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I - 1580 : le souverain des mignons

La grande mode ? Être frisé et fraisé.

On voyait les « mignons » tout court, comme Grammont, Bellegarde ou Epernon, les « grands mignons », comme Quélus ou Maugiron et Joyeuse, enfin, «l ’archi-mignon ». Henri III s’était entouré d’une cour de jeunes hommes, beaux, intrépides et fringants bretteurs, qui défraya la chronique du temps. C’était moins leurs mœurs qu’on leur reprochait que leur penchant dispendieux.

Le bon peuple de Paris accusait son souverain de dilapider l’argent du royaume en parures et dotations pour ses amants « frisés et fraisés ». Des libelles injurieux s’échangeaient sous le manteau dans les tavernes de la capitale. Le 4 février 1579, alors qu’il visite la foire Saint-Germain (6e), le roi fait jeter en prison des écoliers déguisés avec d’énormes fraises découpées dans du papier, qui l’ont moqué sur son passage. Et les folies continuent. En 1587, 500.000 écus sont prélevés sur les rentes de la ville pour être engloutis en fêtes, bals et colifichets destinés aux chers mignons. Le Parlement de Paris se fendit d’une remontrance au roi pour lui faire valoir qu’en attendant les pauvres crevaient un peu plus de faim… Deux ans plus tard, le moine Jacques Clément l’assassine et les mignons passent aussitôt à la trappe.


II - Le Grand Siècle des tapioles

Dès le XVIIe siècle, le quartier du Marais abritait le "beau vice". Lecture non expurgée des "Historiettes".

Paris, mai 1610. Henri IV est assassiné par Ravaillac alors que son carrosse, ralenti par la foule, piétine rue de la Ferronnerie (1er), devant l’actuel Banana Café. Ça, tout le monde connaît. Bon. Mais il faisait quoi, là, ce brave Henri IV ? Il allait où ? Ça, ça n’est pas dans les manuels d’histoire. Dommage. Parce que l’anecdote est savoureuse. D’après Tallemant des Réaux, il emmenait l’un de ses fils, Vendôme (prénom César), un bâtard (légitimé) qu’il avait eu avec Gabrielle d’Estrées, chez la belle Angélique Paulet, célèbre courtisane de l’époque, dans l’espoir de faire passer audit César, alors âgé de 16 ans, son « ragoût d’Italie » – comprenez, pour le rendre hétéro. Et donc, grâce – ou faute – à Ravaillac, l’affaire loupera si bien que César de Vendôme fut l’une des plus grandes « tapioles » du Grand Siècle (qui en compta pourtant beaucoup), au point que son hôtel (à l’emplacement actuel de la place Vendôme) fut rebaptisé par les mauvaises langues du temps « l’Hôtel de Sodome » (ça tombait bien, ça rimait).

Gédéon Tallemant (1619-1692), dit Tallemant des Réaux, à qui l’on doit cette précieuse précision sur l’assassinat du Vert-Galant, était issu d’une famille de la haute finance protestante. Il passa sa vie à noircir des cahiers où il croquait les grands de son temps, de préférence avec force détails scabreux, dans une suite de portraits qu’il appelait ses « Historiettes » ( ou cliquer sur le livre). La première édition (expurgée!) des « Historiettes » ne vit le jour qu’en… 1834, et fit aussitôt scandale. Pensez ! Louis XIII y était décrit comme un pauvre type sans volonté, jaloux et colérique avec ses… amants, dont le fameux Cinq-Mars. Chez Tallemant, pas d’équivoque : le père de Louis XIV est une tante. A l’écoute de tout ce qui se murmurait dans Paris, Tallemant nous a laissé un portrait sans fard des mœurs du Grand Siècle. Le « beau vice » s’y étale avec une impudeur qui ravale les audaces de la presse trash anglo-saxonne à de la littérature de confessionnal. Boisrobert, vieillissant, se flatte-t-il de s’être «fait mettre deux fois dans le cul par un beau laquais», Tallemant réfute : « Peu de temps après, il eut besoin d’un lavement. L’apothicaire eut assez de peine à faire entrer ce qu’il fallait dans son cul, tant il était étroit. » Comme Tallemant ne s’intéresse qu’aux gens bien nés, tout cela se passe pour l’essentiel dans le Marais (où habitait alors l’aristocratie). Ça nous rappelle quelque chose. Et quand Tallemant, vieux français oblige, écrit que Louis XIII était d’un naturel « assez gay », on se dit que c’est vraiment arrivé demain.

Sous Louis XIV, le cache-cache avec la police des mœurs

Les adeptes de la vie en plein air fréquentaient assidûment les bosquets des Champs-Elysées. Et pas pour y planter des choux.

C’est au début du XVIIIe siècle qu’on voit s’esquisser, à Paris, une « géographie de l’inversion », avec ses lieux de drague et de sociabilité. Celle-ci existait depuis longtemps, mais ce qui est nouveau, c’est qu’on dispose de documents l’attestant. En 1667, Louis XIV a décidé la création à Paris (dont il se méfie depuis la Fronde) d’une lieutenance générale de police. Le lieutenant général a les pleins pouvoirs pour informer le souverain de ce qui se passe dans la capitale. D’où une armée de mouches (indics) travaillant sous ses ordres et qui forment rapidement une véritable police des mœurs dans la capitale. On sait ainsi, grâce aux innombrables rapports, que les homos de l’époque ont leurs cabarets de prédilection, comme Poirier, rue des Etuves-Saint-Honoré (aujourd’hui rue Sauval, 1er), ou le marchand de vin La Marre, rue de la Harpe (6e). Le Faubourg-Saint-Antoine a lui aussi ses « bars gays » : La Tour d’Argent, Faubourg-Saint-Antoine ; La Croix d’Or, rue de la Roquette, ou le Soleil d’Or, rue de Lappe. De nombreuses guinguettes, aux portes de la capitale, sont également fréquentées des homos. Toutefois, la drague extérieure restait encore la plus courante. Les endroits abondaient, comme sur les quais, aux beaux jours, où des groupes de jeunes gens venaient se baigner nus dans la Seine sous le regard intéressé des adultes.

Mais la plaque tournante de la drague parisienne était assurément le jardin des Tuileries. Et pour consommer, il suffisait de traverser la place Louis XV (actuelle place de la Concorde), pour rejoindre les bosquets du bas des Champs-Elysées. Un siècle plus tard, c’était toujours vrai. L’allée des Veuves, bien connue des lecteurs des Mystères de Paris, bordée de potagers et de guinguettes louches, n’était pas pour les enfants de chœur. Aujourd’hui, elle s’appelle l’avenue Montaigne.


III - La Gay Pride de Cambacérès

Grâce au duc de Parme, archichancelier de l’Empire, le Code Napoléon reste muet sur le chapitre de l’homosexualité.

Depuis leur construction, cinquante ans plus tôt, par le futur Philippe Egalité, les arcades du Palais-Royal n’ont cessé d’être un rendez-vous mondain, intellectuel et sexuel. Quartier général de la prostitution, l’endroit est aussi abondamment fréquenté des chevaliers de la « manchette ». Avec, en prime, sous le Consulat et l’Empire, une attraction proposée gratuitement au bon peuple par le sieur Jean-Jacques Régis de Cambacérès, duc de Parme, archichancelier de l’Empire, altesse sérénissime et grande folle devant l’Eternel. Né en 1753 à Montpellier, fils d’un conseiller à la Cour des Comptes, Cambacérès traversera la Révolution sans perdre la tête. Fin juriste à l’intelligence aiguë, il joue, avec succès, la carte Bonaparte, qui en fait son second consul. Les mœurs du sieur Régis sont déjà connues comme le loup blanc, ce qui inspirera à Talleyrand ce mot splendide, alors qu’il voit un jour passer les trois consuls, Bonaparte, Cambacérès et l’insignifiant Lebrun : « Hic, haec, hoc » (celui-ci, celle-là, ça). Cambacérès emménage alors à l’hôtel d’Elbeuf (démoli en 1838), entre les Tuileries, où réside Bonaparte, et le Palais-Royal. A la belle saison, chaque soir ou presque, l’après-dîner est l’occasion d’un rituel immuable: Cambacérès, en grand apparat (entendez, disparaissant sous les falbalas), part se promener au Palais-Royal, suivi de ses fidèles « secrétaires », à la fonction décorative. Une sorte de Gay Pride avant la lettre et sans les watts. Les provinciaux de passage, ahuris, se poussent du col pour assister à la procession. Avec l’Empire, Cambacérès est élevé à la dignité d’archichancelier. Il déménage au 56 rue Saint-Dominique, aujourd’hui 246 boulevard Saint-Germain (7e), mais n’en continue pas moins ses processions digestives au Palais-Royal. Sous la Restauration, les caricaturistes s’en donneront à cœur joie pour railler le souvenir de celui qui faisait un peu figure de « première dame » de l’Empire. Mais les homos, reconnaissants, devraient lui élever une statue. Grâce à Cambacérès, en effet, le Code civil, dit Code Napoléon, reste muet sur le chapitre de l’homosexualité (et comme on sait, qui ne dit mot consent), ce qui valut à la France, jusqu’à Pétain, d’avoir une des législations les plus tolérantes du monde.

(Sources : France Culture, Le Nouvel Observateur...)

Jean Yves

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