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Fiche technique :

Avec Guy Marchand, Françoise Fabian, Sabrina Seyvecou, Yannick Renier, François Négret, Catherine Mouchet, Sandrine Dumas, Pierre-Loup Rajot. Réalisation : Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Scénario : Olivier Ducastel et Jacques Martineau. Image : Matthieu Poirot-Delpech. Montage : Mathilde Muyard.

Durée : 97 mn. Disponible en VF.

 

 

Résumé :

Nous sommes à la fin de l'année 1999. Une belle maison de campagne, environnée d'une forêt, sera le décor unique à l'intrigue. Depuis plus de cinquante ans Frédérick (Guy Marchand), 77 ans, plante des arbres dans cette forêt et depuis plus de cinquante ans, Frédérick vit dans le mensonge. Au retour de l'enterrement de Charles (Pierre-Loup Rajot), son fils aîné, auquel ostensiblement il n'a pas assisté, la famille se réunit dans la gentilhommière. Il y a Guillaume, le fils cadet (François Négret) et sa femme Elisabeth (Sandrine Dumas), Françoise (Catherine Mouchet), veuve du fils aîné Charles, ainsi que sa fille Delphine (Sabrina Seyvecou), accompagnée de son petit ami Rémi (Yannick Renier). Frédérick décide de leur révéler la véritable raison pour laquelle il fut déporté par les nazis alors qu'il habitait en Alsace. Il était homosexuel et a mené toutes ces années une double vie, tout en étant profondément attaché à sa femme (Françoise Fabian). Seuls sa femme et son fils aîné savaient la vérité sur son histoire.


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L'avis de Bernard Alapetite :

Je suis fidèle à Ducastel et Martineau comme on est fidèle à un vieil amant ou une vieille maitresse, d'abord par respect. Voilà deux cinéastes éminemment respectables, c'est sans doute le principal défaut de leur cinéma, comme on le dirait d'un tennisman qui ne joue jamais « petit bras ». Ils empoignent des sujets plus gros qu'eux, cherchent des angles d'attaque inédits, promènent leurs thèmes de comédies musicales en mélos, concoctent des castings toujours excitants, n'hésitant pas à mêler professionnels chevronnés et amateurs. Au final cela ne donne pas des films entièrement réussis, mis à part leur premier, Jeanne et le garçon formidable, leur coup d'essai est jusqu'à ce jour leur coup de maître, mais que l'on est toujours content d'avoir vu. Il en va de même avec L'Arbre et la forêt. Après avoir avec Nés en 68 balayé quarante ans d'histoire de France avec pour pivot la libération sexuelle, cette fois c'est la déportation des homosexuels qu'ils mettent au centre de leur film. La géniale idée est d'aborder le sujet par un biais minimaliste et très borné, la réunion de famille. L'Arbre et la forêt est un huis-clos qui se résume à la confession de Frédérick et aux réactions des différents membres de sa famille devant la révélation qu'il leur fait. La science consommée du cinéma de Ducastel et Martineau réussit à rendre fluide et cinématographique ce qui n'aurait pu être que du théâtre filmé, en fractionnant la confession de Frédérick, en la distillant tout au long du film. Si du point de vue du filmage le procédé est totalement convaincant, il l'est beaucoup moins en ce qui concerne le scénario. Il n'est en effet pas très crédible que Frédérick vide son sac par épisodes et en différents tête-à-tête avec les membres de la maisonnée…


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Je pense que je ne peux aller plus loin dans l'analyse du film sans parler de Guy Marchand qui fait là une composition mémorable tout en retenue et en subtilité. Guy Marchand est de ces acteurs dont on redécouvre périodiquement le talent, alors que cela devrait être une évidence depuis longtemps, que l'on se souvienne du salaud mirlitonesque de Coup de torchon, du veule adjoint de Garde à vue ou encore du père amorti de Dans Paris de Christophe Honoré... Peut-être pâtit-il d'être dans l'esprit d'une grande partie du public une sorte de macho égrillard au sourire en coin, alors qu'il peut être tout autre chose. Olivier Ducastel évoque le choix du comédien pour le rôle de Frédérick : « En regardant Guy Marchand dans le film de Christophe Honoré, nous nous sommes dit qu'il serait un formidable Frédérick. Et une chose amusante, c'était que pour écrire le personnage de Frédérick, nous nous sommes pas mal inspirés de Jean-Louis Trintignant, auquel nous avons aussi pensé offrir le rôle sans trop y croire non plus étant donné qu'il avait dit qu'il ne ferait plus de film. Mais en engageant Guy Marchand nous avions oublié un petit détail de sa filmographie, il avait joué dans Le Maître nageur, un film de Jean-Louis Trintignant justement. »


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C'est dans ce choix à contre-emploi que l'on mesure combien les membres du tandem sont des pros du casting, maestros du contrepied. Il faut également dans ce registre souligner la bonne idée d'employer le toujours bon Yannick Renier dans un registre lisse et solaire, alors que jusqu'à présent on ne l'a connu qu'interprétant des personnages sombres et tourmentés. Le duo ne rechigne pas parfois néanmoins à aller vers l'évidence, comme de faire incarner un personnage d'alcoolique raté à François Negret quand on sait que cet ancien espoir du cinéma français a ruiné sa carrière à grand coup de rasades de whisky. On l'avait quitté il y a 20 ans en adolescent rebelle, on le retrouve émacié par l'alcool. Certains humains sont séchés par l'alcool comme les harengs par le sel ! Le casting peut être un métier cruel... Le couple formé par Guy Marchand et Françoise Fabian est si crédible qu'on les croirait ensemble à la ville. Et puis quel plaisir de retrouver Catherine Mouchet, en vieille petite fille aussi formidable que dans Pigalle.


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Puisque j'en suis aux acteurs, force est de constater qu'ils sont tous bien distribués et que leur qualité est le grand atout du film, d'autant qu'ils réussissent à donner de l'épaisseur à des personnages qui en manquent un peu sur le papier.

Quitte, comme c'est encore le cas dans ce film français, à jouer le naturalisme, faudrait-il aller au bout de cette démarche et doter les personnages d'un métier… Une fois de plus l'argent dans cette famille semble tomber du ciel et ces gens, si l'on excepte Frédérick qui subsiste grâce à la sylviculture, s'ils ont des loisirs ne semblent pas subir de contraintes sociales. Alors que Ducastel et Martineau sont fort habiles pour inscrire leur film dans une temporalité précise (la menace de la grande tempête de 1999 plane sur le film), et suggérer les opinions politiques de Frédérick (enfin un homosexuel de droite, voilà qui est bien contraire à la doxa communautariste), on s'étonne qu'encore une fois ils ne parviennent pas à doter leurs personnages d'une surface sociale crédible. Je pense qu'il y a un petit manque de travail sur le scénario. Il eut été bon également de supprimer les trois courtes scènes dans lesquelles le fantôme du fils défunt apparaît. Elles enlèvent au film du mystère sans pour autant lui apporter un surcroît de densité.


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De densité le personnage de Marianne n'en manque pas et fait apparaître une figure neuve dans le cinéma français. Elle nous dit que l'amour peut se dissocier du sexe. On peut penser que Frédérick et elle ont une vie sexuelle ténue, mais pourtant ils nourrissent l'un pour l'autre un amour très fort. C'est Marianne qui a choisit Frédérick, puis a continué de vivre avec lui et de l'aimer en connaissant la vérité sur ses goûts sexuels. Françoise Fabian, avec son talent et son expérience, sait exprimer toute la richesse du personnage de Marianne qui culmine dans la remarquable scène dans laquelle elle se confie à sa belle-fille, interprétée par la toujours parfaite Catherine Mouchet.

Dans Drôle de Félix, puis dans Ma vraie vie à Rouen, Ducastel et Martineau avaient démontré leur talent de cinéastes paysagistes. Ils le confirment avec les belles images de forêt sur musique wagnérienne de L'Arbre et la forêt. La photographie est signée Matthieu Poirot-Delpech, qui a travaillé sur tous les films du duo Ducastel-Martineau.


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Alors que Jeanne et le garçon formidable était un modèle de légèreté sur un sujet on ne peut plus grave, la mort par le sida, cette fois encore comme dans Nés en 68, Ducastel et Martineau n'ont pas su faire taire les militants qui sommeillent, jamais profondément, en eux. Le sujet de L'Arbre et la forêt est assez fort, il pouvait se passer d'une poussée d'activisme et de didactisme qui ne fait qu'alourdir le propos.

La force de L'Arbre et la forêt est qu'il parvient à évoquer la déportation comme dans Shoah  de Claude Lanzmann sans aucune image de reconstitution, mais uniquement par le biais de la parole de Frédérick. Jacques Martineau s’'explique sur ce choix : « Le film a toujours reposé sur ce principe. Il était clair pour nous qu'il n'y aurait aucun flashback ni de reconstitution historique, nous avons toujours été dans le témoignage présent ou plutôt dans le non témoignage. En insistant sur un seul témoignage intime, nous soulignions que la déportation pour raison d'homosexualité pendant la guerre n'avait jamais été clairement évoquée. On est face à un mur de silence sur le sujet. Le film n'est pas là pour mettre le public face à ce fait historique, pas pour ouvrir une page d'Histoire mais pour se poser la question de la raison de ce silence pesant. Nous abordons cela en observant le comportement d'une famille en particulier. Il y a évidemment des facteurs historiques à ce silence mais surtout des facteurs sociaux. Cette page historique s'ouvre par l'entremise du secret familial. Nous avons en effet mis un peu plus longtemps à développer ce projet, mais ce long développement nous a permis de nous concentrer davantage sur le domaine de l'intime, du cercle familial. »


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Le projet de Ducastel et Martineau de faire un film sur la déportation homosexuelle, thème qui apparaît fugitivement à la fin de leur précédent film, était ancien. Olivier Ducastel raconte la genèse de L'Arbre et la forêt : « Il y a eu deux facteurs qui expliquent le délai qu'il a fallu pour que le film voit le jour. Le premier était le sujet même du film, un sujet délicat qui s'est imposé à nous dès que Crustacés et coquillages fut terminé. On avait eu une première mouture du scénario assez rapidement mais le projet a mis du temps à évoluer et a connu différents producteurs. Le second facteur est arrivé lorsque le film était en production, prêt à tourner. Au même moment, deux producteurs nous ont demandés de reprendre un projet au pied levé pour la chaîne Arte, une fiction en deux parties sur laquelle ils étaient en développement depuis très longtemps. La réalisatrice pressentie venait de jeter l'éponge. Ce projet, c'était Nés en 68. En se concertant avec Philippe Santos, le producteur de L'Arbre et la forêt, il nous a dit que ce n'était pas possible de décliner une telle offre de double fiction. Cela nous permettait aussi d'avoir plus de temps pour affiner le montage financier du film. »

Ducastel et Martineau se sont inspirés pour écrire leur scénario du témoignage de Pierre Seel, seul triangle rose français à avoir parlé de sa déportation en tant qu'homosexuel.

Le film a été sélectionné au Festival de Berlin 2010 et a reçu le Prix Jean Vigo en 2009. Il bénéficie d'une superbe affiche signée Pierre Le Tan.

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