Fiche technique :
Avec Marcia Cross, Teri Hatcher, Felicity Huffman, Eva Longoria, James Denton, Steven Culp, Ricardo Chavira, Mark
Moses, Nicolette Sheridan, Andrea Bowen. Réalisation : Larry Shoaw, Arlene Sanford... Scénaristes : Marc Cherry, tom Specialy...
Saison : 24 épisodes. Durée des épisodes : 42 mn. Toujours en production (4 saisons). Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Wisteria Lane est un lieu paisible où les habitants semblent mener une vie heureuse... en apparence seulement ! Car en y regardant de plus
près, on découvre bien vite, dans l'intimité de chacun, que le bonheur n'est pas toujours au rendez-vous. Et peu à peu, les secrets remontent inévitablement à la surface, risquant de faire voler
en éclat le vernis lisse de leur tranquille existence...
L’avis de Mérovingien02 :
Tous les doutes étaient permis concernant l'avenir de Desperate Housewives au terme d'une deuxième année montrant d'évidents signes d'essoufflement de la part de Marc Cherry et de son
staff de scénaristes. Intrigues faisant du surplace, transformation de Susan en boulet de compétition, manque d'interactions entre les héroïnes de Wisteria Lane, mystère ridicule des Applewhite
en guise de fil rouge... Pas forcément de quoi enterrer un show toujours aussi hilarant et incisif mais largement de quoi relativiser les louanges chantées lors de la découverte de la saison 1.
Qu'on se rasure : le créateur de la série a entendu les critiques du public et s'est bien décidé à redresser la barre au niveau où elle aurait toujours dû être.
Le premier épisode de la saison 3 affiche clairement les intentions louables puisque après une introduction fortement marquée par celle du pilote où Mary Alice se suicidait (scène choc + ménagère
désespérée + humour noir + mystère), nous retrouvons Bree, Susan, Gabrielle et Lynette six mois après qu'on les ait quitté. Il pleut sur les maisons de banlieue et la voix off nous indique que
l'eau va venir purifier ce qui était sale. Comprendre par là que les auteurs vont nettoyer la série de ses erreurs passées sans pour autant les renier, l'idée étant de transformer les situations
énervantes mises en place précédemment pour les rendre intéressantes. On aurait alors pu craindre que le saut dans le temps soit utilisé pour zapper les boulettes récentes (voir la saison 4 de
Nip/Tuck qui n'évoque pas une seule fois le Carver de la saison 3) mais il n'en sera rien. Mike est toujours plongé dans le coma, Bree a noué une vraie relation avec Orson, Lynette ne
s'est pas débarrassée de Keyla et Gaby ne s'est pas rabibochée avec Carlos. Installés dans leur nouvelle situation, les personnage acceptent d'aller de l'avant, ce qui permet de les faire
considérablement évoluer et d'apporter le vent de fraîcheur et de nouveauté indispensable à toute série après trois années d'existence.
Première satisfaction : Susan n'est plus une grosse crétine qu'on rêve de voir mourir dans d'atroces souffrances mais est redevenue l'adorable petite maladroite des débuts, apportant un vrai
souffle romantique via sa liaison avec Ian, un riche homme d'affaires anglais qu'elle a rencontré à l'hôpital au chevet de Mike. Émouvant, tendre, déchiré par la perte de leur moitié respective,
le couple est incroyablement attachant et on en viendrait presque à regretter le réveil du plombier sexy précipitant l'intrigue vers un triangle amoureux plus convenu, même si remarquablement
bien géré puisque étroitement lié au mystère de la saison. Certes, on en est un peu toujours au même point avec Susan mais la fin de saison marquant une avancée considérable dans sa liaison avec
Mike, on se dit que des perspectives inédites s'ouvrent enfin pour elle et que cela valait bien le coup d'attendre.
Plus ancrée dans la réalité, Lynette voit sa vie subir de violentes secousses avec le rêve de Tom qui souhaite ouvrir une pizzeria. Alors que la saison 1 tournait exclusivement autour de sa
difficulté à assumer son rôle de mère au foyer et après que la saison 2 la présentait comme une femme active accomplie, la saison 3 tente de concilier les deux bouts puisque famille et travail se
retrouvent plus que jamais étroitement mêlés. Gagnant en profondeur en laissant apparaître des failles jusqu'alors dissimulées (la tentation de l'adultère), le personnage mène des luttes
ordinaires (soutenir son époux, éduquer une gamine qui n'est pas d'elle et qui ne veut pas d'elle) et s'impose plus que jamais comme une héroïne du quotidien, rôle admirablement revendiqué dans
le tétanisant épisode « Bang » (de loin le meilleur épisode de la série et qui relate une prise d'otage dans une supérette transformée en spectacle par les médias) ainsi que dans le face à face
malsain avec un nouveau voisin soupçonné de pédophilie. Avec Lynette, c'est toute la verve critique de la série qui revient en force, quand les jolies barrières blanches du rêve américain
dissimulent un profond mal de vivre.
Un mal de vivre qu'on retrouve également chez Gabrielle qui tente difficilement d'exister sans Carlos. Si l'on pouvait légitimement craindre
de se lasser des minauderies d'une Eva Longoria déconnectée de l'excellent Ricardo Chavira qui l'avait toujours mise en valeur, les errements scénaristiques de mi-saison (un club de mannequinat
pour gamine et le retour de Zach Youn) permettront surtout de critiquer la superficialité du mode de vie basé sur le luxe, l'argent et la beauté. Plus que jamais, Desperate Housewives
fustige les ploucs tentant de passer pour des canons d'élégance, condamne un monde où l'argent permet d'acheter l'amour ou l'amitié et rappelle que la beauté est un sésame qui ne dure pas.
L'argent et la beauté sont d'ailleurs deux sources d'un pouvoir largement remis en cause dans le dernier tiers de saison s'aventurant dans les affres politiques de Fairvew. Un pouvoir corrompu
qui casse le mythe de la success story, laissant une Gabrielle plus désespérée que jamais dans sa robe de mariée. Arrachée à son conte de fée, il va bien falloir qu'elle grandisse.
Comment clôturer ce tour d'horizon de Desperate Housewives saison 3 sans évoquer le cas Bree Van de Kamp devenue, dès le second épisode, Bree Hodge ? Pilier phare de la série qu'elle a
toujours tiré vers le haut par sa simple présence, elle est au centre du grand suspens annuel impliquant son nouveau mari ainsi que Mike Delfino. Une manière impeccable de faciliter les
interactions entre les personnages et de renforcer l'intensité dramatique puisque, contrairement à l'intrigue des Applewhite, tout le monde est directement concerné par les faits. On pourra
évidemment tiquer sur la remarquable coïncidence qui veut que Orson et Mike se retrouvent liés par un passé commun et débarquent tous deux à Wisteria Lane, tout comme on pourra s'agacer de la
facilité scénaristique qui veut que beaucoup de monde ait côtoyé la mystérieuse Monique. Heureusement, tout cela est vite éclipsé par des séquences d'une remarquable perversité impliquant la
mère d'Orson et son ex-femme, incarnation virulente d'une Amérique conservatrice totalement monstrueuse. De quoi tempérer les critiques adressées à Marc Cherry, souvent accusé de véhiculer ses
idées républicaines à travers sa création.
Si les deux premiers tiers de la saison parviennent à se hisser sans peine au niveau d'excellence de la saison 1 en retrouvant le parfait équilibre entre l'humour, l'émotion et le suspens,
c'était sans compter sur un évènement de taille dans les coulisses du tournage qui allait sensiblement influer sur les derniers épisodes : la grossesse de Marcia Cross. Attendant un nouvel
enfant, la comédienne s'est mise à enfler aux alentours de l'épisode 10, contraignant les réalisateurs à user de subterfuges grossiers pour dissimuler son ventre énorme (on ne compte plus les
plans où Bree apparaît derrière une télé ou un ustensile de cuisine) avant d'employer d'affreuses doublures cadrées de dos. Congé maternité oblige, Marcia Cross finit par disparaître de la
série dès l'épisode 16 et ne reviendra que pour le grand final, entraînant une sensible baisse d'intérêt du spectateur baladé entre des intrigues plus ou moins sympathiques mais auxquelles il
manque ce petit supplément de folie psychorigide et de suspens (ce n'est pas la mini intrigue McCluskey qui y changera quoi ce soit) qui fait toute la différence.
En dépit de toute la bonne volonté des auteurs (dont un amusant épisode centré sur les hommes et narré par la voix off du défunt Rex Van de Kamp) Desperate Housewives sans Bree, ce
n'est plus tout à fait Desperate Housewives et il est regrettable que cette absence prolongée soit venue freiner une saison qui avait tout pour s'imposer comme la meilleure du show. Il
faudra donc se contenter d'apprécier cette troisième fournée d'épisodes comme un savoureux retour aux sources permettant de boucler un cycle (Mike et Susan enfin ensemble, le suicide d'Eddie en
écho à celui de Mary-Alice) tout en ouvrant des portes sur une suite qui, on l'espère, confirmera le regain de qualité amorcé ici.
Pour plus d’informations :
Il est vrai que cette saison avait très bien commencé, jusqu'à la grossesse de Marcia Cross. Le fait que les plans soient faits de manière à dissimuler sa grossesse ne m'a pas tellement dérangé mais le fait d'utiliser d'autres actrices uniquement vues de dos était trop flagrant. Dommage.
Desperate Housewives sans Bree n'est pas Desperate Housewives