Fiche technique :
Avec Sandrine Bonnaire, Marc Fourastier, Paul Blain, Evelyne Bouix, Tanya Lopert, Armand Delcampe, Xavier Beauvois et Pascal Bonitzer. Réalisé par Michel Béna. Scénario : Isabelle Coudrier-Kleist, Cécile Vargaftif et Michel Béna. Directeur de la photographie : Jean-Marc Fabre. Compositeur : Jorge Arriagada.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.
Résumé :
Marc et Suzanne ont quitté ensemble le sud de la France et habitent en amis le même appartement à Paris. Un jour, à la piscine, Suzanne s'évanouit dans l'eau et va se noyer quand Marc et un inconnu la sauvent. Le trio, devenu inséparable, continue de jouer le jeu d'une amitié sans nuage, qui n'est qu'une illusion.
L'avis de Jean Yves :
Un chassé-croisé entre trois jeunes gens, sur le thème du désir.
Marc et Suzanne partagent à Paris le même appartement. Une pudique amitié les lie, jusqu'au jour où ils rencontrent à la piscine qu'ils fréquentent assidûment, Lucien, un garçon plutôt renfermé qui sauve Suzanne de la noyade. Marc, homosexuel, est immédiatement séduit par le jeune homme qui, lui, n'a d'yeux que pour Suzanne. Une amitié douloureuse va unir les trois personnages...
Un imbroglio sentimental à la tonalité plutôt sombre qui mêle trois êtres jeunes, deux garçons et une fille, entre lesquels circule, volatile, récurrent, panique, le désir.
Dans Le Ciel de Paris de Michel Bena (un ancien assistant de Téchiné), on a souvent l'impression que l'essentiel s'est passé hors champ. Cette histoire d'amour à trois, pas vraiment triangulaire, vaut par la présence d'une Sandrine Bonnaire (Suzanne) excellente, honnêtement secondée par Marc Fourastier (Marc) et Paul Blain (Lucien).
Suzanne s'y montre à fleur de peau. Lucien est un peu gauche et coincé et voudrait tant que Suzanne soit à lui, d'emblée. Marc, est le plus habité de ce trio fatal, en dépit (ou à cause) de son âpreté. Une rencontre à la piscine, un amour-passion indicible et précaire, sans répondant, pour Lucien qui, lui, en pince pour Suzanne, l'amie-complice de Marc.
Marc est un personnage très entier. Il drague Lucien à la piscine, et on a l'impression parfois que c'est Lucien qui le dévore du regard. Lucien est sans doute simplement troublé. Pour lui, Suzanne et Marc sont des inconnus, c'est le garçon qui l'accoste, mais il imagine que cette femme et cet homme forment un couple. À un moment, Lucien dira à Marc : « Je ne peux pas te donner ce que tu demandes. »
La force du sentiment conduit au désir. Les sentiments sont asexués. C'est très bien montré dans le sens Suzanne-Marc. Mais entre Lucien et Marc, l'échec est patent. Suzanne navigue de l'un à l'autre. Lucien n'a catégoriquement rien à dire à Marc.
Marc apparaît comme une victime et en même temps, il est difficile de le trouver totalement sympathique. Marc vit avec Suzanne sans la voir. Il exige tout, immédiatement, de Lucien. Quand il se rend à l'évidence que cela ne marche pas, il dit à Suzanne : « Laisse-le tomber. Suis-moi ! »
Par déception Marc va « se lever » un type sur les quais. Le mec qu'il rencontre a tout pour séduire, mais Marc, au retour, ne se sent pas plus heureux. Il ne recherchait donc pas simplement un corps...
Dans Le Ciel de Paris est un film assez « janséniste » : le dialogue est très stylisé, il n'y a pas de musique. Comme si le réalisateur avait voulu aller droit au but, éviter tout élément inutile à l'intrigue. À la manière d'une tragédie classique, où les actes quotidiens, quand ils ne sont pas éludés, doivent produire du sens.
Entre Suzanne et Marc, le compagnonnage reste périlleux, traversé de rancœur et de jalousie. À la dernière image du film, la piscine est vide, et l'eau transparente...
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