De temps en temps, je repense à Jon-Erik et par conséquent, à ce jour d'octobre 1984 où, en jouant par désœuvrement avec un pistolet-accessoire sur le plateau de la série de CBS Cover Up, il s'est accidentellement tiré une balle à blanc dans la tête en mettant un point final à une carrière prometteuse qui venait de commencer. Il allait avoir 27 ans. Je me rappelle qu'à l'époque, je me faisais de l'argent de poche (pas mal d'ailleurs !) en donnant des cours particuliers à deux gosses plutôt sympas d'une riche famille d'expatriés japonais près du Parc Monceau et la gamine, qui devait avoir treize-quatorze ans, avait acheté dans sa détresse le Ciné-Revue qui faisait un papier de plusieurs pages sur l'événement en racontant notamment en détail comment les yeux bleus et le cœur de Jon-Erik avaient été transplantés sur des patients en attente. Nous avions dévoré le magazine sur le temps d'étude en nous lamentant sur la cruauté des Dieux. Une fausse rumeur avait même circulé quelque temps après comme quoi le cœur de notre (anti-)héros avait été donné à un type qui avait été plus tard condamné pour assassinat et exécuté sur une chaise au Texas : un scénario digne d'un John Waters de la grande époque !
De Jon-Erik, qui tombait facilement la chemise dans tous ses rôles pour le bonheur des dames [et des messieurs (Note de Daniel C. Hall)], je n'ai pas vu grand chose (mais il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent de toutes façons) à part le très campy The making of a male model (1983), son magnus opus, le téléfilm qui l'avait lancé et où il partageait la vedette avec Joan Collins et Kevin McCarthy. Il y incarne un cowboy innocent et sexy du Nevada découvert par un agent (Collins) qui l'emmène à New York pour le mettre dans son lit et le lancer dans le mannequinat. Le genre de film qui se bonifie avec l'âge (on peut le trouver sur YouTube) et dont on dit qu'on n'en fait plus des comme ça. Enfin, un téléfilm et deux séries, ça ne fait pas vraiment une carrière. Jon-Eric Hexum n'aura donc eu qu'un destin.
Alors, que reste-t-il de Jon-Erik Hexum, vingt-six ans plus tard ? Une poignée d'extraits TV et quelques interviews de lui sur YouTube (il n'avait pas l'air con) plus deux yeux et un coeur qui doivent encore bien se balader quelque part, aux États-Unis ou ailleurs. Et il y a aussi les photos bien sûr, celles d'un beau garçon américain d'origine norvégienne qui semble y incarner dans son assurance naïve un peu de la fragile invincibilité des Eighties. Je les aime bien ces photos de Jon-Erik. J'espère que vous les aimerez aussi.
Quel beau mec !
Bien sûr que je m'en souviens ! Un Ciné-Revue de 1983, celui qui traitait de la mort de David Niven, évoquait une liaison entre ce bellâtre et Joan Collins !