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Fiche technique :
Avec Brady Corbet, Joseph Gordon-Levitt, Bill Sage, Elisabeth Shue, Michelle Trachtenberg, Chase Ellison, George Webster, Mary Lynn Rajskub, Jeffrey Licon, Lisa Long, Kelly Kruger et Billy Drago. Réalisé par Gregg Araki. Scénario de Gregg Araki, d’après le roman de Scott Heim. Directeur de la photographie : Steve Gainer. Compositeur : Robin Guthrie.
Durée : 99 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

 


Résumé :
À huit ans, Brian Lackey se réveille dans la cave de sa maison, le nez en sang, sans aucune idée de ce qui a pu lui arriver. Sa vie change complètement après cet incident : peur du noir, cauchemars, évanouissements...
Dix ans plus tard, il est certain d'avoir été enlevé par des extraterrestres et pense que seul Neil Mc Cormick pourrait avoir la clé de l'énigme. Ce dernier est un outsider à la beauté du diable, une petite frappe dont tout le monde tombe amoureux mais qui ne s'attache à personne.
Il regrette encore la relation qu'il avait établie avec son coach de baseball quand il avait huit ans. Brian tente de retrouver Neil pour dénouer le mystère qui les empêche de vivre.


L'avis de Mérovingien02 :
Gregg Araki a beau être un cinéaste doué et majeur du circuit indépendant, ses films ne parvenaient pas vraiment à se sortir de la case « gay branchos MTV sur la jeunesse qui se la joue faussement paumée ». Son esthétique soignée n'empêchait pas des débordements trashs certes plaisants mais révélant un cinéaste nihiliste au possible, bien que passionnant. Chose nouvelle : pour une fois, le scénario est tiré d'un livre et le sujet sensible marque d'emblée une orientation plus adulte et mature.
Et ça paye. Comme s'il était obligé de canaliser ses ardeurs déviantes, Araki fait preuve d'une plus grande rigueur, montre une vraie sensibilité (à ne pas confondre avec sensiblerie) et au final, livre son métrage le plus abouti et le plus mature, partant pourtant sur une base similaire à tous ses autres opus (l'adolescence perdue). Le thème délicat sera traité de la même manière : avec délicatesse, sans tomber dans le pathos ni la diabolisation à outrance. Ou comment deux gamins abusés sexuellement vont gérer de leur propre manière le trauma. On ne se place pas du côté du bourreau et encore moins du côté des ligues de vertu prêtes à bondir pour dire que la pédophilie, c'est maaaaaaaaaaaaaaaaaaal. Non, Araki choisit le regard sans complaisance des victimes, offrant deux facettes d'une même personne (la victime de pédophilie) par l'intermédiaire de Neil, adolescent extraverti et Brian, adolescent introverti. Deux individus pour renforcer l'ambiguïté des relations avec le bourreau.


Le film se déroule sur une longue période, narré par les voix-off évoquant les tourments des héros. Selon que l'on passe sur Brian ou Neil, le traitement graphique sera différent. Pour Brian, le trauma (qui ne sera explicite qu'à la fin du récit) se manifeste par des trous noirs, comme une plongée dans la quatrième dimension. Pour fuir ses démons, l'enfant à lunettes se construit un délire où des extraterrestres (réminiscence du Nowhere d'Araki et annonçant déjà son prochain métrage de SF, CrEEEEps !). À grands coups de merveilleux, de mystère OVNI et d'expériences sortis des X Files, l'enfant assimile le viol de son corps mais aussi de son âme (voir son regard vide du début à la fin) à des expériences inconnues qui laissent des cicatrices non visibles dans son nez, là où une femme porte une marque sur la hanche. L'individu qui va le souiller n'a pas de visage dans un premier temps. Il n'est qu'une forme longiligne, floue, semblable à un OVNI, vision étrange causée par une perte des lunettes qui modifie par la même occasion le regard sur le monde. Le sexe, pour l'enfant, est comme un vaisseau spatial qui survole sa maison : un monde inconnu. Un monde étrange nimbé de lumière bleutée, renvoyant aussi à la couleur associée aux garçons et dans lequel il est seul, ne parvenant même plus à assouvir ses désirs sexuels lorsqu'une fille se présente à lui.


En contrepoint, Araki pose la figure de Neil. Contrairement à l'autre, il n'est pas à première vue mal dans sa peau. Il n'est pas celui qui va se refermer sur lui-même mais plutôt celui qui va se révéler à lui-même. Précoce, le gamin va découvrir sa sexualité avec son entraîneur de baseball (le viril à tomber Bill Sage) et s'assumer. La relation qui le lie à l'entraîneur est bien entendu malsaine mais Araki évite l'aspect choc pour mieux déranger. Car Neil, à l'inverse de Brian, vit très bien cette relation. S'il va de soi que l'enfant est manipulé par un homme bien plus détraqué que l'on croit (d'amour pédophile, il se révèle être encore plus détraqué, demandant carrément à être fisté par les enfants contre de l'argent), on s'aperçoit néanmoins que l'enfant aime encore plus son bourreau.
Victime consentante, Araki ne peut s'empêcher de mettre le doigt là où ça dérange en adoptant le point de vue de l'enfant pour qui l'abus sexuel est vécu comme un jeu et une source de plaisir. La question n'est pas de savoir si l'entraîneur est amoureux de l'enfant (la réponse est des plus évidente) mais bien de voir si le gamin n'est pas lui aussi attaché à l'adulte. C'est finalement ça le plus dérangeant dans le film : le fait qu'un jeune gamin très précoce soit aussi attaché à un homme qui le manipule. Car au final, le gamin ne retient pas tant les jeux sexuels auxquels il s'est adonné avec plaisir (entraînant même d'autres enfants) que les moments de joie où les céréales pleuvent sur lui.



On pourra ensuite à loisir disserter sur le fait que cette expérience sexuelle précoce a complètement transformé Neil, faisant de lui un tapineur autodestructeur pris dans une spirale. Mais on pourra également se demander si ce n'est pas le fait que son histoire n'ait pas duré qui l'a mené à s'autodétruire, l'entraîneur ayant disparu (parti ? en prison ? le film ne le précise pas, pour mieux laisser libre cours aux interprétations). D'ailleurs, des propos même d'Araki, Mysterious Skin est une histoire d'amour. Et c'est finalement ça qui semble déranger : le fait qu'un gamin abusé puisse être heureux et amoureux avant l'âge. Polémique en vue.
Il serait d'ailleurs trop facile de dire que parce que Neil est abusé, il va forcément se mettre à tapiner. Bien entendu, le sexe et les jeux de l'enfance sont étroitement liés dans son esprit, au point de fixer des rendez-vous aux hommes dans un parc à enfants. Mais on oublierait alors qu'il y a des clients pour Neil, des clients qu'il s'est déjà tous fait deux fois dans son bled. Ces clients ont-ils aussi leur propre histoire ? Sont-ils tous tellement en manque de sexe qu'ils doivent forcément aller voir Neil ? Et Neil ne prend-il finalement pas du plaisir à s'envoyer en l'air avec tous ces hommes en dépit des risques de mort qu'on lui martèle et dont il se moque (on ignore même s'il va se prendre en main après le film) ? Il le dit lui-même : « ce qui est arrivé cet été-là fait partie de moi ».


Il ne dit pas que c'est ce qui a fait l'homme qu'il est devenu. Si cette accumulation de queues sert à brosser le tableau d'une société à la dérive, allant crescendo dans les délires sexuels et les dangers encourus (bleus, morpions, sida, viol... Araki, t'étais peut-être pas obligé de surligner le message à ce point !), elle permet surtout de représenter l'homme comme un être déviant et perdu. Que ce soit le père absent auquel l'entraîneur se substitue ou le malade du sida qui ne cherche qu'un contact humain, le mec viril qui ne cherche qu'à se faire prendre comme une salope ou au contraire le type ultra violent qui confond fantasme avec réalité. Une vraie galerie de détraqués, heureusement nuancée par le final onirique en forme de retour à l'innocence (chant de Noël à l'appui). L'homme n'est finalement pas si perdu que ça, pouvant d'ailleurs compter sur le soutien d'une fille et d'un ami gay très efféminé. Si la génération adulte n'est pas capable de transmettre quoique ce soit à ses enfants, les enfants doivent se serrer les coudes pour ne pas suivre le même chemin (la neige tombe d'ailleurs lorsque Neil est avec Wendy, campée d'ailleurs par la toujours aussi craquante Michelle Trachtenberg).


Assez proche de Larry Clark et de son Ken Park, Gregg Araki livre un film touchant avec ses thèmes de prédilection, tout en délaissant ses tics habituels. Son film est beau sans être aussi voyeuriste qu'avant (le scène de viol est tout sauf esthétique), dur sans être trashouille, pop sans être MTVisé. Et comme souvent chez Araki, le film est désespéré, les deux jeunes ne pouvant plus que disparaître du monde (la caméra s'éloignant et les faisant s'effacer dans le noir), ne saisissant la gravité de ce qui leur est arrivé que trop tard, ayant vécu une chose que le monde extérieur ne peut comprendre.


L'avis de Matoo :
Inévitablement, j’ai pensé au film L.I.E. qui avait traité avec une incroyable justesse et sobriété le thème de la pédophilie (et avec un scénario relativement proche). Avec un Gregg Araki qui ne fait jamais dans la dentelle, et que j’adore depuis Doom Generation (et Nowhere), on obtient un film à la crudité parfois embarrassante et troublante, mais qui réussit à évoquer le parcours de deux victimes de la pédophilie sans voyeurisme ni commisération.


Le film est beaucoup moins trash et fantasmagorique que les opus précédents, par contre on retrouve une manière de tourner aussi talentueuse et une superbe photographie. Il met vraiment une attention particulière (et particulièrement réussie) dans la manière de filmer les visages de ses comédiens. Les couleurs aussi sont tout à fait du registre classique de cet auteur singulier : les visages illuminés, les lumières blanches projetées, les halos bleuâtres, les couleurs acidulées, les ambiances gothiques, etc.
Dans le fond, malgré quelques petites pépites oniriques, l’histoire est simple, linéaire et concentrée. On suit les destinées de deux gamins sur une dizaine d’années. Tout commence un été de 1981, ils ont alors 8 ans. Brian reprend conscience dans sa cave, il saigne du nez, cinq heures ont été complètement annihilées de sa mémoire. Neil dans le même temps, un gamin élevé par une mère célibataire libérée, découvre le base-ball avec un entraîneur pour qui il ressent un certain désir. Ce coach se révèle être pédophile et abuse régulièrement de l’enfant. Brian et Neil font partie de la même équipe de base-ball.


Le film déroule alors les quelques années d’apprentissage pour ces deux garçons qui ont des vies diamétralement opposées. Dix ans après cet été de 81, Neil est un mec paumé qui se prostitue avec tout ce qui bouge, tandis que Brian reste obnubilé par ses amnésies et finit par croire qu’il a été victime d’un enlèvement par des extraterrestres. Néanmoins, il a la vision rémanente d’un enfant dans ses souvenirs, qu’il reconnaît comme étant un des enfants avec qui il jouait au base-ball. Il s’agit de Neil qu’il tente alors de retrouver, car il pense que ce dernier a du aussi subir ce kidnapping.
Brian va peu à peu recouvrer la mémoire, grâce à Neil qu’il arrive enfin à retrouver. Ce qui est révélé à Brian est un secret de Polichinelle pour le spectateur, qui comprend dès les premières images que l’enfant a aussi été abusé par le coach. Araki met donc en scène deux manières radicalement différentes de survivre à des abus pédophiles à travers ces deux victimes, dont les personnalités et les types de réactions varient du tout au tout.
Le scénario prend toute sa valeur et son ampleur, car ce n’est pas seulement l’image évidente de l’enfant victime et « en souffrance ». Il s’agit de Neil qui a été abusé dans ses sentiments « amoureux » et son affection envers cet homme, et qui s’est retrouvé à avoir des rapports sexuels presque « consentants ». Brian, lui, a été complètement floué par des stratagèmes qui ont mis en scène Neil (le « rabatteur »), et a subi un choc tellement traumatique lors de ces attouchements, qu’il a tout refoulé et a « oublié » ce qui s’était passé.
 

Pour les deux, le pédophile a été une bombe dans leur développement. Neil est devenu un être presque incapable d’émotion, qui trouve dans la prostitution un moyen d’assumer sa sexualité et les névroses générées par une pareille expérience. Il dit même avec certitude que le coach est la seule personne qui l’a vraiment aimé de toute sa vie. Brian apparaît comme asexué et perturbé, et encore plus touché qu’il ignore les raisons tangibles de son déséquilibre et de ses failles.
Araki filme les visages des enfants avec cette habilité qu’il a pour rendre les beautés encore plus transcendantes. J’imagine que cela pourrait même un peu faire polémiquer, car Neil môme (sur l’affiche) est d’une beauté troublante et qui crée un drôle de malaise. Le réalisateur se montre parfois très cru dans sa manière de dire les choses et d’en suggérer, mais son efficacité est redoutable. Et surtout, il arrive à rendre les émotions et les sentiments de ses personnages avec beaucoup de réalisme et d’authenticité. J’ai trouvé que les comédiens enfants et ados étaient vraiment excellents, et ils font évidemment beaucoup dans la subtilité du jeu.
C’était un pari fou que de choisir de traiter un sujet pareil et le résultat est un petit chef d’œuvre d’Araki. Cela ne m’étonne qu’à peine !
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