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LE TOP 5 DES FILMS À OFFRIR POUR NOËL 2005
(à votre famille, vos amis, votre amoureux…)

Par Matoo


Il est drôlement difficile de déterminer les films qui ont le plus compté pour moi dans ce domaine. Et pourtant, dieu sait que les films sont des vecteurs essentiels pour se reconnaître, s’identifier, se rassurer ou transcender un peu ses peurs, ses désirs, ses envies. Certains films « pédé » ont donc été des catalyseurs importants dans mon évolution personnelle. Je fais l’impasse sur certains clins d’œil à la « Celluloïd Closet » qui m’ont certainement marqués mais sans que je m’en rende vraiment compte. Malgré tout la scène de Spartacus (1960) entre Tony Curtis et Laurence Olivier m’avait un peu interpellé, et encore merci à Gore Vidal, l’iconoclaste, pour avoir manigancé cette subtile et trouble relation entre Ben-Hur (1959) et son pote Massala. Quand on connaît un peu les opinions de Charton Heston, c’est assez irrésistible.
Le plus drôle, c’était de regarder ça avec mes parents qui n’y voyaient que du feu à l’époque, et encore maintenant. À part peut-être Ro
ck Hudson qui fait l’unanimité, mes parents ne savent même pas que Jean Marais n’était pas trop versé dans les dames. À peine s’ils voient des homos dans Victor Victoria (1982), c’est dire !
Je n’ai pas cité Philadelphia (1993), car même si je considère que c’est le premier film avec un personnage gay qui échappe aux caricatures grossières que j’ai vu, mais qui ne m’a pas permis de m’identifier plus que ça. Ces pastiches outranciers peuvent parfois me plaire comme La cage aux folles (1978) qui reste un film qui me fait mourir de rire, ou bien encore le même Michel Serrault en César follissime dans Deux heures moins le quart avant Jésus Christ (1982). Tenue de soirée (1985) reste un film coup de poing dans le genre traitement de l’homosexualité, disons qu’il évoque en effet sans hypocrisie ni litote le sujet, mais que ce n’est pas spécialement un film où je me suis identifié. Les Roseaux sauvages (1994) est une première étape importante, un film qui m’a aussi plu, et une œuvre marquante pour beaucoup d’homos, un peu moins pour moi cependant.
Je me suis tâté pour Tu marcheras sur l’eau que j’ai vraiment beaucoup aimé, mais dont l’homosexualité n’est qu’un prétexte supplémentaire. Ce film est d’ailleurs certainement représentatif d’une nouvelle tendance plutôt salutaire. En effet, les films tendent aujourd’hui à explorer l’homosexualité dans des contextes un peu plus larges, et finalement reflétant une meilleure acceptation par la société, mais aussi une implicite reconnaissance (la phase purement pédagogique est à priori terminée). Il y avait aussi Mysterious skin (2004) qui aurait pu avoir sa place ici, mais il m’a moins touché personnellement que Tarnation.
Donc, j’ai cherché à identifier et répertorier les cinq films qui m’ont marqué, qui m’ont interpellé dans leur évocation de l’homosexualité, qui sont un peu tout ce que je suis (de près et de loin), que je montre à mes proches ou que je conseille à ceux qui se cherchent.
Dans l’ordre, nous trouvons donc :

Beautiful thing (1996)
Get Real (1998)
Priest (1994)
Priscilla, folle du désert (1994)
Tarnation (2003)
Il est à moitié étonnant de constater que j’avais entre 20 et 22 ans quand j’ai découvert ces films (sauf pour Tarnation évidemment que j’ai chroniqué dans mon blog). À « moitié » car je n’arrive pas à savoir si le fait d’avoir été marqué par ces films est lié à l’âge que j’avais à l’époque ou à ces productions dans l’absolu. Y a-t-il eu une période propice à l’émergence de ce genre de films (cette phase pédagogique dont je parlais ?) ou bien ai-je simplement été plus réactif et sensible à leur diffusion à l’époque ? En outre, pour Beautiful thing, Priscilla, folle du désert et Priest j’étais expatrié à Newcastle (UK) pour mes études à l’époque (de mes vingt ans, 1996). Je passais alors tout mon temps libre au « Tyneside café » et au cinéma indépendant attenant du même nom, où je reluquais un affriolant serveur (je ne lui ai jamais parlé… ah là là, et je me suis même fait percé l’oreille comme lui en souvenir avant de partir). Ces deux films m’ont donc fait une impression majeure et durable, aussi dans le contexte où je les ai vus. J’étais sans ma famille, et je commençais tout juste à expérimenter la vie et la culture gay (et la boite pédé du coin, le Power House, où Jimmy Sommerville avait voulu me violer sur place. Arf.).
Je n’ai pas non plus mis Pourquoi pas moi ? (1998) alors que je l’ai vu à la bonne période et que son sujet était incroyablement militant pour l’époque. 1997 avait vu une EuroPride à Paris avec 300 000 pèlerins qui remuaient leurs fesses en chœur, et on a eu droit à ce film l’année suivante avec pas mal de comédiens qui allaient se révéler ensuite : Julie Gayet, Amira Casar, Bruno Putzulu (en pédé footballeur irrésistible), la pétulante Brigitte Rouan. On trouvait aussi en acteurs pas inconnus du tout : Marie-France Pisier, Jean-Claude Dauphin, et le couple d’enfer : Elli Medeiros et Johnny Halliday (les deux très mauvais mais très drôles au final). Toutefois, c’est un petit film pas extraordinaire en dehors de son sujet joliment traité : le coming-out. Il a beaucoup de charmes cependant, et représente surtout pour moi le souvenir d’une certaine époque.
Revenons à nos moutons…

1. Beautiful thing (1996). Ce film est un petit chef d’œuvre de délicatesse, d’humanité, d’humour et de sentiments profonds sans mièvrerie, que seuls les anglais (et Channel 4) savent créer. C’est pour moi le premier film qui met en scène les affres et bonheurs des premières relations homos. Un film qui dose incroyablement bien les émotions, à travers une histoire d’amour simple et superbe entre deux adolescents qui découvrent leur attirance réciproque, et décident de la vivre pleinement. Deux ados moyens, pas beaux, pas moches, juste comme nous quoi, qui se découvrent et doivent faire face à leur famille et leurs propres préjugés sur l’homosexualité.

2. Get Real (1998). Comme un garçon, en français, est un film dans la lignée de Beautiful thing et encore une belle production britannique. Le narrateur et héros, Steven, est homo et flashe sur un de ses camarades sans grand espoir. Mais contre toute attente, le bellâtre du lycée lui tombe dans les bras. Le thème du coming-out et des difficultés de vivre son homosexualité à l’adolescence est largement évoqué, et avec la même finesse que Beautiful thing. On y retrouve aussi les prémices de l’humour et des personnages secondaires hauts en couleur de Queer As Folk (1998 aussi).

3. Priest (1994). Et un film anglais de plus, toujours une production Channel 4, qui évoque la curieuse destinée d’un jeune prêtre (un Linus Roache, rhaaaa lovely !), plutôt orthodoxe, qui se débat entre ses désirs homosexuels, le secret du confessionnal où une jeune fille lui révèle un inceste, l’autre curé de sa paroisse qui est gauchiste et couche avec la gouvernante. Tout cela est adroitement articulé sur un thème social cher au cinéma anglais de ces années, avec une paroisse de Liverpool aux fidèles plus que modestes et pas vraiment gay-friendly. On y retrouve d’ailleurs deux acteurs britanniques familiers de ces films anglais qui ont eu beaucoup de succès : Tom Wilkinson et Robert Carlyle. La scène finale de Priest est un truc assez dingue qui ne peut vraiment pas laisser indifférent.

4. Priscilla, folle du désert (1994). Aaaah film cultissime évidemment, le film queer par excellence, un OVNI drôlissime, pédale à 300 %, revisitant tous les standards gays musicaux à travers trois drag-queens (dont un trans) en vadrouille en Australie dans un bus (surmonté d’une chaussure à strass géante d’où un drag chante la Traviata ! Rien que ça !). Et en même temps, le film n’est pas doté d’un scénario débile et distille quelques messages bien sentis. Je me souviens de la tête de mes parents quand ils ont vu que le rôle du trans était joué par un comédien habitué des personnages de gros durs machos : Terence Stamp (qui se débrouille carrément bien). Les deux autres drags sont interprétées par des acteurs qui sont un peu plus connus aujourd’hui : Guy Pearce (Memento) et Hugo Weaving (l’Agent Smith de Matrix ou Elrond). Un de ces films qui ne donnent pas une bonne image des gays, ce qui me va très très bien.

5. Tarnation (2003). Un film qui ne parle pas directement d’homosexualité mais son auteur-réalisateur-acteur-narrateur-héros ayant mis de son essence même dans cette œuvre, on en retire une évocation à la fois absente et permanente. Et j’ai été énormément sensible à la manière dont il en parlé dans son film, et je considère que ce n’est pas du tout anodin.

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