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Fiche technique :

Avec Grégoire Colin, Michel Subor, Denis Lavant, Nicolas Duvauchelle, Dan Herzberg et Gianfranco Poddighe.
Réalisation : Claire Denis. Scénario : Claire Denis et Jean-Pol Fargeau. Images : Agnès Godard. Montage : Nelly Quettier. Son : Jean-Paul Mugel. Musique : Eran Tzur.
Durée : 90 mn. Disponible en VF.



Résumé :

Djibouti, an 2000, l’adjudant-chef Galoup mène ses légionnaires avec enthousiasme sous l’œil bienveillant du capitaine Forrestier. Débarque une nouvelle recrue, le jeune et mystérieux Sentain... Cette aventure, au sens premier du terme, s’inscrit dans le récit au passé par l’intermédiaire du journal intime de Galoup, exilé à Marseille, exclu de la Légion à cause d’une faute de commandement, une désobéissance qui a consisté à mettre en danger le soldat Gilles Sentain. Le film raconte cette histoire.
L’Eden perdu prend le visage de la légion, mais c’est aussi celui de la jeunesse et de la beauté forcément égoïste, aveugle et tentatrice. La beauté comme la jeunesse sont des utopies, des lieux qui n’existent que dans un autre temps, une autre configuration. Elles ne prennent corps que parce qu’elles sont à jamais inatteignables et que leur perte est une souffrance inextinguible. Elles manquent et sont recomposées sans fin par le travail masochiste de la mémoire. Ces carnets sont lus en voix off par le sous-officier qui se projette ainsi en quelque sorte le film de sa déchéance. Cette voix est presque la seule que l’on entend, tant sont rares les dialogues.


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L’avis de Voisin Blogueur :

Un beau travail, l'armée ? L'idée pourra paraitre farfelue pour certains mais c'est pourtant bien la pensée de Galoup (Denis Lavant), un homme solitaire et accessoirement le personnage principal du film. Beau travail constitue le récit de ses mémoires, lui qui était un adjudant fasciné par son chef. On comprend au son de sa voix mélancolique que quelque chose est arrivé. Comment Galoup en est-il arrivé à être hors jeu, loin de sa troupe du Golfe de Djibouti ?

Claire Denis nous donnerait presque envie de nous engager dans l'armée : son film est tout simplement d'une beauté à couper le souffle. C'est un film qui transpire le désir. Le désir de servir son pays, le désir de reconnaissance, de respect, le désir vers le sexe opposé, le désir de confrontation. Et bien sur le désir de filmer de la réalisatrice qui se sent et émerveille. Au milieu du Golfe, les corps masculins suent et travaillent, se préparent à d'éventuels conflits. Comme l'eau du Golfe, ils sont toujours en mouvements. La réalisatrice nous propose de nous perdre, de voguer dans les mémoires de Galoup, faites de bons souvenirs et de regrets, de peurs. Parfois on s'y perd, parfois on sent la lenteur. Mais jamais la beauté ne quitte l'écran. À un tel point que l'on croit bien être devant une œuvre d'art à part entière.

Les plans se succèdent, de plus en plus beaux, les corps passent, bougent, magnifiquement chorégraphiés. C'est comme un ballet plein de poésie. Le quotidien des membres de la légion étrangère transcendé par la caméra d'une cinéaste inspirée. Une façon libre et audacieuse d'évoquer un sujet pas forcément facile, de faire du cinéma. Rapidement, Beau travail dépasse son étiquette initiale de « film sur la guerre » pour devenir plus globalement une histoire d'hommes et particulièrement le portrait et le destin d'un homme. Désir, rivalité, amitié, pouvoir, secrets : des émotions et des relations basées sur des nuances et mises en avant par des acteurs qui livrent des prestations on ne peut plus éblouissantes. Embarquer dans ce film de Claire Denis, c'est s'attendre à quelques escales un peu longues mais qui permettent au final de vivre une expérience cinématographique singulière. Un beau travail.


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L’avis de
Bernard Alapetite :
Beau travail demande au spectateur un petit effort pour s’immerger dans ce film presque muet aux somptueuses et hypnotiques images, mais il sera récompensé de sa peine. Le scénario est la transposition très libre par Claire Denis et Jean-Pol Fargeau du Billy Bud (Gallimard) de Melville, de nos jours, dans le milieu de la Légion Étrangère à Djibouti. C’est un retour aux sources pour claire Denis avec ce film situé sur le sol africain, territoire de son premier long métrage : Chocolat en 1988. La référence au roman est renforcée par l’utilisation, comme musique du film, d’extraits de Billy Bud, l’opéra de Britten (livret de E. M. Forster). On reconnaît sans peine les homologues des personnage du roman de Melville. Le capitaine Vere devient Bruno Forrestier (Michel Subor), paternel mais inflexible. Claggart se transforme en Galoup (Denis Lavant), persuadé que dans chacun est tapi le mal, jaloux et amoureux (?) de Billy Bud, ici le soldat Gilles Sentain. Claire Denis n’est pas avare de références. Comme le clin d’œil cinématographique qui ressuscite le personnage disparu du  Petit soldat en donnant à Michel Subor le même patronyme qu’il avait dans le film de Jean-Luc Godard. Ainsi, le rôle est lesté de toute la mémoire de la guerre d’Algérie. Le petit soldat godardien a pris du galon, il est devenu commandant. Le sous texte se fait parfois un peu pesant, par exemple le nom du soldat : Sentain... Dans ce miroir sans tain (Lacan à nous !!), Galoup projette ses fantasmes et frustrations jusqu’à la folie. L’interprétation de Grégoire Colin est parfaite, comme toujours. Mais contrairement à la description du personnage qu’en fait Melville, il a plus de sensualité que d’angélisme, ce qui modifie le regard que l’on porte sur les personnages par rapport à ceux du roman. On peut penser que Galoup a été jadis, un peu comme Sentain l’est aujourd’hui, le favori de Forrestier et que sa haine pour le garçon vient qu’il ne veut pas partager « son » capitaine avec lui ; mais aussi que le garçon est le révélateur de son vieillissement, qui aura comme corollaire inexorable son exclusion de sa seule famille : la Légion.

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Toute la distribution est remarquable et l’on a la joie de revoir deux grands acteurs : Denis Lavant et surtout Michel Subor, bien trop rare sur les écrans (il est le méchant homo dans Le Rebelle de Gérard Blain). Mais je voudrais revenir plus particulièrement sur Grégoire Colin.

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Grégoire Colin est doublement un cas rare dans le cinéma. En effet bien peu d’acteurs ayant commencé leur carrière préadolescent sont toujours devant les caméras dix ans après. Il est encore plus rare qu’un acteur soit érotisé dès son premier rôle important (il était déjà apparu dans Le Silence d’ailleurs de Mouyal, l’année précédente) et cela préadolescent, en 1991, dans L’Année de l’éveil. Dans lequel, à 14 ans, il aguichait son moniteur de sport et se faisait déniaiser par la femme de celui-ci. La même année, on le retrouvait avec plaisir dans Olivier, Olivier d’Agnieszka Holland, en ancien prostitué qui se faisait passer auprès d’une famille pour leur fils, disparu des années auparavant. Puis ce sera entre autres La Reine Margot, Pas très catholique, Le Fils de Gascogne dans lesquels son potentiel érotique était mis sous le boisseau. En 1995, Grégoire Colin affolait déjà un militaire dans Fiesta de Boutron, en la personne de Jean-Louis Trintignant qui chargeait beaucoup son rôle de vieille ganache franquiste et pédéraste. Il était toujours aussi sensuel en frère, presque incestueux, dans Nénette et Boni ou dans La Vie rêvée des anges et bien sûr dans le Sade de Benoît Jacquot. Depuis sur les écrans, il a joué dans des films moins exposés comme en 2002 l’intéressant La Guerre à Paris de Yolande Zauberman.

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Beau travail étant une sorte de ballet cinématographique, Claire Denis a mis à contribution le chorégraphe Bernard Montet qui a composé son « peloton » d’une hétérogénéité comparable à celle de la Légion. Il y a des acteurs, des danseurs, un chanteur d’opéra adepte des arts martiaux, et des hommes qui n’avaient jamais eu de contact avec le cinéma ou le monde du spectacle auparavant. Leurs origines ethniques sont elles aussi des plus diverses. Il y a des arabes, des français, des africains, un grec, deux italiens, un russe, un asiatique... Cette quinzaine d’acteurs constitue en quelque sorte la troupe du film.
La réalisatrice a construit tout son film sur un matériau que la plupart des cinéastes jugeraient trop ténu : gestes fugitifs, petits moments arrachés au temps, échappant presque entièrement à l’intrigue.

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La première grande idée du film est d’avoir trouvé un équivalent parfaitement melvillien à l’océan dans les paysages désertiques de sable, de rocs et de sel de la Corne de l’Afrique, magnifiquement photographiés par Agnès Godard, déjà responsable de la photographie de J’ai pas sommeil et sans doute le plus grand chef opérateur du cinéma français d’aujourd’hui. Elle a reçu le César 2001 de la meilleure photo pour le film. La minéralité tranchante de ces paysages forme un contraste saisissant avec les corps à demi nus des hommes offerts dans toute leur sensualité. Jamais au cinéma, depuis Leni Riefenstahl et Murnau, le culte du corps masculin n’avait été porté aussi haut. L’homosexualité latente est omniprésente ; en cela Beau travail est fidèle à l’esprit de Melville dont elle irrigue toute l’œuvre.

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La seconde est d’avoir fait du film un ballet en demandant à un chorégraphe, Bernardo Montet, d’en quelque sorte co-diriger le long métrage. La caméra caresse les légionnaires lors de « danses » où l’expression corporelle remplace les dialogues. Le désir ne s’exprime que par demi mots et que par des regards volés à une hiérarchie militaire implacable, ce qui donne une espèce de ciné-poème sorti d’un carton à dessins ou d’un carnet de croquis, où les mots, les rythmes et les corps concourent à une sorte d’harmonie érotique. Beau Travail est avant tout une promenade sensuelle sur les corps de ces hommes éperdus d’ennui dans une lumière omniprésente et changeante. L'entraînement militaire se transforme en danse contemporaine, illustrant le désir homosexuel. On peut regretter que, contrairement à Tabou d’Oshima avec lequel Beau travail partage bon nombre de thèmes et de partis pris esthétiques, le film reste du côté de la contemplation, du désir, du non-dit, du non résolu. Contrairement  au film japonais qui aborde l'homosexualité frontalement en la considérant de manière à la fois franche, ironique et tragique, Beau Travail ne franchit jamais le seuil de l'explicite et de l'avoué. Le film est aussi consumé par l’espace dans une sorte d’extase sereine : chaque corps, animé ou non, chaque image de ciel, chaque centimètre carré de terre brûlée par le soleil y prend une étonnante densité. Claire Denis sait ce qu'il y a montrer (ou pas). C’est finement ciselé, poli par la précision des cadrages, des mises en scène. Dans l’enchevêtrement des monologues si brefs, on pense souvent à des aphorismes, à des haïkus tragiques. Il y a même des passages mystiques avec un zeste de kitsch géographique...
Le film adopte le point de vue même de la Légion, qui se vit comme une sorte de cocon. Hommes, veufs de la guerre, qui évoluent en marge du monde colonial qu’ils côtoient quotidiennement, mais qui ont perdu leur utilité et leur identité. Tout conduit au complet abandon physique qui conclut Beau travail.

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Le film est à l’origine une commande d’Arte, initiée par Pierre Chevalier alors responsable des fictions de la chaîne. Claire Denis n’a reçu aucune aide de la Légion, bien au contraire. Notamment parce que dès l’arrivée de l’équipe à Djibouti, une rumeur a couru comme quoi le film serait un porno pédé ! Dans la Légion, la terreur paranoïaque de l’homosexualité est très présente et d’une grande violence. La plus grande injure du légionnaire est « schmoul », c’est-à-dire « pédé » !
France Télévision a édité le DVD, avec en bonus le commentaire de Claire Denis, Denis Lavant et Bernard Montet.
Pour plus d’informations :

 

 

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