Fiche technique :
Avec Alex Briley, David Hodo, Glenn Hughes, Randy Jones, Felipe Rose, Bruce
Jenner, Valerie Perrine, Steve Guttenberg, June Havoc, Barbara Rush, Jack Weston, Leigh Taylor-Young, Paul Sand, Tammy Grimmes et Altovise Rush. Réalisation : Nancy Walker. Scénario : Allan
Carr & Bronte Woodward. Musique : Jacques Morali. Directeur de la photographie : Bill Butler.
Durée : 124 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
L'avis du site Nanarland (repris avec leur sympathique autorisation) :
Can’t Stop the Music : c’est la comédie musicale disco des Village People ! Y a-t-il vraiment besoin d’une chronique après avoir dit ça !
Si ? Oh ben, vous êtes exigeants vous, rien que le concept se suffit à lui-même, non ? Bon O.K alors… Eteignez les lumières, allumez les
spots, ressortez la boule à facettes !
La fin des années 70. l’insouciance, les Ray Bans, les moustaches, les synthés rutilants, le melting-pot triomphant, la San Francisco Touch,
le sexe sans SIDA. En un mot "The Village People" (oui je sais, ça fait trois mots…).
Dans la grande vague des films disco qui ont inondé les écrans suite au triomphe de La Fièvre du samedi soir, Jacques Morali,
créateur-producteur du groupe, s’est dit que c’était le bon moment pour lancer un véhicule apte à propulser les Village au firmament du succès cinématographique. Une biographie romancée de ses
poulains, pleine de musique et de couleurs, où des p’tits gars sympas et positifs, tout juste sortis des bas-fonds dans leurs défroques de carnaval, se lancent à la conquête du monde. Les
années 80 naissantes portaient la promesse de tous les possibles. La planète déboussolée n’attendait que ça, et s’offrirait sans retenue à ces messies de la joie, de l’amour universel et de
l’ambiguïté sexuelle. Tiens, c’est bien simple, à la pensée de tous ces billets verts qui n’allaient pas manquer de pleuvoir sur ce succès obligé, Morali en avait presque les larmes aux
yeux…
Manque de bol, arrivé après la retombée de la fièvre disco aux States, distribué au même moment que Xanadu et BIM
Stars, écharpé par la critique, récoltant les razzie awards du plus mauvais film et du plus mauvais scénario, le film se ramassa sévère au box-office. Il y eut bien une tentative pour
sortir ce film en France, sous le nom Rien n'arrête la musique (merci à tous les forumers qui nous ont indiqué cette sortie) mais elle se solda vite par un bide tout aussi
retentissant. Autant dire qu’après ça, Morali enterra la pelloche au fond du jardin et s’empressa de l’oublier, au grand désarroi des fans français qui ne virent jamais arriver en VHS cette
fantaisie musicale, budgétée tout de même à 15 millions de dollars de l’époque (soit à peu près le budget de Mega Force et le double du premier Star Wars).
On a longtemps pensé qu’on ne reverrait jamais ce film, mais le goût du kitsch étant ce qu’il est, une édition DVD française, reprenant le
titre original, est venue rattraper ce manque. Et à la vision du résultat final, on se dit que c'eut été vraiment dommage de rater ça !
Nous voici donc à New York, dans le Greenwich Village de 1980. Un endroit fun où tout le monde est beau, a le sourire et est toujours
vaguement artiste. Un coin où on fait du patin à roulettes dans la circulation en chantant à tue tête, où personne ne se retourne quand vous vous baladez dans la rue déguisé en indien, où on
rentre dans les appartements par les fenêtres (ouais, c’est New York quoi !) et où le risque principal est de se faire braquer au coin de la rue par une vieille dame. Nous rencontrons Jack
Morell, un jeune compositeur bourré de talent qui cherche à monter le groupe de disco ultime pour mettre en valeur les chansons forcément géniales qu’il compose dans son coin. Morell partage un
appartement avec Samantha, une top modèle adulée par sa profession mais qui a décidé de prendre sa retraite pour, tu vois, faire un peu le point sur le sens de sa vie. Justement, Samantha
connait Felipe, un super danseur qui travaille dans une boîte déguisé en indien… Trouver d’autres gars bien typés pour renforcer le projet ne devrait pas être bien difficile…
New York en 1980. Un monde insouciant et léger...
Reste à financer une démo et alpaguer un producteur… ou à défaut de trouver un pigeon… un brave gars avec un peu d’argent qui pourrait
investir quelques dollars dans l’opération. Samantha va donc se mettre à vamper Ron, un jeune banquier sympa mais un peu coincé (il vient du Midwest) qui peut leur ouvrir les portes des
studios.
Bon, soyons honnêtes, l’histoire n’a rigoureusement aucune importance, c’est un biopic totalement idéalisé du groupe qui fut, rappelons-le,
un des premiers « boys band » préfabriqué de l’histoire. En effet, Jacques Morali construisit littéralement le groupe comme un concept, recrutant la plupart des membres par casting, composant
toutes leurs chansons avec son complice Henri Belolo et accentuant volontairement l’imagerie gay du groupe pour accroître son aspect vendeur (alors que la plupart des membres du groupe ne le
sont pas).
Les Village People babies...
Contrairement à ce qu’on pourrait penser au départ, les Village People en eux-mêmes ne constituent pas l'élément le plus nanar du film.
Acteurs très limités, ils ne sont paradoxalement pas mis au premier plan ici, et apparaissent surtout pour se lancer dans des numéros musicaux délirants sur lesquels nous reviendrons car ils
sont véritablement le clou du film. Si l’indien, l’ouvrier et le motard en cuir ont droit à des scènes à eux, voire à leur chanson solo, le soldat, le cow-boy et le policier (pourtant le
chanteur du groupe) sont, eux, curieusement plus effacés. Jacques Morali, véritable patron du projet, a-t-il eu peur d’effrayer le public familial avec six personnages incarnant les plus
flamboyantes caricatures de l’homosexualité ? Assez probable, puisqu'il noie le poisson avec les vrais héros qui sont incarnés par le trio beaucoup plus straight Jack/Samantha/Ron. Voulant
ménager la chèvre et le chou, le film baigne finalement dans une ambiguïté sexuelle permanente à l'imagerie homo très très appuyée sous couvert de film consensuel.
Une imagerie gay vous dites ? Non, on ne peut pas faire plus viril...
Témoin cette scène über-hétéro qu'est la chanson de l’ouvrier en bâtiment, pourtant outrageusement typé gay, et qui se la joue super macho au
milieu de girls lascives.
Jack Morell, le personnage joué par Steve Guttenberg, n’est autre qu’une réinterprétation fantasmée de Jacques Morali lui-même. Personnage
curieux, qui donne une idée de l’égo du producteur. C’est un génie musical totalement asexué dans le film, véritable moine-soldat du disco, qui ne pense et vit que pour créer le groupe musical
parfait. Plus rigolos sont les personnages de Samantha et Ron dont le vaudeville hétérosexuel prétexte donne lieu a des scènes grotesques et parfaitement graveleuses que n’aurait pas reniées un
Philippe Clair, à base de pantalon sur les chevilles ou de robes coincées dans une braguette.
Samantha est surjouée d’une façon parfaitement horripilante par l’ex playmate Valerie Perrine, (le rôle avait été proposé à Olivia Newton-John, qui préféra tourner dans Xanadu. Entre la peste et le choléra…) qui se retrouve mise en avant comme caution féminine d'un film qui
pourrait paraître trop "gay friendly". Quand à Ron, il est interprété par Bruce Jenner, un ancien athlète au jeu limité mais qui porte très bien le body moulant coupé à ras le
nombril.
De l'humour fin.
Des personnages pas caricaturaux...
Des T-shirts estampillés "Bruce Baron approved".
Le film est inégal, les scènes de comédie s’avérant assez vite gavantes à force de nunucherie et d’humour pas drôle. Le film fait quand même
ses 2 heures et n’est pas toujours d’un niveau de crétinerie constant, avouons-le. Ainsi le final, qu’on aurait pu espérer grandiose eu égard à la tartignolerie des numéros musicaux précédents,
n’est qu’un bien trop sage concert géant où les Village People peuvent faire triompher leur talent enfin reconnu. Heureusement (et c’est tout le moins dans un film musical), le film se lâche
dans ses autres numéros chantés absolument déments, tel celui de l’audition où le motard en cuir, à genoux sur une table, se lance a capella dans un vibrant chant irlandais.
Oh Kenny Boy, the Pipes, the Pipes Are Calling...
Le sel de Can't Stop the Music réside également dans la débauche de sous-entendus gays et, plus largement, sexuels qui parsèment le
film. J'en tiens pour preuve cette scène de folie où les Village sont embauchés pour tourner un clip promotionnel pour le lait. Vêtus de costumes blancs, entourés de danseuses et de bouteilles
de lait bien phalliques, ils papillonnent autour d'une Valerie Perrine alanguie dans un verre de lait géant, avant, lancés dans leur chorégraphie, de littéralement prendre leurs showgirls par
derrière ! Au final, après un crescendo orgasmique, tout explose dans un lâché de ballons blancs où ils entourent enfin leur amie rayonnante. Faut être sacrément aveugle pour ne pas voir la
métaphore d’une éjaculation géante, avec nos 6 amis dans le rôle des spermatozoïdes et Valerie en ovule languissant.
Le pompon est atteint avec la reprise de YMCA (le seul de leurs succès réutilisé dans ce film, le reste des morceaux ayant été composé pour
l’occasion), qui se déroule dans un club de sport pour hommes où la réalisatrice ne se donne même plus la peine de cacher les sous-entendus gays. C’est une avalanche de plans d’éphèbes sous la
douche, d’athlètes au ralenti le muscle tendu par l’effort, de lutte gréco-romaine en gros plan, de ballets nautiques, de scènes en jacuzzi… On n'avait plus vu un tel culte du corps sportif
masculin depuis Leni Riefenstahl ! On en a profité pour inclure un petit extrait vidéo qui devrait vous
donner une idée de l’énormité de la chose…
Autant dire que dans son genre, voilà un film qui fleure bon l’insouciance et la folie de la fin des années 1970. Si le résultat final sombre
dans un ridicule achevé, les Village People n’en sortent eux que plus funs et sympathiques. Alors comme ils continuent toujours à tourner sur scène ou dans les discothèques (même si certains
membres du groupe ne sont plus ceux d’origine), n’hésitez pas à vous faire dédicacer le DVD à leur prochain passage dans votre Macumba local !
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