coéquipiers du club d’essayer de me faire un procès pour, a priori, diffamation et non respect de ses droits d’images. Enfin, n’importe quoi…

Ce joueur est monté en puissance puisque le club ne l’a jamais empêché de faire. Donc par la suite, il s’est senti fort. Et pour jouer le malin devant ses copains, il n’a pas hésité à donner une interview abominable à une chaîne de télévision nationale.

 

De même, ton ancien président de club réussit le tour de force devant les caméras à insinuer que tu es coupable (de provoquer, d’avoir la grosse tête, de vouloir te faire de la pub…) et non une victime… ce qui est profondément révoltant. Que cache ce moyen de défense honteux de sa part ? Et pourquoi le comité (l’organe directeur du club) n’a-t-il pas réagi ?

Lors d’une interview télévisée, le président du club a dit effectivement qu’il y avait de l’homophobie avec ce joueur depuis deux ans, mais que c’est moi qui instrumentalisais les journalistes pour faire parler de moi. Me faire de la pub ? Mais c’est de la folie !

Il faut comprendre que je n’ai rien à gagner de parler de mon homosexualité à des journalistes. J’essaie juste d’expliquer ma situation pour éventuellement faire évoluer les mentalités, parce que quand les journalistes partent, je me retrouve bien seul dans ma région ! Face aux critiques, aux reproches et à la méchanceté ! Je comprends mieux pourquoi aucun footballeur n’ose faire son coming-out. D’ailleurs, cela vaut pour le sport en général.

 

La lutte contre l’homophobie doit, à mon sens, aller de paire avec la lutte contre le racisme et le machisme au sein des clubs. Quand on voit le marasme et les difficultés pour monter simplement une équipe féminine dans un club, j’ai peur que la lutte soit bien longue. Qu’en penses-tu ?

Oui hélas, très longue. Surtout sans l’aide des pouvoirs publics. Il faut faire évoluer les mentalités ! Que l’on arrête d’hétérosexualiser et de machiser les plus jeunes de façon caricaturale, pour devenir absolument des compétiteurs ! Uniquement gagner et oublier les bases fondamentales du sport : apprendre à respecter ses partenaires et ses adversaires, quels qu’ils soient.

À mon sens, le sport peut être un bon moyen pour accepter les différences des uns et des autres !


 

yoann6.jpgYoann Lemaire avec Vikash Dhorasoo


Le Paris Foot Gay t’a semble-t-il apporté beaucoup de soutien dans cette épreuve. Que représente ce club pour toi ?

Le Paris Foot Gay m’a toujours soutenu. Je suis maintenant convaincu que grâce au soutien du Paris Foot Gay, mon club ne pouvait pas m’abandonner dès le début. Cela a retardé l’échéance. Nous sommes allés plusieurs fois au Parc des Princes pour participer au tournoi B.Yourself, organisé par le PSG et le Paris Foot Gay. Maintenant, je suis convaincu que c’était donnant/donnant.

 

Comment ont réagi les joueurs et le comité de ton ancien club à la sortie de ton livre ? As-tu des retours (et notamment de ton ancien président) ?

Un retour négatif ! Et inquiétant. J’ai pris un avocat pour me défendre, concernant une facture que le club refuse de payer. Comme par hasard ! Lors du tournoi B.Yourself, comme tous les ans, j’organisais un déplacement en bus pour Paris avec les joueurs de mon club. Le club payait ensuite les factures grâce aux subventions de la Mairie. En 2009, à la réception de la facture, le président du FC Chooz, cette fois, a demandé à la compagnie de transport de transférer la facture à mon adresse personnelle. Le club refuse donc de payer. Mais mon avocat est sur l’affaire.

 

Et ton premier grand amour, qu’en a-t-il pensé (si tu as de ses nouvelles) ?

Je l'ai contacté pour lui parler de mon livre. Je voulais absolument en parler avec lui pour ne pas qu'il n’en souffre pas d'avantage. Il m'a juste répondu que je pouvais écrire ce que je voulais concernant notre relation, mais ne pas donner son vrai nom. Ce garçon est étonnant, il donne l'impression d'être un véritable hétérosexuel macho, homophobe, mais il reste célibataire et on ne le voit jamais en couple. D'ailleurs, le plus étonnant, c'est qu'il est venu jouer au football au FC Chooz sans savoir que j'arrêtais le foot. Nous n’avons donc pas joué ensemble. Il a évolué dans ce club trois mois, puis il a démissionné et changé de club. Surprenant, non ?


 

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Quelle sera la prochaine étape de la lutte contre l’homophobie dans le milieu du football ?

Que les pouvoirs publics et les hautes instances du football reconnaissent l'homophobie comme une discrimination. La Ligue de Football Professionnel fait des efforts énormes, mais la Fédération Française de Football s’en moque complètement.

Il faut intégrer des modules éducatifs sur les discriminations dans les formations des éducateurs, formateurs et arbitres de foot. Par exemple, un éducateur de jeunes ne doit pas les surmotiver en les comparant à des « tapettes » ou des « pédés » (et ce n’est pas si rare dans les petits clubs).

Naturellement, il faut de la répression. Sinon ça ne servirait à rien. Quand des personnes tiennent des propos homophobes ou commettent des actes homophobes, les hautes instances du football doivent sanctionner avec sévérité.

Rappelez-vous le cas Louis Nicollin, président de Montpellier, qui insulte un joueur d'Auxerre de « petite tarlouze » devant les caméras. C’est encore plus navrant d'entendre ça de la bouche d'un président de club !

Enfin, la sensibilisation est primordiale, par exemple le Paris Saint-Germain organise une fois par an, lors d'une journée de Ligue 1, une grande soirée de sensibilisation contre l'homophobie. Si tous les clubs de Ligue 1 et 2 en faisaient autant, je pense que les mentalités évolueraient plus vite.

 

Une dernière question plus personnelle : le grand amour, tu y crois toujours ? Et si c’était un autre footballeur qui désire rester dans le placard, l’accepterais-tu ?

Si je venais à tomber amoureux d'un sportif, qui souhaite ne pas parler de son homosexualité, je le comprendrais parfaitement.

Pour le grand amour... peut-être un jour, mais cela me fait peur. Je suis sensible et j'ai peur d'en souffrir. J'ai eu dernièrement un petit copain, c'était extraordinaire, enfin j'étais vraiment en couple et j'en étais fier. Ce garçon est parti à Montréal pour ses études. Je suis allé le retrouver deux semaines. Puis quand je suis reparti, j'ai compris que je ne le reverrais plus. Il a préféré couper les ponts. Il ne se sentait pas capable d'avoir une relation à distance. J'en ai beaucoup souffert. J'y pense encore souvent. Surtout qu’il m’avait beaucoup aidé quand j’ai décidé d’arrêter le football. Il était vraiment là, aux bons moments.

La médiatisation de mon histoire l’a éloigné. Il ne préfère plus avoir de contact avec moi car sa famille ne sait pas que leur fils est homo !

 

Merci Yoann pour ta disponibilité, ta gentillesse et ton combat. Bonne chance et surtout beaucoup de bonheur.

 

POUR EN SAVOIR PLUS :

Le site de l’éditeur

Le site du Paris Foot Gay

Interview de Yoann sur Yagg

Interview de Yoann dans L’Équipe du Matin

Interview de Yoann sur France 3

Interview de Yoann sur France Inter et France Info

Interview de Yoann sur SoYouTV

 

Toutes les photos reproduites ici sont © Yoann Lemaire.

 

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LETTRE OUVERTE DU PARIS FOOT GAY

À MONSIEUR JEAN-PIERRE ESCALETTES,

PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION FRANÇAISE DE FOOTBALL

 

Paris, le 8 mars 2010

 

Monsieur le président,

Tout d’abord, nous tenions à rappeler la réaction par voie de communiqué de presse de la Fédération Française de Football, lorsque le Créteil Bébel a refusé de jouer contre notre club :

« [La FFF] ne peut rester insensible à la controverse suscitée par l'annulation de ce match.

Ainsi, la FFF réaffirme sa détermination à lutter, chaque jour et sur tous les terrains, contre toutes les formes de discrimination et bien sûr contre l'homophobie.

Conformément à sa mission générale d'organisation du football en France et dans le cadre notamment de son soutien aux actions de la Fondation du Football, la FFF veille à préserver les notions de respect et de tolérance considérant qu'elles doivent plus que jamais rester le socle de la pratique du football. »

 

Nous avons pris acte de cette déclaration et souhaitons aujourd'hui attirer l’attention de la FFF et attendons une réaction de sa part au sujet d’un cas d’homophobie notoire au sein d'un club affilié, le FC Chooz.

 

En juin dernier, Renaud Charpentier, un joueur de ce club, a eu un comportement sans équivoque devant les caméras de France 3 vis-à-vis d’un autre joueur, Yoann Lemaire, qui ne fait plus mystère de son homosexualité. Le reportage portait justement sur la difficulté d’être un joueur de foot gay dans un club de football. Renaud Charpentier n’a pas non plus hésité à arracher le logo "Carton rouge à l'homophobie" floqué sur les maillots du FC Chooz, signataire de la Charte contre l’homophobie (charte également signée par la LFP, le PSG, l’AJA et l’OGC Nice).

Le Paris Foot Gay a alors demandé à plusieurs reprises au président du FC Chooz de prendre les mesures adéquates pour permettre à Yoann Lemaire de jouer au football dans un climat de respect dénué de toute haine homophobe.

 

À ce jour, non seulement aucune sanction n'a été prise contre Renaud Charpentier, mais il fait toujours partie du club.

Yoann Lemaire a dû, quant à lui, quitter le club, abandonnant ainsi à regret sa passion pour le football. Son témoignage, publié aux éditions "Textes gais" et intitulé Je suis le seul de joueur de foot homo, enfin j'étais... en dit long sur son calvaire. Je vous invite à lire cet ouvrage émouvant, salué par la critique.

À cet égard, il apparaît totalement incohérent de tolérer qu'un joueur ayant tenu publiquement des propos homophobes, puisse encore jouer dans le championnat de la Fédération Française de Football.

 

Au regard de tous ces éléments, nous vous demandons d’intervenir auprès des dirigeants de ce club, conformément au combat contre les discriminations que vous semblez vouloir porter.

Nous vous réitérons bien entendu notre proposition de rejoindre les signataires de la Charte contre l'homophobie, comme la LFP l’a fait.

 

Nous espérons que ce cas sera pris en compte le plus rapidement possible.

Dans cette attente, nous vous prions d’agréer, Monsieur le président, l'expression de nos sentiments les meilleurs.

 

Pascal Brèthes,

Président du Paris Foot Gay

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