Fiche technique :
Avec Yves Afonso, Zabou Breitman, Bernard Farcy, Anna Galiena, Valérie Steffen, Christine Pascal, Odile Schmidt, Gilles Gaston-Dreyfus, Philippe Bruneau, Jacky Pratoussy et Agnès Gattegno. Réalisation : Yves Boisset. Scénario : Yves Boisset, Robert Geoffrion, Al James et Alain Scoff, d’après l’œuvre d’Alain Roger. Directeur de la photographie : Louis de Ernsted. Compositeur : François Dompierre.
Durée : 107 mn. Disponible en VF.
Résumé :
Nicole Armingault fait croire à ses trois amants qu'elle est enceinte. Après que ceux-ci lui aient donné l'argent nécessaire pour se faire avorter, elle dévalise son avocat puis devient travestie à Paris.
L’avis de Jean Yves :
À quelles extrémités peut se laisser porter une femme lorsque s'empare d'elle la haine de tout ce qui ressemble à un homme, j'entends à un être humain de sexe masculin ?
Cette femme peut, par exemple, décider d'emprunter l'apparence ordinaire de l'ennemi, de se travestir pour tromper son monde, pour changer de peau, donc (?) de comportement, pour se venger de ceux qui l'ont tant fait souffrir, pour fuir l'image dégradée d'elle-même, pour « tuer » cette image en entrant peu à peu dans le monde de la folie.
C'est ce que nous montre Yves Boisset dans ce film adapté d'un roman du même titre d'Alain Roger.
Même s'il faut, parfois déchanter au cours de La Travestie, j'admets qu'Yves Boisset a traité un sujet fort, porteur de violence dramatique, et qui permet de fermer un peu les yeux, si j'ose dire, sur quelques carences de mise en scène. Telle celle-ci : selon la façon de cadrer Zabou (Nicole Armingault) lorsqu'elle est travestie en homme, l'illusion (donc la magie, donc le trouble) est totalement créée par des plans moyens où on la voit de demi-profil ou bien carrément ratée par des gros plans au comptoir de l'hôtel où l'on ne peut y croire une seconde, Zabou courant en sortant d'un bar.
Ce film reste toutefois attachant : par le thème, bien sûr, avec cette femme déçue par les hommes, en amour comme dans le travail, et qui, insensiblement, dès lors qu'elle monte à Paris, s'enfonce dans son complexe de persécution, son malheur venant toujours des autres.
Il y a de bonnes scènes lorsqu'elle devient le mac d'une prostituée, empruntant en même temps que la culotte tous les stéréotypes machos ! Des bons moments parfois aussi dans son expérience de l'homosexualité avec une jeune bourgeoise mariée, mère de famille et qui s'emmerde un peu dans la vie. Ou encore dans l'ultime tentative de bonheur qui échoue. Le thème donc, qui se ramène aussi à une allégorie sur le mensonge (mentir aux autres pour mieux se mentir à soi-même), et l'heureuse présence d'une Zabou qui se donne avec générosité à son personnage.
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