Fiche technique :
Avec Jason Alexander, Stephen Spinella, Stephen Bogardus, Randy Becker, John Benjamin
Hickey, Justin Kirk et John Glover. Réalisation : Joe Mantello. Scénario : Terence McNally,
d’après sa pièce de théâtre. Directeur de la photographie : Alik Sakharov. Monteuse : Colleen Sharp. Compositeur : Harold Wheeler.
Durée : 115 mn. Disponible en VO, VOST et VF.
Résumé :
Huit amis homosexuels, pour la plupart artistes, viennent passer trois week-ends de détente à la
campagne dans une splendide maison victorienne prêtée par un chorégraphe. Ces huit amis vont tomber amoureux et tomber en disgrâce, ils se blesseront les uns les autres et se
pardonneront.
Des couples se formeront et d'autres se briseront, ils feront preuve parfois de force et cèderont d'autres fois aux faiblesses, ils se moqueront les uns des autres et s'épauleront. Ils
formeront un mélange drôle et déconcertant, symbole des relations modernes.
L’avis d’Olivier Nicklaus :
Ces dernières années, Lawrence Kasdan avec Les Copains d'abord, Jean-Marie Poiré avec Mes meilleurs copains ou Kenneth Branagh avec Peter's friend ont popularisé la
comédie de copains. Un genre démocratique où une dizaine de personnages se partagent l'écran dans un registre doux-amer mêlant éclats de rire et mini-drames. Nouvel avatar avec ce film adapté
d'une pièce de Terence McNally (Master class) qui a triomphé plusieurs saisons à Broadway. L'innovation ici, c'est que tous les personnages sont homosexuels : s'ils sont très amis,
ils sont donc aussi potentiellement très amants. Trois week-ends de suite au cours d'un long été, ils se retrouvent dans la maison de campagne de l'un d'entre eux. Chacun va finir par se
révéler, dans sa beauté comme dans sa noirceur. McNally possède un indéniable talent à entrelacer les vies de tous ces personnages et à construire des suspenses à tiroirs.
On appréciera également son sens de la réplique qui fait mouche, spécialement pour le personnage de Buzz (Jason Alexander, remarqué dans la série Seinfeld) : le fameux esprit
camp auquel Truman Capote, Oscar Wilde ou Michel Cressole ont donné ses lettres de noblesse. Comme souvent dans ce genre, la mise en scène se contente d'illustrer assez mollement le
propos sans beaucoup d'audace, si ce n'est une célébration de la nudité du corps masculin assez rare dans le cinéma américain. Randy Becker dans le rôle de Ramon Fornos, le bimbo-boy
portoricain qui s'amuse à rendre chacun malade de désir, passe ainsi la moitié du film dans le plus simple (mais irréprochable) appareil.
Si de nombreux vécus de l'homosexualité sont ici catalogués (le couple fidèle, le sex-addict, le gigolo, le malade du sida, la folle...), le scénario finit par en donner une
représentation assez politiquement correcte, en tout cas suffisamment ouverte pour que les hétérosexuels puissent s'y projeter. Au bout du compte, la figure du groupe telle qu'elle est filmée
ici, avec les liens qui s'y nouent, les rivalités qui y naissent, voire les désirs qui y circulent, n'est pas l'apanage des seuls homosexuels. Plus que de l'homosexualité, c'est de l'Amérique
que Love ! Valour ! Compassion ! est un portrait fragmenté. Dans cette microsociété en vase clos, on retrouve en effet des obsessions très américaines telles que la peur de vieillir,
l'omniprésence de la réussite professionnelle, le racisme, sans oublier l'inévitable happy-end.
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