Il y a bien quelque chose de magique dans la naissance d’un enfant. L’émerveillement des parents et des grands-parents devant une vie qui
prolonge la leur, la famille dispersée qui se rassemble autour du berceau ; il ne manque, pour ainsi dire, que les fées. Entre deux considérations sur mon changement d’état – je suis
passé du statut de fils éternel célibataire à celui de futur vieil oncle excentrique – je n’ai pu m’empêcher de songer que ce bonheur n’était pas le mien, et ne le serait probablement jamais,
quand bien même l’on m’y associait étroitement. Soudain, le tableau tout rose célébrant la venue au monde de ma nièce se colorait d’une touche de gris.
Je me souviens qu’au cours d’une conversation que j’eus avec elle il y a seulement trois ans, ma mère me dit : « Tu aimes les
enfants, songe au bonheur dont tu te prives ». J’y songe, en effet, plus que de raison, plus qu’il ne faudrait. Je croyais que mon frère m’ôterait un poids considérable des épaules, mais
il n’en est rien. Je ne devrais pas penser comme ça. Je sais que je ne ferais pas un père exemplaire. Le rôle du tonton qu’on voit de temps en temps et uniquement dans les bons moments me va
beaucoup mieux. Alors pourquoi m’arrive-t-il de rêver dans mon sommeil que je suis papa ?
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit de rêves prémonitoires, la figure de la mère étant singulièrement absente de ces délires oniriques.
Peut-être s’agit-il d’un désir latent qui remue mon inconscient de temps à autre. Être père est une responsabilité que je ne suis pas prêt à assumer. J’ai une vie compliquée, déréglée,
indisciplinée, et toutes choses que je ne peux imposer à un enfant. Et ce n’est pas la peine de me dire que cela donnerait un but à ma vie, ou encore que je me sentirais moins seul. Un enfant
n’est pas un jouet à la mode qu’on peut désirer au gré de ses envies.
Mais quand ce désir d’être parent est mûrement réfléchi, et que l’on est prêt à prendre l’engagement d’élever un enfant et d’assumer toutes
les responsabilités qui en découlent, je pense que chacun devrait avoir le droit de le faire, sans être obligé par un cadre législatif désuet à recourir à des subterfuges et des combinaisons
bancales.
Il y a beaucoup d’enfants malheureux de par le monde, ou à deux pas de chez nous. Il y a de petits êtres qui demandent à être aimés,
choyés, protégés et guidés sur le chemin de la vie. D’un autre côté, il y a des couples qui ont de l’amour à donner. Vouloir agrandir leur famille de sang ou être confrontés à la
stérilité ? Les couples hétérosexuels candidats à l’adoption sont pareils que les couples homosexuels : ils ont quelque chose à offrir ou/et un manque à combler. Pourquoi établir
une différence ? Lorsque l’amour est là, le droit à l’adoption devrait être le même pour tous.
Pour lire le précedent épisode de Zanzi and the City, cliquez ici.
Je vous embrasse tous, frères de coeur (et de combat - ???-). Merci aussi de ne pas être sectaires et myssogines même dans "notre milieu".
Véro87