Fiche technique :
Avec Thomas Ian Griffith, Daphné Ashbrook, William R. Moses, Andrew Robinson, Thion Mathews, Michael Ensign et Matthieu Carrière. Réalisation : John Nicolella. Scénario : Dennis Turner, d’après l’ouvrage de Phyllis Gates. Images : Newton Thomas Sigel. Musique : Paul Chihara. Son : Tom Hartig. Montage : Peter Parasheles.
Durée : 100 mn. Disponible en VO et VF.
Résumé :
Première biographie de Rock Hudson (1925-1985) (Thomas Ian Griffith) plus axée sur sa vie privée que sur sa carrière cinématographique. Elle nous montre comment sous les hospices intéressées d’un agent pygmalion (Andrew Robinson), un beau chauffeur-livreur, à force de travail et du reniement de son homosexualité devient une grande star dans le Hollywood des années 50 et, ironie du sort, la coqueluche de toutes les femmes américaines. En 1955, il épouse Phyllis Gates (Daphné Ashbrook), une employée du studio. Ce mariage arrangé lui permet d'échapper aux tabloïdes qui menacent de révéler son homosexualité. Il divorce quelques mois plus tard. Le film montre l’envers du décor de la gloire. Le constant déchirement que Rock Hudson vivait entre l’envie de vivre au grand jour son homosexualité et la contrainte que lui imposait Hollywood. Après une carrière bien remplie au prix d’une vie privée en contrebande, lorsqu’il est atteint du sida son homosexualité est révélée au grand jour.
L’avis de Bernard Alapetite (Eklipse) :
Le film est basé sur le livre de Phyllis Gates, son épouse, et sur les minutes du procès post-mortem que lui a intenté son ancien amant, Marc Anthony (William R. Moses).
Il est tourné par John Nicolella, décédé en 1998, surtout connu pour ses réalisations à la télévision, en particulier de nombreux épisodes de la série Miami vice. Il redonnera la vedette à Thomas Ian Griffith dans son denier opus, une héroïc fantasy, Conqueror (1997). Plus que par sa réalisation sans aspérité, le film vaut par son interprétation. Les acteurs, tous des vieux bons routiers de la télévision, dont certains interprètent des célébrités de Hollywood comme Doris Day, Raoul Walsh ou Robert Stark sont bien choisis. Le film, à ce propos, nous amène à une première interrogation : comment expliquer qu’un acteur aussi convaincant ici que Thomas Ian Griffith, certes aidé par une incontestable ressemblance avec son modèle, soit cantonné dans des série B d’action ? Question d’époque ?
Andrew Robinson, qui joue l’agent mentor, figure également dans une autre biopic d’une personnalité gay, Liberace, dans lequel il interprète le rôle titre. Une curiosité dans la distribution, pour nous Français, la présence fugitive en médecin de Matthieu Carrère qui jadis en a émoustillé plus d’un.
Un autre film a été tourné sur la vie de Rock Hudson : Rock Hudson Home Movies (1992) de Martin Rappaport. Lui aussi met en évidence l’homosexualité de l’acteur mais pour tirer le film vers la comédie caustique.
Plus intéressant que le film lui-même sont les réflexions qu’il engendre. Un jeune spectateur d’aujourd’hui, qui la plupart du temps ignorera tout de Rock Hudson, jusqu’à son nom et totalement le contexte de l’époque, portera sans doute un jugement sévère sur l’homme. Il ne verra en lui qu’un opportuniste, qui obéissant aveuglément à son agent, est parvenu, à force de travail et du reniement de son homosexualité, avec comme tout bagage son physique avantageux, à se hisser au sommet de la hiérarchie hollywoodienne et devenir, ironie du sort, la star préférée des femmes. Alors que je serais plus enclin à voir dans le parcours de l’acteur un chemin de souffrance d’un homme qui a toujours choisi sa passion du cinéma au détriment de son moi profond, au prix d’un déchirement de chaque instant. En dépit de tout, il faut être admiratif pour un homme, qui au début peu doué, a appris son métier à force de volonté et de travail pour devenir un grand professionnel. Il a su non seulement amuser dans les nombreuses comédies auxquelles il a participé mais aussi émouvoir dans de grands films comme Écrit sur le vent de Douglas Sirk.
Il ne faudrait pas croire que de telles vies relèvent du passé. Comptons les premiers rôles, et même les deuxièmes, du cinéma américain qui vivent ouvertement leur homosexualité (par charité, ne parlons pas du cinéma français). Nous arrivons à... zéro. Qui peut croire qu’aujourd’hui parmi les grands noms du box-office il n’y ait pas d’homosexuels !
Le film est édité chez Optimale avec comme seul bonus la bande annonce du film et sans même une filmographie de Rock Hudson. Plus grave, on a juste le choix entre la version américaine non sous-titrée et la version française, plutôt passable.
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