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CITY : cliquer
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(Dédié à BBJane Hudson et à toutes les amoureuses
de la littérature et des films fantastiques.)
Les vieilles légendes indiennes que la tradition orale transmet de génération en génération par la
bouche des sorciers prétendent que, les soirs de pleine lune, les élus du monde parallèle où les ténèbres et la lumière se livrent un combat sans merci, se transforment en une créature
effrayante, mi-homme, mi-loup, que les chamanes ont baptisée du nom de loup-garou. À tort ou a raison ont-ils, depuis l’aube des temps, attribué à cet hominien empreint d’une féroce animalité
le charme envoûtant d’un Casanova doté d’un puissant magnétisme sexuel. Peut-être est-ce à cause de cette soudaine pilosité dont se couvre son corps glabre d’éphèbe, le faisant passer de la
beauté androgyne d’un Adonis olympien à la virilité colossale d’Héraclès.
Zanzi a vécu cette saisissante métamorphose qui transforme l’homme en bête, lorsque la dernière lune
était pleine et éclairait le ciel nocturne et tourmenté de Monkeytown [en juillet dernier, NDLR], noire de monde ainsi qu’en un soir de fête, comme il sied à
une ville qui héberge les championnats du monde d’athlétisme junior et attire en son sein une quantité impressionnante de jeunes apollons débordant d’une vitalité jouvencelle qui réveille et
excite les hormones de la luxure. Plus que la lune, ces enivrantes odeurs charnelles diffusant dans l’atmosphère chaude et moite leur subtil et audacieux parfum de lubricité,
provoquèrent-elles en lui cette transmutation qui tira de sa profonde léthargie le fauve qui sommeillait au tréfonds de son être.
L’altération de ses traits humains se produisit avec une rapidité qui fit tressauter son entourage,
encore plus alarmé par le vigoureux hurlement rauque qui s’échappa de sa gorge alors qu’il déchirait sa chemise en soie de Chine incrustée de pierres précieuses, dévoilant son torse qui se
couvrait d’une toison d’argonaute à la vitesse d’un cheval au galop. Les bûcherons les plus costauds reculèrent d’effroi, tétanisés par la vision du lycanthrope, mi-dieu mi-démon, tandis que
les princesses de la nuit, vêtues avec autant de décence que Britney Spears et Lindsay Lohan lorsqu’elles offrent au regard concupiscent des chasseurs de scoop le spectacle affriolant de
leurs bacchanales californiennes, se mirent à frétiller de la croupe à peine recouverte par quelques centimètres de tissu aux couleurs chatoyantes.
Lorsque la mutation de Zanzi en loup-garou fut achevée, une horde de pécheresses qui avaient
probablement perdu leur innocence au sortir de l’enfance s’abattit sur lui, arrachant avidement des morceaux de ses vêtements comme autant de reliques païennes qu’elles vénèreront dans le
souvenir de cette noria crépusculaire et magique. Sous les auspices sélénites de Goro, le doum-doum ne faisait que commencer, et sa clameur se propagea de rues en rues, de trottoirs en
trottoirs, attirant une foule interlope de plus en plus dense et compacte, et prête à se livrer à tous les excès de l’intempérance.
À la veille de leur mariage, des demoiselles nubiles perdirent le contrôle de leurs sens et leur
inconduite fit scandale. Chacune voulait toucher Zanzi et en particulier ses tétons velus auxquels elles attribuaient des vertus surnaturelles. Une boîte de nuit, dont le nom n’est composé
que d’une consonne entre le U et le W, fut le théâtre halluciné de cette extraordinaire débauche à laquelle se livrèrent tous les noctambules présents. Un barman en rata tous ses cocktails,
et l’accident créateur provoqué par un improbable mélange de liqueurs produisit un philtre aphrodisiaque qui décupla l’excitation de la foule en transe. Une serveuse en mouilla la culotte
qu’elle ne portait pas, inondant le carrelage que les videurs se mirent à lécher ; tels sont les risques de leur métier. Le chaperon d’une fiancée devint rouge de confusion et retrouva
ses vingt ans, et cette curiosité provoqua un nouvel attroupement, bientôt dissipé par le déclenchement d’un feu d’artifices sur le dance floor.
La soirée atteignit son paroxysme lorsque Zanzi devint une bombe pyrotechnique, projetant autour de lui
des feux multicolores jaillissant de son corps. L’émerveillement fut complet, jamais on ne vit à Monkeytown un divertissement aussi fabuleux. Ce fut une étourdissante féerie de couleurs, et
les yeux écarquillés, les bambocheurs ne pouvaient en croire leurs mirettes. Un immense orgasme retentit et ce fut le bouquet final, un cri de plaisir qui retentit dans la nuit et se perdit
dans le lointain, emporté par l’écho de la rivière jusqu’au rivage côtier où il vint mourir peu avant l’aurore. Les couche-tard regagnèrent leur lit, fantômes hagards, silhouettes titubantes,
mais heureux rescapés de la fête décadente qui marquera leur vie à tout jamais. Dès potron-minet, Zanzi vit disparaître son pelage fauve, retrouvant la conscience de son être et son visage
angélique, et prêt à vivre une nouvelle aventure.
TO BE CONTINUED...
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